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Fontaine MASCART Louis, Julien et Antoine

Située sur la place communale d’Ohain, espace arboré à deux pas des services administratifs locaux, la fontaine Mascart présente la particularité d’honorer trois personnalités, à savoir les frères Julien (1804-1861), Antoine (1806-1887) et Louis (1811-1888) Mascart. Chacun, à son échelle, a contribué au développement des idées politiques libérales du niveau communal au niveau national, en passant par la province. 

Inaugurée en 1890, surmontée d’une vasque et accueillant à ses pieds quatre grands bassins, la fontaine en pierre offre les quatre larges faces de sa colonne principale pour honorer chacun des trois frères, même si Louis Mascart occupe une place privilégiée. Trois faces sont similaires : un large médaillon rond, en bronze, représente leur visage ; le buste est débordant par rapport au bord du médaillon où sont gravés le nom et le statut du jubilaire. 

Ainsi peut-on lire :

JULIEN MASCARAVOCAT 1804-1861
ANTOINE MASCARTBOURGMESTRE D’OHAIN 1807-1887
LOUIS MASCART DOCTEUR EN MEDECINE 1811-1888

Quant à la quatrième face, elle est exclusivement dédiée à Louis Mascart :


LOUIS MASCART 
BOURGMESTRE 
DE CETTE COMMUNE 
ANCIEN CONSEILLER PROVL 
ET 
REPRÉSENTANT. 

SES PARENTS, AMIS 
ADMINISTRES ET LIBERAUX 
RECONNAISSANTS

La présence d’un serpent – symbolisant la médecine – enroulé autour de la vasque placée au sommet de la colonne est un signe supplémentaire que le monument est principalement dédié au médecin Louis Mascart. 

Fontaine Mascart du côté du médaillon Louis MascartL’idée d’un hommage à Louis fut lancée peu de temps après la disparition du cadet des Mascart, par les libéraux du canton de Wavre. À l’initiative d’une Commission spéciale créée au sein de l’Association libérale cantonale de Wavre, une souscription lancée dans l’arrondissement de Nivelles permet de concrétiser le projet au-delà des espérances. Plutôt qu’un seul médaillon pour Louis, les libéraux décident de perpétuer le souvenir des trois frères et d’ériger un monument : sur la place d’Ohain, les trois médaillons sont inaugurés de manière très spectaculaire, en même temps que la fontaine publique qui sera raccordée à un réseau de distribution d’eau en 1906, symbole absolu de progrès social à cette époque. Après plusieurs années de précieux services, la fontaine tombe en désuétude ; restaurée et réhabilitée au début des années 1990, elle connaît une nouvelle inauguration le 4 septembre 1993, comme en témoigne une plaque commémorative en pierre placée au sol, devant le monument.

À travers les trois frères Mascart, c’est toute une dynastie qui se trouve honorée. En effet, durant la période française, entre 1796 et 1815 et même jusqu’en 1818, l’oncle des trois frères exerça les fonctions de maire d’Ohain. Par la suite, son frère, Antoine, le père des trois frères, lui succède de 1819 à 1840 et est, par conséquent, le premier bourgmestre de la localité devenue belge. 

Diplômé en Droit de l’Université de Louvain, avocat au Barreau de Bruxelles, Julien Mascart n’aura aucun rôle au niveau communal ; il apporte cependant sa contribution aux événements de 1830. Avant les événements, il est l’un des rédacteurs du Courrier des Pays-Bas et, après ceux-ci, il devient l’un des conseillers de Léopold Ier. Initié des Amis Philanthropes, il siège au conseil provincial du Brabant de 1843 à 1861, et préside cette assemblée entre 1848 et 1860. Ayant choisi de diriger l’exploitation agricole familiale après des études à l’Université de Louvain, son frère Antoine (né le 29 décembre 1806) succède à son père à la tête de la commune. Il s’acquitte de cette fonction de 1840 à son décès en 1887, en la modernisant. 

Dans le même temps, ce membre du parti libéral pousse la porte de la Chambre des représentants, en étant élu député de l’arrondissement de Nivelles entre 1848 et 1859, puis de 1863 à 1872. Dans les pas de ses deux frères, Louis Mascart s’en est distingué en optant pour la médecine. Diplômé de l’Université de Louvain (1832), étudiant à Paris, membre de l’Académie de médecine de Belgique (élu en 1848), il défend lui aussi les idées libérales quand il est élu au conseil provincial du Brabant (1861-1876), succédant à Julien. Président de l’Association libérale de l’arrondissement de Nivelles (1874), il entre à son tour à la Chambre en 1876, en tant que représentant de l’arrondissement de Nivelles, et y siège jusqu’au catastrophique scrutin de 1884. Enfin, ce n’est que très brièvement qu’il succède à Antoine à la tête de la commune d’Ohain (1887-1888). 
 

Sources

- Joseph TORDOIR, Des libéraux de pierre et de bronze. 60 monuments érigés à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, Centre Jean Gol, 2014, p. 145-149 
- Jean-Luc DE PAEPE, Christiane RAINDORF-GÉRARD (dir.), Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, 1996, p. 416 et 417 
- Informations communiquées par les services administratifs d’Ohain, dont le fascicule Balade à la découverte du Patrimoine d’Ohain, s.d.

Place communale 
1380 Ohain

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Inaugurée le 11 mai 1890

Paul Delforge

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Monument Joseph MARTEL

Avec Georges Truffaut et François Van Belle, Joseph Martel a été le premier parlementaire wallon à déposer une proposition de loi visant à instaurer le fédéralisme en Belgique (1er mars 1938). Reposant sur le principe de la création de trois régions (Wallonie, Flandre et, au moins, l’arrondissement de Bruxelles), le texte n’a pas été pris en considération par la Chambre, mais il n’en reste pas moins une première. 

Élu député socialiste en 1936 à l’âge de 33 ans, Joseph Martel paie-t-il son initiative au scrutin de 1939 ? En tout cas, il n’est pas réélu, mais conservera ses convictions wallonnes : il aura l’occasion de les exprimer à nouveau en janvier 1961, lors de la Grande Grève wallonne contre la loi unique. 

Fils du syndicaliste et député permanent Ernest Martel, ce jeune militant socialiste marqué par le rude travail des carriers d’Écaussinnes, où il est né, s’établit à Braine-le-Comte dans les années 1920 et en devient le premier représentant. Conseiller communal socialiste de Braine-le-Comte élu en octobre 1932, il en devient échevin en juillet 1934, jusqu’à sa mobilisation en novembre 1939. 

Lors de la Campagne des 18 Jours, le jeune soldat est fait prisonnier et, comme plus de 65.000 autres militaires wallons de sa génération, il passe ses cinq années de captivité en Allemagne. Retrouvant son mandat d’échevin au moment de la Libération (1945-1946), il devient bourgmestre de Braine-le-Comte en 1947 et le restera jusqu’à son décès en 1963 ; dans le même temps, il avait retrouvé un siège à la Chambre des députés en tant que représentant PSB de l’arrondissement Soignies (1949-1963).  
 

Afin d’honorer leur leader décédé le 12 avril 1963, les socialistes brainois décident de ne pas fêter le 1er mai de cette année-là et de consacrer plutôt une manifestation en l’honneur de Joseph Martel en inaugurant les étangs qui portent désormais son nom. 

Médaillon Joseph Martel (Braine-le-Comte)

Depuis une douzaine d’années, Martel avait porté ce dossier consistant à transformer près de 3.000 m² en espace de tourisme social, autour d’un vaste étang dédié à la pêche. L’inauguration des étangs se fit en présence des ministres Bohy et Custers, ainsi que de Léon Hurez, son successeur à la Chambre. En octobre 1964, les socialistes perdaient leur majorité absolue et étaient écartés du Collège par une majorité libérale, dans des circonstances rocambolesques. Néanmoins, les oppositions politiques n’empêchent pas l’érection d’un monument témoignant de la reconnaissance à l’ancien maïeur et député. Une plaque évoque le lieu et son initiateur.


Au moment de l’inauguration, un médaillon apparaissait au centre de la partie supérieure, incrusté sur une pierre bombée qui reposait sur le socle encore visible, mais, en 2014, le monument réalisé par Pascal Norga en était dépourvu.   

Originaire d’Etikhove où il est né en 1900, Pascal Norga est un sculpteur, spécialisé en art funéraire, qui dirigea la Fonderie de bronze et de cuivre « PN », établie à Renaix (Ronse) au milieu du XXe siècle ; il y utilisait la technique de moulages à découvert. Son père, Franz Norga (1861-1948) était originaire d’Espagne et s’était établi comme ébéniste dans le petit village d’Etikhove. Il avait eu quatre enfants dont Sylvain (1892-1968), son 2e fils, avait suivi une forte formation de sculpteur et s’était fait un nom dans l’art religieux : depuis le milieu de l’Entre-deux-Guerres, il exploitait un commerce lucratif d’objets décoratifs funéraires qu’il créait et produisait lui-même. 

Pascal Norga (1900-1974) héritera de son grand frère le droit de reproduction et la commercialisation de ses produits, activités qu’il mènera jusque dans les années ’60. Sculpteur lui aussi, Pascal Norga sera sollicité à diverses reprises pour réaliser des œuvres originales. À son actif, il compte deux reliefs sur les piliers d’entrée du cimetière d’Etikhove, la plaque commémorative pour les victimes civiles et militaires et les prisonniers politiques de la Seconde Guerre mondiale à Furnes et vraisemblablement le médaillon « Joseph Martel » ; il a aussi fondu la fontaine de Messines, à Mons (1959). En 1967, Herman (1940-) reprendra la direction de la fonderie paternelle.  
 

 

- Marcel M. CELIS, Norga, dans Pierre et Marbre, 2006, n°4, p. 24-28  
- A-M. HAVERMANS et Marcel M. CELIS, Norga : terug van weggeweest, dans Epitaaf, 20e année, n° 3, avril 2006, p. 3-9.  
- Pierre Dupont, Joseph Martel. Le semis et la récolte, s.l., imprimerie du Hainaut, 2003  
- Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 1077-1078  
- Paul DELFORGE, Un siècle de projets fédéralistes pour la Wallonie. 1905-2005, Charleroi, Institut Jules-Destrée, 2005

Chemin de Feluy 62
7090 Braine-le-Comte

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Paul Delforge

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Buste MARTEL Ernest

Ce sont les élèves de l’École industrielle d’Écaussinnes, avec l’aide de leur professeur, le sculpteur Hector Brognon, qui ont réalisé, 16 septembre 1934, les bustes d’Ernest Martel et de Félicien Yernaux que l’on peut encore voir aujourd’hui depuis la rue Ernest Martel, dans la cour d’entrée de l’actuelle École Industrielle et Commerciale d’Écaussinnes. 

De 1933 à 1937, Martel succéda à Yernaux à la présidence de la Commission administrative de cet établissement destiné à former la jeunesse aux métiers de la région. L’utilité de cette école était défendue de longue date par Ernest Martel, figure marquante de l’entité où il était né en 1880. 
 

Porteur de télégrammes d’abord, carrier ensuite, le jeune Martel (1880-1937) milite très jeune dans l’action socialiste, syndicale d’abord, politique ensuite. Très vite, l’affilié au Syndicat des Ouvriers de la Pierre prend des responsabilités et il succède à Maurice Denis à la tête de la Fédération nationale des Ouvriers de la Pierre et du Plâtre qu’il transforme en Centrale des Travailleurs de la Pierre. Il y joue un rôle majeur sur le plan régional, national et international. 

Conseiller communal d’Écaussinnes élu en octobre 1911, il devient échevin des Finances (1912-1921) et c’est à ce titre qu’il tente de préserver la situation de sa population durant les années d’occupation allemande. Après l’Armistice, il devient le bourgmestre d’Écaussinnes-d’Enghien de 1921 à 1929 ; élu conseiller provincial du Hainaut (1928), il renonce à ses mandats communaux pour endosser la fonction de député permanent. Il renonce aussi à ses fonctions syndicales, cédant le Secrétariat national de la Centrale de la Pierre à Hubert Lapaille, tout en étant élu à la présidence de l’organisation. 
 

Tant le buste de l’École industrielle que le nom attribué à l’une des artères principales de la localité sont des témoignages de reconnaissance des habitants à l’égard de quelqu’un qui s’est engagé résolument dans la défense de leurs intérêts, tant sur le plan social, que politique et économique. De longue date, Ernest Martel réclamait la création d’une École industrielle pour former la jeunesse aux métiers de la région. Après le dur lock-out de 1909-1910, l’École de dessin est transformée en École industrielle et commerciale d’Écaussinnes, avec le soutien des maîtres de carrières. 

Il semble que Félicien Yernaux soit désigné comme premier président de la Commission administrative de l’école et qu’il exerce ce  mandat jusqu’en 1933, année où il est remplacé par… Ernest Martel. Symbolisant l’accord qui pouvait régner entre industriels et syndicalistes, l’École industrielle devient le lieu qui accueille les bustes de Yernaux et de Martel. Le projet est certainement né au moment du passage de relais entre les deux hommes et l’inauguration se déroule le 16 septembre 1934. 
 

Surnommé  « le Rodin de Bois d’Haine », Brognon avait l’habitude de prêter ses services dans la réalisation de monuments ou de bustes réalisés par ses élèves ou par ses amis. Au sortir de la Grande Guerre, il jouit d’une solide réputation dans le Hainaut en raison de sa parfaite connaissance de la pierre bleue d’Écaussinnes. Plusieurs commandes de bustes et de statues lui parviennent, ainsi que des monuments aux morts et aux héros des deux guerres destinés aux places publiques (Écaussinnes-d’Enghien) ou aux cimetières (les « Martyrs de Tamines » en 1926) ; il réalisera aussi le monument Ernest Martel du cimetière. Brognon est encore l’auteur du monument dit de Marguerite Bervoets à La Louvière et a participé à la décoration des frontons et panneaux de l’hôtel de ville de Charleroi (côté rue de Turenne et rue Dauphin).

 

Sources

- Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Archives 
- Le Mouvement syndical belge, n°12, 20 décembre 1937, p. 6 
- Claude BRISMÉ, Ernest Martel (1880-1937), dans Le Val Vert. Bulletin trimestriel du Cercle d'Information et d'Histoire locale des Écaussinnes et Henripont
- Écaussinnes-Lalaing, 1988, n° 64 ; 1989, n° 65-67 
- Claude BRISMÉ, Histoire des Écaussinnes, recueil n°15 du Cercle d’information et d’histoire locale, 2010 
- Léon BAGUET, dans Le Val Vert, 1990, n°69, p. 12 
- Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 155 
- Guy SYMOENS, Hector Brognon (1888-1977) le Rodin de Bois d’Haine, dans Les Cahiers du Grand Manage, 2009, n°56 
- http://www.eic-ecaussinnes.be/historique_suite.html (s.v. février 2014) 
 

Cour de l’École commerciale et industrielle
rue Ernest Martel 6
7190 Écaussinnes

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Inauguré le 16 septembre 1934

Paul Delforge

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Statue Charles MARTEL

Professeur à l’Académie de Bruxelles, le sculpteur liégeois Louis Jehotte (1804-1884) a offert ses services à sa ville natale, dès 1855, pour élever sur la place Saint-Lambert une statue équestre de Charlemagne. S’inscrivant dans un mouvement typique du XIXe siècle visant à honorer les « gloires nationales belges », cette proposition a embarrassé les autorités liégeoises tant en raison de la question non résolue à l’époque du lieu de naissance de Charlemagne, que par l’insistance du sculpteur d’installer son œuvre sur la place Saint-Lambert. 

Au milieu du XIXe siècle, la question du lieu de naissance de Charlemagne n’est pas réglée : Belgique, France, Allemagne ? Elle reste d’ailleurs discutée encore aujourd’hui. Cependant, en dépit des protestations de Jehotte, l’emplacement qui est finalement choisi est le boulevard d’Avroy. C’est là que le monument est inauguré le 26 juillet 1868.


Formé à l’Académie de Liège, Louis Jehotte a bénéficié d’une bourse de la Fondation Darchis dans sa jeunesse, et a fait le voyage en Italie (Florence et Rome). Ami d’Eugène Simonis, il est comme lui élève de Mathieu Kessels à Rome (en 1823), avant de séjourner à Paris (1830) et à Copenhague où il fréquente l’atelier de Thorwaldsen (1831). Nommé professeur de sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles en 1835, il y enseigne seul cette matière pendant 27 ans (1835-1863), influençant considérablement plusieurs générations d’artistes (Mélot, Bouré, Fiers, Meunier, Desenfans, etc.). Préférant sculpter des sujets religieux, Jehotte se fait rare en monuments publics. 

Pourtant, c’est lui-même qui avance, en 1855, l’idée de Charlemagne, personnage auquel il consacre, avec son ami André Van Hasselt, une importante biographie résultant de vingt ans de recherches. Tenant particulièrement à ce monument, Jehotte a acquis un terrain à Bruxelles (rue de Pachéco) et c’est là qu’il exécute la fonte de cette œuvre colossale, pesant dix tonnes. En 1888, des vandales abîment trois des statues du piédestal et un nouveau procès oppose la ville et le sculpteur qui meurt sans que l’affaire soit réglée. À la veille de la Grande Guerre, la partie inférieure du socle est remplacée. Au début du XXIe siècle, il a été procédé à une rénovation totale du monument qui a retrouvé des couleurs et un large espace de dégagement.


Statue Charles Martel (Liège)Contrairement à l’impression que pourrait donner une vision lointaine de l’impressionnante statue équestre, Charlemagne n’est pas le seul personnage honoré par le monument. Toute « sa famille » – du moins six de ses ascendants les plus illustres – est associée par Jehotte, par une représentation en bas-relief sur le large socle de style romano-byzantin, par ailleurs ornés de motifs végétaux et de médaillons historiés alternant avec des têtes de lion. Dans les six niches à arcades en plein cintre, que séparent des colonnes ornées de l’aigle impérial, on rencontre tour à tour Charles Martel, Pépin de Landen, Pépin le Bref, Pépin de Herstal, ainsi que deux femmes, Bertrade et Begge.


Avec Charles Martel (circa 690 – Quierzy 741), c’est le grand-père paternel de Charlemagne que Jehotte représente sur le piédestal de l’empereur. Né à Andenne (selon certains auteurs), fils de Pépin II de Herstal, le maire du palais d’Austrasie, Charles Martel est appelé à hériter de sa charge en 714. De multiples péripéties entourent sa prise de pouvoir effective en 717. Vainqueur notamment de la bataille dite de l'Amblève (716), il a dû combattre à la tête des Austrasiens pour affirmer son pouvoir, et affronter la Neustrie pour contrôler puis pacifier l'ensemble du royaume franc dont il est le seul maître jusqu’à son décès, en 741. Il contribue à son expansion, notamment après avoir combattu du côté de l’Europe centrale, et à son raffermissement après avoir battu les armées omeyyades à Poitiers (732). Reconnu pour avoir donné une organisation militaire sérieuse au royaume des Francs, il laisse à ses deux fils, Carloman et Pépin le Bref, un pouvoir qui ne s’embarrasse plus guère des rois mérovingiens.

 

- Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle, t. 1. La Sculpture belge, Bruxelles, CGER, 1990, p. 71 Jacques VAN LENNEP, La sculpture belge au 19e siècle,  catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 460-461 
- Pierre COLMAN, Le site de la statue équestre de Charlemagne, dans Chroniques ’archéologie et d’histoire du pays de Liège, Liège, Institut archéologique liégeois,  juillet-décembre 2004, n°7-8, tome II, p. 76-77 
- Alain DIERKENS, La statuaire publique, dans L’architecture, la sculpture et l’art des jardins à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995,    p. 246-250 
- Liège, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2004, p. 154 
- Charles BURY, Les Statues liégeoises, dans Si Liège m’était conté, n°35, printemps 1970, p. 9-10 
- Pierre COLMAN, Le sculpteur Louis Jehotte, alias Jehotte (1803-1884) académicien comblé...d’avanies, Liège, 2010 
- Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 764 
- Alexia CREUSEN, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996

Boulevard d’Avroy 
4000 Liège

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Inaugurée le 26 juillet 1868

Paul Delforge

Plaque Martin-Pierre MARSICK

Martin-Pierre Marsick (1847-1924) est l’un des remarquables représentants de l’école liégeoise de violon. Formé très tôt au Conservatoire de musique de Liège, il apprend l’instrument auprès de M. Dupont, puis de Heynberg (1857-1864), avant d’entrer au Conservatoire de Bruxelles, où Hubert Léonard est alors son professeur (1865), avant de se rendre à Paris, chez Joseph Massart, au Conservatoire national supérieur (1868). 

Son Premier Prix en 1869 lui ouvre de grandes perspectives. Entre 1875 et 1886, il fait les beaux jours de la Société nationale de musique. Premier violon du « quatuor Marsick », il interprète les grands compositeurs de son temps, classiques comme modernes, sans oublier les compositeurs wallons Vieuxtemps et Franck. 

Lui-même compose une quarantaine d’œuvres, essentiellement pour violon. Professeur de violon au Conservatoire national supérieur de musique de Paris (1892-1899), il entreprend alors, comme soliste, plusieurs tournées en Angleterre, en Russie et aux Amériques et tente de vivre de son art à Chicago où s’est ouverte une école belge de violon. 

Mais c’est à Paris qu’il achève sa carrière comme enseignant, non sans cultiver ses racines liégeoises. S’il meurt à Paris, c’est à Liège qu’ont lieu ses obsèques en 1924. Moins de dix années plus tard, avec le soutien de la Société liégeoise de musicologie, ses amis et sa famille organisent une cérémonie d’hommage en apposant une plaque commémorative sur sa maison natale, à Jupille, et en organisant un concert qui réunit, sous la direction d'Armand Marsick, son neveu, trois grands violonistes que Martin Marsick avaient formés : Jacques Thibaud, Carl Flesch et Georges Enesco. Chacun interprète personnellement une œuvre composée par Marsick après avoir joué le Concerto pour trois violons et orchestre de Vivaldi. 
 

La plaque a été posée le 4 juin 1933; délicatement gravés sur une plaque de cuivre, deux blocs de textes sont séparés par un archet en diagonale.

 


-http://chljupille.over-blog.com/article-30890667.html 
-http://armand.marsick.pagesperso-orange.fr/biographie2.htm 
-http://www.marsick.fr/
-La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 392, 411 ; t. IV, p. 351

Rue Lassaux 3
4020 Jupille

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Paul Delforge

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Monument Désiré MAROILLE

Compagnon de route d’Alfred Defuisseaux, syndicaliste, considéré comme le père d’un socialisme pragmatique, Désiré Maroille (1862-1919) est l’un des fondateurs du POB et surtout de la Fédération socialiste républicaine du Borinage : créée en 1887, celle-ci gardera ce nom jusqu’en 1945. 

Statue Désiré Maroille (Frameries)

En 1894, Maroille est parmi les tout premiers députés du POB élus au suffrage universel masculin tempéré par le vote plural ; il siègera à la Chambre sans interruption, jusqu’à son décès en 1919. Le 20 octobre 1912, il figure parmi les membres fondateurs de l’Assemblée wallonne, ayant accepté d’y représenter l’arrondissement de Mons. Conseiller communal de Frameries (1890-1919), échevin (1896-1919), il devra attendre le lendemain de la Grande Guerre pour obtenir sa nomination officielle à la fonction de bourgmestre parce que ses convictions républicaines l’empêchent de prêter serment de fidélité au roi. Quand la Belgique tente de se reconstruire en unissant toutes ses composantes, Maroille finit par être nommé bourgmestre, mais cette officialisation intervient quelques semaines avant son décès.  
 

Très rapidement, le mouvement ouvrier se mobilise pour rendre hommage à leur leader disparu. La Centrale régionale des Mineurs du Borinage rend hommage à son premier président en lui érigeant un impressionnant monument, conçu et sculpté par R. de Winne. Représentant le portrait de Maroille, de face et en cravate, le médaillon en bronze est incrusté dans le socle central de l’imposant monument en pierre, qui s’étend de part et d’autre en trois parties symétriques. L’ensemble met en évidence un groupe de trois personnes sculptées dans le bronze : un ouvrier debout, portant un casque, apporte son soutien à une femme assise qui tient un bébé allaitant dans ses bras. À l’arrière du socle central est gravée la date de l’inauguration.

Réalisé par René de Winne (Molenbeek 18/09/1890 - Genval 08/03/1969), candidat au Prix de Rome en 1912 et 1919, sculpteur de portraits et de nus, ce monument est l’un des tout premiers élevés dans l’espace public de Wallonie en mémoire d’un leader syndical et socialiste.  

 

- François ANDRÉ, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, 2001, cédérom  
- Colfontaine, Dour, Frameries, Honnelles et Quévy, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2006, p. 176  
- Paul DELFORGE, L’Assemblée wallonne 1912-1923. Premier Parlement de la Wallonie ? Namur, Institut Destrée, janvier 2013, coll. Notre Histoire, p. 234  
- Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 480  
- http://www.frameries.be/Loisirs/histoire/monuments/ (s.v. juin 2015)

À l’angle de la rue L. Defuisseaux et de la rue Gustave Defnet 
7080 Frameries

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Paul Delforge

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Statue Marguerite d'YORK

Statue Marguerite d’York (Binche)Face à la gare de Binche, de style néo-gothique, construite entre 1905 et 1910, s’étend une imposante esplanade, au centre de laquelle a été inaugurée en 1931 une statue de l’Indépendance. Autour de ce monument central s’étendent quatre pelouses séparées par des chemins : la moitié supérieure, côté gare, est ceinturée par une balustrade en pierre bleue, sculptée, de style néo-gothique d’où émergent 8 colonnes de pierre, elles-mêmes surmontées d’une statue en bronze. 

Destiné à mettre la gare davantage en évidence tout en atténuant harmonieusement le dénivelé du terrain, le square a été aménagé en respectant les indications très précises de la Commission royale des Monuments qui délégua sur place, à plusieurs reprises, ses représentants pour veiller à la bonne exécution des travaux (adjugés à 60.000 francs de l’époque). 

Soutenu par les autorités locales, et en particulier par le bourgmestre Eugène Derbaix, le projet de square s’inspire de celui du Petit Sablon, à Bruxelles, avec ses colonnettes gothiques et ses statuettes évoquant « l’histoire nationale ». Il est inauguré en septembre 1911. 
 

Œuvres des sculpteurs Vermeylen et Valériola, désignés en mai 1911, les 8 statues de Binche représentent « des personnages illustres qui ont joué dans l’histoire locale un rôle important et dont le souvenir mérite de vivre dans la mémoire des Binchois » (Derbaix). 

Quatre sont dues au ciseau d’Edmond de Valériola : Baudouin le Bâtisseur, Gilles Binchois (statue disparue en 2014), Yolande de Gueldre et Marie de Hongrie (statue volée en 1993). Il s’agit en fait de toutes les statues de gauche quand on fait face à la gare. 

Les quatre autres ont été réalisées par Frantz Vermeylen (1857-1922) : Charles-Quint, Guillaume de Bavière, Marguerite d’York et Arnould de Binche. La statue de Marguerite d’York se situe sur le côté droit (par rapport à la gare) et est entourée d’Arnould de Binche et de Guillaume de Bavière. 
 

Natif de Louvain, où son père (Jan Frans) exerçait déjà le métier, Fr. Vermeylen a appris la sculpture dans l’atelier familial, avant de suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Louvain (1869-1878) où son père enseigne, et de se perfectionner à Paris (chez A-A. Dumont). Ayant certainement travaillé sur les chantiers de décoration de l’hôtel de ville de Louvain, de la gare d’Amsterdam et au Rijksmuseum dans les années 1880, il devient l’expert attitré des autorités louvanistes, avant de répondre aussi à des commandes de décoration pour la ville d’Audenarde, l’abbaye Saint-Gertrude, la Volksbank, etc. 

Spécialisé dans les intérieurs d’église (par ex. Saint-Martin à Sambreville), il reste un artiste demandé tant pour ses médailles que pour ses bustes et ses statues, comme celle du gouverneur Orban de Givry à Arlon (1903), que pour les quatre statues qu’il réalise pour Binche. 
 

Concernant les 8 statues qui composent l’ensemble face à la gare, tous les personnages ont vécu avant le XVIIe siècle, six représentent des « princes ou princesses », et les deux autres sont des artistes : Gilles Binchois et Arnould de Binche. Veuve de Charles le Téméraire, sœur des rois d’Angleterre Édouard IV et Richard III, Marguerite d’York (1446-1503) a souvent séjourné à Binche et a contribué à donner à la ville ses lettres de noblesse. Son mariage avec le « Bourguignon » en 1468 restera sans descendance. Veuve à la suite de la mort de Charles le Téméraire à Nancy en 1477, elle continuera de veiller à l’éducation de Marie de Bourgogne (1457-1482), née du deuxième mariage du duc de Bourgogne. Comme Bruges (qui rappelle tous les cinq ans les fastes du mariage de Marguerite d’York avec Charles le Téméraire) ou Malines (où elle est décédée), Binche entretient le souvenir d’une princesse qui contribua à la magnificence de la cité. En 1476, elle avait offert au chapitre de la ville le remarquable reliquaire de l’église de Saint-Ursmer. 

 

Sources 
 

- Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
- Le Journal de Charleroi, 31 octobre 1910 et 16 mai 1911, Journal de Bruxelles, 3 octobre 1911 
- Ludo BETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 602-604 
- Eugène DERBAIX, Monuments de la Ville de Binche, Vromant & Cie, 1920, p. 38-39 
- Étienne PIRET, Binche, son histoire par les monuments, Binche, Libraire de la Reine, 1999 
- Victor DE MUNTER, Frantz Vermeylen et son œuvre, dans Revue belge de numismatique et de sigillographie, Bruxelles, Société royale de Numismatique, 1925, n°1,    p. 57-68 
- Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 739 
- Didier DEHON, Marie de Hongrie, Mariemont et Binche ou de la chasse à la cour, dans Cahiers nouveaux, n°83, septembre 2012, p. 34-38

Square Eugène Derbaix
7130 Binche

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Inaugurée en 1911

Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Amand MAIRAUX

Statue à la mémoire d’Amand Mairaux, réalisée par Victor Rousseau, 30 août 1890.
 
Considéré comme le fondateur de La Louvière, Amand Mairiaux (1817-1869) a été statufié dans l’espace public dès la fin du XIXe siècle. Dans ce siècle particulièrement dynamique et prospère que connaît la Wallonie, la petite commune de Saint-Vaast n’échappe pas au phénomène de transformation qu’impose le développement des industries et des moyens de communication. Située à proximité du canal Charleroi-Bruxelles et de la ligne ferroviaire Mons-Manage, Saint-Vaast accueille tant de nouveaux ateliers que sa population explose. Ainsi, en vingt ans, ils sont six fois plus nombreux à s’être installés dans le petit hameau de La Louvière qui fait partie de la localité dirigée, depuis 1854, par Amand Mairaux. Et dans cette localité, il est très tôt question de séparation administrative.

Pour faire face à l’afflux d’habitants et à ses conséquences, le bourgmestre a élaboré avec son collège un projet visant à développer le quartier jusqu’alors négligé de La Louvière. Par son mariage avec une fille de Nicolas Thiriar, Mairaux y possède des biens fonciers. Ce conflit d’intérêt, les opposants au déplacement du centre de gravité de Saint-Vaast vers La Louvière le dénoncent. Dans les quartiers de Baume et du vieux Saint-Vaast, on considère que les investissements déjà réalisés (une église a été construite et deux classes d’école ouvertes) suffisent et l’on s’oppose vivement au plan d’agrandissement défendu par Amand Mairaux et ses partisans. Entre les partisans du maintien de l’unité de Saint-Vaast et ceux qui prônent l’autonomie et la séparation administrative, l’opposition locale est particulièrement vive. C’est le parti de Mairaux qui s’impose quand un arrêté royal valide en 1866 le plan d’aménagement de La Louvière : de nouvelles rues sont tracées, de nouvelles infrastructures sont construites (église, école, maison communale) et une structuration de l’espace est imposée.

Quant à la scission de l’entité communale, elle est débattue et approuvée par le Conseil provincial du Hainaut en 1867, puis par le Sénat le 10 avril 1869. Dès le mois d’août, La Louvière dispose du statut de commune autonome. Amand Mairaux n’est cependant plus là pour assister à l’événement. Homme d’affaires, défenseur des idées et du programme du Parti libéral, il était décédé en février 1869.

C’est donc à « son bienfaiteur » que La Louvière rend hommage en août 1890, en inaugurant une imposante statue réalisée par le sculpteur Victor Rousseau (1865-1954). L’artiste est alors tout jeune. Il n’est pas encore professeur de sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles (1901-1919), ni directeur de la dite Académie (1919-1922, 1931-1935). À ce moment, il n’a pas encore reçu le Grand Prix de Rome 1911, ni le Grand Prix des arts plastiques (1931), ni celui des amis du Hainaut 1935. Il n’a pas encore travaillé à la décoration du Pont de Fragnée à Liège, ni dans la cour d’honneur de l’ancien château de Mariemont (Vers la Vie), ni à la réalisation du Memorial in Gratitude à Londres. Victor Rousseau n’est pas encore le représentant actif de l’art wallon dont on cherche à cerner la définition tout au long des premières années du XXe siècle. Il n’est pas encore le « Grand » Victor Rousseau, mais sa participation au chantier pharaonique du Palais de Justice de Bruxelles (dans les années 1880) l’a poussé à suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles et, en 1890, le prix Godecharle distingue ce jeune talent promis à un bel avenir. C’est ce « sculpteur d’âmes », originaire de Feluy, qui fige Mairaux dans le bronze pour l’éternité.

Représentant Mairaux debout, tête nue et en redingote, il tient son bras gauche le long du corps avec la main ouverte pointée vers le sol, tandis que la main droite tient le plan d’aménagement du quartier du centre de 1866. La statue en bronze fait 3 mètres de haut et est posée sur un socle en pierre qui fut d’abord installé sur la place communale. De nombreux travaux d’aménagement de La Louvière ont conduit le monument au bas du boulevard Mairaux, avant d’être (définitivement) installé dans le haut de la même avenue.
Le monument ne met en évidence que l’action politique locale. 

Particulièrement explicites, les inscriptions mentionnées sur le socle identifient clairement le personnage et les intentions de ceux qui  ont pris l’initiative de lui élever une statue. De face, on peut lire :

« Amand Mairaux
bourgmestre de Saint-Vaast – La Louvière
1854-1869 »
Du côté gauche : 
« Né à Frasnes-lez-Couvin le 28 janvier 1817
décédé à Soignies siégeant au conseil de milice le 26 février 1869 »
À l’arrière : 
« Inauguré le 30 août 1890 »
Du côté droit
« Au fondateur de La Louvière les habitants reconnaissants ».

 

Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 434
http://lalouviere-ville.skyrock.com/425448810-Amand-Mairaux.html 
Richard DUPIERREUX, Victor Rousseau, Anvers, 1944, coll. Monographie de l’art belge
Marcel BOUGARD, Victor Rousseau. Sculpteur wallon, Charleroi, Institut Destrée, 1968, coll. Figures de Wallonie
Denise VANDEN EECKHOUDT, Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 539

Place Maugrétout 
7100 La Louvière

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Plaque René MAGRITTE

Plaque commémorative sur la maison habitée par Magritte en 1917, réalisée par Léon Moisse, 11 octobre 1996.

Né à Lessines en 1898, le jeune René Magritte va habiter à Châtelet de 1904 à 1917. En raison de la célébrité de cette figure de proue du surréalisme, les lieux où il a vécu ont fait progressivement l’objet d’investigation : on sait par conséquent que Magritte a vécu au 77 de la rue des Gravelles du 4 avril 1904 au 7 mars 1913, qu’il a déménagé au n°79 de la même rue où il a habité du 2 novembre 1914 au 15 novembre 1915, puis au n°95 du 18 avril 1917 au 3 octobre 1917. L’intérêt de connaître les lieux où René Magritte a passé son adolescence a été démontré à plusieurs reprises. Émile Lempereur soulignait par exemple que dans la même rue vivaient les frères Chavepeyer avec lesquels Magritte dut deviser tout en passant du temps à jouer et s’amuser. Quant à Liliane Sabatini, elle a rappelé qu’en 1912, la mère de Magritte s’est jetée dans la Sambre et que son corps a été retrouvé, sa chemise relevée par-dessus la tête. Cet événement tragique apparaîtra à travers toute l’œuvre de l’artiste (la présence de l’eau, des visages voilés...) et là où certains voient de l’érotisme, les psychanalystes observent des représentations (in)conscientes de ce drame qui s’est déroulé à Châtelet.

Dans la perspective de « l’année Magritte 1998 », de multiples manifestations prennent prétexte du centième anniversaire de la naissance du peintre pour honorer plusieurs facettes de sa vie et de son œuvre. Dans le programme des activités, une série d’acteurs culturels de la ville de Châtelet mènent des projets qui débordent le cadre des commémorations. Alors que l’Athénée local obtient l’autorisation de porter le patronyme de l’artiste (1996), la Société d’Histoire « Le Vieux Châtelet » soutient la création d’une balade Magritte évoquant l’adolescence du peintre en terre châteletaine ; en 1998, la Ville de Châtelet, « Le Vieux Châtelet », la Bibliothèque communale, l’Académie de Musique, l’Académie des Beaux-Arts, l’Athénée René Magritte, la Poste et le Cercle Philatélique, l’ACAPI et le CEDITI (Internet) s’associent pour organiser un « Printemps Magritte » ; par ailleurs, un bas-relief représentant l’artiste est apposé sur une façade de l’Athénée et, sur la place du Marché, est dressée la statue monumentale en bronze de Charles de Rouck, évoquant « La Géante » de Magritte ; quant à la maison de style art nouveau qu’avait fait construire, en 1911, Léopold Magritte au n°95 de la rue des Gravelles, elle est, depuis 2004, un espace qui accueille des expositions de peintures, d’aquarelles, de sculptures et de photos.

C’est sur la façade de ce bâtiment qu’a été apposée et inaugurée, en octobre 1996 déjà, une plaque en forme de chapeau boule, avec la mention :


RENE MAGRITTE
VECUT DANS CETTE RUE DE
1904 A 1917. IL A COMMENCE
A PEINDRE DANS CETTE MAISON
CONSTRUITE PAR SON PERE
1898 - 1967


Cette plaque originale est due à la créativité du peintre Léon Moisse, soutenu par l’association « Le Vieux Châtelet ». Fonctionnaire communal, attaché notamment à l’échevinat des Beaux-Arts de Châtelet, le peintre avait réussi à convaincre les autorités locales et en particulier l’échevin des Beaux-Arts, Jacques Collart, de rendre un hommage appuyé au célèbre Magritte avant les cérémonies du centenaire. Élève de Gibon et de Ransy, Moisse est un artiste particulièrement original dans la mesure où, à de rares exceptions (ses portraits du mime Marceau), il s’est affirmé comme le peintre des trognons de pomme, libérant une imagination particulièrement fertile, non dénuée de poésie et d’humour. On s’abstiendra désormais de jeter ce trognon, tant il peut être sublimé par les décors où il se retrouve, par les diverses techniques utilisées par l’artiste, voire même par une forme de parodie avec certaines œuvres célèbres. Passionné par l’œuvre de Magritte, Moisse a largement contribué (par ses recherches, ses dessins et ses initiatives) à sortir de l’oubli les liens qui unissaient l’artiste à sa cité.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Émile LEMPEREUR, dans La Vie wallonne, IV, 1969, n°328, p. 288-289
Liliane SABATINI, La jeunesse illustrée ou la mémoire de Châtelet, Charleroi, Gilly dans l’œuvre de René Magritte, dans Chantal MENGEOT, Anne SOUMOY (dir.), « Charleroi 1911-2011 ». L’industrie s’associe à la culture, Charleroi, septembre 2011
Philippe ROBERTS-JONES, Nouvelle Biographie Nationale, t. VIII, p. 251-254
Liliane SABATINI (dir.), Un double regard sur 2000 ans d’art wallon, Tournai, La Renaissance du Livre - Crédit communal, 2000
René Magritte et le surréalisme en Belgique, Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, 1982
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 190

 

Plaque René Magritte (Châtelet)

Rue des Gravelles 95
6200 Châtelet

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Paul Delforge

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Monument Léon MABILLE

Monument en hommage à Léon Mabille, réalisé par Léon Gobert, aidé par M. Bertiaux et Hector Brognon, 10 juillet 1927.

Quelques jours à peine après les funérailles de l’ancien bourgmestre Léon Mabille (1845-1922), le conseil communal du Roeulx décide à l’unanimité des groupes catholique, socialiste et libéral d’élever un monument en l’honneur de leur illustre concitoyen (27 juillet 1922). Choisi comme bourgmestre du Roeulx par le roi en 1903, Léon Mabille a été professeur à l’Université catholique de Louvain – il est titulaire du cours de droit civil depuis 1872 –, député chrétien-démocrate de l’arrondissement de Soignies (1900-1922) et, depuis les années 1870, il apparaît comme l’un des pionniers de la démocratie chrétienne en Belgique, en Wallonie en particulier. Dans le cœur du bassin industriel du Centre, cet avocat, brillant orateur, n’hésite pas à frayer avec les ouvriers, à débattre publiquement et à mobiliser les travailleurs pour qu’ils se structurent au sein d’organismes de défense catholiques. La mémoire populaire retient volontiers l’expression favorite de l’orateur : « Hardi, m’fi. N’lâchez ni ». 

À partir de 1894, on le retrouve en tant qu’animateur extérieur du nouveau Cercle Régional d’Études sociales pour Ouvriers, créé à La Louvière. Il est aussi parmi les fondateurs du Parti démocratique du Centre dont il rédige le programme (1895), au lendemain des premières élections législatives au suffrage universel masculin tempéré par le vote plural. Durant la Grande Guerre, il reste en fonction tout en défendant les intérêts de ses administrés au point d’être emprisonné par l’occupant. Après l’Armistice, il devient échevin et, surtout, il laisse le souvenir d’importants travaux d’aménagement, dont la création d’un parc public (1911) qui porte aujourd’hui son nom et qui, à l’origine, était une propriété qui lui appartenait. C’est au cœur de ce square qu’est inauguré en 1927 un monument en son honneur.

Formé en septembre 1922, le comité du Monument Mabille lance une souscription publique dès 1923 et reçoit le soutien d’un important Comité d’honneur forme de personnalités hennuyères de tous les partis et du recteur de l’Université de Louvain. La réalisation du monument est confiée à Léon Gobert qui s’entoure des services de M. Bertiaux, professeur d’architecture à l’Académie de Mons, pour le piédestal, et d’Hector Brognon qui trouve à Soignies, dans les carrières du Hainaut, le bloc de pierre.

Sculpté entièrement dans une même pierre englobant le socle et le buste, l’ensemble représente Léon Mabille jusqu’à hauteur de la ceinture ; par une plaque en bronze, réalisée par Brognon, le monument rend au hommage


A
LEON
MABILLE
BOURGMESTRE

Monument Léon Mabille (Le Roeulx)


Réalisée à l’automne 1927, cette plaque en bronze n’est apposée qu’en 1928, soit plus de six mois après l’inauguration du monument, le dimanche 10 juillet 1927 soit cinq ans presque jour pour jour après la disparition de Léon Mabille (11 juillet 1922). Chapeau sur la tête, mallette sous le bras, tenant d’une main sa cape fermée, Mabille scrute l’horizon d’un air décidé, accentué par sa forte moustache et ses sourcils épais. Aucune signature n’apparaît sur la pierre, mais c’est bien Léon Gobert (Wasmes 1869 – Mons 1935) qui en est le sculpteur principal. On reconnaît bien son style caractéristique.

Élève et disciple de Charles Van Oemberg à l’Académie des Beaux-Arts de Mons (1884-1885), puis à l’Académie de Bruxelles (1890-1895), où il reçoit l’enseignement de Charles Van der Stappen, Prix Godecharle 1895, Léon Gobert s’est spécialisé dans la réalisation de sculptures, bustes, médaillons et bas-reliefs illustrant le travail de la mine, la misère et la condition ouvrière. On lui doit des types d’ouvriers ou d’ouvrières, des portraits et des sujets d’inspiration régionale. Travaillant souvent le bronze, il pratique aussi le modelage et la pierre en taille directe : le monument Mabille en serait l’illustration. Natif de Wasmes où il a laissé plusieurs œuvres et contribué à l’aménagement du parc, Léon Gobert a signé plusieurs monuments aux morts dans le Borinage et a notamment réalisé la fontaine L’Ropieur à Mons. Professeur à l’Académie de Mons (1899-1934) où il fut formé, il enseigna aussi à l’Institut provincial des Arts et Métiers à Saint-Ghislain.

En dépit des efforts de la majorité catholique, la prestigieuse cérémonie de l’inauguration (avec ses discours, cortège, drapeaux et banderoles aux fenêtres, bénédictions, Brabançonne et autres cantates et harmonies) ne parviendra pas à rassembler tous les Rhodiens. Socialistes et libéraux se mettront en retrait, ne souhaitant pas participer et soutenir, de facto, une démarche qu’ils jugent essentiellement politique. Les correspondants de presse présents comptabiliseront plusieurs milliers de personnes dans les rues de la cité, en l’honneur de « l’illustre tribun », du « lutteur infatigable » et du « champion de la démocratie chrétienne dans le Centre ».

 

M. DEFOURNY, Léon Mabille. Éloge funèbre prononcé le 15 novembre 1922 devant le corps académique et les étudiants de l’Université de Louvain, Louvain, 1922
Emmanuel GÉRARD, Paul WYNANTS, Histoire du Mouvement ouvrier chrétien en Belgique, Leuven University Press, 1994, t. 1, Kadoc-Studies 16, p. 92-93, p. 111
Isabelle CAMBIER, Léon Mabille, le lion du Roeulx, Cercle d’Histoire Léon Mabille, Le Roeulx, 1989
Albert TESAIN, Le monument Léon Mabille, dans Nos 5 Blasons, revue trimestrielle du Cercle d’Histoire Léon Mabille, Le Roeulx, 1993, n°4, p. 3-17
Wallonia t. XII, 1904, p. 261
Wallonia, t. XXI, 1913, p. 622
Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, t. 1 et 2, Bruxelles, CGER, 1990, p. 194, 598
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 634
ENGELEN-MARX, La sculpture en Belgique à partir de 1830, Bruxelles, août 2006, t. III, p. 1696-1699

Square Léon Mabille 
7070 Le Roeulx

carte

Paul Delforge