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Lemasson (dit Latomus) Barthélemy

Culture, Littérature

Arlon c. 1485, Coblence 03/01/1570

Ayant fréquenté l’école d’Arlon avec Matthias Held, futur vice-chancelier de l’Empire, Barthélemy Lemasson suit, en 1514 ou 1515, les cours de la faculté des arts de l’Université de Fribourg. Bachelier en 1516, magistrer à la fin de l’année 1517, il donne ensuite des cours de latin et de grec à la même université ainsi que des exercices poétiques et oratoires. En 1519, il imprime à Augsbourg une élégie en vers célébrant les vertus de feu l’empereur Maximilien. Élu régent en 1520, il accompagne Erasme, l’année suivante, dans l’un de ses déplacements. Il se rend ensuite à Trêves qu’il défend contre Franz von Sickingen et les chevaliers révoltés. De Trêves, il part pour Cologne, où il exerce en tant que professeur de logique et de rhétorique et compose plusieurs manuels dans ces matières. Après quelques années, il quitte Cologne pour Louvain et se fait inscrire au Collège des Trois Langues, le 31 juillet 1530. Mais critiqué, il quitte la ville et gagne Paris, où il se joint aux lettrés français.

Originaire du duché de Luxembourg, Lemasson pratique tant le français, le latin que l’allemand. Ses séjours dans le monde germanique renforcent cependant la pratique de cette dernière langue. Ainsi fut-il accueilli avec circonspection au Collège de France, sur recommandation de Budé ; premier titulaire de la chaire d’éloquence latine, créée au début de l’année 1534, il est unaniment reconnu comme le spécialiste des discours de Cicéron dans des commentaires qui seront souvent réimprimés.

En 1539, celui qui a latinisé son nom en Latomus part à Venise et à Bologne, où il fait des études de Droit civil et reçoit le titre de legum doctor. Revenu à Paris, il reprend ses activités de professeur avant d’accepter l’offre qui lui est faite par Louis de Hagen, nouvel archevêque de Trêves, de devenir son conseiller privé. En 1542, Barthélémy Latomus s’installe à Coblence et s’y marie avec Anne Zieglins. Peu après son arrivée et jusqu’aux dernières années de sa vie, il est au centre des controverses religieuses qui opposent catholiques et réformateurs ; se gardant d’apparaître comme un spécialiste en théologie, il se fait le défenseur de la doctrine catholique de l’eucharistie, soutient l’invocation des saints, le célibat des prêtres, ainsi que l’autorité de l’Église de Rome et des Pères. On lui doit plusieurs ouvrages, dialogues, lettres et opuscules, tandis qu’il participe à divers diètes et colloques. En 1569, l’évêque Jacques d’Eltz réformant sa cour de justice, Latomus obtient, à 84 ans, le premier rang après le chancelier.
Érudit côtoyant les sphères dirigeantes de son temps, il ne doit pas être confondu avec Jacques Latomus.



Sources

Rita LEJEUNE et Jacques STIENNON (dir.), La Wallonie, le pays et les Hommes. Lettres – arts – culture, t. II, p. 29
I. ROERSCH, Barthélemy Latomus, dans Biographie nationale, t. XI, col. 425-434
Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000