Douffet Gérard
Culture, Peinture
Liège 1594 – 1660 ou 1661
À une époque où l’école de Rubens et l’art flamand brillent de mille feux, des artistes vivant en principauté de Liège sont davantage attirés par ce qui se fait en Italie et en France. Au sein de cette école liégeoise de peinture du XVIIe siècle qui se distancie du baroque exubérant, et où l’on ne retrouve ni peintures de mœurs, ni scènes de chasse ou natures mortes truculentes, Gérard Douffet est le représentant majeur. Il commence ses études sous la direction de Jean Tauler, un peintre liégeois ; il séjourne ensuite à Dinant, puis se laisse attirer par Anvers, dans l’atelier de Rubens, où il reste deux ans. Après un retour dans sa ville natale, où il peint une Judith d’après Rubens, un Prométhée et quelques portraits, prouvant son savoir-faire, il part pour Rome en 1614. Il n’a que vingt ans et reste à la recherche de son style : il le trouve durant son séjour en Italie qui dure plusieurs années. Ayant appris le latin et les auteurs classiques, il est impressionné par l’école du Caravage, dont il devient l’un des principaux disciples.
Rentré dans la capitale de la principauté ecclésiastique en 1623, Gérard Douffet s’y forge un nom et une réputation. Contrairement à d’autres peintres de l’École liégeoise, il reste fidèle à la seule inspiration italienne et résiste à l’attrait de Paris, malgré un certain classicisme. Ses thématiques sont essentiellement religieuses, servant d’ailleurs le courant de la Contre-Réforme (ou Réforme catholique). Abbayes, congrégations, chapelles et églises accueillent ses œuvres, à l’instar Des quatre Docteurs de l’Église latine conservé à Herve, dans l’église Notre-Dame et Saint-Jean-Baptiste. L’influence exercée par le Caravage est surtout très visible dans trois grandes toiles exécutées pour des églises liégeoises, puis achetées par des princes allemands. Ainsi, à côté du Christ apparaissant à saint Jacques le Majeur (1633, consacré à Schleissheim), trouve-t-on L’Invention de la sainte Croix, œuvre considérée comme le tableau manifeste de l’École liégeoise (1624, conservée à la Pinacothèque de Munich), et surtout La Visite du pape Nicolas II au tombeau de saint François d’Assise qui apparaît comme l’œuvre de référence de l’artiste (1627, au même endroit). Les années 1620 et 1630 sont celles où l’artiste est en pleine maturité. Bon dessinateur, portraitiste, Douffet est appelé à figer pour l’éternité les traits de Ferdinand de Bavière, prince-évêque de Liège, dont il avait été nommé peintre officiel en 1634.
Sources
Pierre-Yves KAIRIS, Foisonnement et diversité : les peintres du XVIIe siècle, dans Un double regard sur 2000 ans d'art wallon, Tournai, La Renaissance du livre, 2000, p. 321-341
Adolphe SIRET, dans Biographie nationale, t. VI, col. 150-152
Jacques STIENNON, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
© Institut Destrée, Marie Dewez - Paul Delforge