D'Artigues Aimé-Gabriel

Socio-économique, Entreprise

Paris 26/02/1770 (ou 73), Paris 27/03/1848

En août 1778, une verrerie voit le jour à Vonêche, dans le comté de Namur, alors province des Pays-Bas autrichiens. L’expérience tourne court et, en 1802, à l’heure française, c’est un chimiste parisien qui reprend l’établissement de Vonêche. Directeur de Saint-Louis-lès-Bitche de 1791 à 1795, Aimé Gabriel d’Artigues est un maître verrier de grande réputation. Vonêche est sa deuxième acquisition et il s’y livre également à la production et au commerce de tous les produits chimiques qui entrent dans la fabrication du cristal et de sa taille ; à la fin de la période impériale, plus de 400 ouvriers travaillent à ses côtés et font de Vonèche la plus belle cristallerie d’Europe, certainement la plus importante du continent. Aux côtés de d’Artigues, son compatriote et neveu François Kemlin, un chimiste, joue aussi un rôle déterminant.

Pourtant, le statut de la localité va sceller le sort de la verrerie. À la suite du Congrès de Vienne, Vonêche n’est plus française et les successeurs de Napoléon ont exigé deux livraisons de 6.000 quintaux de cristal brut de Vonêche pour être mis en œuvre en France, à la verrerie Sainte-Anne de Baccarat. Aimé-Gabriel d’Artigues se porte acquéreur de la verrerie de Baccarat qu’il baptise Verrerie de Vonêche à Baccarat et la transforme en cristallerie.

À Vonêche, il poursuit des expériences destinées à améliorer la qualité du verre et du cristal produit. Ses premières tentatives de coulées de glaces sont couronnées de succès en 1822. De même, il parvint à produire du cristal « renforcé », c’est-à-dire épais, particulièrement propre à recevoir la taille riche ou profonde. Mais celui qui apparaît comme le plus grand cristallier européen du XIXe siècle s’épuise à la tâche et décide de vendre Baccarat qui compte alors près de 300 ouvriers (1823), mais refuse de vendre Vonêche à ses principaux collaborateurs François Kemlin et Auguste Lelièvre. Ceux-ci le quittent et investissent l’ancienne abbaye du Val Saint Lambert qui, plus moderne et plus rentable, finit par contraindre d’Artigues à fermer Vonêche (1831).
 

Sources

Rosette CHONÉ, La circulation des idées et des hommes entre Meuse et Rhin, Metz, 2010
Wallonie. Le Pays et les Hommes. Histoire. Économies. Sociétés, t. I, p. 345
Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts – culture, t. II, p. 286-287 ; t. IV, p. 213
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 219
Jacques TOUSSAINT (dir.), Bicentenaire de la cristallerie de Vonêche : 1802-2002, Namur, Société archéologique de Namur - Service de la Culture de la Province de Namur, 2002, coll. Monographie n°24