G. Focant 

Fontaines du prince-abbé Jacques de Hubin

Avant-dernier prince-abbé de Stavelot-Malmedy de 1766 à 1786, Jacques de Hubin est le commanditaire de plusieurs monuments installés dans les deux villes d’importance de sa principauté.

À Stavelot, la plus symbolique reste la fontaine-perron de la place Saint-Remacle. Cette imposante fontaine-abreuvoir érigée en calcaire est en effet surmontée d’un perron, symbole des libertés stavelotaines. Le chronogramme figurant sur le monument rappelle la date de son érection (1769) ainsi que son commanditaire : « PRINCIPE JACOBO IRRORANT NOS FLVMINA PACIS STAT FONS ET CLARIS HAEC LOCA SPARGIT AQVIS » (Sous le règne de Jacques, des flots de paix nous arrosent. 

Une fontaine est érigée et arrose ces lieux de ses eaux claires). Plus haut, la devise de Jacques de Hubin, « Fluvius Pacis » (fleuve de paix), est insérée dans un cartouche armorié. Le monument est composé de trois parties distinctes : une large vasque octogonale dans laquelle repose un bloc fontaine carré et gonflé dans l’esprit baroque et décoré d’une tête de cracheur à chacun de ses angles ; un perron de section carrée court sur toute la surface et repose sur quatre loups assis, symbole de saint Remacle et de la principauté. La fontaine est l’œuvre du sculpteur français Dominique Truc, établi à Bomal depuis 1769, qui avait conclu un contrat avec le magistrat de Stavelot pour l’érection de cette fontaine, classée depuis le 25 janvier 1935.

La fontaine de la rue du Bac © IPW


 La fontaine de la rue du Bac

Toujours à Stavelot, la fontaine située à l’angle de la rue Haute et de la rue du Bac fait partie d’un lot offert à la ville par Jacques de Hubin en 1777. Deux autres, quasi identiques, subsistent encore, l’une à l’angle des rues de la fontaine et Général Jacques et la seconde rue du Vinâve. 

Toutes trois ont été classées comme monument le 14 septembre 1983. À l’arrière de deux bassins rectangulaires, elles présentent un pilier de section carrée couronné d’une belle mouluration. Une dalle de schiste est posée entre les deux bacs.

L’obélisque-fontaine de la place Albert Ier. Photo G. Focant © SPW-Patrimoine

Enfin, Malmedy conserve également une imposante fontaine offerte par le même prince-abbé : au centre de l’actuelle place Albert Ier, cet obélisque en calcaire fut édifié en 1781 avec l’aide financière de Jacques de Hubin. Tout comme pour le perron de Stavelot, il y fit graver ses armoiries et sa devise Fluvius pacis, inscription toutefois effacée à la Révolution. Cet obélisque est donc également une fontaine : l’eau s’y déversait par quatre têtes de lions en fonte dans des vasques semi-circulaires, vraisemblablement remplacées au XIXe siècle et aujourd’hui au nombre de trois. L’ensemble, mesurant près de dix mètres de haut, est classé depuis le 29 mai 1952.

 

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

KIK-IRPA, Bruxelles

Eglise Saint-Laurent de Stavelot

Ancienne « Converserie Saint-Laurent » située au bord de l’Amblève, cette petite église consacrée le 26 décembre 1030 fut édifiée selon le modèle le plus simple de la chapelle romane. Elle présente un vaisseau rectangulaire et un chœur à chevet plat ainsi qu’un portail calcaire daté du XVIe siècle. Elle conserve deux sarcophages d’abbés des Xe et XIe siècles provenant de l’abbaye. L’un d’eux est considéré comme le sarcophage de saint Poppon, abbé fondateur et bâtisseur. Découvert en 1896 à l’emplacement de l’abbatiale et sculpté dans la pierre dans un style des plus dépouillés, il est daté de 1048.

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

© Buste reliquaire de Saint-Poppon, 1626 - Église Saint-Sébastien de Stavelot

Poppon

Eglises

Deynze 973, Marchiennes 21/01/1048


Avant de se tourner vers l’Église, le réformateur et futur abbé de Stavelot Poppon embrasse la carrière de chevalier. Entré au monastère de Saint-Thierry à Reims, il fait la rencontre de Richard de Saint-Vannes, vers 1008, qui le nomme prieur du monastère de Saint-Vaast.

En 1020, Henri II le fait abbé de Stavelot, à la mort de Bertrand. C’est ici que commence sa carrière de réformateur. Avec quelques moines, il instaure une discipline austère au monastère de Stavelot-Malmedy. Il y construit également un nouveau monastère et une nouvelle église et enrichit le trésor d’objets d’art. Son action vise, en effet, à développer le culte des reliques, à renouveler et agrandir les édifices religieux, à promouvoir les études et les arts et à assurer la prospérité matérielle de la maison. 

Après Stavelot, Poppon réforme le monastère de Saint-Laurent à Liège, où, après de nombreuses difficultés, il assure sa prospérité durant un demi-siècle. Chargé de la direction du monastère de Saint-Trond, il intervient encore à Waulsort, mais aussi dans le diocèse de Cambrai, dans les abbayes de Saint-Ghislain, de Haumont, de Saint-Vaast et de Marchiennes, où il mourut.

 

Sources

Alfred CAUCHIE, dans Biographie nationale, t. 18, col. 43-53.
Paul GUÉRIN, Les Petits Bollandistes : vies des Saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, des martyrs, des pères, des auteurs sacrés et ecclésiastiques, des vénérables et autres personnes mortes en odeur de sainteté, t. 1 : Du 1er au 26 janvier, p. 609-612