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Fourmennois Gabriel

Culture, Littérature

Tournai vers 1550, Provinces-Unies XVIIe siècle


Cet écrivain et poète originaire de Tournai reste plongé dans les brumes de l’histoire. Les éléments biographiques le concernant sont rares et se limitent souvent à l’évocation de ces écrits. Aucun d’eux n’émerge véritablement hormis le fait que Fourmennois a été le traducteur en langue française du Wilhelmus, chant qui deviendra, en 1932, l’hymne national des Pays-Bas.

Sa participation aux troubles qui agitent les Pays-Bas sous le règne de Philippe II conduit très vraisemblablement ce Tournaisien réformé à chercher refuge dans les provinces du Nord ; certaines sources rapportent qu’il est au service du Prince d’Orange entre 1572 et 1574. Au nom de Fourmennois sont associés des ouvrages qui en font un poète, un historien voire un conseiller des princes, non en raison de la longueur de leur titre, mais bien de leurs contenus, lesquels sont mis en forme de chansons ou de sonnets.

Avec son titre à rallonge (la version reprise ci-dessous est réduite…) paru en 1601, son Harangue… est une espèce de roman moral et politique, versifié, à l’usage des grands de ce monde. Elle est parfois citée parce que certains critiques littéraires ont cru y voir une source d’inspiration pour le célèbre Jean de La Fontaine. Mais c’est sa traduction du Wilhelmus qui retient le plus l’attention. De nombreuses chansons sont créées au XVIe siècle comme signe de ralliement et de courage dans les camps qui s’affrontent alors. Mais la première chanson animée par l’amour de la patrie, la dévotion et la foi, sorte de chant de guerre, remonte à 1568, quand Marnix de Sainte-Aldegonde compose le Wilhelmus van Nassau, pour son ami Guillaume d’Orange et, par conséquent contre Philippe II d’Espagne. Dès le début des années 1570, Fourmennois qui appartient alors à l’armée du prince d’Orange, traduit la chanson en français, version qui sera retrouvée bien plus tard, en 1805, et dont on se souviendra lorsque le Wilhelmus devient l’hymne national des Pays-Bas en 1932.

 

Sources

Joseph HOYOIS, Les Lettres Tournaisiennes, Un coin de l’histoire littéraire belge, Gand, 1893, p. 143-146
Henri HELBIG, dans Biographie nationale, t.7, col. 217
Philippe DENIS (dir.), Protestantisme aux frontières : la réforme dans le duché de Limbourg et dans la principauté de Liège, 1985
Les églises wallonnes des Pays-Bas, Amsterdam, 1963

 

Œuvres principales

Discours touchant la meurtre, commis en la personne de Monseigneur le Prince d’Orange: avec la derniere deliberation et mort de Madame la Princesse : Avec la joyeuse Entree de Monseigneur le Duc de Brabant et quelques autres traictez, : le tout en 6 Chansons, 1582
Harangue descriptive au livre doré de Marc-Aurèle empereur, d’un paysant de rivages du Danube, appelé Milène, laquelle il fit en plain sénat dans Rome, remonstrant les grandes exactions et tirannies que les censeurs Romains faisoyent en son pays. — Cette tirannie romaine est un vray miroir pour présenter à nos yeux la cruauté des Espagnols d’aujourd’hui exercée, et de beaucoup redoublée, tant contre les Indiens, que en ces Pays-Bas. Ores que ceste harangue soit d’un homme payen, si est-elle très notable à tous chrétiens, spécialement aux rois, princes, gouverneurs, et tous hommes qui sont en quelque charge en dignité de judicative, si n’est moins profitable et admirable pour un chacun en particulier. — Nouvellement mis en vers par Gabriel Fourmennois, Tournisien (…), Utrecht, 1601
L’histoire de Tobit, représentée par personnages en forme de tragicomédie, Utrecht, 1601
Advis familiers, proposez par un Zelateur de la prosperité des Païs-bas: Sur le bruit d’une treve ou paix, proposée par le roy d’Espaigne aux seigneurs Estats des Provinces-unies par voye de l’archiduc Albert d’Austriche son beau frere, gouverneur des Païs-bas, l’an 1607, 1608