Paul Delforge
Monument Docteur HAQUIN
Monument au docteur Haquin, réalisé par Gustave Jacobs, 30 août 1936.
Surnommé le « médecin des pauvres », le docteur Ulysse Haquin était un médecin généraliste, originaire de Gilly où il était né en 1865, qui s’était installé dans la commune de Quaregnon, en 1889. Au cœur du bassin minier et industriel, il porte une attention particulière à la classe ouvrière ; on le sait disponible et il n’hésite pas à soigner gracieusement. Après la Grande Guerre, il crée la « Consultation des Nourrissons » de Quaregnon. Après son décès en 1933, l’initiative est prise de lui élever un monument. Les autorités locales confient sa réalisation à Gustave Jacobs (1891-1986). Davantage qu’un buste ou une simple plaque commémorative, l’artiste réalise un monument caractéristique de cette époque. Il place en effet une statue en bronze d’une femme tenant son enfant dans les bras devant une haute stèle en pierre, de forme rectangulaire, et fait apparaître dans la partie supérieure un médaillon ; il y représente le profil gauche du docteur Haquin. La superposition du médaillon par rapport à la statue donne l’impression que le médecin continue à veiller sur ses patients. Sur la stèle verticale apparaît la dédicace gravée dans la pierre :
AU
DOCTEUR
HAQUIN
Sur le socle portant l’ensemble, sous la statue de bronze, a été gravée la mention :
LA COMMUNE RECONNAISSANTE
Situé à l’extrémité de la place Nicolas Jenart, dans un cadre fort arboré, l’ensemble monumental se trouve actuellement juste devant le CPAS de la localité. Il porte la signature du sculpteur montois Gustave Jacobs à qui l’on lui doit de nombreux bas-reliefs et monuments à Mons, que ce soit à l’hôtel de ville, au gouvernement provincial, ou dans les rues de la ville. Ami d’Anto Carte qui lui avait dressé le portrait, formé aux Académies de Mons et de Bruxelles, Jacobs a donné son nom à un jardin de Mons, au bas de la rue d’Havré. En dehors de Mons, le sculpteur – influencé par l’Art déco – signe plusieurs monuments (parfois aux morts de la Grande Guerre) dans l’espace public wallon, essentiellement dans le Hainaut ou le Namurois (Wasmes, Gembloux… ou ici à Quaregnon), ainsi qu’à Bruxelles. Professeur de sculpture et directeur de l’École des Arts et du Dessin de Saint-Josse-ten-Noode, il livre des bustes et expose, à partir de 1925, avec le Cercle « Bon Vouloir » à Mons. Sculpteur apprécié, il a déjà obtenu le Prix du Hainaut lorsqu’il termine le monument du docteur Haquin, inauguré le 30 août 1936.
Jurbise, Lens, Quaregnon et Saint-Ghislain, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Liège (Mardaga), 2007, p. 172
http://www.vanderkrogt.net/statues/land.php?land=BE&webpage=ST&page=5 (s.v. août 2013)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 746
Le Thyrse, 1er septembre 1936, n°9, p. 267-276
place Nicolas Jenart – 7390 Quaregnon
Paul Delforge
Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam
Bas-relief Porphyre-Augustin DRUART
Bas-relief en mémoire de P.A. Druart, réalisé par A. Regnier, 21 septembre 1936.
Sur la façade de l’hôtel de ville de Quaregnon, à gauche de la porte d’entrée principale, un imposant bas-relief en cuivre rend hommage
AU
SOUS-LIEUTENANT
P.A. DRUART
1868-1898
MORT en AFRIQUE
AU SERVICE DE
LA CIVILISATION
Sur fond de palmiers, une Africaine tient entre ses mains le médaillon représentant le profil gauche de Druart. L’initiative de ce mémorial revient au Cercle africain borain, soutenu dans sa démarche par la commune de Quaregnon. Plusieurs incertitudes et interrogations entourent ce bas-relief qui semble avoir été inauguré le 21 septembre 1936 pour célébrer le 4e anniversaire du Cercle africain borain.
Association fort active, le Cercle réunit des anciens d’Afrique qui veulent honorer la mémoire de ceux qui contribuèrent à l’épopée belge en Afrique, tout en créant un réseau de solidarité entre ses membres revenus au pays. À diverses reprises, avant la Seconde Guerre mondiale, ce dynamique Cercle africain borain appose des plaques commémoratives bien en vue dans l’espace public de Wallonie, afin d’affirmer sa conviction de l’œuvre civilisatrice entreprise par les « blancs » en Afrique noire.
Le parcours de Porphyre-Augustin Druart n’a cependant rien de glorieux. Natif de Quaregnon, fils de Charles-Louis Druart et d’Isabelle-Augustine Dufrasne, le jeune homme avait accompli son École moyenne quand il s’engage à l’armée. Entré au 2e Chasseurs à cheval en 1891, brigadier en 1892, maréchal des logis en 1894, sous-lieutenant de réserve en 1897, il s’engage comme sous-lieutenant dans la Force publique de l’État indépendant du Congo. Il quitte l’Europe durant l’été 1897 et est affecté à Boma, puis à Bomokandi. C’est là qu’il décède quelques mois plus tard, atteint d’une gastro-entérite aigue (février 1898).
Si une incertitude demeure quant à l’année de naissance de P-A. Druart (1868 selon la plaque commémorative, 1862 selon la Biographie coloniale), on peut aussi s’interroger sur les raisons du choix de ce sous-lieutenant comme objet d’une plaque commémorative par le Cercle africain borain. Ses origines boraines n’expliquent pas tout. Par ailleurs, si la date de l’inauguration est correcte (septembre 1936), on ignore sur quel bâtiment, la plaque fut originellement apposée. L’actuel hôtel de ville qui accueille la plaque lui est en effet postérieur. La première pierre de l’hôtel de ville de Quaregnon a été posée le 18 octobre 1937 et son inauguration a eu lieu le 11 septembre 1938.
Quant au sculpteur A. Regnier, il est aussi l’auteur du bas-relief placé sous le porche d’entrée de l’hôtel de ville de Mons, et qui rend hommage aux pionniers belges au Congo.
Sources
Marthe COOSEMANS, dans Biographie coloniale belge, t. V, 1958, col. 271-272
Cor ENGELEN, Mieke MARX, Dictionnaire de la sculpture en Belgique à partir de 1830, Bruxelles, août 2006, t. VI, p. 3019
Grand Place
Quaregnon
Paul Delforge