Lambertz Karl-Heinz

Politique

Schoppen 4/06/1952

En exerçant la présidence du gouvernement germanophone depuis juin 1999, Karl-Heinz Lambertz établit un record absolu de longévité ministérielle. Si l’on ajoute que le socialiste a été ministre dans les exécutifs Maraite II (1990-1995) et Maraite III (1995-1999), on devra conclure à l’attachement indéfectible de ce mandataire pour une communauté à la fondation de laquelle il a contribué. En effet, si le législateur belge avait reconnu, depuis décembre 1970, une Communauté culturelle de langue allemande, il allait mettre quelques années avant de lui attribuer de réelles compétences. Certes, en octobre 1973 était mis en place un Conseil culturel et des élections étaient organisées en 1974. Mais, en août 1980, à l’heure où émergeaient les entités flamande, wallonne et francophone, la Communauté germanophone restait dans les limbes. Pourtant, depuis 1979, existait au sein du Cabinet du Premier ministre Wilfried Martens une cellule « Communauté germanophone ». Collaborateur de Jean-Maurice Dehousse et conseiller auprès de Philippe Mouraux alors ministre pour les Réformes institutionnelles, Karl-Heinz Lambertz en faisait partie. Licencié en Droit, il était jusqu’alors assistant à la Faculté de Droit de l’Université catholique de Louvain (1976-1980). De 1981 à 1990, il exercera comme conseiller de la Société régionale d'investissement de Wallonie.

Président du Conseil de la jeunesse germanophone (1975-1980), membre de la Commission pour la traduction officielle en allemand des lois et décrets (1975-1981), il est élu pour la première en 1981 au Rat der Deutschsprachigen Gemeinschaft où il préside le groupe socialiste jusqu’en 1990. Finalement, c’est en décembre 1983 qu’est votée la loi spéciale donnant naissance à une véritable communauté germanophone dotée de son propre parlement élu directement et de son propre exécutif. S’il n’est pas des deux premiers exécutifs (Fagnoul et Maraite I), le socialiste Lambertz, jusque-là leader de l’opposition, reçoit un premier marocain ministériel en 1990. Ne disposant plus d’une majorité suffisante, le CSP et le PFF ont en effet dû se résoudre à réserver une place au SP et à lui accorder le troisième ministère. Karl-Heinz Lambertz est alors en charge des Médias, de la Formation des adultes, de la politique des Personnes handicapées, de l'Aide sociale et du Recyclage.

Au lendemain des scrutins de mai 1995, les libéraux germanophones sont écartés de la majorité formée à Eupen et le socialiste reste ministre en charge de la Jeunesse, de l'Éducation, des Médias et des Affaires sociales. Dans le même temps, il est brièvement conseiller communal à Eupen.

Après des années marquées par les réformes institutionnelles de 1988-1989 et 1992-1993, ainsi que par des négociations bilatérales avec la Région wallonne, le scrutin de 1999 se solde par la constitution d’une majorité arc-en-ciel à Eupen comme à Namur. K-H. Lambertz devient alors le premier socialiste Ministre-président de la Communauté germanophone, en charge des compétences de la politique des Handicapés, des Médias, du Sport, ainsi que des matières liées à l’emploi qui viennent d’être transférées par la Région wallonne.

À partir de 2004, la majorité germanophone perd Écolo, mais s’ouvre au Parti des Belges de langue allemande (PDB). Dans un exécutif composé désormais de quatre ministres, K-H. Lambertz reste le président et exerce les compétences en matière de pouvoirs locaux. La tutelle sur les communes et leur financement viennent d’être transférés après négociation avec la Région wallonne. En 2009, le succès de ProDG – ex PDB qui réclame la reconnaissance de la Communauté germanophone en tant que 4e région – est tel que deux portefeuilles lui sont accordés. A leurs côtés trouvent place un ministre PFF, tandis que le SP maintient toute sa confiance à K-H. Lambertz qui conserve ses compétences antérieures et la présidence du gouvernement.

Membre du Comité des Régions de l'Union Européenne depuis 1999-), il préside le groupe socialiste européen en juin 2011. Rapporteur général du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux auprès du Conseil de l’Europe sur la coopération transfrontalière depuis 2006, il occupe plusieurs présidences au sein de ce Congrès permanent. Depuis 2013, il préside aussi l’Euregio Meuse-Rhin. Chargé de cours à la Faculté de droit à l'Université catholique de Louvain (1988-2010), expert en droit constitutionnel, K-H. Lambertz est un excellent connaisseur des systèmes fédéraux passés et présents. Son expertise est régulièrement sollicitée au niveau international, comme sur la scène politique belge. Nommé « médiateur » durant l’été 2008 pour débloquer la formation d’un gouvernement fédéral, il plaide en faveur d’un système institutionnel belge fondé sur quatre entités fédérées à part entière.

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse

 

Mandats politiques

Ministre de la Communauté germanophone (1990-1999)
Conseiller communal d’Eupen (1995-1997)
Ministre-président de la Communauté germanophone (1999-)