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Glinne Ernest

Politique, Député wallon

Forchies-la-Marche 30/03/1931, Courcelles 10/08/2009

Député wallon : *1983-1984*

Licencié en Sciences politiques (administratives et diplomatiques) à l’Université libre de Bruxelles (1954), Ernest Glinne entame sa carrière professionnelle comme employé au Bureau d’Études des coopératives socialistes de Belgique (1954-1961). Militant socialiste, co-fondateur du journal La Gauche (1956), attentif aux mouvements de libération en Afrique, il lutte activement pour la conquête de l’indépendance en Algérie. En janvier 1960, il fait partie des représentants belges invités à la Table ronde qui débat, pendant un mois, du devenir du Congo.
Actif durant la grève de l’hiver ’60-’61, militant et responsable de section du Mouvement populaire wallon à partir de 1961, Er. Glinne parvient à s’imposer parmi les socialistes carolos et quand il est élu député en mars 1961, il entend défendre conjointement le fédéralisme et le programme de réformes de structures anticapitalistes. Quand la majorité PSC-PSB dépose un projet de loi sur le maintien de l’ordre qui s’apparente à la dénonciation de la Grande Grève, il figure parmi les jeunes socialistes wallons qui s’opposent à la direction du parti. Les rebelles récidivent lorsqu’est abordé le statut des Fourons. Comme Terwagne et Hurez, Er. Glinne écope d’une interdiction de parole durant trois mois de la part du bureau du PSB. Sommé de choisir entre le parti d’une part, le MPW ou La Gauche d’autre part, il choisit de demeurer au sein du PSB afin d’y faire évoluer ses idées fédéralistes et progressistes (1964). Sans se désintéresser de la question wallonne, il va se passionner pour les questions internationales et demeurer fidèle à une doctrine résolument de gauche.
Bourgmestre de Courcelles (1965-), député, Ernest Glinne commence à siéger au Parlement européen (1968-1993), étant d’abord choisi par son parti, puis élu au suffrage universel à partir de juin 1979. À l’époque (et jusqu’à l’adoption d’une loi en 1984), le mandat européen et le mandat national ne sont pas incompatibles. Rapporteur de la Commission de la Révision constitutionnelle de la Chambre (1969-1970), son obstination à vouloir faire reconnaître un véritable statut pour Bruxelles se heurte à l’opposition systématique des partis flamands et menace d’échec les négociations en cours. Dès lors, il est prié de démissionner de la Commission (14 juin 1970) et est remplacé par Maurice Denis. Cela ne l’empêche nullement de voter, avec la majorité, la loi de décentralisation économique, dite Loi Terwagne (15 juillet), puis les nouvelles dispositions de la Constitution (décembre).
Début 1973, quand Edmond Leburton accepte de prendre la tête d’une tripartite, Ernest Glinne occupe la fonction de ministre de l’Emploi et du Travail (du 26 janvier au 23 octobre 1973 et du 24 octobre 1973 au 25 avril 1974). Il s’agit de sa seule expérience ministérielle. Premier bourgmestre de Courcelles après-fusion (1977), il devient ensuite Premier échevin, puis échevin de la Culture (jusqu’en 1994). Au début des années septante, le bourgmestre Glinne a été l’initiateur de l’un des premiers conseils consultatifs des immigrés, concrétisant dans une certaine mesure sur le plan local une revendication qu’il portait sur le plan national : l’octroi du droit de vote aux immigrés. Par ailleurs, toujours sur l’entité, il a contribué à l’ouverture d’une Maison de l’Europe fort active et fait voter par le Conseil communal le droit de la population d’organiser une consultation populaire (1990).
En juin 1979, Ernest Glinne figure parmi les premiers élus au Parlement européen par le suffrage universel. Réélu député belge en avril 1977 et en décembre 1978, il décide de ne plus siéger à la Chambre des représentants à partir du 1er mars 1980. Il ne participe dès lors pas à l’adoption des lois d’août 1980. Entre le Parlement belge à Bruxelles et le Parlement européen à Strasbourg, Ernest Glinne considère qu’il doit faire un choix. En février 1981, il dispute à Guy Spitaels la succession d’André Cools à la tête du parti socialiste. Après un premier tour avec Alain Van der Biest et Ernest Glinne, Guy Spitaels est en ballotage. Un deuxième tour est nécessaire pour décanter les forces en présence et Er. Glinne s’incline avec les honneurs (52,4% – 47,6%).
Premier suppléant lors du scrutin législatif de novembre 1981 (4.685 vp.), il n’aurait jamais été membre du nouveau Conseil régional wallon s’il n’avait été appelé à remplacer pendant quelques mois un Jean-Claude Van Cauwenberghe démissionnaire de son mandat de député pour exercer exclusivement les fonctions de bourgmestre de Charleroi. En juin 1984, Ernest Glinne est réélu au Parlement européen et démissionne de tous ses mandats belges ; il ne se représente pas aux législatives de 1985. Ce n’est donc qu’entre le 3 mai 1983 et le 27 juin 1984 qu’il participe aux travaux du Conseil régional wallon.
Durant les années quatre-vingt, l’activité d’Ernest Glinne est essentiellement tournée vers l’Europe. Président du groupe socialiste belge au Parlement européen (1979-1984), vice-président du Parlement européen, puis membre du collège des questeurs, il est un député de terrain, voyageant dans les pays où les droits de l’homme ne sont pas respectés pour pouvoir rapporter son témoignage en commissions ou en assemblée plénière. Grand travailleur, il a fait voter plusieurs centaines de résolutions tout au long de son parcours parlementaire européen. Il alimente aussi le débat sur le choix d’un siège unique pour le Parlement européen, privilégiant Bruxelles, et tire la sonnette d’alarme concernant la représentation de la Wallonie dans les instances européennes : depuis Jean Rey (1958-1970), il n’y a plus que des Flamands et des Bruxellois pour représenter la Belgique à la Commission européenne. En 1994, il achève ses mandats politiques européen et communal.
En mars 1998, il rompt son affiliation de cinquante ans au PS. Avec Jean Guy, il fonde le mouvement Espace Citoyen, apportant leur soutien à Écolo. Aux communales d’octobre 2000, Ernest Glinne retrouve le Conseil communal de Courcelles, représentant Écolo dans l’opposition (2001-2009), avant d’apporter son soutien au parti Rassemblement Wallonie-France (2009), devenant en quelque sorte le premier mandataire de ce parti.



Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 265-267

député (1961-1980)
conseiller communal de Courcelles (1965-1994)
bourgmestre (1965-1978)
membre du Parlement européen (1968-1979)
ministre (1973-1974)
député européen (1979-1984)
échevin (1979-1994)
membre du Conseil régional wallon (1983-1984)
conseiller communal (2001-2009)