Depuis les premiers jours du royaume de Belgique, les patrons d’industrie et leurs représentants au Parlement se refusent à toute intervention de l’État pour réguler le travail, quel qu’il soit et quel qu’en soit l’exécutant. Que des enfants de 8 à 12 ans se retrouvent à l’usine ou à la mine est davantage la norme que l’exception dans la Wallonie industrielle. Leur petite taille et leur agilité constituent des atouts. Ainsi, à Verviers, ils se glissent sous les métiers à tisser en action pour rattacher entre eux les fils rompus, évitant ainsi l’arrêt des machines… Travaillant de 5 h du matin à 22 heures, une masse d’enfants « rattacheurs » décident de contester leurs conditions de travail : le 22 novembre 1868, ils sont quelques dizaines à défiler dans les rues de Hodimont, aux portes de Verviers. Que veulent-ils ? Ne plus travailler qu’entre 6 heures du matin et 19 heures !
En soi, une grève d’enfants est assez exceptionnelle. Elle le reste même si l’on sait que Verviers bouillonne alors de revendications sociales et républicaines auprès de centaines d’ouvriers que fédère la Société des Francs-Ouvriers, section de l’Association internationale des Travailleurs.