Malva Constant né Alphonse Bourlard
Culture, Littérature
Quaregnon 09/10/1903, Saint Josse ten Noode 15/05/1969
Le nom de Constant Malva est généralement cité comme celui du représentant wallon typique de la littérature prolétarienne. Ainsi nommé par Henry Poulaille, le fondateur du Groupe des écrivains prolétariens de langue française, ce courant littéraire rassemble des écrivains autodidactes, qui témoignent dans leurs écrits des conditions d’existence de « leur classe sociale » et dont les parents étaient ouvriers ou paysans. À ces critères, d’aucuns ajouteront un engagement des dits auteurs prolétariens à ne pas modifier leurs conditions de vie quel que soit le succès qu’ils puissent rencontrer.
Né à la veille de la Grande Guerre de parents borains occupés dans les charbonnages, Alphonse Bourlard est privé d’une formation scolaire « normale » en raison de la Grande Guerre. Il n’aura jamais le diplôme d’école primaire auquel il aspirait et c’est comme mineur de fond (au Rieu du Cœur à Quaregnon) qu’il s’engage dans la vie professionnelle au lendemain de l’Armistice. Quand il se met à écrire, il est fortement marqué par la mine et par ceux qu'il appelle les « héros du sous-sol ».
Engagé politiquement, il milite au sein du Parti communiste naissant (1923). Il y côtoie notamment Charles Plisnier. Comme le futur Prix Goncourt, Bourlard quitte le parti au moment de l’exclusion des trotskystes (1928). Membre d’un Parti Socialiste Révolutionnaire, de tendance trotskyste, il se déclare révolutionnaire indépendant en 1936. Chroniqueur au Drapeau Rouge, il fait ses débuts littéraires en 1932 avec l’Histoire de ma mère et de mon oncle Fernand. Optant pour le nom de Constant Malva (patronyme de son arrière-grand-mère maternelle), il est alors toujours mineur, occupé dans divers charbonnages borains, jusqu’au moment où il décide de mettre un terme aux conditions de travail qu’il est contraint de subir (1940). En contact avec Achille Chavée, André Breton, Albert Aygueparse, il fréquente le milieu des surréalistes du Hainaut (le groupe Rupture) qui l’encouragent dans son travail d’écriture ; Malva restera fidèle à la thématique ouvrière qu’il décline sous diverses formes dans ses écrits souvent autobiographiques et un roman, Le Jambot.
Le fait que, pour survivre et éviter le travail obligatoire en Allemagne, il a publié dans diverses revues contrôlées par la censure allemande lui vaudra quelques ennuis après la Libération. Certaines de ses prises de position (pacifiste) et le fait qu’il a accepté un poste de concierge dans une maison où se réunira le syndicat emboché seront aussi retenues contre cet homme issu de la gauche et du monde ouvrier qui a pu être séduit et illusionné par les promesses du régime nazi : dans les années 1930, il avait écrit des articles de propagande en faveur de la politique du Plan impulsée par… Henri De Man. Sans avoir commis d’acte irréparable, sans avoir jamais adhéré à l’Utmi, il est néanmoins condamné pour collaboration par la Justice, mais c’est la silicose qu’il a contractée durant l’entre-deux-guerres qui aura surtout raison de lui.
Sources
Jacques CORDIER, Constant Malva, mineur et écrivain, Plein Chant, Bassac, 1980
Jean PUISSANT, Postface, dans Correspondance, 1931-1969, Bruxelles, Labor, 1985
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. III, p. 73
Œuvres principales
Histoire de ma mère et de mon oncle Fernand (1932)
Un propr' à rien (1935)
Borins (1937)
Un ouvrier qui s'ennuie (1940)
Un de la mine (1942)
Mon homme de coupe (1943)
Un mineur vous parle (1948)
Le Jambot (1952)
Ma nuit au jour le jour (1953)
Mensuaires (1954)
La passion Marguerite (1955)
Édition posthume
Vie de pauvres (1980)
Le Brasier (1982)
La nuit dans les yeux (1983)
Choses et gens de la Bure et du Borinage (1985)
Ramentevoir (1989)
© Institut Destrée, Paul Delforge