du Broeucq Jacques

Culture, Sculpture

Mons c. 1505, Mons 30/09/1584

Contemporain de Lambert Lombard, Jacques du Broeucq se rend lui aussi très tôt en Italie. Comme le Liégeois, le Montois y affine ses talents de sculpteur. La comparaison s’arrêtera là, même si les deux artistes wallons marquent également leur époque, à l’est et à l’ouest du pays wallon. Sollicité par les chanoinesses du chapitre de Sainte-Waudru, du Broeucq exécute un jubé monumental d’où émergent encore les statues de la Charité, de la Justice, de la Force et de la Tempérance (1535-1540), témoignage magnifique de la synthèse que réussit du Broeucq entre le génie de Florence et la tradition rigoureuse des provinces d’au-delà des Alpes. Son talent s’observe encore dans le bas-relief de Sainte Waudru faisant bâtir une église (c. 1549) ou dans le mausolée d’Eustache de Croÿ de la cathédrale de Saint-Omer. À son talent de sculpteur, Du Broeucq joint celui de l’architecte.

Au milieu du XVIe siècle, Boussu peut s’enorgueillir de disposer d’un somptueux palais de style Renaissance, l’une des plus belles demeures de tous les Pays-Bas, assurément digne d’un roi. Son propriétaire est Jean de Hennin-Liétard, grand écuyer de Charles-Quint, qui a confié, en 1539, la réalisation de son rêve à Jacques Du Broeucq. Incendié en 1554, le château connut des transformations au XVIIIe siècle avant d’être à nouveau détruit partiellement en 1944. Pourtant, le souvenir de l’œuvre réalisée par Du Broeucq a traversé les siècles.

Le château de Hennin n’est qu’une des réalisations de ce personnage sollicité aussi par Marie de Hongrie. La régente des Pays-Bas détient depuis 1545 la ville et la seigneurie de Binche, et le privilège d’y tenir cour royale. C’est Du Broeucq qui est chargé de tous les travaux : aménagements, transformations, mais aussi construction. Le château de Binche est rapidement achevé, mais, pour ses grandes chasses, la régente veut pouvoir disposer aussi d’un château dans les bois ; le lieu a été choisi : Mariemont. En 1549, des fêtes dignes des réalisations saluèrent la fin des travaux. Mais ici encore, les armées du roi de France, Henri II, mirent en poussières des milliers d’heures de travail (1554). Néanmoins, du Broeucq est récompensé pour ses services ; il reçoit le titre, assorti d’une pension, de maître-artiste de l’empereur.

Consulté à diverses reprises pour la construction de nouveaux hôtels de ville et de fortifications (Anvers, Bavai, Beaumont, Ath, Braine-le-Comte) ou l’aménagement de places-fortes (Mariembourg, Charlemont, Philippeville, Luxembourg et Thionville), Jacques du Broeucq dresse des plans mais se voit préférer d’autres architectes. En 1572, il offre sa collaboration à la ville de Mons prise par les protestants. Mais l’instabilité politique est grande et l’architecte doit faire amende honorable quand la ville est reprise par le duc d’Albe. En témoignage de « sa bonne foi », il sculpte la statue de saint Barthélemy (collégiale Sainte-Waudru, 1574).
 

Sources

Jacques STIENNON, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 250, 258
Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000
Pierre COLMAN, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 153-157, 215