Province de Liège-Musée de la Vie wallonne

Athénée Léonie de Waha

L'athénée Léonie de Waha porte le nom d’une grande pédagogue, par ailleurs promotrice pionnière de la conscience wallonne.

Issue d’une illustre famille liégeoise – son aïeul de Chestret a participé à la révolution de 1789 comme bourgmestre de Liège – elle consacre sa vie à la collectivité et s’investit dans l’éducation des jeunes filles. C’est ainsi qu’en plus de patronner de très nombreuses œuvres caritatives, elle crée, en 1868, l’Institut supérieur de Demoiselles.

Parallèlement à cette action émancipatrice pour les femmes, elle s’investit dans le Mouvement wallon du début du XXe siècle. Le 28 octobre 1912, elle fonde l’Union des Femmes de Wallonie, avec pour ambition de stimuler, chez celles-ci, une conscience politique wallonne.

En 1913, lors des débats conduisant à l’adoption du drapeau wallon, elle plaide, avec d’autres, pour qu’il reprenne les couleurs liégeoises, à savoir le jaune et le rouge, contribuant ainsi à fixer l’emblème officiel d’une Wallonie pour laquelle elle n’a cessé de se battre. Elle est aussi à l’initiative du choix de la gaillarde comme emblème floral de sa patrie wallonne.

Léonie de Waha fut élevée, à titre posthume, au rang d’Officier du Mérite wallon en 2012.

Boulevard d’Avroy 96
4000 Liège

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Guy Focant

Lycée Léonie de Waha

Fervente féministe, Léonie de Waha ouvre en 1868 un institut permettant aux jeunes filles d’accéder à l’enseignement secondaire, alors réservé aux seuls garçons. Au fil du temps, l’accroissement continu des élèves et la transformation de l’institution en lycée rendent inévitable la construction d’un nouveau bâtiment.

Inauguré en 1938, le lycée reflète les thèses modernistes de l’époque en matière d’architecture et d’urbanisme appliquées à un projet global conçu par l’architecte Jean Moutschen et décoré de nombreuses œuvres signées d’artistes liégeois de renom (bas-reliefs, peintures, vitraux, mosaïques disséminés dans l’édifice entier). La façade pratiquement aveugle se distingue par les lignes rigoureuses que dessinent les pierres blanche et bleue. Trois larges bas-reliefs et une horloge monumentale en ornent les 30 m d’élévation pour une largeur identique. 

Ici, comme dans le reste du bâtiment, priment la fonctionnalité, la symétrie et la recherche d’une haute qualité dans son utilisation : salle de fêtes, piscine et gymnase insonorisés, disposition des locaux pour bénéficier d’un ensoleillement optimal, etc., tout en embellissant l’environnement d’éléments décoratifs de grande valeur centrés sur la jeune fille et l’enseignement, le monde du travail et la glorification de la Wallonie.

Boulevard d'Avroy 96
4000 Liège

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Classé comme monument (avec zone de protection) le 17 mai 1999 - Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

La condition féminine a connu une évolution considérable en Wallonie à partir du XIXe siècle. Découvrez les avancées conquises unes à unes au cours de cette période : droit à l’éducation, droit de vote, droit au travail, droit à une rémunération égale ou encore droit à l’avortement. Documents à l’appui, cette leçon vous propose d’aborder les étapes de ce changement majeur de la société.

De Waha Léonie

Humanisme-Egalité, Militantisme wallon

Liège 31/03/1836, Liège 08/07/1926

Philanthrope, libérale, pionnière de l’enseignement des jeunes filles préparatoire à l’université, Léonie de Chestret a laissé son nom de mariée à un grand Lycée liégeois (devenu Athénée communal) qu’elle a contribué à créer, tout en s’engageant en faveur de la petite propriété ouvrière, de la laïcité, de l’émancipation de la femme et de l’autonomie de la Wallonie.

Orpheline à deux ans, éduquée par son père et formée par une série de gouvernantes qui lui donnent le goût de l’histoire et la connaissance de six langues, Léonie de Chestret évolue dans un monde d’opinion libérale, démocrate, tolérant et croyant qui fonde sa personnalité. Elle épouse le baron Victor de Waha de Baillonville, qui décède quatre ans plus tard, à l’âge de 31 ans. 

Veuve jeune, elle décide de se rendre utile à ses semblables : poursuivant l’œuvre de son mari, elle développe des bibliothèques à Chênée et à Esneux. Par ailleurs, soutenue par Julien d’Andrimont (parlementaire libéral), elle contribue à la création d’une Société liégeoise dont le but est de construire des maisons ouvrières suivant le système de Mulhouse (six groupes de quatre maisons adossées avec jardinet en façade) ; ces maisons sont louées avec faculté d’en devenir propriétaire en seize ans et facilitent ainsi l’accès à la petite propriété. Dès le milieu des années 1860, L. de Waha contribue aussi au développement, dans le quartier de Saint-Gilles, à Liège, de plusieurs écoles et jardins d’enfants.

Jusqu’au deuxième tiers du XIXe siècle, il n’existait, à Liège, aucun établissement scolaire formant les jeunes filles à l’Université, hormis les couvents ou les écoles catholiques. À la demande du bourgmestre Julien d’Andrimont encore, et sous la forme d’une société anonyme, Léonie de Waha achète un immeuble rue Hazinelle et y crée l’Institut supérieur de demoiselles (1868), subventionné par la province (1879) puis repris ensuite par la Ville de Liège (1887), et qui deviendra le Lycée de Waha. Placé sous la direction de Pauline Braquaval-l’Olivier, ancienne inspectrice des écoles primaires du Hainaut, « l’Institut supérieur de demoiselles » est donc destiné à favoriser l’accès des filles aux études supérieures ; de surcroît, il se caractérise par son pluralisme philosophique : l’enseignement de chaque culte est donné par un représentant de cette religion, avec faculté d’en être dispensé à la demande des parents. L’Institut est contesté par l’évêque de Liège qui refuse d’admettre la présence d’un prêtre catholique, d’un pasteur et peut-être d’un rabbin dans un même établissement. Lorsque l’Institut est inauguré, l’évêque de Liège, Théodore de Montpellier, excommunie tous ceux qui le fréquentent (direction, personnel enseignant, élèves et parents). Le successeur de l’évêque lèvera la sentence.

Pionnière de l’enseignement féminin, Léonie De Waha encourage aussi les "Djônes Auteûrs Walons", puis fonde et préside l’Union des Femmes de Wallonie dont le programme vise l’autonomie de la Wallonie et l’émancipation de la femme. Par le biais de diverses activités et de la publication de son bulletin, l’UFW se veut le stimulant d’une conscience politique chez les femmes de Wallonie. Féminine et féministe sans excès, sans outrance, en dehors de toute politique partisane et donc ouverte à toutes les femmes qui pensent, à toutes celles que préoccupent le souci de l’équité, de la solidarité, l’amour du sol natal, l’orgueil du peuple wallon énergique et vaillant : telle est, pour ses initiatrices liégeoises, la charte du mouvement.

Sources

DELFORGE Paul, Encyclopédie du Mouvement wallon, t. I, Charleroi, 2000 
LIBON Micheline, L’Union des Femmes de Wallonie (1912-1936). Première approche dans Femmes des années 80 sous la dir. de L. COURTOIS, F. ROSART et J. PIROTTE, Louvain-la-Neuve, 1989, p. 185-191
LOTHE Janine, Les débuts du Mouvement wallon, dans Wallonie, Le Pays et les Hommes, op. cit., p. 202 
LAMBOTTE Emma, Une grande wallonne, Léonie de Waha de Chestret, 1836-1926, Imprimerie la Meuse, 1927
VAN SANTBERGEN René, Léonie de Waha dans Biographie nationale, t. 39, fasc. 2, col. 825-836 
DE WaHA Léonie    D77    Léonie De Waha (s.d.) – Photo extraite de Lambotte E Une grande wallonne, Léonie de Waha de Chestret, 1836-1926, 1927, p. 46.

De Waha Léonie

Officier (Historique)

TILFF 31.03.1836 – LIÈGE 08.07.1926

Issue de deux grandes familles aristocratiques libérales, étroitement liées à l’Histoire de Liège, Léonie de Chestret de Haneffe s’affirme très jeune d’opinion libérale, démocrate, tolérante et croyante. En 1863, elle épouse un jeune docteur en droit impliqué dans les bibliothèques populaires, le baron Victor de Waha de Baillonville, qui décède quatre ans plus tard.

Jeune veuve, sans enfant, elle décide de se consacrer à la collectivité et s’investit dans l’éducation des jeunes filles, alors inexistante hors des institutions catholiques. C’est ainsi qu’en plus de patronner de très nombreuses œuvres caritatives, elle crée, en 1868, l’Institut supérieur de Demoiselles, où l’enseignement se veut : « pratique, national et franchement conforme à nos idées constitutionnelles ». Chaque culte y a sa place, avec la faculté d’en être dispensé sur demande des parents, ce qui entraîne la farouche opposition de l’évêque de Liège qui excommunie ceux qui fréquentent l’Institut. La polémique s’éteindra avec le temps et la ville de Liège reprendra l’institution sous son aile en 1878.

Se penchant sur le programme d’Histoire, Léonie de Waha souhaite que ce dernier porte davantage sur l’Histoire locale. C’est donc naturellement que cette Liégeoise s’investit dans le Mouvement wallon du début du XXe siècle et correspond, notamment, avec Julien Delaite et Jules Destrée. Elle plaide alors pour une régionalisation fondée sur l’autonomie linguistique des Wallons, des Flamands et des Bruxellois dans le cadre d’un même Etat.

Encourageant les Djônes Auteûrs Walons, elle fonde, le 28 octobre 1912, l’Union des Femmes de Wallonie. Dans le prolongement du congrès wallon (juillet), de La Lettre au roi de Jules Destrée (15 août) et de l’Assemblée wallonne (20 octobre), cette organisation ambitionne de stimuler une conscience politique wallonne chez les femmes de Wallonie.

A ce titre, elle propose à l’Assemblée wallonne de 1913 de choisir le perron aux couleurs liégeoises comme emblème de la Wallonie. Si le coq est finalement préféré au perron, ce sont bien les couleurs liégeoises qui figurent aujourd’hui encore sur le drapeau wallon. Toujours dans un registre symbolique, elle fait adopter la « gaillarde », grande marguerite au cœur rouge, comme fleur nationale de Wallonie par l’Assemblée wallonne du 17 février 1914.

Après 1918, à plus de soixante-dix ans, elle continue de présider l’Union des Femmes de Wallonie et d’écrire dans des revues wallonnes comme La Barricade et La Femme wallonne. Elle laissera longtemps le souvenir d’une personnalité à la fois érudite et frondeuse, typiquement wallonne, qui se définissait elle-même comme : une vieille Liégeoise qui, depuis 1848, rêve de l’autonomie de sa Patrie wallonne.

Léonie de Waha fut faite officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.

Orientation bibliographique :

Paul DELFORGE, DE WAHA DE CHESTRET Léonie, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 1974.
René VAN SANTBERGEN, WAHA Léonie de, dans Biographie nationale, t. 39, col. 825-836.