Frankignoul Edgard
Militantisme wallon, Socio-économique, Entreprise
Jemeppe-sur-Meuse 24/09/1882, Liège 7/09/1954
Issu d’un milieu social modeste, Edgard Frankignoul quitte les bancs de l’école une fois ses études moyennes terminées pour commencer à travailler « à patron » sur des chantiers de construction ; le soir, il poursuit cependant les cours de l’École Industrielle de Liège. Engagé dans une société qui exploite le système de fondations par compression mécanique du sol (SA Fondations par compression mécanique du Sol de Paris), Edgard Frankignoul a l’idée de modifier profondément le système des pieux Compressol ; avec ses frères, il consacre un an d’études à la mise au point du procédé qui porte désormais son nom et à l’appropriation d’une machine de battage.
En mai 1909, il dépose sa demande de brevet et, en 1910, il constitue sa première société, la S.A. des Pieux armés Frankignoul, avec l’appui de quelques hommes d’affaires liégeois. Cette entreprise wallonne est promise à un avenir prometteur sur le plan international. Très vite en effet le succès est au rendez-vous et en 1911, il fonde la Compagnie internationale des Pieux armés Frankignoul. Tant en Europe qu’en Asie, en Amérique et dans le Nord de l’Afrique, les demandes affluent. Pour y répondre, trois formules sont développées : l’entreprise exécute elle-même les contrats de travaux qu’elle a négociés ; elle crée des filiales à l’étranger comme au Congo, la S.A. Entreprises de Génie civil au Congo (Gécicongo) ; dernière option, elle conclut des accords avec des sociétés concessionnaires. Ainsi, la société d’Edgard Frankignoul est-elle impliquée dans d’importants chantiers comme le barrage Rosetta sur le Nil (Égypte), le tunnel pour autos sous l’Escaut (Anvers), etc. À son apogée, l’empire industriel fondé par Edgard Frankignoul, compte 5.000 personnes.
Industriel, Frankignoul développe d’autres activités dans les milieux patronaux et au sein du Mouvement wallon. Quand, dans la clandestinité, un petit groupe d’hommes se réunit autour d’Englebert Renier pour jeter les bases du Conseil économique wallon, il leur apparaît bientôt qu’aucun résultat valable ne sera obtenu tant qu’un grand industriel ne leur apporterait pas son appui. Pressenti en 1943, Edgard Frankignoul donne son accord non sans hésitation et conditions. Dès la Libération, il s’emploie activement à récolter des adhésions et, si l’acte de fondation du Conseil économique wallon porte la signature de tant de personnalités importantes, c’est en majeure partie à Frankignoul qu’on le doit, d’autant qu’il apporte un concours matériel important en mettant du personnel et des locaux à la disposition du nouvel organisme.
Cofondateur et administrateur du Conseil économique wallon, le président de la SA Les Pieux Franki préside aussi aux destinées du Grand Liège entre 1944 et 1954. Ayant compris la puissance de la radio, il prend résolument la tête de la campagne en faveur d’une onde wallonne et crée, en 1944, le Conseil national wallon de la Radiodiffusion, dont il accepte la présidence. Adversaire résolu de la centralisation bruxelloise, il était acquis à l’idée d’une réforme de la structure unitaire de la Belgique, via une formule fédéraliste. Membre du Congrès national wallon, il a participé au Congrès wallon de 1945 (Liège, 20 et 21 octobre). Président de la Confédération nationale de la Construction de 1946 à sa mort en 1954, il siège au comité directeur de la FIE et préside la Fédération internationale du Bâtiment et des Travaux publics de 1948 à 1953.
Sources
Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 673
Ginette KURGAN, Frankignoul, dans POTELLE Jean-François (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 293-294
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