Aubier Stéphane

Culture, Cinéma

Heusy 08/10/1964

Le succès public et la reconnaissance accordée par le milieu cinématographique au film Ernest et Célestine ont davantage mis en lumière le travail de Stéphane Aubier. Un tel succès n’est pas le fruit du hasard ; il est avant tout une projection de lumière qui offre l’occasion de découvrir ou de redécouvrir une production personnelle tout à fait singulière.

Après une scolarité qui le voit fréquenter quatre écoles secondaires différentes dans la région de Verviers-Dison, Stéphane Aubier trouve sa voie à Saint-Luc Liège au début des années 1980. C’est au cours de sa formation artistique qu’il fait la rencontre du gaumais Vincent Patar avec lequel il va désormais partager de nombreux projets. Tous deux diplômés de Saint-Luc Liège, puis de l’École supérieure des Arts visuels de la Cambre (1991), Aubier et Patar travaillent de concert et vont partager un univers commun qui deviendra progressivement leur griffe artistique. Dans un premier temps, avec leur société de production, ils alternent courts métrages d’animation, publicités, voire clips vidéo (Pastic Bertrand, Louise Attaque…).

Auteur et réalisateur de films d’animation, Stéphane Aubier a d’emblée été catalogué comme un créateur iconoclaste tant ses productions impressionnent par la multiplicité des techniques employées. Maîtrisant rapidement les principaux ressorts de l’animation, il utilise des moyens techniques rudimentaires pour créer une atmosphère singulière, au terme d’un travail exigeant une patience toute particulière. Les courts épisodes de « Pic Pic André Shoow », qui mettent notamment en scène « Pic Pic le cochon Magik » (créé par Aubier) et André, le Mauvais Cheval et Côboy (sortis de l’imagination de Patar), attirent l’attention et flirtent avec les prix dans les festivals à la fin des années 1980. « Saint Nicolas chez les Balthus » déconcerte aussi avec ses papiers découpés animés. Recourant aux marionnettes, à la pâte à modeler, aux dessins sur papier cello ou aux papiers découpés, les animations déjantées des deux jeunes Wallons trouvent un public de plus en plus large dans les années 1990. Narrant les aventures des trois héros Coboy, Indien et Cheval, les vingt épisodes de Panique au village imposent un nouvel univers, faits de personnages improbables (2001).

Grâce au producteur arlonais Philippe Kauffman et au Namurois Vincent Tavier, le duo Aubier-Patar qui s’est organisé en Atelier connaît un premier succès « grand public » sur Canal+ en 2002 ; dans le même temps, les deux créateurs signent des mini-BD dans des hebdomadaires (Télé-Moustique, L’Express) ou réalisent des publicités. Mais c’est à d’autres défis que s’attèlent le duo. En 2009 d’abord, Panique au village devient un film long métrage qui bénéficie des voix de Benoît Poelvoorde, Bouli Lamers, Didier Odieu ou Frédéric Jannin. Sélectionné notamment au Festival de Cannes 2009 et nominé au César 2010 du meilleur film étranger (battu par Gran Torino de Clint Eastwood), l’impressionnant travail du duo séduit.

Ensuite, Vincent Patar et Stéphane Aubier, auxquels s’est associé Benjamin Renner comme coréalisateur, planchent sur Ernest et Célestine. Film plein de trouvailles, sorti en 2012, il rencontre un succès considérable, au point d’être sélectionné parmi les 5 meilleurs films étrangers aux Oscar 2014, de recevoir le César 2013 du meilleur film d’animation et le Magritte 2014 du meilleur film. En septembre 2014, pour leur dernière production en date, La Bûche de Noël, un moyen métrage qui met toujours en scène les trois héros Cowboy, Indien et Cheval (avec les voix  de Benoît Poelvoorde, Bouli Lanners, ainsi que Patar et Aubier eux-mêmes), le duo Patar et Aubier décroche le Cartoon d’or au 25e Cartoon Forum à Toulouse, en soit une consécration européenne. En juin 2014, Stéphane Aubier a été élevé au rang de citoyen d’honneur de la ville de Verviers.

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 
Alain LORFÈVRE, Destins animés : Patar, Aubier et Cie, Bruxelles, 2011