Christophe Lucien

Culture, Littérature

Verviers 01/03/1891, Boitsfort 10/09/1975


Journaliste et écrivain, celui qui fut un soldat écrivain wallon sur le Front durant la Grande Guerre devient, après la Seconde Guerre mondiale, un haut fonctionnaire, responsable des Beaux-Arts et des Lettres, particulièrement apprécié comme critique littéraire.

Fils d’un commissionnaire en draperie, Lucien Christophe se destine à une carrière dans le commerce. Très tôt intéressé par la littérature, cet étudiant formé à Verviers chez les Jésuites préfèrera les lettres aux chiffres et le montre dès 1907 quand il rédige des articles pour diverses revues régionales, telles que Le Réveil wallon et Verviers-Chronique, ou françaises comme La Phalange. En 1913, il publie son premier recueil de vers, Les Jeux et la Flamme, dans lequel « le jeune écrivain déploie une verve naturiste empreinte d’un grand amour de la vie ».

Quand la Grande Guerre éclate, il décide, avec son frère aîné, de s’engager : il devient officier au 3e Chasseurs à pied et est envoyé dans les tranchées de l’Yser. Les années au front ne l’empêchent pas d’écrire. Dans son recueil de poèmes La Rose à la lance nouée (1917), dans lequel on perçoit toutes les souffrances des combats, il traite du thème de l’amour déçu. Avec Louis Boumal et Georges Antoine, il fonde, en avril 1918, une revue de littérature et d’art, les Cahiers publiés au front pour la défense et l’illustration de la langue française en Belgique. Le trio des premiers rédacteurs sera rapidement rejoint par d’autres personnalités.

Après l’Armistice, Lucien Christophe s’installe à Bruxelles, où il devient brièvement journaliste à L’Indépendance belge. Dans son essai autobiographique Aux lueurs du brasier. 1917-1920, sorti en 1921 et plusieurs fois réédité, pour lequel il reçut le Grand Prix de la province du Brabant en 1921 et le Prix décennal Carton de Wiart en 1926, il narre les aventures d’un jeune soldat. En 1934, il publie un nouveau recueil de poèmes, Le pilier d’airain, une réflexion philosophique aux vers amers, sans doute inspirés de la montée fasciste en Europe de l’entre-deux-guerres. 

Directeur général des Beaux-Arts et des Lettres au Ministère de l'Instruction publique, après la Seconde Guerre mondiale – il avait été repéré par Jules Destrée –, délégué de l’État dans les commissions de plusieurs musées (notamment celui de Mariemont), expert dans de nombreux jurys, conservateur du Musée Constantin Meunier, il collabore encore à de nombreux journaux et périodiques (Le Soir, La Revue belge, La Gazette, etc.), et est considéré comme l’un des meilleurs critiques littéraires. 

Passionné par l’écrivain français Charles Péguy à qui il dédie un ouvrage, deux essais et plusieurs poèmes, il rédige également des études précises et rigoureuses et des essais sur Van Lerberghe (1942), Constantin Meunier (1950), Émile Verhaeren (1955), Gustave Vanzype (1955), Albert Giraud (1960) et Louis Veuillot (1966). En 1952, il signe Où la chèvre est attachée, « livre magistral » écrit en prose. Récompensé par de nombreux prix littéraires, il est élu à l’Académie royale de Langue et de Littérature françaises en 1945, où il succède à Albert Mockel. L’ensemble de son œuvre lyrique est publié dans le recueil Poèmes 1913-1963.
 

Sources

Alain CLARA, Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2000, t. I, p. 271
ACADÉMIE ROYALE DE LANGUE ET DE LITTÉRATURE FRANÇAISES DE BELGIQUE, http://www.arllfb.be/composition/membres/christophe.html (s.v. décembre 2014)

 

Œuvres principales

Les Jeux et la flamme (1913)
La Rose à la lance nouée (1917)
Hommage à Albert Giraud (1920)
Aux lueurs du brasier. 1917-1920 (1921)
Le Pilier d'airain (1934)
L'Ôde à Péguy et l'Appel du héros (1942)
Charles Van Lerberghe. L'homme et l'œuvre (1943)
Constantin Meunier (1950)
Où la chèvre est attachée (1952)
Émile Verhaeren (1955)
Albert Giraud. Son œuvre et son temps (1960)
Poèmes 1913-1963 (1963)
Le jeune homme Péguy. De la source au fleuve. 1897-1905 (1964)
Les grandes heures de Charles Péguy. Du fleuve à la mer. 1905-1914 (1964)
Louis Veuillot (1967)