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Defuisseaux Alfred

Politique

Mons 9/12/1843, Nimy 11/11/1901

Le nom d’Alfred Defuisseaux est étroitement associé au Catéchisme du Peuple. Pamphlet rédigé sous forme de dialogues, distribué à 200.000 exemplaires en français, et 60.000 en flamand, ce texte à la langue simple et accessible sera repris comme une chanson par les masses populaires qui supportent de plus en plus mal leur condition. En 7 leçons, Defuisseaux appelle à la mobilisation, dénonce diverses situations (droit de vote, armée, impôts, etc.) et conclut systématiquement par la revendication du suffrage universel comme remède.
Si l’avocat et ingénieur montois espérait mobiliser les foules dans une grande manifestation à Bruxelles, à l’horizon de l’été 1886, il est largement débordé par les émeutes de mars-avril 1886 qui touchent l’ensemble du bassin industriel wallon. Accusé d’avoir été l’un des instigateurs de ces grèves de 1886, il est condamné à six mois de prison. Réfugié en France où il poursuit son activité politique, l’ancien ténor du Barreau de Mons reste partisan de la grève générale immédiate pour obtenir le suffrage universel et la république. En désaccord avec le POB naissant, il crée le Parti socialiste républicain (1887). Affaibli par les manœuvres de la gendarmerie et de la Sûreté de l’État, le PSR finira par intégrer le POB. En 1894, lors des premières élections législatives au suffrage universel masculin tempéré par le vote plural, le tribun Defuisseaux est l’un des 28 premiers députés socialistes, tous élus en Wallonie. De retour au pays, il siègera à la Chambre jusqu’à sa mort, en 1901, ainsi qu’au conseil communal de Frameries. Il était le frère de Léon Defuisseaux, député libéral progressiste de Mons.

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Frameries (1894-1901)
Député (1894-1901)

 

Sources

Histoire de la Wallonie, (dir. L. Genicot), Toulouse, Privat, 1973, p. 383
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Histoire, Economie, Société), Bruxelles, t. II, p. 173-176
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. III
http://www.carhop.be/suffrage/def8.html

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Boucher Pierre

Politique, Député wallon

Ramillies 24/04/1946

Député wallon : 1999-2004 ; 2004-2006*

Courtier en assurances, fondateur du Cabinet d’assurances « Vaneberck et Boucher », représentant pour la Belgique et le Luxembourg du Groupe international HR Sprinks et Cie de Londres et de la filiale française CFAE, Pierre Boucher s’est spécialisé dans l’assurance des chevaux et du cheptel bovin. Quand le Cabinet Boucher est repris par Fortis, il est nommé fondé de pouvoir. Entre-temps, il a aussi créé une société financière, absorbée par le Groupe Indosuez. Au début des années quatre-vingt, il revend ses sociétés et relance l’exploitation agricole familiale. Membre de l’Association régionale pour la promotion du porc de Piétrain, il dirige alors la sprl Ferme du Stocquoy et la sprl Marcan à Jodoigne, avant de se lancer en politique, tout en restant administrateur du Crédit Agricole, devenu Crelan s.a.

Conseiller communal PRL de Jodoigne élu en 1982, Premier échevin en charge de l’Urbanisme, de la Jeunesse, des Sports et de l’Aménagement du territoire (1989-1992), il est aussi conseiller provincial du Brabant (1987-1991). Il devient d’ailleurs le premier président wallon de l’assemblée depuis plusieurs années ; il préside aussi les travaux d’une Commission provinciale d’étude de l’avenir institutionnel de la province de Brabant (1989-1991). À titre personnel, il est opposé à la scission du Brabant et à l’idée de lier le destin du Brabant wallon à celui de la Région wallonne, plaidant en faveur d’un statut de double appartenance régionale. 

Choisi comme député permanent en charge de l’Enseignement, de l’Agriculture et de l’Environnement (1992-1994), il va contribuer au transfert de l’ancien Brabant à la nouvelle province du Brabant wallon née à la suite de la réforme institutionnelle de 1993. En janvier 1995, il retrouve son mandat de député permanent en charge, cette fois, de l’Enseignement, de la Culture, de la Jeunesse, des Sports et du Personnel du Brabant wallon (1995-1999). Homme fort de la députation permanente, il assure la continuité et la transition de l’institution provinciale.  Président de la Compagnie intercommunale d’électricité de Jodoigne et extensions (depuis 1982), président du domaine provincial d’Hélecine, il est attentif à affirmer l’identité de la nouvelle province. 

En 1999, Pierre Boucher est élu au Parlement wallon dans l’arrondissement de Nivelles et quitte la députation permanente. Homme de confiance de Louis Michel, député wallon de la majorité arc-en-ciel, Pierre Boucher siègera à Namur jusqu’en 2006, ayant été réélu en juin 2004 tout en contribuant au succès MR dans cette circonscription : son parti emporte enfin 4 sièges.

Trésorier du Mouvement réformateur (1999-), Pierre Boucher lorgne pourtant vers Wavre où il déménage afin de pouvoir briguer la succession du bourgmestre. Élu conseiller communal en 2000, échevin de la Culture et de l’Enseignement (2001-2006), il laisse cependant à Charles Michel le maïorat de Wavre. Après le scrutin d’octobre 2006, il retourne vers la province du Brabant wallon, et démissionne du Parlement wallon et de ses mandats communaux.

Député provincial en charge de l’Enseignement, des Finances et de la Régie foncière (2006-2012), il préside le collège provincial du Brabant wallon dont la majorité a pris la couleur turquoise (coalition MR-Écolo). En octobre 2012, Pierre Boucher pousse la « Liste du Bourgmestre » à Wavre et, en même temps, pousse la liste MR dans le district de Wavre qu’emmène Mathieu Michel. Siégeant désormais comme conseiller communal et comme conseiller provincial, il prend la présidence de l’IBW (juin 2013).

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Jodoigne (1983-1992)
Echevin (1989-1992)
Conseiller provincial du Brabant (1987-1994)
Député permanent (1992-1994)
Conseiller provincial du Brabant wallon (1995-1999)
Député permanent (1995-1999)
Député wallon (1999-2006)
Conseiller communal de Wavre (2001-2006)
Echevin (2001-2006)
Député provincial du Brabant wallon (2006-2012)
Conseiller communal (2012-)
Conseiller provincial (2012-)

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 68-69

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Statue Arnould de Binche

Statue d’Arnould de Binche, réalisée par Frantz Vermeylen, septembre 1911.

Face à la gare de Binche, de style néo-gothique, construite entre 1905 et 1910, s’étend une imposante esplanade, au centre de laquelle a été inaugurée en 1931 une statue de l’Indépendance ; autour de ce monument central s’étendent quatre pelouses séparées par des chemins : la moitié supérieure, côté gare, est ceinturée par une balustrade en pierre bleue, sculptée, de style néo-gothique d’où émergent 8 colonnes de pierre, elles-mêmes surmontées d’une statue en bronze. Destiné à mettre la gare davantage en évidence tout en atténuant harmonieusement le dénivelé du terrain, le square a été aménagé en respectant les indications très précises de la Commission royale des Monuments qui délégua sur place, à plusieurs reprises, ses représentants pour veiller à la bonne exécution des travaux (adjugés à 60.000 francs de l’époque). Soutenu par les autorités locales, et en particulier par le bourgmestre Eugène Derbaix, le projet de square s’inspire de celui du Petit Sablon, à Bruxelles, avec ses colonnettes gothiques et ses statuettes évoquant « l’histoire nationale ». Il est inauguré en septembre 1911.

Oeuvres des sculpteurs Vermeylen et Valériola, désignés en mai 1911, les 8 statues représentent « des personnages illustres qui ont joué dans l’histoire locale un rôle important et dont le souvenir mérite de vivre dans la mémoire des Binchois » (Derbaix). Quatre sont dues au ciseau d’Edmond de Valériola : Baudouin le Bâtisseur, Gilles Binchois (statue disparue en 2014), Yolande de Gueldre et Marie de Hongrie (statue volée en 1993) ; il s’agit en fait de toutes les statues de gauche quand on fait face à la gare. Les quatre autres ont été réalisées par Frantz Vermeylen (1857-1922) : Charles-Quint, Guillaume de Bavière, Marguerite d’York et Arnould de Binche qui nous occupe ici. Il s’agit de la statue la plus à droite (par rapport à la gare) et la plus éloignée de celle-ci.

Natif de Louvain, où son père (Jan Frans) exerçait déjà le métier, Fr. Vermeylen a appris la sculpture dans l’atelier familial, avant de suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Louvain (1869-1878) où son père enseigne, et de se perfectionner à Paris (chez A-A. Dumont). Ayant certainement travaillé sur les chantiers de décoration de l’hôtel de ville de Louvain, de la gare d’Amsterdam et au Rijksmuseum dans les années 1880, il devient l’expert attitré des autorités louvanistes, avant de répondre aussi à des commandes de décoration pour la ville d’Audenarde, l’abbaye Saint-Gertrude, la Volksbank, etc. Spécialisé dans les intérieurs d’église (par ex. Saint-Martin à Sambreville), il reste un artiste demandé tant pour ses médailles que pour ses bustes et ses statues, comme celle du gouverneur Orban de Givry à Arlon (1903), que pour les quatre statues qu’il réalise pour Binche.

 

Statue d’Arnould de Binche

Concernant les 8 statues qui composent l’ensemble face à la gare, tous les personnages ont vécu avant le XVIIe siècle, six représentent des « princes ou princesses », et les deux autres sont des artistes : Gilles Binchois et Arnould de Binche. Représenté tenant un plan et un compas dans ses mains, ce dernier est un architecte né à Binche au XIIIe siècle et auquel on attribue la construction de l’église de Pamele près d’Audenaerde, édifice datant de 1235 et remarquable en raison de son style curieux, typique de la transition entre le roman et l’ogival. Les connaissances dont l’architecte fait preuve dans la construction de Pamele témoignent de sa grande maîtrise des techniques nouvelles de son temps. Au XIXe siècle, Arnould de Binche apparaît comme l’architecte le plus ancien d’un monument belge. Une recherche menée par Félix Hachez au milieu du XIXe siècle apporte quelques renseignements sur le parcours d’un Arnould de Binche qui reste néanmoins un personnage fort mystérieux.




 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Le Journal de Charleroi, 31 octobre 1910 et 16 mai 1911, Journal de Bruxelles, 3 octobre 1911
Ludo BETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 602-604
Eugène DERBAIX, Monuments de la Ville de Binche, Vromant & Cie, 192

0, p. 38-39
Étienne PIRET, Binche, son histoire par les monuments, Binche, Libraire de la Reine, 1999
Victor DE MUNTER, Frantz Vermeylen et son œuvre, dans Revue belge de numismatique et de sigillographie, Bruxelles, Société royale de Numismatique, 1925, n°1, p. 57-68
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 739
Baron de SAINT-GENOIS, dans Biographie nationale, t. 1, col. 464-465
Félix HACHEZ, Notice sur maître Arnould de Binche, architecte au XIIIe siècle, Mons, 1859

place et square Eugène Derbaix
7130 Binche

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Paul Delforge

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Médaillon BRIALMONT Hubert

C’est en 1871 que Seraing rend hommage à John Cockerill en élevant une majestueuse statue de l’industriel. Cette année-là, la société créée par l’entrepreneur anglais et fortement restructurée après sa disparition en 1840 connaît des résultats exceptionnels. Elle le doit en partie à Gustav Pastor et Eugène Sadoine qui en ont pris la direction, ainsi qu’à Hubert Brialmont (1807-1885), ingénieur en chef de 1842 à 1872. Ce dernier ignore encore que son portrait réalisé dans le bronze viendra se superposer sur un pan du large socle qui porte la statue de Cockerill, du côté qui fait face à l’hôtel de ville. De grand format, ce médaillon est entouré d’inscriptions gravées dans la pierre bleue :


1807-1885


HOMMAGE
DE LA
SOCIÉTÉ COCKERILL
À LA MÉMOIRE DE
HUBERT BRIALMONT
INGÉNIEUR EN CHEF
1842-1872.


Natif de Seraing, Hubert Brialmont occupe une place importante tant dans la société Cockerill que dans la vie sérésienne de son temps. Fils de Mathieu Brialmont (-1819), frère cadet de Mathieu L. J. (1789-1885), ce militaire qui fut ministre de la Guerre sous le gouvernement Rogier (1850-1851), il est aussi l’oncle de Henri Alexis (1821-1903), député dont le nom rime avec le système défensif mis en place par la Belgique au XIXe siècle. Hubert Brialmont avait entamé sa carrière de manière spectaculaire en signant les plans de l’imposant pont métallique surplombant la Meuse à hauteur de Seraing. Modèle suspendu à la conception originale, mesurant 120 mètres de long, il est achevé en 1843 et son passage restera payant jusqu’à la fin du XIXe siècle. Par ailleurs, toujours dans les années 1840, celui qui est considéré comme un dessinateur industriel contribue à la construction de la « machine dite du Haut-Pré » : deux machines à vapeur de 320 chevaux actionnent des câbles qui tractent les trains sur le plan incliné conçu par Henri Maus, entre Liège et la vallée de la Meuse d’une part, Ans et le reste du pays d’autre part (à partir de 1842). Hubert Brialmont est encore le créateur de puissantes machines soufflantes. Son œuvre sociale est par ailleurs appréciée par ses contemporains ; il était notamment membre de la Commission de Salubrité publique de Seraing. En 1872, Jean Kraft lui succède comme ingénieur en chef.

Coulé par la Compagnie des Bronzes à Bruxelles, il est l’œuvre d’Armand Cattier (1830-1892), le même sculpteur qui signa la statue Cockerill 15 ans plus tôt à Seraing, et aussi celle de Bruxelles. Français né à Charleville, Cattier s’installe à Bruxelles où il a fait ses études à l’Académie ; Louis Jéhotte est l’un de ses professeurs ; il fréquente aussi l’atelier d’Eugène Simonis. Répondant à de nombreuses commandes publiques (hôtel de ville de Bruxelles, les Boduognat, Ambiorix et Vercingétorix pour les portes des fortifications d’Anvers, et bien d’autres allégories – souvent du travail voire du progrès) ou privées (bustes), Cattier réalise par ailleurs d’initiative des œuvres inspirées par l’antiquité ou la vie populaire. Ses statues de John Cockerill, à Seraing et à Bruxelles, font partie de ses œuvres les plus abouties, de même que sa Daphnis, œuvre personnelle qui est conservée par le Musée de Bruxelles. Quant au médaillon Brialmont qui se trouve à Seraing, il s’agit d’une reproduction du médaillon que Cattier avait exécuté précédemment pour le monument Cockerill de Bruxelles. L’initiative de cette duplication a été prise par Jean Kraft et annoncée lors des obsèques de Brialmont, en juillet 1885. En présence des autorités sérésiennes, des dirigeants et ingénieurs de la Société Cockerill et de nombreux chefs d’industries du bassin liégeois, le médaillon est inauguré officiellement, le 19 juillet 1886, soit un an après la disparition du célèbre ingénieur wallon qui, selon les mots prononcés alors par Eugène Sadoine, « a consacré sa vie toute entière à la grande œuvre de John Cockerill ».


Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, dont La Meuse, juillet 1885 et juillet 1886
Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 434
Suzy PASLEAU, dans Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Luc COURTOIS (dir.), Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 2011, p. 123
Robert HALLEUX, Cockerill. Deux siècles de technologie, Liège, éd. du Perron, 2002, p. 132
Suzy PASLEAU, John Cockerill, Itinéraire d’un géant industriel, Liège, éd. du Perron, 1992, p. 89-92
http://users.skynet.be/osterrieth/Pages/Brialmont.html (s.v. mars 2015)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 198
Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 317-318
Suzy PASLEAU, dans Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Luc COURTOIS (dir.), Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 2011, p. 123

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Monument Charles BERNIER

La statue inaugurée à Angre, le 7 août 1949, en l’honneur de Charles Bernier, de son vivant, n’est pas celle que l’on peut voir désormais le long de la Honnelle. En effet, l’œuvre en bronze réalisée par le sculpteur français Elie Raset a été volée et jamais retrouvée. Afin de rendre hommage à l’enfant du pays, qui avait conservé de nombreuses attaches avec son village natal où il a souhaité reposer pour l’éternité, les autorités communales ont pris l’initiative d’un nouveau monument : sur son socle en briques rouges surmontées d’une dalle de pierre bleue, la statue n’a plus la dimension d’autrefois, mais en est néanmoins une reproduction fidèle.


Charles
BERNIER
Artiste Graveur
Angre 1871-1950


Fils de Théodore Bernier, le jeune Charles se révèle très tôt un dessinateur doué ; il quitte l’Athénée de Mons pour l’Académie des Beaux-arts de Mons, où Antoine Bourlard (dessin) et Auguste Danse (gravure) façonnent ce talent couronné, en 1891, par le second Prix de Rome en gravure.

Poursuivant sa formation à Paris (1892-1893), Bernier y remporte un prix au Salon des artistes français. D’autres récompenses saluent une production qu’il expose notamment à l’occasion des Expositions internationales. Ami d’Émile Verhaeren qui résidait régulièrement, avant-guerre, non loin du village de Bernier, au Caillou qui Bique, il sera séduit par l’impressionnisme, mais son œuvre se caractérise principalement par ses portraits ; il traite aussi de sujets inspirés des tableaux des maîtres anciens ou contemporains, il s’inspire encore de son village d’Angre et sa région pour ses paysages. Après la Grande Guerre, qui emporte notamment son ami Verhaeren, Bernier devient Inspecteur de l’Enseignement du dessin (1922). Il signera parfois « Charles Dubailly » en raison de la Cour du Bailly à Mons, dont il était le propriétaire. Il est le frère de Michel (1888-1942), lui aussi graveur et peintre.

Monument Charles Bernier (Angre-Honnelle)

Originaire de Valenciennes, l’auteur de la sculpture, Elie Raset (1874-1956) est bien connu dans l’espace public du nord de la France pour des œuvres illustrant des scènes de la vie quotidienne, ainsi que pour plusieurs monuments aux morts élevés après l’Armistice dans plusieurs villes et villages. Élève de Maugendre à Valenciennes et de Barrias à Paris, Raset a formé de nombreux artistes en tant que professeur de sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Valenciennes de 1903 à 1937. Son monument Bernier, inauguré à Angre en 1949, représente son « collègue et ami » les mains dans les poches, jetant sur les alentours un regard un peu narquois.
Suite à la disparition de l’œuvre originale, un nouveau monument est inauguré le week-end des 13 et 14 septembre 2008, dans le cadre des Journées du Patrimoine en Wallonie, en même temps qu’est organisée une exposition rétrospective des œuvres de Charles Bernier. Le prétexte est aussi et surtout le centième anniversaire de la fête organisée – en 1908 – par Émile Verhaeren pour féliciter Bernier d’avoir reçu la rosette française d’Officier de l’Instruction publique.


 

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse, Vers l’Avenir, 22 août 2008
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 88
André HAVEZ, Catalogue des œuvres de Charles Bernier
Christiane PIÉRARD, Théodore, Michel et Charles Bernier
Louis PIÉRARD, Charles Bernier, un graveur wallon, dans Wallonia, 1908, n°7, p. 186-194
http://www.dailymotion.com/video/x6py4p_tele-mb-exposition-charles-bernier_creation 
http://www.haut-pays.be/angre.php 
http://www.ac-antique.com/product_info.php?products_id=311&osCsid=55a098161a2c94b25138b512dfa54ff6 
http://monumentsmorts.univ-lille3.fr/auteur/24/rasetelie/
http://300gp.ovh.net/~honnelle/bernier.html (s.v. novembre 2015)

rue de Dour 1
7387 Angre-Honnelle

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Charlier Jambe de Bois

Bas-relief en l’honneur de Charlier Jambe de Bois, réalisé par Servais Detilleux, 14 mai 1939.

Apposé sur la façade d’une maison des hauteurs de Liège, le bas-relief représentant Jean-Joseph Charlier (1794-1866), passé à la postérité sous le nom de Charlier dit la Jambe de Bois, le montre à côté de son célèbre canon, dans ses habits caractéristiques de l’imagerie populaire pour illustrer les événements de 1830. Tandis qu’il est fort justement représenté avec son handicap à la jambe droite, une chaîne brisée sur une borne symbolise son combat pour la liberté. La partie illustrée du bas-relief a été très travaillée par Servais Detilleux qui représente de façon elliptique des briques, maisons et pavés pour évoquer les combats de Bruxelles. En contre-bas, sur une surface plane, se détache le simple texte suivant :

J. J. CHARLIER
DIT « JAMBE DE BOIS »
1794 – 1866

Né au moment où l’ancienne principauté de Liège était sur le point d’être annexée à la France, soldat au service de Napoléon (1813), il a combattu en « Allemagne » et à Waterloo. Ce serait sur ce champ de bataille que le Liégeois aurait été blessé ; mal soignée, sa jambe se serait infectée alors qu’il était rentré à Liège et on dut l’amputer pour stopper la gangrène. À partir de 1818, il perçoit d’ailleurs une petite pension de l’État en raison de son handicap. Celui-ci ne l’empêche pas d’être parmi les premiers volontaires liégeois prêts à en découdre avec les « Hollandais » en 1830. Avec son canon surnommé « Willem », Charlier dit Jambe de Bois prend une part active aux journées décisives de la Révolution belge (23-27 septembre)

Homme de condition modeste, simple tisserand à l’origine, il incarne les volontaires liégeois qui, comme d’autres Wallons, sont venus faire la Révolution dans les rues de Bruxelles.

L’hommage est rendu à l’initiative de la « Société royale les R’Jettons des combattants di 1830 », comme l’atteste une plaque apposée sous le bas-relief :

STE RALE LES R’JETTONS DI 1830
PRESIDENT JULES VAN MULEN
COMITE D’HONNEUR MME F. DUPONT
MRS A.BUISSERET – C. LOHEST
ET MME VANNERUM
14 – 5 - 1939

Cette société a été constituée à Liège en 1901 et avait son local au 109 de la rue Pierreuse…
Quant à Servais Detilleux (Stembert 1874 - Bruxelles 1940), l’auteur du bas-relief,  il n’a pas croisé la route de Charlier Jambe de Bois, mais son enfance a dû être bercée par les exploits du « héros de 1830 » ; formé à l’Académie de Liège (1891-1896, 1899-1900), il fréquente aussi J. Portaels et Ch. Van der Stappen à Bruxelles. Surtout peintre et dessinateur, mais aussi sculpteur, il privilégiait les paysages, les scènes historiques, les vues de ville, tout en réalisant des nus et des portraits, notamment d’hommes politiques, voire de Léopold II.

Sources:

Bas-relief Charlier Jambe de Bois (Liège)

La Vie wallonne, septembre 1928, XCVII, p. 65
René HÉNOUMONT, Charlier dit la jambe de bois : le canonnier liégeois de 1830, Bruxelles, Legrain, 1983
Paul EMOND, Moi, Jean-Joseph Charlier dit Jambe de Bois, héros de la révolution belge, Bruxelles, 1994 (rideau de Bruxelles)
Les journées de septembre 1830, Mémoire de Jean-Joseph Charlier dit la jambe de bois, capitaine d’artillerie en retraite, Liège, 1967 (première édition en 1853)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 457

 

 
 

 

126 rue Pierreuse
4000 Liège

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Plaque Pierre BONAPARTE

C’est à l’occasion de l’ouverture d’un Musée Bonaparte aux Épioux qu’une plaque commémorative est inaugurée dans ce château proche de Florenville, le 6 octobre 1950. L’initiative en revient à l’Académie luxembourgeoise présidée par Pierre Nothomb qui, depuis la Libération, parsème la province de Luxembourg de mémoriaux dédiés à des personnalités illustres qui ont vécu, séjourné ou sont passées par la « Belle province ». Après Pétrarque, Châteaubriand, Shakespeare et Perk, c’est au tour de Pierre Bonaparte de retenir l’attention de cette Académie héritière de l’Association des Écrivains ardennais.


ICI VECUT 
DE 1862 À 1871
LE PRINCE 
PIERRE NAPOLÉON
BONAPARTE
QUI Y TROUVA 
DANS LES RUDES PLAISIRS 
DE LA CHASSE
ET L’AMITIÉ DES ARDENNAIS
LES SEULS JOURS DE REPOS
DE SA VIE
AVENTUREUSE


indique la plaque de schiste apposée sur le pignon de façade du vieux manoir ardennais dont Bonaparte fut quelque temps le propriétaire.

Neveu et cousin de deux empereurs des Français, Pierre Bonaparte n’a pas marqué la grande histoire de son empreinte à l’instar de Napoléon Ier ou de Napoléon III. Fils de Lucien Bonaparte, Pierre Bonaparte naît à Rome en 1815 quelques jours avant l’exil à Saint-Hélène de Napoléon Ier, son oncle. Davantage attiré par l’équitation et par le maniement des armes que par l’enseignement des Jésuites d’Urbino, il est mêlé à diverses intrigues et péripéties (dont la Rivoluzione di Romagna de 1831 et des faits d’armes condamnables) qui l’obligent à trouver refuge en différents endroits (États-Unis, Londres, etc.) avant finalement de trouver refuge à Mohimont, dans un Luxembourg dont le sort n’a pas encore été définitivement fixé par les traités (1838). 

Dix ans plus tard, il délaisse sa vie rythmée par la chasse, l’étude et l’écriture pour se joindre, à Paris, à la Révolution. Désigné comme représentant de la Corse à l’Assemblée nationale, le député de l’extrême gauche est nommé chef de bataillon à la Légion étrangère. Ces expériences tournent court ; en 1851, il s’éloigne de son cousin Napoléon III. Après un séjour en Corse (1852-1859), il revient en province de Luxembourg : à Daverdisse d’abord (1859), en louant le château d’Orval ensuite (1860-1862), avant de se porter acquéreur du château des Épioux (1862-1870). Se passionnant pour l’écriture, il fait installer une presse d’imprimerie et, comme l’observe Édouard Hizette, plusieurs de ses ouvrages de l’époque (dont La Bataille de Calenzana) portent l’inscription «Imprimerie des Épioux». 

En 1869, lors d’un séjour à Paris, la plume de Pierre Bonaparte s’éloigne de la poésie pour piquer les adversaires de Napoléon III auquel il accorde à nouveau ses faveurs. La joute scripturale dégénère et Pierre Bonaparte tue un des témoins du journaliste adverse qui le provoquait en duel. L’affaire fait grand bruit et la tombe spectaculaire de Victor Noir – un gisant en bronze – qui, au Père Lachaise, reste un lieu très fréquenté, alimente le mythe de l’un des derniers duels mortels de l’histoire de France qui entoure les protagonistes. Acquitté après un procès particulièrement suivi par l’opinion publique (1870), Pierre Bonaparte repasse la frontière, séjourne à Rochefort (1870-1875), avant de s’installer à Bruxelles (1875-1877), puis à Versailles (1878-1881) où il s’éteint. De ses relations et mariages, Pierre Bonaparte n’eut qu’un fils comme héritier, Roland (1858-1924). Ce dernier est le père de Marie (1882-1962). Celle qui épousa en 1907 le fils du roi de Grèce deviendra, dans l’Entre-deux-Guerres, la propagandiste enthousiaste de l’œuvre de Freud ; considérée ipso facto comme psychanalyste, la princesse de Grèce et du Danemark est aussi reconnue comme écrivaine à partir de 1933 quand elle publie une impressionnante biographie sur Edgar Poe.

C’est elle qui est l’invitée d’honneur de l’Académie luxembourgeoise, en 1950, pour l’inauguration du « Musée Bonaparte » aux Épioux, en même temps qu’est dévoilée la plaque commémorative. Lancé par l’Académie luxembourgeoise, le projet de Musée – dont Arsène Geubel, membre de l’Académie, est le conservateur – ne survivra pas aux années 1960 aux Épioux ; il est transféré au Moulin Maron à Florenville, avant d’être hébergé dans une maison de la rue de la Station (1961-1970), puis de fermer définitivement. Le Musée conservait quelques souvenirs du « baroudeur et chasseur invétéré, rejeton turbulent, exilé pour cause de son sang… », ainsi que le qualifie Jean-Marie Cauchies. Organisée au printemps 2009, une exposition montée par le Cercle archéologique et historique de Florenville témoigne que les objets et livres provenant de l’ancien Musée n’avaient pas disparu. 

Mais c’est surtout Pierre Nothomb qui a contribué à mettre en évidence l’attachement particulier de Pierre Bonaparte pour la province de Luxembourg. Au-delà de ses écrits très fouillés, s’appuyant sur de riches archives familiales, le président de l’Académie luxembourgeoise est en effet le principal initiateur tant du musée que de la plaque apposée sur le mur du « château du Prince Pierre », aux Épioux, faisant de Pierre Napoléon « un homme du pays », « un Ardennais », « un Luxembourgeois » ; « ce n’est qu’à la veille de sa mort que l’ancien châtelain des Épioux s’arrache à ce pays wallon-luxembourgeois qui est vraiment devenu son pays ! », rappelle Pierre Nothomb qui a établi avec méticulosité que le berceau de la famille maternelle de Pierre se situe précisément dans un espace compris entre Mohimont, Carignan, Orval et Florenville (p. 97-116).

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
http://pierrebonaparte.skynetblogs.be/ 
http://www.herodote.net/dossiers/evenement.php?jour=18700112 (s.v. juillet 2015)
La Vie wallonne, IV, n°252, 1950, p. 300
Les Cahiers de l’Académie luxembourgeoise, Chronique 1938-1958, Arlon, Fasbender, 1959, nouvelle série 1, p. 19-20
Édouard HIZETTE, Pierre Napoléon Bonaparte (1815-1881), Prince à Orval et aux Épioux, dans Le Pays gaumais, 2003-2004, Virton, 2010, p. 167-183 (intro. De J-M. Cauchies)
Pierre Napoléon Bonaparte (1815-1881), neveu de l’empereur Napoléon Ier, prince aux châteaux d’Orval et des Épioux, Jamoigne, ancienne grange du Faing, exposition, avril 2009
Lucien PETIT, Revue Ardenne et Meuse n° 5
EUGÉNIE DE GRÈCE, Pierre Napoléon Bonaparte, Paris, Hachette 1963
Pierre NOTHOMB, Curieux personnages, Bruxelles, Brepols, 1942, p. 89-116
Adrien DE PRÉMOREL, L’Avenir, 26 octobre 1950
Témoignage du propriétaire du manoir (août 2015)

Les Épioux
6820 Florenville

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Monument Jules CORNET

Monument Jules Cornet, réalisé par l’architecte Georges Pepermans et le sculpteur Harry Elström, 1953.
 

Au bout de l’avenue Frère-Orban, au moment où elle croise le boulevard Dolez, au lieu-dit « la porte des Guérites », près des machines à eaux, un imposant ensemble statuaire rend hommage à l’action de Jules Cornet (1865-1929), géologue, prospecteur au Katanga au tournant des XIXe et XXe siècles et professeur à l’École des Mines de Mons. Au milieu d’une esplanade arborée, trois piliers rectangulaires, espacés de quelques centimètres, sont reliés à leur sommet par une longue et fine dalle de béton. Devant le pilier central, un haut buste du scientifique repose sur un socle de pierre bleue où ont été sobrement gravés :


JULES CORNET
1865 – 1929


Sur les colonnes de droite et de gauche, le sculpteur Harry Elström (1906-1980) signe encore un bas-relief de format carré illustrant des scènes africaines. À l’arrière du pilier central, une plaque en bronze explicite les circonstances et les motivations du monument conçu par l’architecte Pepermans :


AU PROFESSEUR
JULES CORNET
1965 - 1929
FONDATEUR DE LA GÉO-
LOGIE DU CONGO.
L’ASSOCIATION DES INGE-
NIEURS DE LA FACULTE
POLYTECHNIQUE DE MONS.


Vient ensuite une des conclusions rédigées en 1894 par Cornet lui-même :


« ON A VU, PAR LES CONSI- / DÉRATIONS QUE NOUS VE- / NONS D’EXPOSER, QUELLE / MASSE ENORME DE MINE- / RAIS DE FER ET DE CUIVRE / DOIT RECELER LE SOL DE / LA PARTIE MERIDIONALE / DU BASSIN DU CONGO ». / JULES CORNET, ADJOINT A / L’EXPÉDITION BIA-FRANQUI / 1891 -1893 / (EXTRAIT DE SON MEMOIRE / DE 1894, EN CONCLUSION).


À la tête de l’État indépendant du Congo, le roi des Belges, Léopold II, avait fait appel au Montois pour prospecter ses terres africaines. Fils de François Léopold Cornet spécialiste en minéralogie, diplômé de l’Athénée de Mons, docteur en Sciences de l’Université de Gand, Jules Cornet fait en effet partie de la fameuse expédition Bia-Francqui (1891-1893) qui contribue à la soumission de cette province au Congo, jusqu’au bassin du Zambèze, mais surtout, grâce à Cornet, qui découvre l’immensité des richesses concentrées au Katanga. À son retour, Cornet dresse une carte physique et géologique du Congo et révèle de façon scientifique l’importance des formidables gisements métallifères. L’inscription gravée sur la plaque de bronze, apposée à l’arrière de l’une des trois « colonnes » de l’ensemble, en témoigne.


Nommé à la chaire de Géologie, de Minéralogie et de Paléontologie à l’École des Mines de Mons (1897), professeur pendant 33 ans, il donne ses lettres de noblesse à l’école montoise, tout en enseignant aussi à l’Institut commercial de Mons (jusqu’en 1903) et en acceptant d’être chargé du cours de Géographie physique à l’Université de Gand (à partir de 1904) et professeur à l’École de Commerce annexée à la dite université. Après le Congo, c’est désormais le bassin de la Haine qui va révéler tous ses secrets à Jules Cornet. Auteur des Premières notions de géologie (1903), il rédige plusieurs traités jusqu’à la fin des années 1920, dont sa Géologie, véritable encyclopédie des Sciences de la terre parues en quatre volumes entre 1909 et 1923, ou ses Leçons de Géologie (1927). Lauréat du prix Gosselet 1909, membre de l’Académie des Sciences de Belgique (classe des Sciences, 1912), Prix décennal des Sciences minéralogiques (1920), Cornet était aussi membre correspondant de l’Institut de France (1923) et de l’Institut royal colonial belge.


Sans conteste, Jules Cornet a marqué son temps, par son apport dans la connaissance de la géologie de l’Afrique Centrale et du Bassin de Mons, par son influence dans leurs développements économiques, et par son rôle essentiel dans l’enseignement de la géologie à Mons. Encouragés par son fils René-Jules Cornet et par l’association des « anciens du Congo », ses élèves et disciples et les autorités communales et belges multiplient les hommages au milieu des années 1930, tant au Musée de Tervueren, que dans les localités boraines et au Congo. Si la Seconde Guerre mondiale freine considérablement cet élan mémorial, la création d’une Fondation Cornet, en 1953, est l’occasion d’ériger, à Mons, un monument d’une ampleur certaine.


Sa réalisation en est confiée à l’architecte Georges Pepermans (1910-2006) et au sculpteur Harry Elström (Berlin 1906-Linkebeek 1993). Né à Berlin d’un père danois et d’une mère anglaise, Elström a mené ses études en histoire de l’art à Dresde, Berlin et Bruxelles, ville où il s’installe en 1934, après avoir participé à une campagne de fouille à Pompéi. Professeur de sculpture à Saint-Luc (1939), puis professeur d’arts graphiques et plastiques à la faculté des Sciences appliquées (architecture) de l’Université catholique de Louvain (1952), auteur de pièces de monnaie et de timbres, céramiste, le sculpteur impose sa signature en bas de plusieurs dizaines de statues religieuses, comme son calvaire dans la basilique de Koekelberg ; on lui doit aussi une vie de Saint-Pierre à Lessines (1956), un monument pour la Paix à Saint-Léger (1959), la façade de l’hôtel de ville de Turnhout (1964), qui sont autant de réalisations majeures postérieures à sa contribution au mémorial Cornet de Mons (1953). Là, il se contente de réaliser le buste du géologue et les deux bas-reliefs latéraux. L’ensemble du monument est quant à lui dû à Georges Pepermans, lui aussi professeur à Saint-Luc et professeur extraordinaire nommé en 1952 à l’Université catholique de Louvain. Diplômé de l’Université catholique de Louvain et de l’Institut des Beaux-Arts d’Anvers, Pepermans signe plusieurs immeubles dans le centre de Bruxelles. En 1959, il réalise, avec E. van Love, l’Institut Albert Ier (rue Wayenberg).

 


Musée de Tervueren, fonds d’archives Cornet
Armand RENIER, Jules Cornet. Fondateur de la Géologie du Congo, s.l., s.d., 12 p.
Marcel CROCHET (coord.), Des Écoles spéciales à l’EPL : 50 ans de science et de technologie à l’UCL, Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, 2012, p. 120-121
La Vie wallonne, janvier 1921, n°5, p. 232
Willy STAQUET, Un fleuron intellectuel du Hainaut : la faculté polytechnique de Mons, Mons, 1990, p. 88-98
Françoise BRADFER, Georges Pepermans, s.l., CRA, 1987
http://www.telemb.be/index.php?iddet=12550&qp=24&lim_un=207
http://www.basilicakoekelberg.be/documents/basilica/the-monument/sculptures/harry-elstrom.xml?lang=fr 
http://www.reflexcity.net/bruxelles/metiers/architectes/architecte-georges-pepermans (s.v. mars 2015)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 547

Avenue Frère-Orban
7000 Mons

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Plaque Charles BALBOUR

Stèle et plaque à la mémoire d’un musicien et d’un combattant de 1914 victime de la grippe espagnole.

Plaque commémorative en l’honneur d’un résistant dinantais de 1914
Réalisée à l’initiative des autorités dinantaises.Dinant, circa 1930.

Apposée sur un mur, juste sous le début du pont de Dinant, à hauteur de la collégiale, une plaque en pierre rend hommage à Charles Balbour (1885-1924) qui s’est distingué en réalisant un acte de désobéissance spectaculaire par rapport aux occupants allemands de la Grande Guerre. Cantonnier des ponts et chaussées, plongeur, Balbour connaît particulièrement bien la Meuse. 

Avec Jules Hentjens, Charles Balbour est l’un des principaux protagonistes de l’évasion spectaculaire de dizaines de citoyens à bord de l’Atlas V, épisode héroïque de la Grande Guerre qui se déroula dans la nuit du 3 au 4 janvier 1917. Malgré la surveillance et les tentatives d’interception des Allemands, le navire parvient à quitter Liège et à gagner les Pays-Bas, où une centaine de personnes arrivent à bon bord.

Afin de rendre hommage à Charles Balbour qui perdit la vie, en 1924, lors des travaux de reconstruction du pont détruit pendant la guerre, la ville de Dinant inaugure cette inscription gravée dans la pierre :

                                                                                   À 
                                                                        Charles Balbour 
                                                                      Héros de l’Atlas V
                                                                             3-1-1917
                                                                           Décédé ici
                                                                       Le 13 mai 1924

Près de la collégiale, depuis 1993, une place porte aussi le nom de Charles Balbour.

Édouard DEHARENG, L’odyssée du remorqueur Atlas V, Visé, s.d.
L'Atlas V, Liège, Vonêche, 1930

près de la collégiale, sur le mur du pont de Dinant
5500 Dinant

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Paul Delforge

Paul Delforge-Diffusion Institut Destrée-Sofam

Monument Oscar BRICOULT

Il n’est guère étonnant qu’un monument rende hommage à Oscar Bricoult à l’entrée d’une rue du quartier d’habitations sociales de Châtelet. En effet, avec Louis Van Laer principalement, Oscar Bricoult a grandement contribué à la constitution d’une société d’habitations à bon marché, Le Foyer moderne, qui complète l’œuvre du Foyer ouvrier. La plupart des maisons se trouvant à proximité du monument Bricoult sont nées de l’initiative de celui qui a également été membre du Comité de patronage des habitations à bon marché pour les cantons de Châtelet et Gosselies, ainsi que secrétaire de la société régionale de la Petite Propriété terrienne. Dans l’ombre de personnalités carolorégiennes socialistes beaucoup plus influentes que lui, Oscar Bricoult s’était mis au service de la collectivité à différentes reprises tout au long de son existence. Employé communal, il presta 35 années au service de la ville de Châtelet, terminant sa carrière comme chef de bureau. 

Durant les deux guerres, son activité suscita le respect : entre 1914 et 1918, il contribue à l’organisation des secours à la population ; entre 1940 et 1944, il est reconnu comme résistant par la presse clandestine. Membre influent de la section locale du POB de Châtelet, il est élu pour la première fois au Conseil provincial du Hainaut en 1932 ; il aurait sans doute continué à y siéger si, en 1949, René de Cooman n’avait abandonné son mandat de député permanent pour siéger à la Chambre. Oscar Bricoult est alors désigné pour le remplacer : le député permanent s’occupera principalement d’enseignement technique et de l’enfance. Vice-président de l’Université du Travail, il accèdera à la présidence de l’Œuvre nationale de l’Enfance quelque temps avant son décès inopiné, le 7 novembre 1954, pendant une réunion de travail du congrès national du Progrès social.

À l’initiative des « communaux de la CGSP », un monument d’hommage lui est dédié :

Monument Oscar Bricoult (Châtelet)

EN RECONNAISSANCE
AU DÉPUTÉ
PERMANENT
OSCAR BRICOULT
1887-1954

LES COMMUNAUX


DE LA C.G.S.P.


La réalisation en a été confiée à Joseph Ganty (1921-2004), bien que ce sculpteur travaille de préférence le bois. Mais Ganty est un touche à tout doué, reconnu à la fois comme aquarelliste, sculpteur et ébéniste.

 Formé à l’ébénisterie à l’école des Métiers d’Art de Maredsous, il multiple les expériences artistiques (modelage, peinture, dessin, aquarelle, gravure, etc.) s’installant dans un premier temps comme « indépendant ». Vers 1950 et pour près de 40 ans, il est chargé de cours à l’Académie de Châtelet ; il donne le cours de sculpture sur bois et de modelage. C’est de cette année 1950 que semble dater le médaillon présent sur le monument dont la date d’inauguration n’a pas été retrouvée. Après quelques mois consacrés à des projets variés au service de la SNCB puis de Solvay, Joseph Ganty devient professeur à l’Institut Saint-Joseph de Saint-Hubert en 1954 ; il y prodigue un enseignement avisé durant une trentaine d’années. Trouvant ses sources d’inspiration en Afrique comme en Chine, il a une prédilection pour les oiseaux, thème que l’on retrouve régulièrement dans son travail. Dans les années 1980, Joseph Ganty est l’auteur d’un manuel à l’usage du sculpteur sur bois qui ne sera publié qu’après son décès, par son disciple Alain Tilmant, ainsi que par Christian Dewez.



http://gw.geneanet.org/astridbricout?lang=fr;p=oscar;n=bricoult
Jean-Louis DELAET, dans Dictionnaire biographique des militants du mouvement ouvrier en Belgique, Bruxelles, EVO, s.d., t. I, A-B, p. 209
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 599
Alain TILMANT, Christian DEWEZ, L’ébéniste sculpteur Joseph Ganty. Sa vie, son œuvre, Weyrich, 2005

rue Oscar Bricoult, à l’angle de la rue Chavepeyer, près de la rue des Chasseurs
6200 Châtelet

carte

Paul Delforge