Code postal
4970
no picture

Traces liées à la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy

De nombreux autres bâtiments et monuments sont liés de près ou de loin au passé principautaire stavelotain parmi lesquels ceux cités ci-après.

1. Anthisnes, château d’Ouhar, fief de l’avouerie d’Anthisnes dès 1470 relevé par de nombreuses familles nobles. Construit vers 1647 par Laurent de Charneux, membre du Conseil ordinaire du prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688).

2. Anthisnes, fief Baré ou fief d’Omalius, également lié à l’avouerie d’Anthisnes. Résidence entre autres de Jean d’Omalius, greffier de la Haute Cour de Liège. Ensemble clôturé des XVIIe et XVIIIe siècles.

3. Anthisnes, seigneurie de Vien, demeure néoclassique bâtie vers 1770 par un échevin de la Haute Cour de Liège.

4. Ces trois premiers lieux ci-dessus furent souvent les témoins de hauts faits et l’habitation de grands personnages liés à la principauté de Liège. En vertu du contrat d’échange entre Charles-Nicolas d’Oultremont et Jacques de Hubin du 23 avril 1768, il faut toutefois les compter dans les possessions stavelotaines à la fin de l’Ancien Régime.

5. Clavier (Atrin), ancienne ferme d’Atrin ou château d’Atrin, seigneurie relevant de la Cour féodale de Stavelot. Citée pour la première fois en 959, la seigneurie fut la propriété des sires de Houffalize au XIVe siècle et de Jean, roi de Bohème et comte de Luxembourg, à partir de 1338. Conrad de Terwangne de la Tour, seigneur d’Atrin vers 1490, fut gentilhomme de l’Assemblée de l’État de la Principauté tenue en l’abbaye de Bernardfagne. Bien de la famille de Méan de 1660 à la Révolution.

6. Clavier (Atrin), pire al gâte, borne seigneuriale aux blasons effacés.

7. Clavier/Ocquier (Amâs), château d’Amâs, relevant en fief de la Cour féodale de Stavelot. Solide construction comprenant des parties érigées entre le XVIe et le XIXe siècle.

8. Clavier/Ocquier, église Saint-Remacle, dalle funéraire de Nicolas de Vervoz d’Amâs, châtelain de Logne.

9. Comblain-au-Pont, tour de l’ancienne église Saint-Martin, au milieu du cimetière désaffecté encore fermé par une enceinte fortifiée, ancienne tour refuge de l’époque romane.

10. Comblain-au-Pont/Poulseur, tour de Poulseur ou de Renastienne, ancienne seigneurie luxembourgeoise passée au XIVe siècle aux mains de la famille stavelotaine des Weismes, sires de Reinhardstein. Sans doute construction de la fin du XIIIe siècle remaniée par après.

11. Comblain-au-Pont/Poulseur, neuve cense, siège de l’ancien fief du Many cité au XIIIe siècle, qui passa ensuite entre les mains de diverses familles jusqu’au XVIIIe siècle.

12. Ferrières/Xhoris (Saint-Roch), ancien monastère de Bernardfagne, actuel collège Saint-Roch, lieu de réunion de l’assemblée des officiers et gentilshommes du comté de Logne. Fondé en 1155 avec l’appui de l’abbé de Stavelot, il fut entièrement détruit à la fin du XVe siècle et reconstruit par la suite.

13. Grâce-Hollogne/Horion-Hozémont, château de Horion, siège de la seigneurie de Pas-Saint-Martin et de la vouerie de Horion. La commune de Horion-Hozémont réunissait sous l’Ancien Régime les seigneuries de Horion et de Pas-Saint-Martin, faisant partie de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy et les seigneuries de Hozémont et de Lexhy, faisant partie de la principauté de Liège.

14. Hamoir/Comblain (Fairon), ancienne Cour de justice dépendant du chapitre de Malmedy. Construction du XIXe siècle comprenant des parties anciennes du XVIIe siècle.

15. Hamoir/Filot, ferme et ancien moulin banal des Gottes ou d’Insegotte, propriété des abbés de Stavelot-Malmedy à partir de 1597.

16. Hamoir/Filot, édifice nos 36-38 rue de Logne, ancien lieu de réunion des plaids généraux et des chefs de famille sous l’Ancien Régime.

17. Lierneux/Bra (Noirefontaine), château-ferme de Noirefontaine, ancienne résidence campagnarde d’été des princes-abbés de Stavelot-Malmedy. Peut-être construite pour la première fois en 1540, détruite et relevée de ses ruines au XVIIIe siècle.

18. Olne/Mont-Saint-Hadelin, ancienne maison scabinale ou maison Ancion. Seigneurie de Mont-Saint-Hadelin, appartenant à la principauté abbatiale (quartier de Louveigné) mais enclavée dans le ban d’Olne (pays d’Outremeuse, duché de Brabant).

19. Sprimont/Louveigné, tour Lempereur ou tour forte, siège d’un fief de la principauté de Stavelot. Une avouerie confiée aux seigneurs de Fraipont et une prévôté y dépendaient de la châtellenie de Logne jusque tard dans l’Ancien Régime.

20. Stoumont/Chevron, maison forte, ancien château de Chevron, siège d’une cour de justice ressortissant à la Haute Cour de Stavelot et résidence des mayeurs héréditaires de Chevron du XVe au XVIIIe siècle. Bâtisse reconstruite en 1640 par le mayeur N.-L. de Harre et démolie en 1865 ; seule une ferme subsiste sur laquelle ont été replacées les ancres de l’ancienne maison forte.

21. Stoumont/Chevron, église Notre-Dame, dalle funéraire armoriée de Nicolas-Louis de Harre, « officier héréditaire du ban de Chevron en la Haute Cour féodale de comté de Logne ».

22. Stoumont/Chevron (Les Forges), ancien moulin banal de Chevron, construction probablement du XVe siècle, propriété des princes-abbés de Stavelot-Malmedy à partir du XVIIe siècle.

23. Stoumont/La Gleize, église de l’Assomption de la Sainte-Vierge, dalle funéraire de Guillaume de Froidcourt, seigneur de Froidcourt et châtelain de Logne.

24. Stoumont/La Gleize, cimetière, croix de pierre aux armes des la Vaulx-Renard, seigneurs du ban de Roanne, 1784. 25. Stoumont/La Gleize (La Venne), moulin Mignolet, ancien moulin banal de Lorcé, cité en 1670 et reconstruit au XVIIIe siècle.

26. Stoumont/La Gleize (Moustier), cimetière, croix (maçonnée dans le mur d’enceinte) de Jacques Mathieu de Nouville, échevin du ban de Roanne, 1649 et croix armoriée de Gabriel Depresseux de Heilrimont et son épouse, échevin du ban de Roanne.

27. Stoumont/Rahier, église Saint-Paul, pierre tombale de Gilles de Rahier, « seigneur de Rahier et souverain officier des pays de Stavelot et comté de Logne ».

28. Stoumont/Rahier, vestiges de l’ancienne maison-forte de Rahier.

29. Stoumont, château de Froidcourt, ruines de la forteresse du XVe siècle relevant du prince-abbé. Cheminée aux armes de Gilles-Ferdinand de Rahier, podestat et souverain officier de Stavelot et du comté de Logne, membre de l’État noble de Stavelot, provenant de l’ancienne maison-forte de Rahier.

30. Trooz/Fraipont (Haute-Fraipont), château de Haute-Fraipont, siège de la seigneurie du même nom qui relevait de la Cour féodale de Stavelot. Reconstruit après avoir été incendié par des soldats français en 1677, le château était bâti sur les fondations d’une forteresse médiévale dont une partie des murailles est encore visible à l’intérieur de l’aile sud.

4960 Malmedy
4970 Stavelot

Frédéric MARCHESANI, 2013

Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée - Sofam

Stèle et bas-relief Léon RINQUET

Stèle et bas-relief Léon Rinquet, 1984
Réalisé par G. Leven
 

Stèle et bas-relief Léon Rinquet – © Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Située le long du chemin du Grand Biseû, à Hockai, face au cimetière, une stèle dédiée à Léon Rinquet, surnommé le Négus, rend hommage à une personnalité atypique des Hautes Fagnes. Le bas-relief a été réalisé en 1984, par G. Leven.

Docteur en Sciences physiques et mathématiques, Léon Rinquet (Liège 1891 – Xhoffraix 1974) est un professeur de mathématiques qui enseigne dans un athénée du Namurois lorsqu’il perd sa mère à l’entame des années 1930. Cette disparition le rend inconsolable, d’autant qu’il nourrit un profond ressentiment à l’égard du Ministère de l’Instruction publique qui, par une mutation, l’a éloigné de sa mère et l’a empêché de s’en occuper comme il le souhaitait. Fâché avec le monde qui l’entoure, Rinquet abandonne son métier et sa maison ; il a décidé de rechercher la solitude dans les Fagnes. En 1935, il arrive à Xhoffraix où il souhaite ouvrir un refuge pour les « vrais fagnards » et choisit d’acheter quatre hectares de landes et de l’installer sur « le Fraineu », entre la route de Hockai et le ru des « Trôs Marêts » d’où le panorama est inégalable.

En quelques mois, et malgré l’opposition des Amis de la Fagne qui craignaient la multiplication de tels projets, Rinquet construit une imposante cabane en bois, au toit de chaume, capable d’accueillir plusieurs hôtes, dans des conditions de vie consciemment « spartiates ». Le mauvais sort devait cependant s’acharner sur Rinquet : le 26 août 1937, la foudre s’abattait sur sa construction et la transformait en torchère, ruinant ses espoirs comme ses ressources. Néanmoins, il se remit à l’ouvrage et une cabane plus modeste était accessible quand survinrent les hostilités de la Seconde Guerre mondiale. Prise pour cible par les Allemands opérant des manœuvres dans les territoires annexés, la cabane de Rinquet ne résiste pas. Rinquet est contraint de trouver refuge à Hockai. Après la Libération, délivrant des cours particuliers dans la région, Rinquet reconstruit un troisième abri, bien différent des deux premiers, car aménagé dans le sol et finalement à son seul usage. C’est la neige cette fois qui a raison de la résistance du toit… Surnommé le Négus notamment en raison de son faciès, Rinquet réintègre progressivement la société et fait partie intégrante de la communauté villageoise de Xhoffraix. Son itinéraire atypique a fait l’objet de diverses légendes et les médias se sont intéressés à son histoire.

Le souvenir du Négus reste à ce point vivant dans la région qu’un monument lui a été consacré. Sur une stèle en pierre assez rustique, un sobre et artistique bas-relief signé G. Leven, et datant de 1984, représente le facies du personnage avec l’indication :

LEON RINQUET
DIT
« LE NEGUS »
1891-1974


Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse (articles de (Vers) l’Avenir)
http://lunoveleup.e-monsite.com/pages/dans-la-region/les-hautes-fagnes.html 
http://gite-ardennais.com/cabanedunegus.html 
http://www.neve-trek.be/roadbook/roadbook1/test.html (s.v. juin 2014)

 

Chemin du Grand Biseû
Face au cimetière
4970 Hockai

carte

Paul Delforge

G. Focant - SPW

Vestiges de l’abbatiale Saint-Remacle

Véritable témoin d’un pouvoir souverain sous l’Ancien Régime, le site de l’abbaye de Stavelot a subi les affres du temps pour parvenir jusqu’à nous avant sa restauration complète par la Région wallonne achevée en 2002. Ancienne abbaye bénédictine fondée au milieu du VIIe siècle par saint Remacle, elle devient au fil des siècles un complexe de grande importance dont subsistent actuellement les vestiges archéologiques de l’abbatiale, la porte de l’abbaye, les bâtiments de service à sa gauche, la façade sur cour du Conseil de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy à sa droite et les bâtiments abbatiaux disposés autour du cloitre.

Comme bien d’autres édifices religieux, la très belle abbatiale fait les frais du passage des troupes françaises à Stavelot. Le seul témoin conservé de cette église se trouve en face des vestiges archéologiques. Miraculeusement épargnée, une tour carrée de moellons de grès et de calcaire présentant des bases romanes témoigne de la consécration du bâtiment par l’abbé Poppon, en 1040. La tour est ensuite, dans sa partie supérieure, le témoin de la reconstruction de l’église par Guillaume de Manderscheidt en 1536.

Route de Wavreumont 9
4970 Stavelot

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014

 IPW

Anciennes bornes aux frontières de la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy

Les frontières de l’ancienne principauté abbatiale conservent de nos jours un nombre considérable de bornes anciennes dont trois sont classées. Sept sites ont ainsi retenu notre attention.


Anthisnes

La borne Liège-Stavelot devant l’avouerie d’Anthisnes © IPW

Une borne marquant la frontière entre les principautés de Liège et de Stavelot-Malmedy est située devant le bâtiment de l’avouerie d’Anthisnes. Elle est aujourd’hui le témoin d’un bornage plus conséquent effectué sur le domaine d’Anthisnes et étant le résultat d’un événement pour le moins important. Propriété ecclésiastique appartenant à l’abbaye de Saint-Laurent de Liège, Anthisnes releva de la principauté de Liège jusqu’au 23 avril 1768 lorsque, suite à un contrat  d’échange entre le prince-évêque Charles-Nicolas d’Oultremont et le prince-abbé Jacques de Hubin, le domaine passa dans le giron de la principauté de Stavelot-Malmedy. Le bornage réalisé la même année devait donc sceller cet accord et rectifier le tracé des frontières entre les deux principautés.

Cette pierre calcaire est installée de nos jours devant le no 19 de l’avenue de l’abbaye. De section carrée, elle se termine par une petite pyramide galbée et porte des inscriptions gravées sur trois de ses faces : LG et l’emblème du perron d’un côté, la mention STAVELOT d’un autre côté et la date de 1768 sur un troisième.

Une seconde borne se situe dans l’entité d’Anthisnes, dans le hameau de Les Floxhes. Proche d’une grosse ferme des XVIIe et XVIIIe siècles constituant la principale construction du lieu, il s’agit à nouveau d’une borne-frontière des anciennes principautés de Liège et de Stavelot-Malmedy qui est elle aussi un témoin de la rectification du tracé des frontières en 1768. Comme sa jumelle, elle se présente sous la forme d’un pilier quadrangulaire en calcaire d’environ 1 m de hauteur, à terminaison sphéroïdale cette fois, et porte les mêmes inscriptions sur trois de ses faces.


Clavier


L’entité de Clavier conserve trois bornes stavelotaines, toutes les trois classées le 14 mars 1940, qui témoignent de l’importance de la famille d’Argenteau, propriétaire de la seigneurie d’Ochain. Le territoire de l’actuelle entité de Clavier était sous l’Ancien Régime divisé entre la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy et le duché de Luxembourg. Les seigneuries d’Ochain et de Vervoz étaient luxembourgeoises et celle d’Atrin, stavelotaine.

La pire al Messe, difficilement localisable, se situe dans le hameau d’Atrin, siège d’une seigneurie citée pour la première fois en 959 dans un acte de donation à l’abbaye de Stavelot. La seigneurie fut ensuite notamment propriété du comte de Luxembourg. Mesurant approximativement 1,3 m de hauteur, en calcaire, il ne s’agit pas d’une borne-frontière d’État. La croix d’Argenteau et les lettres mutilées OCHA marquent la limite de la seigneurie d’Ochain. Toutefois, une autre face de cette borne est gravée du loup de saint Remacle, emblème de la principauté de Stavelot.

Devant le no 71 de la route de Bois à Clavier même, la pierre du Fond du Val est aussi une borne-frontière, une fois de plus entre les deux principautés. Haute de 1,25 m, elle se présente sous une forme à peu près conique et est décorée d’un écu frappé aux armoiries de la famille d’Argenteau ainsi
que d’un cartouche comprenant le millésime 1611. Il s’agit d’une borne placée sous l’épiscopat et l’abbatiat d’Ernest de Bavière alors maître des deux principautés.

À côté du no 10, rue de Vervoz, la pierre au Loup est encore une borne-frontière entre Liège et Stavelot. Elle fut installée en 1615 par Ferdinand de Bavière, prince-évêque de Liège et prince-abbé de Stavelot-Malmedy comme son prédécesseur. Haute de 1,30 m, elle porte tout comme sa jumelle l’écu de la famille d’Argenteau, toutefois très effacé et un cartouche millésimé. De l’autre côté se trouve un cartouche portant le même millésime et un écu orné du loup de saint Remacle surmonté des initiales S◆A.


Waimes

La pierre à trois coins. Photo de 1925 © KIK-IRPA, Bruxelles


L’actuelle commune de Waimes compte un nombre conséquent de témoignages des anciens bornages principautaires. Dès 670, la plus grande partie du territoire de Waimes était comprise dans le domaine de l’abbaye de Stavelot. Au Xe siècle, la frontière se fixant plus à l’est, le village se trouve complètement absorbé dans la principauté abbatiale. Les seigneurs de Waimes fournirent ainsi plusieurs mayeurs et podestats. La plus importante des bornes conservées aujourd’hui est située à Botrange et date de 1775. 

Cette pierre à trois coins se trouve au départ de l’allée Marie-Thérèse et porte des inscriptions sur ses trois faces : LUX, LIM et STAVELOT. L’endroit est symbolique et chargé d’histoire : à cet endroit, la principauté de Stavelot-Malmedy rencontrait les territoires des duchés de Luxembourg et de Limbourg, alors tous deux possessions autrichiennes. En 1755-1756, le prince-abbé Alexandre Delmotte avait cédé à l’impératrice Marie-Thérèse la route de Sourbrodt et la Fagne Rasquin. Cette négociation mettait fin à un long conflit autour des limites entre Robertville et Sourbrodt et fut à l’origine de l’installation de 30 bornes. 

À partir de la pierre à trois coins, une série de dix bornes, dites « Marie-Thérèse », sont conservées et situées entre Sourbrodt et la rivière Helle. Elles rectifient le tracé des frontières au détriment du territoire stavelotain. Plusieurs d’entre elles portent selon l’endroit les inscriptions LUX, LIM ou MALME et toutes font l’objet d’une protection par classement. C’est aussi le cas pour trois bornes Stavelot-Luxembourg près de Botrange, vers la petite Hesse et dans les bois de Sourbrodt.

Non loin de là, sur le site de la Baraque Michel, est conservé le Boultè, peut-être autrefois l’ancien perron de Malmedy. Planté en bordure de la grand-route, il est considéré comme un des monuments les plus caractéristiques de la Fagne et a peut-être également servi de monument indicateur. Il s’agit d’une haute colonne de près de 5 m en forme de baratte (un boultè), annelée en son milieu et surmontée d’une pomme de pin. Mystérieux, le monument ne possède aucune inscription.

Frédéric MARCHESANI, 2013

KIK-IRPA, Bruxelles

Eglise Saint-Laurent de Stavelot

Ancienne « Converserie Saint-Laurent » située au bord de l’Amblève, cette petite église consacrée le 26 décembre 1030 fut édifiée selon le modèle le plus simple de la chapelle romane. Elle présente un vaisseau rectangulaire et un chœur à chevet plat ainsi qu’un portail calcaire daté du XVIe siècle. Elle conserve deux sarcophages d’abbés des Xe et XIe siècles provenant de l’abbaye. L’un d’eux est considéré comme le sarcophage de saint Poppon, abbé fondateur et bâtisseur. Découvert en 1896 à l’emplacement de l’abbatiale et sculpté dans la pierre dans un style des plus dépouillés, il est daté de 1048.

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

SPW-Patrimoine

Abbaye de Stavelot

La façade sud-est de l’abbaye et le fronton aux armes de Joseph de Nollet © IPW

Véritable centre du pouvoir principautaire, l’abbaye de Stavelot a subi les affres du temps pour parvenir jusqu’à nous avant sa restauration complète par la Région wallonne achevée en 2002. 

Ce site exceptionnel est aujourd’hui un témoin privilégié de ce que fut la principauté abbatiale de Stavelot-Malmedy. 

Ancienne abbaye bénédictine fondée au milieu du VIIe siècle par saint Remacle, elle devint au fil des siècles un complexe de grande importance dont subsistent actuellement les vestiges archéologiques de l’abbatiale, la porte de l’abbaye, les bâtiments de service à sa gauche, la façade sur cour du Conseil de la principauté à sa droite et les bâtiments abbatiaux disposés autour du cloître. 

Classée comme monument et comme site le 24 décembre 1958, l’abbaye et son environnement figurent aussi sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie.

L’ancienne porte de l’abbaye et l’arvô © ETC


La porte de l’abbaye, construite par le prince-abbé Guillaume de Manderscheidt, est datée de 1522 par une inscription gothique présente sur l’édifice. 

Élevé en briques et calcaire sur deux niveaux, le bâtiment conserve le souvenir de deux souverains stavelotains : les armes de Guillaume de Manderscheidt, prince-abbé de 1499 à 1546, se trouvent à gauche de la large entrée en plein cintre. Un panneau armorié placé plus haut présente les armes martelées de François-Égon de Fürstenberg, prince-abbé de 1668 à 1692, surmontées du bonnet de prince du Saint-Empire romain germanique. Ce second panneau présente une longue inscription latine qui témoigne des travaux de réfection de l’édifice commandités en 1677 par ce dernier. 

À gauche de la porte subsistent plusieurs bâtiments de service : écuries, brasserie et boulangerie datés de 1714. 

À droite de la porte se trouve l’hôtel du Conseil de la principauté, millésimé 1717. Élevé en briques et calcaire et comptant cinq travées sur deux niveaux, le bâtiment a toutefois subi des modifications dans la seconde moitié du XXe siècle ; seule la façade principale est aujourd’hui conservée en l’état. 

Ce bâtiment abritait les séances du Conseil d’État, organisées sous la présidence du prince-abbé ou de son représentant et auxquelles participaient les deux prieurs de Stavelot et Malmedy ainsi que plusieurs conseillers. C’est à cet endroit que se trouvait également le quartier du Prince, édifié en 1718 mais lui aussi modifié par la suite.

Les armoiries du prince-abbé François-Égon de Fürstenberg sur l’ancienne porte de l’abbaye © IPW



Les bâtiments conventuels constituent de nos jours la partie la plus imposante des vestiges de l’abbaye. 

Devenus propriété de la Région par bail emphytéotique et restaurés entre 1999 et 2002, ils abritent aujourd’hui le musée de la principauté de Stavelot-Malmedy ainsi que le musée du circuit de Spa-Francorchamps et le musée Apollinaire. 

Les trois ailes actuelles, construites autour du cloître, avaient été édifiées aux côtés de l’ancienne abbatiale entre 1740 et 1780 en briques et calcaire dans le plus pur esprit classique de l’époque. La quatrième aile du cloître a disparu en même temps que l’église. 

Ces bâtiments conservent encore quelques traces matérielles liées à la présence des souverains stavelotains : la cheminée de la salle du chapitre est frappée des armes de la principauté ; les armoiries du prince-abbé Joseph de Nollet (1741-1753) ainsi que sa devise Nemini infensae sont inscrites sous un fronton courbe à l’ornementation très soignée situé à l’angle sud-est des bâtiments ; enfin, l’aile ouest comporte un fronton triangulaire orné des armes et de la devise de Jacques de Hubin, commanditaire de la reconstruction de deux ailes en 1774.

Les armoiries du prince-abbé Guillaume de Manderscheidt sur la porte de l’ancienne abbatiale © IPW

 



Le seul témoin conservé de l’imposante église abbatiale se trouve en face de ces bâtiments. 

Une tour carrée, élevée en moellons de grès et de calcaire, présente des bases romanes appartenant à l’avant-corps ouest de l’église consacrée en 1040 par le prince-abbé Poppon. Reconstruite en 1536 par Guillaume de Manderscheidt comme l’indiquent un millésime et les armoiries du prince-abbé, la tour domine aujourd’hui les vestiges archéologiques de l’église détruite à la Révolution.

 


 

 

Cour de l'Abbaye 1

4970 Stavelot

carte

Classée comme monument et comme site sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie

Frédéric MARCHESANI, 2013

IPW

Tombe Jacques GEORGIN

Les commentateurs rapides ou partiaux du conflit communautaire ont coutume d’écrire que celui-ci, au contraire de tant d’autres, n’a jamais fait de victimes, voire jamais occasionné de heurts violents. C’est oublier un peu vite ou occulter délibérément ce qu’ont subi les habitants francophones de Fourons dans les années 1970 lorsque les milices flamingantes alors tolérées par les Ministres de l’Intérieur successifs harcelaient régulièrement les Fouronnais sous l’oeil de gendarmes flamands complaisants sinon alliés, et surtout le destin tragique de Jacques Georgin à Bruxelles. 

Né en 1935, à Etterbeek, ce romaniste enseignant à l’Institut technique supérieur de l’État milita au sein de la section bruxelloise du MPW, puis au Front démocratique des Francophones (FDF) dès la création de celui-ci en 1965 et devint secrétaire de sa section de Laeken. 

Lors d’un affichage nocturne pendant la campagne pour les élections communales d’octobre 1970, des membres du Vlaamse Miltanten Orde (VMO), une des plus importantes organisations flamingantes néonazies, le rouèrent de coups le 11 septembre 1970 et Georgin mourut dans la nuit. 

Jacques Georgin fut inhumé dans le caveau familial au cimetière de Stavelot le 8 septembre suivant. L’Association wallonne des Anciens combattants ainsi que la Régionale verviétoise du Rassemblement wallon organisèrent des hommages sur sa tombe au cimetière de Stavelot. Un des meurtriers de Jacques Georgin (tous furent acquittés…) fut candidat sur les listes du Vlaamse Blok en 1994.

Cimetière de Stavelot
4970 Stavelot

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Photo de 1979 © KIK-IRPA, Bruxelles

Ancienne chapelle des Capucins

La chapelle de l’actuel collège Saint-Remacle conserve la mention de quatre princes-abbés. 

Cette ancienne chapelle des Capucins, dédiée à la Vierge, saint Antoine de Padoue et saint François, a été construite en 1659. Elle fut un des rares bâtiments stavelotains à avoir échappé à l’incendie de la localité en 1689. 

Située au fond d’une courette bordée d’arbres, la chapelle est élevée en briques et calcaire et possède une nef unique. 

À l’intérieur se trouve le monument funéraire de Jean Gilson, révérend et conseiller de plusieurs princes-abbés. Daté de 1767, le monument est construit en marbre noir et blanc et porte l’inscription suivante en son centre : « Icy repose le Révérend Seigneur Jean Gilson prêtre bénéficier de Marchienne-au-Pont. Recteur du cantuaire de Warnant, secrétaire et receveur général des Princes Nicolas de Massin, Dieudoné de Drion et Joseph de Nollet et Alexandre de Delmotte, décédé le 30 octobre 1767 ».

carte

Frédéric MARCHESANI, 2013

Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Buste Jacques JACQUES de Dixmude né Jules JACQUES

Buste à la mémoire de Jacques de Dixmude, réalisé par Paul Van de Kerkhove (ou Vande Kerkhove), date inconnue.

Au cœur de Stavelot, à l’entrée de la rue du Châtelet, entre le monument aux morts et l’accès à l’Abbaye, se dresse un buste dédié

Au Général
Baron Jacques de Dixmude
enfant de Stavelot
et héros de 1914-1918


L’inscription gravée sur une plaquette est accrochée sur le mur en béton aménagé pour porter le buste de Jules Jacques de Dixmude (Stavelot 02/1858-Ixelles 11/1928), cet « enfant du pays » qui est honoré comme un héros de la Grande Guerre.
 

Bourgeois actifs dans l’industrie, les parents de Jules Jacques sont originaires de Vielsalm, mais c’est à Stavelot qu’il voit le jour en février 1858, qu’il y passe son enfance et son adolescence avant de partir vers d’autres horizons (Louvain et Bruxelles). 

Diplômé de l’École royale militaire (1878 ou 1882), puis de l’École de guerre (1886), le 4e des 9 enfants Jacques se met au service de Léopold II et embarque pour le Congo (mai 1887) où il va séjourner pendant vingt ans et se distinguer de diverses manières. Tantôt fonctionnaire, tantôt explorateur et meneur d’hommes, il contribue à la mise en place des structures de l’État indépendant du Congo. Plusieurs biographes soulignent l’action anti-esclavagiste menée par ce fervent catholique dans l’Est du Congo, son côté missionnaire, ou bien le choix, par ce fidèle de Léopold II, d’Albertville comme nom pour l’agglomération portuaire dans le bassin de la Lukuga. 

À diverses reprises, « l’Africain » déposera ses armes pour prendre la plume et défendre, dans un style ferme et incisif, la politique coloniale de Léopold II contre les critiques de la presse anglaise qui avait bien identifié en Jules Jacques l’un des principaux dirigeants de plantations d’arbres à caoutchouc, dont l’exploitation se déroulait selon les règles fixées par les occidentaux. Ignorant cette facette de l’Africain, le buste érigé à Stavelot met l’accent sur le rôle joué par le militaire durant la Première Guerre mondiale.

Ayant quitté les bords du Tanganyika en 1904, Jules Jacques retrouve l’Europe en pleine ébullition ; nommé commandant en second de l’École royale militaire (1908), il n’entretient pas de bonnes relations avec son chef, le général Leman ; c’est un euphémisme. Promu lieutenant-colonel en 1913, il est affecté au 12e de ligne comme adjoint au chef de corps. 

En mars 1914, il passe chef de corps et, cinq mois plus tard, se trouve en plein cœur de l’offensive allemande qui déclenche la Première Guerre mondiale. 

Pendant plusieurs jours, il prend part aux combats de Liège qui prennent un caractère héroïque. Jacques est particulièrement impliqué dans la bataille dite du Sart Tilman. 

Conformément aux plans élaborés avant-guerre, il conduit les troupes belges vers le réduit d’Anvers et, en octobre, s’attèle à la défense de la position fortifiée, avant de se retrouver sur le front de l’Yser. 

C’est durant la défense de Dixmude qu’il se distingue particulièrement. L’engagement dont il fait preuve lui vaudra de recevoir le titre de baron (1919) et le droit d’ajouter à son patronyme le nom « de Dixmude » (1924). 

Général-major en avril 1915 puis lieutenant-général en mars 1916, il devient commandant de la 3e division d’armée. 

Après la signature de l’Armistice, il est envoyé à Washington pour représenter le gouvernement belge à la cérémonie d’inhumation du corps du Soldat inconnu (11 novembre 1921). 
 

Salué et récompensé de son vivant, Jacques de Dixmude fait l’objet de nouveaux hommages après son décès, en novembre 1928, survenu à Ixelles, et son inhumation à Vielsalm. 

Des rues et des places portent son nom, tandis que plusieurs initiatives sont prises pour élever une statue ou apposer une plaque commémorative soit à l’un des artisans de la colonisation, soit à l’un des héros de 14-18, en Flandre comme en Wallonie.
 

À Stavelot, le buste que l’on voit en 2015 rue du Châtelet était initialement installé sur un haut socle évasé sur lequel était gravée, sur la face avant, la mention : AU GÉNÉRAL BARON JACQUES de DIXMUDE. L’ensemble se trouvait sur l’un des parterres dans la partie haute (vers le centre-ville) du parc de l’abbaye. Il était non loin dans son endroit actuel, à savoir un espace mémoriel où se trouvent côte à côte une pierre provenant du premier perron de la cité, un monument dédié aux victimes de 14-18, un autre à celles de 1940-1945, une plaque évoquant la libération des camps et une stèle de la route des Droits de l’Homme.
 

Le buste « stavelotain » est une copie de celui inauguré à Vielsalm, en 1930, rue de l’Hôtel de ville. Même si aucune signature n’apparaît, il est dû au sculpteur Paul Van de Kerkhove, sculpteur, statuaire dont on connaît principalement l’imposante statue d’André Dumont, inaugurée sur la place de l’Université à Louvain, en 1922. Reconnu juste avant la Grande Guerre comme un statuaire prometteur, Vande Kerkhove avait alors participé à plusieurs salons de beaux-arts et les œuvres exposées témoignaient d’une recherche évidente destinée à faire apparaître la personnalité figée dans la pierre. Avant-guerre encore, il s’était vu confier une Notre-Dame de Bon Secours pour remplacer celle de Duquesnoy au-dessus du portail de l’église du Bon Secours à Bruxelles.

Sources

http://www.vanderkrogt.net/statues/land.php?land=BE&webpage=ST&page=6 
http://www.ftlb.be/pdf/WAR14-18.pdf
http://www.televesdre.eu/www/stavelot_quand_le_colonel_jacques_de_dixmude_entre_dans_l_histoire-84697-999-89.html 
http://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A8ne_J._de_Bremaecker (s.v. mars 2015)
R.P. J-M. BUCK, Jacques de Dixmude, Bruxelles, Durendal, 1933
Daniel CONRAADS et Dominique NAHOÉ, Sur les traces de 14-18 en Wallonie, Namur, IPW, 2013, p. 196
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 310
Fernand HESSEL, Le général baron Alphonse Jacques de Dixmude pionnier au Congo, héros en Belgique, dans Mémoires du Congo et du Ruanda-Urundi, mars 2014, n°29, p. 11-19
A. ENGELS, dans Biographie coloniale belge, t. II, 1951, col. 497-504
Adam HOCHSCHILD, Les fantômes du roi Léopold. La terreur coloniale dans l’État du Congo. 1884-1908, Paris, 2007
La Vie intellectuelle, 15 juillet 1914, n°1, p. 41 (dirigée par Georges Rency)
M. VOORDECKERS, Resultaten van het onderzoek over hel standbeeld van Justus Lipsius, ontworpen door Jules Jourdain, en over het standbeeld van André Dumont door de beeldhouwer Paul Van de Kerkhove, beide opgericht te Leuven in het begin van de Twintigste eeuw, jaaroefening tweede kandidatuur B, Louvain, 1981-1982, (inédit)
Philippe LEJEUNE, Vielsalm est-elle, oui ou non, la patrie du général Jacques baron de Dixmude ?, dans Glain et Salm Haute Ardenne, août 1988, n°28, p. 7-8

 

Buste Jacques de Dixmude (Stavelot)

 
 

 

rue du Châtelet – 4970 Stavelot

carte

Paul Delforge

SPW - G. Focant

Ancienne abbaye de Stavelot

L’abbatiale, érigée au XIe siècle et détruite à la Révolution, a été mise au jour par des fouilles archéologiques récentes. Les bâtiments conventuels, essentiellement du XVIIIe siècle, abritent trois musées inaugurés en 2002 après une vaste campagne de restauration : le musée Guillaume Apollinaire, poète français ayant séjourné à Stavelot, le musée de la Principauté de Stavelot-Malmedy et le musée du Circuit de Spa-Francorchamps qui retrace l’histoire du plus beau circuit du monde et qui présente une collection de véhicules d’exception. Une galerie d’art, des salles en location, une boutique et le café des musées complètent l’ensemble.

Cour de l'Abbaye 1
4970 Stavelot

carte

Classée comme monument et site le 24 décembre 1958
Classée comme monument (avec zone de protection) le 20 juillet 1994
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

www.abbayedestavelot.be

Institut du Patrimoine wallon