Troclet Léon
Officier (Historique)
BAGIMONT 14.02.1872 – LIÈGE 07.10.1946
D’origine ardennaise, Léon Troclet s’établit rapidement à Liège, où il entame sa carrière politique comme député, responsabilité qu’il exercera à de multiples reprises de 1900 à sa mort. Père de Léon-Eli Troclet, il est un des premiers socialistes à se rallier aux idées fédéralistes au début du XXe siècle, luttant parallèlement pour la Wallonie et le monde ouvrier.
Il est ainsi significatif de mentionner que, dès 1903, il crée le quotidien La Wallonie, organe de la fédération liégeoise du Parti ouvrier belge (POB), qui ne paraîtra que dix jours. Pionnier du fédéralisme – ou de la « séparation administrative » pour reprendre la terminologie de l’époque – il dénonce, en 1911, les inégalités dans la répartition du budget des travaux publics, dont 82 millions vont à la Flandre, 32 à Bruxelles et, seulement, 7 à la Wallonie, pourtant la plus grande contributrice.
Auteur de plusieurs études sur le fédéralisme, dont la première paraît en 1911, il participe activement au développement du Mouvement wallon, notamment par son intervention lors du congrès de Liège de 1912. A cette occasion, Léon Troclet est l’un de ceux qui, avec Jules Destrée, Emile Jennissen et Albert Mockel, défendent vigoureusement l’idée de la séparation administrative. Cet événement au retentissement considérable déclenche une véritable dynamique wallonne symbolisée, la même année, par la Lettre au roi de Jules Destrée et la création de l’Assemblée wallonne, premier parlement, officieux, de la Wallonie.
Partisan de la reconnaissance de trois régions, la Wallonie, la Flandre et l’agglomération bruxelloise, Léon Troclet continue de développer et de théoriser ce projet après la Première Guerre mondiale. Il dépose ainsi son premier projet de décentralisation provinciale au Parlement, en 1924.
Continuant la réflexion à l’intérieur du POB, il figure parmi les signataires du « Compromis des Belges » préparé par Jules Destrée et Kamiel Huysmans, prônant un fédéralisme modéré. Militant pour sortir des schémas établis un siècle plus tôt, il contribue à organiser le premier congrès des socialistes wallons en 1938 et invite son parti à étudier rapidement la question du fédéralisme et l’établissement de trois provinces, au lieu de neuf.
En 1945, un an avant son décès, il participe au fameux Congrès national wallon de Liège qui rassemble des milliers de militants s’exprimant, d’abord, en faveur du rattachement à la France puis pour le fédéralisme.
Grand connaisseur des systèmes institutionnels étrangers, Léon Troclet a été un des premiers à théoriser le fédéralisme comme système pouvant permettre de prendre en compte les besoins spécifiques de la Wallonie.
Il fut fait officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.
Orientation bibliographique :
Paul DELFORGE, TROCLET Léon, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 6012.