Boch Jean-François

Socio-économique, Entreprise

Simmern (Luxembourg) 09/03/1782, Mettlach 09/02/1858

Quand il décide d’établir une faïencerie dans un quartier de Saint-Vaast, dans le hameau de La Louvière, en 1841, Jean-François Boch est le représentant de la troisième génération d’une famille de potiers originaires de Lorraine. En 1748, à Audun-le-Tiche, François Boch (1700-1754) avait fondé une activité qui s’avère prospère au moment où ses trois fils la reprennent. À leur tête, Pierre-Joseph Boch (26 octobre 1737 - 12 novembre 1818) lui donne une impulsion décisive. Au moment où, en 1765, la Lorraine intègre le royaume de Louis XV, les Boch établissent leurs activités à Sept-Fontaines, dans le duché de Luxembourg, introduisant ainsi la fabrication de la faïencerie fine dans les Pays-Bas autrichiens. L’originalité de la production des Boch est d’obtenir une faïence fine plus solide que les produits communs, mais à un prix moindre que la porcelaine. À Trois-Fontaines, ils trouvent en abondance la gleize qui est la matière première de leur production. La manufacture offre des produits fort bien accueillis qui bénéficient d’un excellent réseau commercial de distribution. En 1806, Jean-François Boch fonde une nouvelle faïencerie à Mettlach, dans la Sarre. Le succès des Boch inspirera de nombreuses initiatives en pays wallon, copiant le modèle de la faïence fine de Luxembourg. Mais la force des Boch est de parvenir à s’adapter aux techniques industrielles. Ainsi, en 1816, ils parviennent à réaliser, à Sept-Fontaines, la première cuisson au charbon du biscuit et de la glaçure (Halleux).

Ni le Congrès de Vienne ni le Traité de Paris ne remettent en question les activités de la famille Boch qui, sous la conduite de Jean-François Boch, déjà nommé, fusionne avec la société de Nicolas Villeroy établie à Vaudrevanges, pour former l’entreprise « Villeroy et Boch » (1836). Après la signature du traité des XXIV articles qui sépare le grand-duché de Luxembourg du royaume de Belgique (1839), Jean-François Boch se laisse convaincre par Jean-Baptiste Nothomb, son gendre, de s’établir en Belgique. Ancien ministre (1836-1839), Nothomb reste attentif à trouver des mesures pour lutter contre la crise économique qui frappe le jeune Etat (1841). Parmi les mesures avancées, une union douanière avec la France conduirait à élargir les débouchés belges, tout en les protégeant ; mais cela fermerait le marché belge aux produits luxembourgeois, notamment ceux provenant de Trois-Fontaines. Telle est la raison qui convainc Jean-François Boch de partir à la recherche d’un terrain pour implanter une nouvelle faïencerie. Entre un canal, une voie de chemin de fer et à proximité d’un charbonnage, un terrain de Saint-Vaast est rapidement retenu. Dès le 30 septembre 1844, avec effet rétroactif au 1er août 1841, est créée la manufacture Keramis. Jean-François Boch aidera son fils Victor dans les premières années de son développement. Peu avant son décès, J-F. Boch participera au rachat de la manufacture de porcelaine de Tournai.

 

Sources

Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 59-60
La Manufacture. 150 ans de création et de tradition faïencière. Boch Keramis, La Louvière, 1841-1991, La Louvière, 1991
Robert HALLEUX, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 275-276
Revue du Conseil économique wallon, n°79, août 1966, p. 37-38