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De Condé Jean

Socio-économique, Entreprise

Vienne-le-Château ( ?) 1625, Jumet circa 1692

Après avoir fait construire la place forte de Charleroi (1666), Charles II, roi d’Espagne et des Pays-Bas (1665-1700) veut développer une politique visant à susciter la création durable d’établissements industriels aux abords de l’ancienne paroisse de Charnoy : celle-ci est située sur la rive gauche de la Sambre, dans le comté de Namur, et fait face à Marcinelle qui dépend, quant à elle, de la principauté de Liège. Mais le 2 juin 1667, durant la courte guerre de Dévolution, Turenne s’empare de Charleroi. Attribuée au royaume de France par le Traité des Pyrénées (1668), la place forte ne revient dans les mains espagnoles qu’en 1678, lors du Traité de Nimègue.

En 1621, Jumet a vu naître sa première fournaise et, depuis lors, elle attire quelques verriers étrangers, de Lorraine ou de Champagne ; mais depuis le XVe siècle déjà, la famille (de) Colnet est déjà fort présente en Hainaut. Probablement originaire de l’Argonne, Jean de Condé semble vivre dans les provinces des Pays-Bas espagnols depuis 1650. En 1654, il épouse, à Gosselies, la nièce de Jean de Colnet, « maistre de la verrerie des Hamendes ». Le jeune couple aura trois enfants, dont deux filles, Marie et Anne-Michelle qui épouseront respectivement Gédéon Des Androuins et François de Dorlodot. Dans la mesure où plus d’un siècle plus tard, les quatre verreries existant à Jumet étaient tenues par les familles Falleur, de Dorlodot, de Colnet et de Condé, on peut ranger Jean de Condé parmi les pères du secteur verrier carolorégien.

Ce gentilhomme français fait partie de ses maîtres verriers qui obtiennent le droit d’exercer leur métier en bord de Sambre (en l’occurrence pour lui, le 1er juin 1669). C’est Louis XIV qui l’y autorise. Ce qui attire ainsi les verriers vers le pays de Charleroi, c’est la présence de charbons maigres de qualité. La verrerie de Jean de Condé est l’une des premières dont les fours sont alimentés par la houille plutôt que par le charbon de bois. L’évolution technique est récente : elle remonte à l’année 1635 en Angleterre. La verrerie de Jean de Condé produit des feuilles de vitrage ordinaire de teinte légèrement verdâtre. Dans les années 1680, il semble être propriétaire d’un château à Lodelinsart. À partir de 1688, les privilèges accordés à Jean de Condé sont confirmés en faveur de son gendre, Gédéon des Androuins.
 

Sources

Musée du Verre de Charleroi, De glace et de verre, Deux siècles de verre plat franco-belge (1820-2020), 26 septembre - 13 décembre 2009, Forum du Bois du Cazier, Charleroi/Marcinelle, 2009
Virgile LEFEBVRE, La verrerie à vitres et les verriers de Belgique depuis le XVe siècle, Charleroi, Université du Travail, 1938, p. 23