Photo

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Mémorial Jules BARY

Mémorial Jules Bary
Réalisé par Vincent Strebelle ; 1982.


Situé à l’intérieur du zoning industriel de Nivelles, dans la zone I, sur un square à droite lorsque l’on vient de la chaussée de Namur, au carrefour de la rue de l’Industrie et de la rue du Progrès, un monument rend hommage à l’activité déployée par Jules Bary (1912-1977) en faveur de la Wallonie et du Brabant wallon en général, de Nivelles en particulier. Chimiste spécialisé dans l’industrie sucrière, syndicaliste et homme politique, militant wallon actif, secrétaire national du PSB, Jules Bary a représenté l’arrondissement de Nivelles à la Chambre de 1961 à 1971 et, après avoir été échevin des Travaux pendant près de dix ans dans les années 1950, accède au maïorat de 1962 à 1969.

Défenseur affirmé de l’appartenance du roman Païs à la Wallonie, il démissionne de tous ses mandats en guise de protestations à l’égard de son parti. Durant son mandat de bourgmestre, il donne naissance au zoning industriel de Nivelles qui s’avère être le tout premier de Wallonie.
En hommage à l’action décidée de son prédécesseur qui n’appartenait pas à son parti politique, Marcel Plasman fait voter par le collège communal la décision d’ériger un monument « Bary » qui prend place à l’entrée du parc industriel de Nivelles. 

La réalisation en est confiée à un jeune artiste, Vincent Strebelle (1946-) qui signe là l’une de ses premières commandes. Petit-fils du tournaisien Rodolphe Strebelle, il s’est formé à l’Académie de Liège (1966) et de Bruxelles (1968) et acquiert progressivement la maîtrise de nombreuses techniques (céramique, bois, fonte, etc.).
Le monument Bary est inauguré en 1982. La végétation s’est développée autour de lui. Avec ses principaux traits creusés dans le béton, le grand portrait de Jules Bary fixe le caractère décidé du personnage ; une petite plaque rappelle :

                                                                   Jules Bary
                                                                   1912-1977
                                                           Député - bourgmestre
                                                    Fondateur du Zoning de Nivelles
                                                          1er zoning de Wallonie

 

Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 478
Paul DELFORGE, Jules Bary, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2000, t. I, p. 121-122
Joseph DUMONT, Rita BUCHET, Jacques DAVOINE, Entreprises d’aujourd’hui à Nivelles, monument Jules Bary, Nivelles, 2003
Georges LECOCQ, Pierre HUART, Dis, dessine-moi un monument… Nivelles. Petite histoire d’une entité au passé bien présent, Nivelles, Rif tout dju, mars 1995, p. 9-10

Zoning industriel, zone I, rue de l’Industrie 8
1400 Nivelles

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Buste CAMUS Jules

Située devant la façade principale de l’hôtel de ville d’Andenne, sur le côté droit, la stèle qui porte le buste de Jules Camus (1849-1914) rappelle le martyr du bourgmestre de la localité lors de l’invasion allemande de 1914. Fils d’un journalier andennais, Jules Camus avait fait des études de médecine et exerçait son art dans la cité mosane depuis les années 1870. Engagé en politique au sein du parti libéral, conseiller provincial (1880-) et échevin d’Andenne (1890), il fait fonction de bourgmestre pendant une vingtaine d’années, le ministre catholique de l’Intérieur refusant de le nommer. Finalement, en juillet 1912, il devient maire effectif. C’est par conséquent à ce titre qu’il doit faire face à l’invasion allemande d’août 1914. Malgré les mesures prises par l’autorité communale pour maintenir l’ordre, le bourgmestre est pris en otage et malmené à travers la cité. Le 20 août en fin de journée, son exécution par des soldats allemands est le prélude au terrible massacre de Seilles-Andenne (262 civils tués).

Immédiatement après l’Armistice, les autorités locales se sont préoccupées de rendre hommage à l’ensemble des victimes de la Grande Guerre. Ville-martyr, Andenne a érigé un monument collectif. Ce n’est que beaucoup plus tard, en décembre 1938, que le conseil communal d’Andenne prend la décision de faire ériger un buste à la mémoire du bourgmestre martyr. Inauguré en 1939, ce buste est en bronze et dressé sur un socle de pierre ; l’ensemble mesure 3 mètres de hauteur sur une largeur d’un mètre. Sur le socle, les mots suivants ont été gravés :

« DOCTEUR 
J. CAMUS
BOURGMESTRE
MARTYR
20 AOÛT 1914 »

Olivier STANDAER, La mémoire d'une « Ville Martyre ». Manifestations et évolution de la mémoire de la Grande Guerre à Andenne. 1918-1940, Bruxelles, Archives générales du Royaume, 2005, Études sur la Première Guerre mondiale
John HORNE, Alan KRAMER, 1914, les atrocités allemandes, traduit de l’anglais par Hervé-Marie Benoît, Paris, Tallandier, 2005, p. 50-55
Jean SCHMITZ, Norbert NIEUWLAND, Documents pour servir à l’histoire de l’invasion allemande dans les provinces de Namur et de Luxembourg, 2e partie, Le siège de Namur, Bruxelles, Paris, 1920, p. 28-31, 42-45, 90-97
Dr A. MÉLIN, Une Cité Carolingienne. Histoire de la Ville et du Ban d'Andenne, Andenne, 1928, p. 346-358
Les atrocités allemandes dans la province de Namur, à Spontin, Andenne et Haut-Bois, en ligne sur http://www.eglise-romane-tohogne.be/environs/images/atrocites_allemandes_spontin_andennes_gesves.pdf
http://www.bel-memorial.org/cities/namur/andenne/andenne_mon_jules_camus.htm 
http://www.bibliotheca-andana.be/?attachment_id=102759 (s.v. août 2013)

place des Tilleuls, sur la droite de l’hôtel de ville
5300 Andenne

carte

Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Monument Marguerite BERVOETS

Situé dans la cour de l’Athénée de La Louvière, un monument rend hommage à l’héroïsme de deux femmes, résistantes durant la Seconde Guerre mondiale. Si l’accent est mis sur la personnalité de Marguerite Bervoets (1914-1944), l’œuvre réalisée par le sculpteur Hector Brognon (1888-1977) est également dédiée à Laurette Demaret (1921-1944).

Professeur à l’École normale de Tournai au moment de l’invasion allemande de mai 1940, Marguerite Bervoets avait suivi une formation de romaniste auprès de Gustave Charlier à l’Université libre de Bruxelles qui lui avait procuré un diplôme universitaire, mais surtout lui avait permis de cultiver son goût et sa curiosité pour l’écriture. Délaissant sa thèse de doctorat et son activité littéraire, elle s’engage dans la Résistance dès 1941. 

Membre de la Légion belge, elle fait paraître le clandestin La Délivrance, tout en devenant un agent de liaison. Surprise au moment où elle tentait de prendre des photographies du champ d’aviation de Chièvres, Marguerite Bervoets est arrêtée, jugée et condamnée à mort. Transférée en Allemagne, elle est décapitée à Brunswick, à la prison de Wolfenbüttel le 7 août 1944. En 1946, le ministre Auguste Buisseret autorise – fait exceptionnel – le Lycée de Mons à porter le nom de celle qui y avait achevé ses humanités ; l’établissement était dirigé par la mère de Marguerite Bervoets. À La Louvière, où elle avait accompli ses classes primaires avant ses trois premières années d’humanités à l’École Moyenne du Centre, c’est un monument qui est élevé dans la cour d’honneur dès le 17 novembre 1946. Le même jour, est apposée une plaque commémorative sur sa maison natale.

Le monument de La Louvière rend également hommage à Laurette Demaret, elle aussi entrée très jeune dans la résistance active. Membre du Mouvement national belge, affectée dans un réseau de renseignements et d’évasion de pilotes alliés, Laurette Demaret est tuée lors d’une opération menée le 26 août 1944 dans les environs de Temploux. Ancienne élève de l’École moyenne de la rue de Bouvy, Laurette Demaret voit non seulement son nom mais aussi son combat associés à celui de Marguerite Bervoets dans ce monument dédié au rôle des femmes dans la Résistance.

Le monument de La Louvière rend un égal hommage à Laurette Demaret et à Marguerite Bervoets. Le visage réalisé par le sculpteur est une synthèse de celui des deux jeunes filles, ne ressemblant ni à l’une ni à l’autre. Sur un socle de pierre, le sculpteur a en effet représenté une jeune femme en pied, tenant en main un fusil (symbolisant leur combat), et semblant vouloir aller de l’avant d’un pas décidé.

Quant au sculpteur et architecte Hector Brognon, par ailleurs professeur à l’École industrielle et commerciale d’Écaussinnes pendant plusieurs années, il a signé de nombreuses réalisations en Hainaut, aussi bien des bustes et des statues, que des monuments aux morts sur les places publiques (comme celui d’Écaussinnes-d’Enghien, sur la Grand-Place) ou dans les cimetières (les « Martyrs de Tamines » en 1926, ou Ernest Martel en 1933). La pierre bleue d’Écaussinnes n’a plus de secret pour celui qui a été surnommé récemment « le Rodin de Bois d’Haine ».

 

Lucienne BALASSE-DEGUIDE, dans Biographie nationale, t. 43, col. 82-89
Roger DARQUENNE, Images de Chapelle-lez-Herlaimont, Écomusée régional du Centre, 1994
Guy SYMOENS, Hector Brognon (1888-1977) le Rodin de Bois d'Haine, dans Les Cahiers du Grand Manage, 2009, n°56

rue de Bouvy, cour d’honneur de l’Athénée
7100 La Louvière

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Institut Destrée - Sofam

Monument Léon COLIN

Au milieu de la rue Léon Colin, face à l’école communale de Mettet, un monument entouré de petits potelets de pierre reliés par une chaîne fait office de rond-point. Au sommet du piédestal constitué d’un bloc rectangulaire travaillé par le tailleur de pierre Stocq s’élève un buste en bronze réalisé par Victor Demanet. Sa signature est très reconnaissable sur la partie arrière du bronze daté de 1946. 

Sur la face avant du piédestal, on identifie facilement la personne honorée par le monument :
 

« A
LEON COLIN
1892-1945 »

Sur la partie arrière, une plaque de bronze témoigne du nom de l’un des initiateurs du monument :

« LA FEDERATION MOTOCYCLISTE BELGE
RECONNAISSANTE
AU DEVOUE LEON COLIN
SECRETAIRE DE L’UNION MOTOR
ENTRE SAMBRE ET MEUSE
METTET »


Sous la plaque en bronze, en lettres gravées dans la pierre, les autorités locales ont mis en évidence un autre aspect de la personnalité locale honorée :


« METTET
RECONNAISSANTE
A SON POETE
DISPARU A LUBECK »

Enfant du pays de Mettet, Léon Colin est âgé d’une vingtaine d’années quand éclate la Première Guerre mondiale : engagé volontaire dans un service de renseignements, il est repéré. Dans sa tentative de rejoindre l’Angleterre, il est arrêté, et emprisonné dans un camp près de Hanovre (1915-1918) ; il est reconnu comme invalide de guerre et prisonnier politique dans les années 1920. 

Après la Guerre, Léon Colin s’adonne à ses deux passions : l’art dramatique et la course automobile. Fondateur du cercle L’Indépendant de Mettet (1919), régisseur, il multiplie les représentations théâtrales et ses revues qui chantent le pays de Mettet recueillent un très grand succès. Passionné de sports en général, de courses automobiles en particulier, il s’intéresse tant aux motocyclettes qu’aux automobiles et, avec un groupe d’amis (Jean Rops, ses trois frères et Louis Galloy), il est l’un des pionniers du circuit de vitesse de Mettet et de l’Union Motor de l’Entre-Sambre-et-Meuse dont il assure le secrétariat. 

L’Entre-deux-Guerres est marqué par le développement du circuit et du club de Mettet, mais la Seconde Guerre mondiale viendra frapper fortement les principaux protagonistes de cette activité automobile en plein cœur du Namurois. En mai 1940, Colin voit sa maison détruite par des bombardements allemands. Résistant par la presse clandestine, il apporte aussi sa contribution au MNB et, en août 1944, Léon Colin est à nouveau fait prisonnier avec un groupe d’une vingtaine d’habitants de Mettet. Alors que les libérateurs sont aux portes du Namurois, Colin et ses amis sont envoyés en Allemagne. Dans la confusion qui règne à cette époque, on perd sa trace jusqu’en avril 1945, moment où il quitte Blumenthal pour une marche forcée vers le camp de Neuengamme, puis celui de Lubeck. Embarqué dans un navire pour la Suède, destination prétendue, Colin meurt dans les bombardements qui se déroulent les 2 et 3 mai 1945.
 

C’est à la fois à l’écrivain, au poète et au promoteur du circuit automobile de Mettet que les habitants et les autorités rendent hommage à la Libération. Des collectes auprès de plusieurs sociétés locales contribuent à réunir les fonds nécessaires pour élever le monument Colin. Le travail est confié à un tailleur local, Stocq, pour le piédestal, et au sculpteur Victor Demanet pour le buste en bronze.

Monument  Léon Colin

Né à Givet de parents namurois, Victor Demanet (1895-1964) a grandi au confluent de la Sambre et de la Meuse, ses parents tenant un commerce d’antiquités au cœur de la ville wallonne. Appelé à leur succéder, Demanet fréquente l’Académie des Beaux-Arts (1916-1919) où il est l’élève de Désiré Hubin, mais la révélation lui vient des œuvres de Constantin Meunier et surtout de la thématique sociale et ouvrière développée par le peintre/sculpteur bruxellois. Lors d’un séjour à Paris, les œuvres de Rude, Carpeaux et Rodin finissent par convaincre Demanet que sa voie est dans la sculpture. Remarqué au Salon des Artistes français de Paris, en 1923, pour son buste de Bonaparte à Arcole, Victor Demanet s’impose rapidement comme un portraitiste de talent auquel sont confiées de nombreuses commandes publiques. Il est aussi l’auteur de plusieurs dizaines de médailles, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre une œuvre plus personnelle à l’inspiration comparable à celle de Constantin Meunier, avec de nombreux représentants du monde du travail. Installé à Bruxelles depuis 1926, il décède à Ixelles en 1964. Comme d’autres artistes de son temps, Demanet a réalisé plusieurs monuments aux victimes des deux guerres, dont le monument Colin de Mettet, inauguré sous le signe du souvenir, en présence des autorités locales, de toute la population et en particulier des élèves des écoles.

 


Fosses-la-Ville et Mettet, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2004, p. 230
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 397
Dany BASTIN, Mettet, souviens-toi ! 1945-2005. Témoignages et photos de la Seconde Guerre mondiale. Hommage à Léon Colin, Mettet, chez l’auteur, 2005, principalement p. 2 à 11
Jacques TOUSSAINT, Victor Demanet dans Arts plastiques dans la province de Namur 1800-1945, Bruxelles, Crédit communal, 1993, p. 147
site Delcampe, document de remerciement suite au décès de Léon Colin, 1945
http://www.jules-tacheny.be/text.php?file=chap17.html
Thierry OGER, sur http://www.ville.namur.be/page.asp?id=797 (s.v. avril 2014)

Rue L. Colin, en face du n°12

Mettet 5640

carte

Paul Delforge

Institut Destrée - P. Delforge © Sofam

Monument Salvador ALLENDE

Jusqu’en 2001 et l’attentat des deux tours à New York, la date du 11 septembre symbolisait principalement le coup d’État dont le Chili avait été la victime en 1973 ; le président régulièrement élu Salvador Allende était renversé et assassiné par Augusto Pinochet. 

À la jeune démocratie chilienne ainsi écrasée succédait une longue dictature. Le temps n’efface pas des mémoires le retentissement d’un événement dont la dimension est sans conteste internationale. À travers le monde, les protestations sont nombreuses et prennent des formes diverses. Ainsi assiste-t-on à l’érection de monuments ou à la désignation de noms de rue en l’honneur de « Salvador Allende ». Les occurrences sont telles à travers le monde qu’un site les répertorie (www.abacq.org/calle). 

En Wallonie, plus d’une vingtaine de rues, boulevards, squares ou allées portent le nom d’Allende, tandis que des réfugiés chiliens sont à l’initiative de plusieurs monuments, en province de Liège comme en Hainaut.

Ainsi en est-il à Romsée, commune de l’entité de Fléron, où un monument a été érigé sur le square… Salvador Allende, en 1979 et inauguré le 11 septembre 1979. Sur une imposante pierre brute en granit a été apposée une plaque de schiste sur laquelle est gravée la mention suivante :

SALVADOR ALLENDE
1908 – 1973
ASSASSINE
PAR LE FASCISME
AU CHILI

Un arbre a été planté à l’arrière du monument, un carré étant formé tout autour par une haie basse.

Depuis cette date de 1979, chaque année, les autorités communales de Fléron et l’Union socialiste communale organisent un hommage qui réunit des sympathisants à l’occasion de prises de parole et du dépôt de fleurs. La situation politique au Chili, la politique belge et locale, la lutte contre l’extrémisme et la résurgence des idées nauséabondes sont au centre des différents discours.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Renseignements communiqués par Marc Cappa (novembre 2015)
www.abacq.org/calle (s.v. mars 2015)

Square Allende
4624 Romsée (Fléron)

carte

Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Plaque Nicolas BOSRET

Après la Première Guerre mondiale, François Bovesse a donné ses lettres de noblesse au décret de l’Assemblée wallonne instaurant une fête de la Wallonie. Avec la création en 1923 du Comité de Wallonie, l’organisation des fêtes à Namur est désormais structurée et pérennisée : désormais, des manifestations rendent hommage aux volontaires wallons qui ont contribué aux Journées de Septembre 1830. Mêlant discours politique, folklore wallon et namurois, le rendez-vous annuel de septembre prend plusieurs déclinaisons dont l’inauguration de plaques commémoratives en souvenir de « grands Namurois ». 

Plaque commémorative Nicolas Bosret (Namur)

En 1925, à l’initiative des Amis de l’Art wallon, en particulier de la section namuroise, la plaque apposée sur la « maison natale » de Félicien Rops est la première à s’inscrire sur une liste qui ne va cesser de s’allonger, accueillant notamment par la suite une plaque dédiée à Nicolas Bosret, apposée sur sa maison natale. Le nombre deviendra à ce point conséquent qu’une sélection annuelle est faite pour déterminer le « parcours des plaques » qui s’inscrit dans le programme des fêtes de Wallonie. La plaque de Nicolas Bosret s’impose cependant comme un passage obligé.

« COLAS BOSRET
PRUMI DIRECTEÛR DES 40 MOLONS
A V’NU AU MONDE VAICI
LI 5 DI MAUS 1799 ».


Entre Nicolas Bosret et Namur, il existe une histoire d’amour qui remonte à 1856, lorsque la ville fait du Bia bouquet son hymne propre. On sait que Namur n’était pas la muse du compositeur wallon ; celui-ci évoque dans sa chanson ses états d’âme à la veille de son mariage. Musicien, bon vivant, sociétaire de plusieurs cercles culturels et d’amusement, co-fondateur des Moncrabeau, Nicolas Bosret est un personnage entré de son vivant dans le cœur des Namurois. Pour honorer sa mémoire à d’autres moments qu’à des anniversaires, une rue porte son nom dès 1878, un important buste est inauguré en 1929 et, par la suite, une plaque est apposée sur sa maison natale dans le vieux quartier de la capitale de la Wallonie. Chaque année, durant les fêtes de Wallonie, le parcours des plaques fait inévitablement halte devant cette maison située place Maurice Servais et les 40 Molons rendent un hommage particulier à celui qui a créé leur société, celle de Moncrabeau.


Jacques VANDENBROUCKE (texte), Pierre DANDOY (photos), 40 ans de fêtes de Wallonie à Namur, Bruxelles, Luc Pire, 2000, notamment p. 27
Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Louvain-la-Neuve, 2011, p. 78
http://namur-cent-detours.skynetblogs.be/archives/category/des-statues/index-1.html 
Ernest MONTELLIER, dans Biographie nationale, t. 30, col. 183-187
Lucien MARÉCHAL, Nicolas Bosret et le « Bia bouquet », dans Le Guetteur wallon, décembre 1926, n°11 p. 232-237
Le Guetteur wallon, novembre 1926, p. 202 ; octobre 1928, n°8-9, p. 18

à l’angle de place Maurice Servais, de la rue des Échasseurs et de la rue de la Halle
5000 Namur

carte

Paul Delforge

Photo Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Statue Baudouin de Constantinople

Statue équestre de Baudouin de Constantinople, réalisée par le statuaire Jean-Joseph Jaquet et l’architecte communal Charles Vincent, 19 mai 1868.

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, aucune statue n’a encore été érigée sur le sol de la ville de Mons. Les autorités locales nourrissent certes quelques projets, mais ne semblent pas pressées. En 1850, les noms de Roland de Lassus et de Baudouin de Constantinople sont en concurrence, y compris pour l’emplacement. Chronologiquement, c’est le musicien qui va l’emporter, bénéficiant du soutien actif d’une société locale. Sa statue est inaugurée en 1853, en dehors de la Grand Place, lieu qui doit accueillir la statue équestre de Baudouin de Constantinople. Ce personnage a les faveurs des autorités belges. En effet, il est l’une des six « gloires nationales » qui bénéficie d’une statue pour décorer le péristyle du grand vestibule du Parlement. La décision a été prise par le ministre de l’Intérieur, Jean-Baptiste Nothomb en 1845. 

Deux ans plus tard, le peintre Louis Gallait en fait aussi le personnage principal de l’une de ses œuvres majeures. Jeune État né d’une révolution en 1830, la Belgique incite les peintres et les sculpteurs à « honorer la mémoire des grands hommes belges » dans l’espace public. Chef de Cabinet, en charge de l’Intérieur (1847-1852), Charles Rogier invite chaque province à élever un monument dans son chef-lieu. Soutenu par son successeur, Joseph Piercot, le projet se concrétise lorsque Rogier redevient ministre, entre 1858 et 1868. Aux quatre coins du pays, les édiles municipaux se mobilisent bon gré mal gré (en raison des coûts) dans un projet qui se veut collectif, mais qui révèle à la fois des particularismes locaux et des interrogations sur la définition de «belge».

Ainsi, à Mons, tant le choix de Baudouin de Constantinople que le lieu d’implantation du monument ne font pas l’unanimité. De longues discussions et controverses mobilisent les esprits pendant près de quinze ans. En quoi ce personnage du XIIIe siècle, né à Valenciennes et comte de Flandre, représente-t-il le Hainaut belge ? Est-il vraiment le père des importantes chartes hennuyères de 1200 ? En retenant ce « croisé », ne va-t-on pas honorer un guerrier, parti à la Croisade pour sauver la foi chrétienne, en imposant sa vision du monde aux autochtones ? Prenant l’initiative, la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut met le choix de Baudouin au concours, mais personne ne réponde, ni en 1853, ni en 1854. Président de la Société, Camille Wins fait alors l’éloge de la gloire nationale attachée au Hainaut (1855), tout en réclamant de la ville qu’elle se détermine rapidement.

Statue équestre de Baudouin de Constantinople

Parce qu’il était comte de Flandre sous le nom de Baudouin IX (1194-1205) et comte de Hainaut sous le nom de Baudouin VI (1195-1205) avant de partir pour la croisade, où il devint empereur de Constantinople, pendant quelques mois seulement, sous le nom de Baudouin Ier, le personnage paraît être porteur des valeurs nationales que l’on souhaite développer. De surcroît, le gouvernement belge attache une importance toute particulière au choix de ce personnage ayant acquis la notoriété la plus grande sur le plan international par son élection comme empereur de Constantinople, car le titre de « comte de Hainaut » vient de faire l’objet d’un arrêté royal (12 juin 1859). Ce titre est créé à côté de titres honorifiques déjà existants, portés par la famille royale. Avec les trois titres « comte de Hainaut, « comte de Flandre » et « duc de Brabant », « Nos populations wallonnes et flamandes, confondues dans l’unité monarchique et constitutionnelle fondée en 1830, auraient de la sorte (…) leur personnification historique près du Trône », précise le rapport qui motive l’Arrêté royal… Poussé dans le dos par le ministre Rogier qui assure le financement du projet à raison de 30 à 40% de son coût, la ville sollicite la générosité de l’institution provinciale, si bien que la présence d’une statue de Baudouin de Constantinople à Mons devient une affaire qui regarde tout le monde, les politiques à tous les niveaux de pouvoir, ainsi que les journalistes qui alimentent une polémique. Arrivant sur la place publique le débat est aussi alimenté par les historiens appelés à la rescousse, tandis que l’appréciation de l’emplacement – Mons est en train de démanteler son ancienne forteresse – interpelle tous les citoyens. Le conseil communal de Mons retient « Baudouin » lors de sa séance du 16 juin 1860 ; il est rejoint par le conseil provincial du Hainaut le 21 juin 1863.

Quant au choix du statuaire chargé de l’exécution du monument, il ne fait pas débat, car il est imposé par l’arrêté royal du 23 janvier 1864 qui entérine le choix de Baudouin de Constantinople. Né à Anvers, formé à l’Académie de Bruxelles par le Liégeois Louis Jehotte, 

(Jean)-Joseph Jaquet (1822-1898) se perfectionne auprès de Guillaume Geefs avant de voler de ses propres ailes. Dès 1845 et son modèle pour le Monument Froissart à Chimay, il est sollicité par le gouvernement qui multiple les commandes. Sa collection atteint les 300 statues et groupes, et une trentaine de bustes, souvent réalisés avec son frère Jacques. À titre personnel, il s’inspire de l’antiquité et de la Bible pour les plâtres et les marbres qu’il imagine. Nommé en 1863 professeur de sculpture d’après la figure antique à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, il y devient aussi titulaire du cours de sculpture d’ornement, à partir de 1888. Parmi ses élèves figurent Thomas Vinçotte, Rombaux, Lagae ou Dubois.

Précédé par sa réputation, J-J. Jaquet commence à travailler sur le projet montois en novembre 1864. Interrogé sur le meilleur emplacement parmi trois qui lui sont propos

és, l’artiste opte spontanément pour le rond-point de l’avenue d’Havré et son choix devient parole d’Évangile, mettant presque un terme aux discussions qui déchirent toujours les Montois (186

5).
Alors que l’inauguration officielle est annoncée pour septembre 1867 (dans le cadre des commémorations officielles des « Journées de Septembre 1830 »), le statuaire demande et obtient l’autorisation de présenter son œuvre dans le cadre de l’Exposition universelle de Paris. Voyant l’opportunité de magnifier l’œuvre de leur ville, voire de couper court aux critiques négatives, les autorités doivent rapidement déchanter tant leur Baudouin fait pâle figure à côté des immenses statues présentées par la Prusse, à l’exposition de Paris. C’est finalement dans la plus totale discrétion que l’architecte communal, Charles Vincent, réalise le socle/piédestal en pierre de Soignies (fin 1867) et que la statue équestre prend place au printemps 1868. Il est vrai qu’une nouvelle polémique a surgi au sujet des deux bas-reliefs à installer sur les faces latérales du socle. Il était prévu une représentation de « L’Assemblée des États à Mons » quand Baudouin octroie et fait approuver les chartes de 1200, ainsi qu’une scène de « Couronnement », 

inspiré du tableau peint par Louis Gallait en 1847. Finalement, le Couronnement est remplacé par « l’Institution de la Haute Cour du Hainaut sous les chênes de Hornu ». Mais, à la suite de divers articles de presse, la contribution que Charles de Bettignies publie, dès juin 1868, dans les Annales du Cercle archéologique, dénonce des erreurs historiques et, notamment, pointe du doigt la présence de représentants de l’Église (évêques et abbés mitrés). Entre les anachronismes et les imprécisions historiques se glisse un débat éminemment politique auquel s’ajoutent des blagues potaches ou des surnoms moqueurs (« Baudouin le Turc, dit le Vagabond », « le coupeur d’oreilles », « l’inventeur de la tarte au fromage », etc.) qui décrédibiliseraient toute inauguration en grandes pompes. Le 19 mai 1868, la statue équestre est installée, sur le rond-point d’Havré – place de Flandre, sans aucun cérémonial.

Bien plus tard, quand cet espace de la cité du Doudou est réaménagé, la statue 

équestre de Baudouin de Constantinople (1171-1204/1205) est déplacée, fait l’objet d’une rénovation et s’inscrit dans le prolongement de l’une des grandes avenues menant au centre de Mons. Proche du parc du Waux-hall, le lieu porte désormais le même nom que le chevalier en question.

Statue équestre en bronze, le monument de Baudouin de Constantinople que Jules Destrée trouvait beau et ridicule comme un ténor d’opéra est porté par un nouveau socle où l’on a maintenu les explications initiales :

« BEAUDOUIN, EMPEREUR DE CONSTANTINOPLE
COMTE DE FLANDRE ET DE HAINAUT
AUTEUR DES CHARTES DE L’AN 1200 »

Les deux bas-reliefs explicatifs ont aussi été réinstallés. L’ancien socle reste visible dans le square entre le boulevard Kennedy et l’école des Ursulines.

 

Charles DE BETTIGNIES, La statue équestre de Baudouin de Constantinople, dans Annales du Cercle archéologique de Mons, Mons, 1867, t. VII, p. 417-431, suivi d’une biographie, p. 432-446
Jean WUILBAUT, Mons 1853-1868. Controverses autour de la statue de Baudouin de Constantinople, dans Annales du Cercle archéologique de Mons, Mons, 1988, t. 73, p. 1-45
Richard KERREMANS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 458-459
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 762
Alain DIERKENS, La statuaire publique, dans L'architecture, la sculpture et l'art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995, p. 246-250
Jules DESTRÉE, Mons et les Montois, 1933, p. 17-18

avenue Baudouin de Constantinople (anciennement place de Flandre)
7000 Mons

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Mémorial Arthur CANTILLON

Situé dans le parc du Waux-Hall à Mons, le mémorial Arthur Cantillon (1893-1933) rend hommage surtout à l’écrivain. Promis à la succession de l’entreprise paternelle (une prospère fabrique de chaussures), le jeune Cantillon s’est en effet découvert un goût pour les lettres et pour la politique lors de ses études à la section préparatoire de l’Institut Warocqué. Contraint de reprendre la direction de l’usine en 1910, Arthur Cantillon va partager son temps entre les chiffres de l’entreprise et sa passion pour les lettres : théâtre, poésie, roman. Il est aussi à l’origine de plusieurs revues, qu’il dirige souvent, comme Flamberge. Prix du Hainaut de littérature en 1925, celui qui est devenu le bourgmestre libéral de Pommerœul (1927) ne parvient pas à éviter la faillite de sa société (1926) et achève sa carrière comme rédacteur artistique et littéraire de L’indépendance belge (1928-1933).

Autour de responsables de la revue Le Thryse, des amis du poète décident d’ériger un mémorial pour inscrire la mémoire de l’artiste dans l’espace public wallon pour l’éternité. En trois ans, le « Comité de la Commémoration du poète wallon Arthur Cantillon » parvient à réunir les fonds nécessaires, grâce à la générosité de souscripteurs privés comme officiels (gouvernement, ville de Mons, commune de Pommerœul). Il confie la réalisation du mémorial au sculpteur montois Gustave Jacobs (1891-1986) à qui l’on lui doit de nombreux bas-reliefs et monuments dans la cité du Doudou, que ce soit à l’hôtel de ville, au gouvernement provincial, ou dans les rues de la ville. Ami d’Anto Carte qui lui avait dressé le portrait, Jacobs a donné son nom à un jardin de Mons, au bas de la rue d’Havré. 

En dehors de Mons, le sculpteur – influencé par l’Art déco – signe plusieurs monuments (parfois aux morts de la Grande Guerre) dans l’espace public wallon, essentiellement le Hainaut ou le Namurois (Quaregnon, Wasmes, Gembloux…), et aussi à Bruxelles. Avec le portrait figurant sur la stèle du Waux-Hall, Jacobs qui avait alors déjà obtenu le Prix du Hainaut est parvenu à rendre la bonhomie et la chaleur que dégageait Arthur Cantillon.
L’inauguration du mémorial a lieu le 19 juillet 1936 dans le parc du Waux-Hall de Mons. Tout en célébrant un poète trop tôt disparu (40 ans) et qui se voua à la défense des lettres françaises, elle est l’occasion pour le Comité de céder le monument à la ville de Mons. En plus des nombreux discours officiels, un petit groupe se rend au cimetière de Pommerœul où la réplique du médaillon réalisé par Jacobs est apposée sur la tombe de Cantillon. En 1958, pour le 25e anniversaire de la mort du poète, les autorités communales projettent de réaliser un monument à Pommerœul, mais seule la biographie rédigée par Raymond Renard marqua durablement cet anniversaire.

Inauguration du mémorial Arthur Cantillon, dans Le Thyrse, 19 juillet 1936, p. 1-13
Le Thyrse, 1er septembre 1936, n°9, p. 267-276
Paul DELFORGE, Arthur Cantillon, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 227
Raymond RENARD, Arthur Cantillon, Mons, éd. Fonds Raoul Warocqué, 1958, en particulier p. 60-61

parc du Waux-Hall
7000 Mons

carte

Paul Delforge

Paul Delforge (avril 2015)-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Plaque Marguerite BERVOETS

Apposée sur la maison familiale des Bervoets à La Louvière, une plaque rend hommage à l’héroïsme d’une jeune résistante promise à une belle carrière littéraire. Professeur à l’École normale de Tournai au moment de l’invasion allemande de mai 1940, Marguerite Bervoets avait suivi une formation de romaniste auprès de Gustave Charlier à l’Université libre de Bruxelles qui lui avait procuré un diplôme universitaire, mais surtout lui avait permis de cultiver son goût et sa curiosité pour l’écriture. Délaissant sa thèse de doctorat et son activité littéraire, elle s’engage dans la Résistance dès 1941.

Membre de la Légion belge, elle fait paraître le clandestin La Délivrance, tout en devenant un agent de liaison. Surprise au moment où elle tentait de prendre des photographies du champ d’aviation de Chièvres, Marguerite Bervoets est arrêtée, jugée et condamnée à mort. Transférée en Allemagne, elle est décapitée à Brunswick, à la prison de Wolfenbüttel le 7 août 1944.
 

Inauguration de la plaque commémorative apposée sur sa maison natale. (La Louvière, 17 novembre 1946)

Le jour même où un monument est inauguré dans la cour de l’École moyenne de La Louvière, une autre inauguration a lieu quelques dizaines de mètres plus loin, la pose officielle d’une plaque sur la façade de la maison natale de Marguerite Bervoets, juste à côté de l’hôtel-restaurant Mille Colonnes exploité par son père. En raison de la ressemblance entre la plaque apposée sur la maison familiale et celles figurant sur le monument de l’École moyenne, on peut être tenté d’attribuer à Hector Brognon (1888-1977) la réalisation de la plaque commémorative évoquée ici.

Professeur à l’École industrielle et commerciale d’Écaussinnes pendant plusieurs années, Brognon a signé de nombreuses réalisations en Hainaut, aussi bien des bustes et des statues, que des monuments aux morts sur les places publiques (comme celui d’Écaussinnes-d’Enghien, sur la Grand-Place) ou dans les cimetières (les « Martyrs de Tamines » en 1926, ou le bas-relief Ernest Martel en 1939). La pierre bleue d’Écaussinnes n’a plus de secret pour celui qui a été surnommé récemment « le Rodin de Bois d’Haine ».

Dans les années 1970, d’importants travaux conduisent à la démolition de l’hôtel et de la maison voisine, dans le haut de la rue Sylvain Guyaux, près de la place Mansart. Dans l’étroite galerie piétonne qui est aménagée, entre la rue Guyaux et la rue Albert Ier, la plaque commémorative a été rétablie. Depuis le début du XXIe siècle, la galerie est cependant fermée et la plaque disparaît de la vue du public, jusqu’à sa restauration et son rétablissement sur la façade du n°32 de la rue Guyaux fin 2014, début 2015.


Lucienne BALASSE-DEGUIDE, dans Biographie nationale, t. 43, col. 82-89
Roger DARQUENNE, Images de Chapelle-lez-Herlaimont, Écomusée régional du Centre, 1994
http://www.lalouviere.be/UploadDirectory/Publication/Documents/PV%20Conseil%2008.03.17.pdf 
http://www.maisondusouvenir.be/marguerite_bervoets.php (s.v. avril 2014)
Émile PEQUET, Marguerite Bervoets, [Mons], Hainaut, Culture et Démocratie, 2014, coll. Les Carnets de la Mémoire.
Guy SYMOENS, Hector Brognon (1888-1977) le Rodin de Bois d'Haine, dans Les Cahiers du Grand Manage, 2009, n°56
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, p. 155
 

rue Sylvain Guyaux 32
7100 La Louvière

carte

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Paul COLLET

Monument Paul Collet - 21 septembre 1969.
Réalisé par Georges Aglane.


Espace public destiné à la rencontre et au loisir du plus grand nombre, le parc de la Dodaine, créé au début du XIXe siècle par le premier maire de la municipalité, offre de nombreuses possibilités de mise en évidence « d’un panthéon nivellois », soit par des statues, soit par des plaques mémorielles inaugurées à diverses époques. C’est ainsi qu’un carré est dédicacé à plusieurs plaques commémoratives d’illustres habitants de la cité : s’y retrouvent, dans un espace aéré, les Wallons Albert du Bois, Franz Dewandelaer et Paul Collet. Sur une pelouse, devant un buisson de charmes, à quelques centimètres du sol, la plaque est ainsi mise en évidence et visible par tous. On peut y lire, en lettres d’or, à côté d’une de ses illustrations de Nivelles :


« A PAUL COLLET 1889-1952
AVOCAT, HOMME DE LETTRES, IMAGIER DE
NIVELLES ET DU ROMAN PAYS
DE BRABANT, DÉFENSEUR DE
LA TERRE WALLONNE ET DE LA
PENSÉE FRANÇAISE ».

Docteur en Droit de l’Université catholique de Louvain, avocat avoué à Nivelles, Paul Collet a consacré ses plus belles heures à sa ville natale qu’il illustre tant par ses talents littéraires qu’artistiques (croquis, illustrations à l’encre de chine, eaux-fortes, aquarelles, pastels, lithographies, clichés photographiques). 

« Imagier du Roman Pays », comme le surnommaient ses amis, dont Georges Willame, Paul Collet est le fondateur et principal rédacteur de revues nivelloises avant la Grande Guerre, et un actif collaborateur de diverses revues wallonnes dont La Terre wallonne d’Élie Baussart, par la suite. 

En 1917 et 1918, il s’occupe activement de l’accueil des réfugiés français du Nord et du Pas de Calais. Il s’agit là de l’une de ses nombreuses manifestations de sa francophilie ; en contact avec plusieurs cercles culturels français, il a été un ardent propagandiste de la culture française, récompensé de la Légion d’honneur en 1939 (chevalier). Professeur d’histoire de l’art en amateur éclairé, mais surtout avocat, juge suppléant en première instance et bâtonnier, Paul Collet est encore le délégué de Nivelles à l’Assemblée wallonne (1921-1940) et membre de son Bureau permanent. 

Régionaliste unioniste, il est le pionnier des fêtes de Wallonie à Nivelles ; en 1928, il crée en effet le Comité de Wallonie qui institue la Fête de la Wallonie à Nivelles. Séduit par le discours de Degrelle, ce catholique accepte d’être candidat rexiste dans l’arrondissement de Nivelles en 1936. Élu député, il représente le Roman pays de Brabant à la Chambre jusqu’en 1939. En désaccord avec le chef de Rex, il quitte alors ce parti. Après un court exil en France durant les premières semaines de la Seconde Guerre mondiale, il passe la guerre à Nivelles où il vit dans la clandestinité. À la Libération, il est à nouveau désigné par ses pairs comme bâtonnier de l’Ordre (1948).

Monument  Paul Collet


Le 21 septembre 1969, un hommage officiel appuyé est rendu à Paul Collet, tant au Nivellois qu’au Wallon. À l’hôtel de ville de Nivelles, une foule nombreuse assiste à une séance académique qui associe dans un même hommage Paul Collet et la Fête de la Wallonie qu’il avait créée dans sa cité dès les années 1920. Au-delà de la personnalité de Paul Collet, la manifestation organisée en 1969 vise à affirmer l’appartenance à la Wallonie de l’arrondissement de Nivelles, en d’autres termes le Roman pays de Brabant, au moment où les parlementaires débattent d’une réforme de l’État et de la révision de la Constitution.


Sans conteste, l’hommage de Nivelles à Paul Collet doit beaucoup à Émile Delvaille, ancien résistant, président de la section de Nivelles de Wallonie libre et conseiller communal, qui a su convaincre les échevins Vander Heggen et Hemberg. Après la séance académique matinale, le mémorial Paul Collet est officiellement inauguré l’après-midi dans le parc de la Dodaine, en présence des autorités communales et du sculpteur nivellois Georges Aglane (1912-1994) qui signe le monument. Aussi connu sous le pseudonyme d’Aglane de Nivelles, ce peintre, dessinateur, graveur, médailleur et sculpteur nivellois a reçu sa formation au sein de l’Académie de sa ville natale, avant de se rendre à Namur et à Bruxelles où il a bénéficié des conseils d’Émile Fabry et d’Anto Carte. Choisissant la femme comme modèle quasi exclusif, il fait varier son style entre classicisme et onirisme. Très attaché à la cité des Aclots, Aglane participe à la décoration de la collégiale (les blasons), surtout à la restauration de l’église de Bornival (série de bas-reliefs) et est aussi l’auteur de plusieurs portraits et de paysages où apparaît Nivelles. Choisi pour le mémorial Collet, il grave la stèle de la mention citée ci-dessus (en accord avec le comité organisateur et l’un des fils Collet) et y reproduit fidèlement un dessin de Paul Collet. Une vingtaine d’œuvres d’Aglane ont été léguées aux autorités nivelloises et plusieurs dizaines d’autres à l’asbl Arthémis. Pour certains critiques d’art, le talent d’Aglane n’était guère éloigné de celui d’un Magritte ou d’un Delvaux. Sans être véritablement surréaliste, son œuvre pêche par l’absence d’un trait récurrent permettant une identification… automatique.


 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Archives Paul Collet, 14-22, Chemise Commémoration 1969, notamment article du Peuple, 24 septembre 1969
Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse (1994)
Paul DELFORGE, Essai d’inventaire des lieux de mémoire liés au Mouvement wallon (1940-1997), dans Entre toponymie et utopie. Les lieux de la mémoire wallonne, (actes du colloque), sous la direction de Luc COURTOIS et Jean PIROTTE, Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 1999, p. 285-300
Paul DELFORGE, Paul Collet, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 293-294
Georges LECOCQ, Pierre HUART, Dis, dessine-moi un monument… Nivelles. Petite histoire d’une entité au passé bien présent, Nivelles, Rif tout dju, mars 1995, p. 10
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 19

Parc de la Dodaine

1400 Nivelle

carte

Paul Delforge