Forir Henri

Culture, Lettres wallonnes

Herstal  20 ou 21/11/1784, Liège 11/04/1862


La pratique des parlers wallons traverse le temps et trouve, de manière ponctuelle, des interprètes qui se distinguent et marquent leur époque, parfois même restent des références historiques. Dans les années 1830-1840, Liège connaît une sorte de renaissance. Parmi ses acteurs figure Henri Forir dont le rôle de pionnier est souligné par tous les auteurs, et pas seulement parce qu’il fut le premier président de la Société liégeoise de littérature wallonne.

Pourtant, son profil professionnel n’oriente guère Forir vers les lettres wallonnes. Dans son métier de géomètre, il est davantage occupé par les chiffres. Ce fils de cordonnier a fait l’École centrale du Département de l’Ourthe (1799-1802), puisque la principauté de Liège dans laquelle il était né s’était transformée, pour partie, en ce petit département de la république française quand Forir avait 11 ans. Toujours sous le régime français, Forir est occupé au Cadastre comme géomètre (1805-1808), avant de devenir professeur de mathématiques dans divers collèges et athénées (Eupen, Verviers), étant notamment nommé « principal » au collège de Hasselt sous le régime « hollandais » (1813). En 1817, il était appelé au Collège, puis à l’Athénée de Liège mis en place sous le régime belge ; il publie plusieurs manuels pour faciliter l’apprentissage des maths.

Au-delà de ces changements politiques, Forir est resté fidèle au wallon ; comme beaucoup d’autres, il entendait qu’il était pratiqué dans la vie quotidienne, mais lui va s’appliquer à l’écrire et même à en faire un Dictionnaire liégeois-français. Il en rassemble en tout cas nombre de matériaux et c’est à titre posthume que paraîtront deux fort volumes en 1866 et 1874.

Avant même l’exercice philologique, Forir avait relancé une production littéraire quelque peu éteinte, en remportant un vif succès avec Li k'tapé manèdje, satire truculente renouant avec les paskèye traditionnelles (1836). Moins de dix ans plus tard, les Blouwètes lîdjwèses (1845) confirmaient son talent sous la forme d’un recueil de chansons. Comme son Suplumint (1853) renforce son aura, c’est tout naturellement vers Henri Forir que l’on se tourne lorsque les fondateurs de la Société liégeoise de littérature wallonne cherchent leur premier président (1856). S’il accepte la fonction, Forir est rapidement en désaccord sur un point essentiel : lui est un farouche partisan d’une orthographe phonétique ; mais constatant que les partisans de son point de vue ne sont pas majoritaires, il préfère abandonner à d’autres la présidence de la Société après quelques mois.

 

Sources

Albert MAQUET, dans La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 467 ; t. III, p. 239
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 403
Maurice PIRON, Anthologie de la littérature dialectale de Wallonie, poètes et prosateurs, Liège (Mardaga), 1979, p. 103
Musée des Beaux-Arts, Exposition Le romantisme au pays de Liège, Liège, 10 septembre-31 octobre 1955, Liège (G. Thone), s.d., p. 67-69
Antoine-Gabriel BECDELIEVRE, Biographie liégeoise…, t. II, p. 808
Charles DEFRECHEUX, Joseph DEFRECHEUX, Charles GOTHIER, Anthologie des poètes wallons (…), Liège, Gothier, 1895, p. 17-19