Maraite Joseph

Politique

Waimes 11/09/1949, Saint-Vith 25/04/2021

En exerçant la présidence du gouvernement germanophone de 1986 à 1999, Joseph Maraite battait un record de longévité ministérielle. Depuis lors, son successeur, Karl-Heintz Lambertz, a fait mieux, mais l’un comme l’autre témoignent de la stabilité politique caractéristique de l’est de la Wallonie.

La spécificité des communes « allemande » et de leurs 60 à 66.000 habitants est reconnue depuis la fixation de la frontière linguistique au début des années soixante. Lors de la révision de la Constitution en décembre 1970, l’article 59 ter reconnaît une Communauté culturelle de langue allemande et lui assure un Conseil culturel qui est mis en place en octobre 1973 sous la présidence de Johann Weynand. Joseph Maraite est élu en avril 1977 dans ce premier conseil décentralisé de Belgique dont les membres émargent directement du suffrage universel. Régent en langues germaniques, élu conseiller communal de Burg-Reuland au lendemain de la fusion des communes, Joseph Maraite enseigne entre 1972 et 1976 avant de se consacrer entièrement à la politique au sein du PSC-CSP. Chargé de mission au Cabinet du ministre de l’Éducation nationale, il contribue fortement à l’émergence de la Communauté germanophone lorsqu’il est en charge de la cellule « Communauté germanophone » créée au sein du Cabinet du Premier ministre Wilfried Martens (de 1981 à 1984). Finalement, la loi donnant naissance à une véritable communauté germanophone est votée en décembre 1983 : après la Flandre, la Wallonie et la Communauté française, la Communauté germanophone disposera elle aussi de son propre parlement élu directement et de son propre exécutif.

En attendant le scrutin de décembre 1986, c’est le libéral Bruno Fagnoul qui devient le premier président de l’exécutif de la Communauté germanophone tripartite ; à ses côtés, Joseph Maraite représente le parti catholique (CSP) ; le ministre est en charge de la Santé, de la Famille, des Sports et du Tourisme (6 juin 1984-3 décembre 1986).

Après le scrutin de 1986, Joseph Maraite devient le nouveau ministre-président et va incarner la Communauté germanophone de 1986 à 1999, puisque pendant 13 ans, Joseph Maraite reste le chef des trois exécutifs qui se succèdent : de 1986 à 1990, l’exécutif Maraite I comprend CSP et PFF ; de 1990 à 1995, l’exécutif Maraite II est tripartite CSP, PFF, SP et son président est en charge des Finances, de la Santé, de la Famille, des Sports, du Tourisme, des Relations internationales, des Monuments et des Sites ; de 1995 à 1999, l’exécutif Maraite III comprend 2 CSP et 1 SP et son président conserve quasiment les mêmes compétences, hormis les Monuments et les Sites. Durant toutes ces années marquées par les réformes institutionnelles de 1988-1989 et 1992-1993, ainsi que par des négociations bilatérales avec la Région wallonne, le ministre-président germanophone verra les compétences et l’autonomie de sa Communauté considérablement augmentées. Parmi les innombrables orientations et décisions prises par ses gouvernements, on retiendra, même si son importance est relative, le dépôt par le ministre-président d’un projet de décret  instaurant un jour de fête (15 novembre), des armoiries et un drapeau (lion rouge entouré de neuf fleurs stylisées, le tout surmonté d’une couronne royale) pour la Communauté germanophone (adopté en novembre 1990). Bénéficiant d’un fort soutien de l’électeur, Joseph Maraite est régulièrement reconduit au RDG ; de 1995 à 1999, il ne peut cependant y siéger en raison de l’interdiction du cumul des mandats, incompatibilité qui l’avait aussi obligé à renoncer à exercer effectivement son mandat d’échevin (entre 1994 et 1999).

Lors des scrutins de 1999, le PSC-CSP est écarté de quasiment toutes les majorités et la Communauté germanophone n’échappe pas à la règle. Député du Rat der Deutschsprachigen Gemeinschaft jusqu’en octobre 2009 – il en était encore l’un des vice-présidents –, il s’investit désormais dans sa seule commune. Conseiller communal depuis 1977, premier échevin depuis 1983, en charge notamment du Tourisme, il devient, en janvier 2004, bourgmestre de Burg-Reuland, suite aux décès du maire Peter Stellmann et de l’échevin Genen survenus en 2003. Lors du scrutin d’octobre 2012, sa liste conserve la majorité absolue et il reste à la tête de sa commune.

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Burg-Reuland (1977-)
Conseiller/député germanophone – au RDG (1977-1995, 1999-2009)
Ministre de la Communauté germanophone (1984-1986)
Ministre-président de la Communauté germanophone (1986-1999)
Échevin (1983-1994, 1999-2004)
Bourgmestre (2004-)