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de Harlez Simon

Culture, Mécénat

Liège c. 1700, Château de Deulin 1778, 1781 ou 1782

Au milieu du XVIIIe siècle, le petit monde artistique et intellectuel wallon est séduit par un quadruple événement qui parvient aussi à ravir les milieux bourgeois voire populaires. Sur une musique du génial Jean-Noël Hamal, quatre opéras-bouffes écrits en wallon constituent les piliers fondateurs du théâtre liégeois (1757-1758). À l’écriture des textes de ces pièces burlesques on trouve associés Jacques-Joseph Fabry, Pierre-Robert Cartier de Marcienne, le baron Pierre-Grégroire de Vivario et les frères de Harlez. S’il est malaisé de fixer clairement la paternité de la versification et du récit, il ne fait aucun doute que le salon feutré qu’entretient Simon de Harlez est le lieu qui permet la naissance des opéras Li voyèdje di Chaufontainne (3 actes), Li lidjwè ègagï (2 actes, dus à Fabry), Li Fièsse di Hoûte-si-ploût (3 actes de Vivario), et Les Hypocontes (3 actes, de Simon de Harlez, février 1758). Joué dans les salons de l'Hôtel de Ville, son opéra consacré aux Hypocondriaques a révélé toutes ses facettes grâce à une étude méticuleuse de Marcel Florkin qui attribue à Simon de Harlez le titre de « Molière des Eaux de Spa » (Épisodes de la Médecine liégeoise, Liège, 1963). Car au-delà de l’opéra burlesque, il s’agit d’une satire où Simon de Harlez se moque en permanence des théories médicales du mouvement, nées de la philosophie de Leibnitz, et en particulier de la mode qui pousse le monde entier à fréquenter les eaux de Spa pour ses qualités supposées.

Né dans une grande famille liégeoise, Simon de Harlez a fait des études à Louvain et à l’Université de Pont-à-Mousson. Licencié en Droit, il est prévôt de Saint-Denis, chanoine tréfoncier de la Cathédrale et conseiller à la Cour allodiale lorsqu’il commet les Ypoconte. Son hôtel est un salon littéraire et musical apprécié d’où, après le théâtre liégeois, sortira le projet de la Société libre d'Émulation, créée par Velbruck en 1779. Cet aristocrate à la curiosité aiguisée saura aussi repérer le talent d’un André-Modeste Grétry qu’il soutiendra au début de sa carrière. On garde comme une hypothèse le fait que ce chanoine, élevé chevalier, ait pu aussi accueillir avec bienveillance le journaliste Pierre Rousseau, propagandiste des idées des Lumières. Conseiller du prince-évêque Charles-Nicolas d'Oultremont, Simon de Harlez avait aussi entrepris la reconstruction de l'abbaye du Val-Saint-Lambert.
 

Sources

Alphonse LE ROY, dans Biographie nationale, t. VIII, col. 731-734
Marcel FLORKIN, Simon de Harlez, the Moliere of the mineral springs of Spa, dans Revue de Médecine, Liège, février 1953
P. GILSON, Un musicien liégeois du XVIIIe siècle : Jean-Noël Hamal (1709-1778), Namur, Les Musicales, 2006