Socio-économique
1er avril 1964
Grève des médecins et réforme Leburton

Devenu ministre dans le gouvernement Lefèvre qui succède à la Grève wallonne de l’hiver 1960-1961, Edmond Leburton entreprend de réformer en profondeur l’assurance maladie-invalidité. La loi qu’il fait voter en juillet 1963 vise à étendre l’assurance-maladie à d’autres catégories que les salariés, comme les indépendants et les étudiants, et à réduire l’écart entre les remboursements tarifés de l’assurance et les honoraires réclamés par les praticiens, en établissant des conventions négociées entre les mutualités d’une part, les praticiens de l’autre, en fonction de leur spécialité (généralistes, dentistes, bandagistes, kinés, etc.). Après de longues négociations stériles (août-décembre 1963), les médecins refusent de se « conventionner » au 1er janvier 1964 et profitent du temps de la discussion pour s’organiser. Un jeune médecin, André Wynen, crée notamment un syndicat qu’il va présider de nombreuses années. Le 1er avril 1964, une immense majorité de médecins se met en grève au nom de la liberté, de l’indépendance professionnelle et de la protection du secret médical ; certains dénoncent « la menace du collectivisme rouge », à tout le moins de la Mutualité socialiste. Craignant d’être réquisitionnés, des praticiens s’exilent provisoirement dans les pays voisins, tandis que les couloirs des hôpitaux se remplissent et que des médecins militaires sont rappelés d’Allemagne. Finalement, c’est l’intervention des recteurs d’université qui met un terme à trois semaines de grève quand les chambres syndicales de médecins reviennent à la table des négociations (avril 1964). La crise a posé la question du statut des acteurs médicaux en Belgique et celle de l’accès de la médecine au plus grand nombre. Sortant vainqueur de son bras de fer, Edmond Leburton laisse son nom à cette réforme majeure.