La Belgique a cessé d’être neutre (1919-1936)

Après les événements de la période 1914-1918, les territoires rhénans sont occupés par les forces alliées pour une période provisoire. Des troupes françaises, américaines, anglaises et même belges sont chargées du maintien de la paix en Rhénanie, chacun dans une zone déterminée (en 1923, la France suppléera le départ des Américains).
Après l’Armistice, il est apparu difficile que la Belgique conserve son statut de pays neutre, statut imposé par le traité des XXIV Articles (1831-1839). Des négociations ont été menées pour conclure un traité belgo-franco-britannique mais elles échouent. Le 7 septembre 1920, un accord militaire est approuvé par les gouvernements de la France et de la Belgique. Cet accord d’états-majors présente un caractère défensif ; dirigé contre l’Allemagne, il doit jouer dans « le cas d’une agression militaire non provoquée ».
Application de cet accord, les troupes françaises et belges viennent occuper la Ruhr en 1923 et 1924 afin de marquer la désapprobation des deux pays face aux retards du gouvernement de la République de Weimar dans le paiement des dommages de guerre prévus par les traités de Versailles (la France occupe seule d’autres villes). Le soutien ferme initialement consenti par l’Angleterre s’est transformé en démarche de conciliation prenant en compte les difficultés rencontrées par l’Allemagne. Pressentant que les dispositions de Versailles ne seraient pas respectées, la France et la Belgique ont ainsi tenté d’obtenir les réparations dues par la force, en occupant les centres de production de charbon, de fer et d’acier de la vallée de la Ruhr (janvier 1923). Cela provoque de vives tensions au sein de la République de Weimar ; des attentats sont perpétrés contre les troupes belges ; une république rhénane autonome est proclamée à Aix-la-Chapelle (octobre) ; finalement, en 1924, l’ordre est rétabli et les troupes d’occupation finissent par se replier (août 1925). En octobre 1925 est ratifié le Traité de Locarno ou Pacte rhénan entre l’Allemagne, la Belgique, la Grande-Bretagne, la France et l’Italie. Ce texte établit une garantie mutuelle des frontières franco-allemandes et belgo-allemandes ; la Belgique se retrouve donc, à la fois, garantie et garante. En 1930, la Rhénanie est totalement évacuée, cinq ans plus tôt que ne le prévoyait le traité de Versailles.

Référence
DamiA28


Institut Destrée (Paul Delforge et Marie Dewez) - Segefa (Pierre Christopanos, Gilles Condé et Martin Gilson)