Pieltain Fernand

Militantisme wallon, Politique

Salzinnes 8/07/1893, Nice 29/12/1972

Bourgmestre de Namur de 1963 à 1970, Fernand Pieltain avait représenté le parti catholique pendant de nombreuses années avant d’entrer quelque peu en dissidence, en manifestant trop clairement un engagement wallon de longue date.

Docteur en Droit de l’Université catholique de Louvain, cet avocat au Barreau de Namur y fait toute sa carrière, et sera bâtonnier. Depuis sa jeunesse, il est en contact avec François Bovesse et, même s’il ne partage pas sa vision libérale, le catholique Pieltain le rejoint lorsqu’il s’agit de la défense des intérêts wallons. Poète, défenseur et diffuseur de la littérature wallonne et du folklore namurois, il écrit dans Wallonia avant la Grande Guerre, et dans Le Guetteur wallon  dans l’Entre-deux-Guerres. Il est aussi le président (jusqu’en 1932) de la Frairie Espère en Mieulx. Dénonçant le principe du bilinguisme généralisé contre l’avis du parti catholique dont il est simple conseiller communal à Namur depuis 1932, résistant actif (lieutenant, à titre honorifique, des Forces françaises de l’Intérieur), membre de Rénovation wallonne et de Wallonie libre, Fernand Pieltain représente la tendance catholique lors du Congrès national wallon de Liège (20 et 21 octobre 1945) et s’y proclame fédéraliste.

Dans la clandestinité, Fernand Pieltain a longuement étudié la question wallonne et, à la Libération, il est porteur d’un projet original où les limites provinciales seraient effacées et où des régions économiques seraient fondées selon des critères s’appuyant sur la géographie, la production, le genre d’activités, les moyens de communications. À titre indicatif, il verrait bien la Wallonie divisée en quinze régions économiques, chacune souveraine en matière fiscale, économique... à l’exemple des cantons suisses. Au point de vue administratif, ces 15 régions seraient regroupées au sein de nouvelles provinces (Hainaut, Namur, Liège, Luxembourg), dont l’administration servirait uniquement d’intermédiaire entre les régions et les pouvoirs centraux. Il suggère que la Flandre compte également quinze régions et Bruxelles cinq. Les 35 régions de la Belgique enverraient chacune trois délégués au sénat fédéral (105 membres élus au 2° degré). Le pouvoir fédéral s’occuperait exclusivement de l’armée – la marine – la colonie ; des affaires étrangères ; des transports et PTT ; des travaux publics d’intérêt interrégional ; de la monnaie ; du droit sous toutes ses formes. Enfin, les régions flamandes, wallonnes et bruxelloises seraient groupées pour former trois unités culturelles autonomes, gouvernées, chacune, par une Chambre des représentants élue au suffrage universel.

Ce projet n’est guère partagé par ses contemporains ; Pieltain soutient dès lors les projets du Congrès national wallon jusqu’à l’entame des années 1960. Cet engagement politique wallon résolument fédéraliste vaut d’ailleurs à Pieltain des problèmes au sein de sa famille politique, d’autant qu’il rejette, au début des années 1950, toute adhésion au Mouvement des Provinces wallonnes. Échevin de l’Instruction publique et des Beaux-Arts de Namur depuis 1935, il nourrit l’ambition de succéder durablement à Louis Huart. Quand celui-ci se retire de la vie politique en octobre 1963, Pieltain lui succède, mais craint de ne pas être soutenu par son parti lors du scrutin d’octobre 1964. Il crée alors sa propre liste, Rénovation namuroise, allusion à peine voilée à Rénovation wallonne. Rassemblant sur son nom des voix catholiques et libérales, Pieltain reste le bourgmestre de Namur, dont il contribue à affirmer le rôle dans la Wallonie à naître.

Réélu conseiller communal en octobre 1970, Fernand Pieltain décide de démissionner en avril 1971. Il quitte alors Namur et se retire dans la région de Nice, tout en restant attentif à ce qui se passe en Wallonie. Ainsi, en 1976, il est l’un des 143 signataires de la Nouvelle Lettre au roi (29 juin), destinée à dénoncer l’extrême lenteur mise dans l’application de l’article 107 quater de la Constitution ; il plaide ainsi en faveur d’un fédéralisme fondé sur trois Régions : Bruxelles, Flandre et Wallonie.
 

Sources

Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1266-1268

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Namur (1932-1971)
Échevin (1935-1963)
Bourgmestre (1963-1970)