Joachim Guillaume

Politique

Waremme 24/06/1871, Blankenberge 07/07/1954

Depuis 1830, le bourgmestre de Waremme appartient à la famille libérale. En 1890, par exemple, ce parti remportait tous les mandats, ne laissant guère d’espoir aux candidats catholiques, au point qu’il ne fut pas nécessaire de voter en 1895. Cependant, un nouveau courant politique s’enracine dans l’arrondissement de Huy-Waremme : le jeune POB obtient son premier parlementaire – Georges Hubin – aux élections de 1898 et lors du scrutin de 1900, ils sont désormais deux socialistes hesbignons à siéger à la Chambre pour y réclamer principalement le suffrage universel pur et simple, ainsi qu’une législation sociale protectrice des travailleurs. Parallèlement, parfois avec l’aide des libéraux, mais toujours en opposition aux catholiques, le nombre d’élus socialistes s’accroît dans les communes de l’arrondissement hesbignon, ainsi qu’au Conseil provincial. Architecte, Guillaume Joachim fait partie de ces premiers conseillers communaux « socialistes », lorsqu’il est élu, à Waremme, en octobre 1907. Jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, cet architecte sera une des figures de proue du POB de Waremme.

Avec un autre POB de la liste (Ferdinand Gillet), Joachim est le premier socialiste à entrer au Conseil de sa ville. En raison d’une alliance avec les libéraux, qui maintient les catholiques dans l’opposition, Joachim accède même d’emblée à un échevinat, en charge des Travaux publics (mars 1908). Il s’agit évidemment là encore d’une première au niveau local pour le POB. En janvier 1912, il devient Premier Échevin. Par rapport aux frères Wauters, Guillaume Joachim ne partage pas leur engagement sur le plan syndical, ni d’ailleurs au sein des mutuelles, mais il contribue par contre au succès des œuvres visant l’émancipation intellectuelle de la population et, co-fondateur avec Joseph Wauters, il fait partie des dirigeants de la coopérative La Justice, créée en 1898 et qui s’étend dans les communes avoisinantes avant 14 : l’objectif est notamment de fournir au prix le plus bas les produits de première nécessité. Joachim s’occupera de l’Union coopérative jusqu’en 1950.

La défaite du cartel libéral/socialiste dans l’arrondissement, lors du scrutin de juin 1912, laisse des traces : entre libéraux et socialistes le divorce est consommé et, lors du scrutin partiel du printemps 1914, le cartel n’est plus de mise : le succès de Georges Hubin à Huy et de Joseph Wauters à Waremme prive les libéraux du moindre siège de député en Hesbaye. C’est dans ce contexte qu’éclate la Grande Guerre.
Rapidement, les Allemands sont aux portes de Waremme. Le 6 août, le bourgmestre libéral Eugène Renier décide de mettre sa famille en sécurité du côté d’Ostende ; l’évolution de la guerre ne lui donnera pas la possibilité de rentrer à Waremme. C’en est fini de la tradition des bourgmestres libéraux à Waremme. En tant que Premier échevin, le socialiste Guillaume Joachim assure l’intérim (août). L’ordre étant strictement assuré, la cité hesbignonne échappe aux atrocités allemandes commises ailleurs. Quand commence la période d’occupation, Joachim est confirmé dans sa fonction de bourgmestre le 17 septembre 1914 ; Joachim le restera jusqu’en décembre 1946, moment où il passe le relai à Edmond Leburton. 

En 1914, en devenant le premier bourgmestre socialiste de Waremme – et l’un des premiers de Wallonie –, Joachim inaugure un siècle de mayorat socialiste sans interruption à Waremme, en dépit de la Seconde Guerre mondiale qui voit Joachim contraint à nouveau de servir d’intermédiaire entre les forces d’occupation et la population, sans renoncer à ses principes démocratiques. Durant les deux périodes de guerre, il veille à assurer le ravitaillement et la sécurité de ses concitoyens ; en 14-18, notamment, il s’appuie sur le réseau coopératif socialiste provincial liégeois et, en tant que maire, prend une série de mesures visant à donner un emploi et des revenus à plusieurs dizaines de Waremmiens, et leur éviter ainsi la déportation. Son action lui vaut une élection triomphale au scrutin d’avril 1921 ; à partir de 1932, le POB disposera de la majorité absolue au conseil communal de Waremme.

Dans le sillage des frères Wauters, Guillaume Joachim accède à son tour à un mandat parlementaire. Ayant d’abord été élu conseiller provincial de Liège, il préside le Conseil de 1922 à 1925. Ensuite, il devient sénateur provincial de Liège (1929-1936), il est ensuite élu directement à la Haute Assemblée par les électeurs de l'arrondissement de Huy-Waremme (1936-1946). Par ailleurs, Guillaume Joachim est l’un des délégués de Huy-Waremme à l’Assemblée wallonne (1923-1940). En 1938, il est membre du comité d’honneur du premier Congrès culturel wallon qui se tient à Charleroi. En janvier 1946, il préside le comité de la section de Waremme de Wallonie libre (janvier 1946-avril 1948).

Sources

Paul DELFORGE, Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. II, p. 886
Lionel JONKERS, 1914-2014. Cent ans de mayorat à Waremme, s.l., s.d. [2014]
Jean-Jacques MESSIAEN, Arlette MUSICK, Mémoire ouvrière. 1885/1985 Histoire des Fédérations. Huy-Waremme, Bruxelles, PAC, 1985
Paul VAN MOLLE, Le Parlement belge 1894-1972, Ledeberg-Gand, Erasme, 1972, p. 200
Histoire du Sénat de Belgique de 1831 à 1995, Bruxelles, Racine, 1999, p. 414

Mandats politiques

Conseiller communal de Waremme (1907-1946)
Échevin (1908-1914)
Bourgmestre (1914-1946)
Conseiller provincial (-1929)
Sénateur provincial (1929-1936)
Sénateur (1936-1946)