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Guillaume Jean

Culture, Lettres wallonnes, Eglises

Fosses 28/10/1918, Namur 9/02/2001


À la suite de Franz Dewandelaer, de Gabrielle Bernard voire de Henri Collette qui marquent la poésie wallonne dans l’Entre-deux-Guerres, une nouvelle génération apparaît, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, composée de Willy Bal, Louis Remacle, Albert Maquet et Jean Guillaume principalement. Symbolique est la publication, en 1948, de Poèmes wallons, recueil collectif où tous les poètes se retrouvent sans avoir l’intention de former une école. Déjà auteur d’un premier recueil l’année précédente, Djusqu'au solia, le poète Jean Guillaume semble devenir le chef de file des « Namurois » quand il publie successivement Grègnes d'awous ! et Aurzîye à l’entame des années 1950. Mais là s’arrête sa production littéraire, hormis quelques poésies écrites à la fin de sa vie, qu’il destine aux Cahiers wallons et qui feront l’objet d’une édition posthume. Parcourant d’autres chemins, Jean Guillaume s’impose en effet comme le plus grand spécialiste de Gérard de Nerval.

Ce passage de la poésie wallonne au poète français peut se comprendre aisément. En effet, en 1937, Jean Guillaume était entré au noviciat des jésuites, à Arlon, après ses humanités gréco-latines. Ayant suivi des candidatures en Philologie classique et en Romane aux FNDP de Namur (1945), il accomplit ses licences en romane à l’Université de Liège (1948), avant de faire de la Philosophie et de la Théologie à l’Université catholique de Louvain ; et c’est dans cette même université qu’il mène à son terme une thèse de doctorat en Philologie romane (1954), dans laquelle il se livre à une analyse textuelle interne de la Chanson d’Eve de Charles Van Lerberghe. Entre-temps, il a été ordonné prêtre (1951) et il est rapidement nommé professeur de littérature française aux Facultés à Namur, charge d’enseignement qu’il exerce pendant trente ans (1954-1984). C’est là qu’il va tenter d’appliquer sa méthode d’analyse textuelle aux Chimères de Gérard de Nerval ; mais les œuvres de l’écrivain français nécessitent d’être fixées ; Guillaume devient alors l’un des principaux spécialistes du poète et se transforme en éditeur critique. En 1977, il crée d’ailleurs le Centre de recherche NERVAL au sein des Facultés.

Ce cheminement de la poésie wallonne à Nerval ne résume pas l’ensemble du parcours de vie de Jean Guillaume. Professeur de littérature, il prend soin de cultiver ses deux passions, l’une pour la littérature française, on l’a vu, l’autre pour la poésie wallonne. Jean Guillaume fait en effet découvrir la poésie wallonne à des générations d’étudiants « namurois » et publie également des éditions critiques de figures de la littérature wallonne (Georges Willame, Michel Renard, Franz Dewandelaer), ainsi que des profils de poètes wallons (Jules Claskin, Gabrielle Bernard, Willy Bal, Emilie Gilliard, Louis Remacle, Georges Smal, etc.).

 

Sources

La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 167, 192, 198, 203-204
La Wallonie à l’aube du XXIe siècle, Namur, Institut Destrée, Institut pour un développement durable, 2005
Michel BRIX, Une littérature sans auteurs ?, dans Lise SABOURIN, Le statut littéraire de l’écrivain, Travaux de littérature, Paris, Adirel, 2007, p. 496
Œuvres poétiques wallonnes, Namur, PUN, 2007, archives sonores (3 cd)
https://www.unamur.be/lettres/romanes/crgn (s.v. octobre 2014)

 

Oeuvres principales

Djusqu' au solia, 1947
Inte H vièspréye et l'gnût (Entre la vêprée et la nuit), texte paru dans Poèmes wallons, 1948
Grègnes d'awous !, 1949
Aurzîye, 1951
Pa-drî l's-uréyes, 2001 (posthume)
La poésie wallonne, 1984
Œuvres poétiques wallonnes, 1989
Œuvres complètes de Gérard de Nerval, Paris, 1984 à 1993, 3 volumes dans la collection La Pléiade
Jean GUILLAUME, Nerval, masques et visage, livre d’entretiens, Namur, 1988 coll. Études nervaliennes et romantiques des Presses universitaires de Namur.