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Paulus Pierre

Culture, Peinture

Châtelet 16/03/1881, Bruxelles 17/08/1959

Le nom du peintre Pierre Paulus est définitivement lié au coq hardi, rouge sur fond jaune qu’il réalisa, à la demande de Paul Pastur en 1913, pour devenir l’emblème de la Wallonie. Cette « toile » flotte désormais sur tous les bâtiments publics wallons ; elle ne doit pas dissimuler l’œuvre d’un artiste au talent très tôt repéré, qui a connu la consécration durant l’Entre-deux-Guerres.

Sa famille compte de nombreux artistes, et il est vivement incité à mener des études d’architecture à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, où il croise la route de Constant Montald. Jeune diplômé, Pierre Paulus se tourne résolument vers sa seule passion : la peinture. À 25 ans, dégageant une atmosphère particulière de la vallée de la Sambre, il s’affirme comme le peintre des charbonnages et des usines, des mineurs et des métallurgistes, des terrils, des hauts fourneaux, des lourdes péniches chargées de charbon, des paysages industriels, sous un ciel clair ou sous un ciel de pluie, couverts de neige ou illuminés par les lueurs rouges des forges. Rapidement étiqueté comme le continuateur de Constantin Meunier, Paulus devient le chantre du Pays noir.

Peintre impressionniste glissant progressivement vers l’expressionnisme, pastelliste, graveur et lithographe, affichiste sporadique, il se révèle au grand public lors de la fameuse exposition sur l’Art wallon organisée à Charleroi, en 1911, à l’initiative de Jules Destrée : ce dernier a insisté pour que Paulus expose onze tableaux. Le public est séduit. Premier titulaire du Prix du Hainaut (1913), il est choisi pour concevoir le drapeau wallon décidé par l’Assemblée wallonne.

Quand éclate la Grande Guerre, il se réfugie à Londres ; au bord de la Tamise, l’atmosphère enrichit son registre pictural ; il est impressionné par l’œuvre de Turner. Mais Jules Destrée l’invite à le suivre en Italie où il doit négocier pour le gouvernement belge. Ensuite, Paulus est mobilisé dans l’armée belge et affecté au service de documentation, « Section artistique de l’armée belge en campagne » : il réalise des croquis et aquarelles du front (1916-1918).

Dans l’Entre-deux-Guerres, les œuvres de Pierre Paulus sont exposées tant en Europe qu’aux États-Unis. À côté d’œuvres de caractère social, il lui arrive de traiter des animaux, des fleurs délicates ou des natures mortes (il accepte d’ailleurs d’être professeur d’art animalier à l’Académie d’Anvers de 1929 à 1953), mais c’est l’aspect réaliste et anecdotique de même que les couleurs sombres qui caractérisent alors ses peintures. « Il part d’une réalité locale et demeure attaché au décor dans lequel il a vécu, mais il exprime une vérité générale, traduit la condition humaine et le cadre souvent inhumain d’une classe sociale qui n’est plus seulement celle du Pays noir » (Jules Bosmant). Les récompenses se multiplient pour celui qui participe à la création et au développement du groupe Nervia (1928-1938), autour de Louis Buisseret et Anto Carte. Membre de l’Académie royale (1946), Pierre Paulus a été choisi pour décorer la Maison du Peuple de Trazegnies (cinq fresques ouvrières) et l’Université du Travail. En 1950, il reçoit le Prix quinquennal de la Province du Hainaut.

En 1949, Pierre Paulus signe la pétition La Wallonie en alerte, avec 52 autres académiciens, affirmant que « la Wallonie a enfin pris conscience d’elle-même (...) » et que c’est pour cette raison qu’elle demande « (...) qu’on lui garantisse l’existence en tant que nationalité ». Anobli par le roi en juillet 1951, Pierre Paulus fait du coq hardi l’ornement principal de son blason.

Sources

LEVEQUE Laurent, COLIGNON Alain, Encyclopédie du Mouvement wallon, t. III, Charleroi, 2001
LEMAL-MENGEOT Chantal, Nouvelle Biographie nationale, t IV, p. 288-290
BERNARD Ch., Pierre Paulus, Bruxelles, 1953
CHAMPAGNE Paul, Pierre Paulus, dans Hainaut, mon beau pays, Bruxelles, 1962
DELAHAUT J-R., Pierre Paulus, Paris-Bruxelles-Genève, 1958
DELFORGE Paul, Cent Wallons du Siècle, Namur, Institut Jules Destrée, 2e éd., 1995
GAILLY H., Le peintre P. Paulus, dans La Terre wallonne, t. 16, mai 1927, p. 131-145
LEMPEREUR É., Le Baron Pierre Paulus de Châtelet (1881-1959), dans La Vie wallonne, t. 33, p. 275-278
Nouvelle Biographie nationale, t. 4, p. 288-291
Pierre Paulus (1881-1959). Les couleurs de l'humanisme, Musée des Beaux-Arts, 1998
SOREIL A. et STEVO J., Pierre Paulus, Bruxelles, 1960