Mottet Pierre

Socio-économique, Entreprise

Namur 16/12/1961

Diplômé de l’Institut d’Administration et de Gestion (IAG) en 1984, Pierre Mottet se révèle un étudiant brillant. Repéré par IBM, il est promis à une belle carrière au sein de l’entreprise américaine (1984-1987) quand ses anciens professeurs de l’IAG renseignent son nom à Yves Jongen. Le directeur du Centre de recherche du Cyclotron cherche un commercial. C’est en 1987 que Pierre Mottet accepte de relever ce défi ambitieux : devenir le responsable des ventes d’une toute jeune spin-off qui entend commercialiser des cyclotrons ! Sachant que cet appareil médical coûte quelques dizaines de millions de francs, que le produit semble révolutionnaire, mais que la jeune société issue de l’Université catholique de Louvain n’a aucun passé… et que ses seuls soutiens sont l’Université, l’Institut des Radioéléments de Fleurus (IRE) et un prêt sans intérêt de la Région wallonne pour un prototype, le jeune ingénieur commercial parvient à signer assez rapidement quatre contrats, au Japon, en Australie, en Chine et aux États-Unis.

Après ce début fulgurant, la suite est un peu plus difficile, mais IBA – initiales d’Ion Beam Applications – parvient à se faire un nom à l’échelle mondiale, dès le début des années 1990, en raison de la commercialisation des cyclotrons et de sa diversification dans la thérapie du cancer et l’ionisation industrielle, dans la brachythérapie, ainsi que, loin des applications médicales, dans le secteur des accélérateurs d’électrons (RhodotronR) à l’usage de l’industrie dans le domaine de la stérilisation. Fruit d’une expertise technologique acquise dans le nucléaire civil, IBA doit également son succès au savoir-faire du tissu industriel wallon : la coulée de l’acier dont sont composés les cyclotrons, la maîtrise de techniques d’usinage très pointues, la disposition d’ingénieurs, entre autres. S’appuyant sur de nombreux sous-traitants, IBA ne fabrique pas lui-même les cyclotrons, mais les conçoit, les développe, les commercialise et s’occupe de les installer dans le monde.

Leader mondial dans le domaine des cyclotrons, IBA vaut à ses deux fondateurs historiques, Yves Jongen et Pierre Mollet, d’être élus Managers de l’Année 1997 par Trends Tendance, encouragements mérités à la veille d’une mise en bourse de la société wallonne en laquelle personne ne croyait une décennie plus tôt. À l’occasion de sa transformation en holding coopérative, Yves Jongen cède les commandes d’IBA à Pierre Mottet qui devient administrateur délégué.

Vingt ans après la fondation, une quinzaine de cyclotrons (coût 100 millions/pièce) ont été commandés à travers le monde, un résultat exceptionnel. Après avoir intégré dans le Groupe IBA une série d’entreprises concurrentes et complémentaires, IBA enregistre, en 2001, le premier traitement d’un patient avec son système installé à l’hôpital de Boston. Spin-off devenue multinationale, PME wallonne occupant désormais plusieurs centaines de personnes dans le monde, IBA connaît quelques turbulences, mais reste finalement aux mains de ses fondateurs.

À partir de 2007, de nouveaux systèmes, plus compacts et moins onéreux (un quart du prix précédent), sont commercialisés en protonthérapie, bénéficiant régulièrement d’une série de perfectionnements brevetés (IBA en a déposé plus de 300) en matière de coût d’énergie, de volumes et d’efficacité. Après avoir procédé à la vente de la division « radiopharmaceutique » de la multinationale à un fonds d’investissement américain, Pierre Mottet se retire en janvier 2012, après 25 années consacrées à IBA. Laissant une entreprise qui recentre ses activités sur son cor business, en l’occurrence la vente de centres de protonthérapie, il reste actionnaire et accède à la présidence du Conseil d’administration en 2013. Vice-président du Conseil d’administration d’Agoria et d’eCapital, responsable d’Agoria-Wallonie, administrateur de l’Union wallonne des Entreprises, il est aussi membre du comité de direction de la FEB.

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Martine MAESCHALCK, dans Jean-François POTELLE (dir.), Les Wallons à l’étranger, hier et aujourd’hui, Charleroi, Institut Destrée, 2000, p. 279
Dynamisme, octobre 2011, n°233