Reynders Didier

Politique, Député wallon

Liège 6/08/1958

Député wallon : *1992-1995

Licencié en Droit de l’Université de Liège (1981), Didier Reynders s’inscrit au barreau de Liège comme avocat. Étudiant-répétiteur en Économie générale auprès du professeur Joseph Stassart, il est aussi assistant volontaire en Droit constitutionnel, auprès de François Perin, et restera l’un des collaborateurs du service de Droit public de l’Université de Liège. En 1988, il est nommé professeur en charge de l’Introduction à l’Économie publique aux Hautes Études Commerciales de Liège. Ses contacts avec Fr. Perin, puis J. Gol, orientent son activité professionnelle et sont à l’origine de son engagement en politique. Séduit par les talents du jeune Reynders, Jean Gol lui confie rapidement d’importantes responsabilités. En 1985, il est nommé Directeur général au département des pouvoirs locaux du Ministère de la Région wallonne (1985-1988). Administrateur notamment à la RTBf et à l’Université de Liège, D. Reynders est désigné comme président du Conseil d’administration de la Société nationale des chemins de fer belges (1986-juillet 1991). Âgé de trente ans, Didier Reynders se retrouve également chef de Cabinet du vice-Premier ministre, ministre de la Justice et des Réformes institutionnelles (1987-1988). En juillet 1991, D. Reynders est désigné pour six ans à la tête de la Régie des Voies aériennes.

Conseiller communal élu à Liège en octobre 1988, il est aussi élu au Conseil provincial de Liège (1991-1992), où il devient le chef de file du groupe libéral. Nommé vice-président du PRL quand Jean Gol retrouve la présidence (mars 1992), D. Reynders bénéficie de la désignation de Janine Delruelle-Ghobert comme juge à la Cour d’Arbitrage pour faire son entrée à la Chambre, au Parlement wallon et au Conseil de la Communauté française (22 décembre 1992-21 mai 1995), abandonnant la Régie aérienne et le Conseil provincial. D’emblée, il est plongé dans les discussions parlementaires relatives à la réforme institutionnelle. Au sein de la Commission des Réformes institutionnelles, avec J. Gol et D. Ducarme, il multiplie les manœuvres de retardement, mais leur opposition d’obstruction n’empêche pas l’adoption de la 3e phase de la Réforme de l’État avant juillet 1993. Néanmoins, avec J. Gol, D. Reynders n’abandonne pas l’idée de trouver une majorité alternative forte pour détricoter un processus institutionnel qui donne la part belle aux régions.

Chef de file du groupe libéral au conseil communal de Liège (1er janvier 1995), D. Reynders est élu à la Chambre fédérale lors du scrutin du 21 mai 1995. Membre de la Commission des Finances, président du groupe PRL-FDF à la Chambre, il va mener la vie dure au gouvernement Dehaene II (1995-1999). La disparition brutale de Jean Gol (septembre 1995) l’a touché profondément. Pressenti comme son successeur à la tête du PRL-FDF, il veut éviter des tensions internes inopportunes et soutient la candidature unique de Louis Michel jusqu’en juin 1999. Restant numéro deux du parti, D. Reynders est élu à la présidence de la fédération de l’arrondissement de Liège (novembre 1995-octobre 2004).

En juin 1999, Didier Reynders confirme sa montée en puissance et se pose en leader de la métropole liégeoise. À partir de 2003, au moment où la circonscription liégeoise s’étend désormais aux limites provinciales, un combat des chefs oppose Didier Reynders et Michel Daerden ; en mai 2003 comme en juin 2007, le PS reste en pourcents le premier parti à Liège, devant le PRL-MR, mais, en voix de préférence, c’est le leader libéral qui prend l’ascendant (96.954 en 2003 et 102.762 en 2007) sur son rival socialiste liégeois. En octobre 2006, le MR tente de reprendre la mairie au PS et au cdH, mais le scrutin qui se résume en un duel entre D. Reynders et W. Demeyer tourne à l’avantage du second.

En juin 1999, D. Reynders dirige la délégation libérale lors de la formation du gouvernement wallon, pendant que Louis Michel est informateur au fédéral. C’est à ce niveau qu’il devient ministre pour la première fois, en charge des Finances dans le gouvernement arc-en-ciel de Guy Verhofstadt (12 juillet 1999-12 juillet 2003). Il a l’honneur de présider la « zone euro » durant l’année où la monnaie unique est introduite dans le quotidien des citoyens européens (2001). Président de l’Eurogroupe (1er janvier-31 décembre 2001) et de l’Écofin (1er juillet-31 décembre 2001), il est membre du G7 en 2001 et président du G10 en 2002. Mais il s’attaque avant tout à l’état des finances de la Belgique, introduit une importante réforme fiscale, privatise la Bourse de Bruxelles devenue Euronext, s’attaque au déficit public et présente pour la première fois depuis longtemps un budget à l’équilibre.

Après le scrutin de 2003, D. Reynders conserve les mêmes attributions auxquelles s’ajoute la Régie des Bâtiments. Au lendemain des scrutins régionaux et européen de juin 2004, moment où le PS tourne le dos au MR en Wallonie et à Bruxelles, Louis Michel devient Commissaire européen et Didier Reynders lui succède en tant que vice-Premier ministre (à partir du 18 juillet 2004) et ministre des Réformes institutionnelles, tout en conservant les Finances. Chef de file des francophones, il succède à Antoine Duquesne à la présidence du MR (11 octobre 2004), et prend part au Forum institutionnel destiné à canaliser les revendications des uns et des autres, et à analyser les convergences et divergences loin du travail quotidien du gouvernement fédéral. Fidèle à la parole donnée au sein du Front francophone, le président du MR n’est demandeur d’aucun nouveau scénario institutionnel ; mais tenu par l’accord de gouvernement, il est l’un des deux présidents (avec Johan Vande Lanotte) d’un Forum où doivent siéger des représentants de tous les exécutifs. Après plusieurs semaines au cours desquelles un accord semblait pouvoir se dégager, Spirit sort de table et le dossier B-H-V est reporté sine die (12 mai 2005). Le front francophone a tenu, mais les problèmes demeurent ; ils envahiront les discussions pour la formation du gouvernement issu du scrutin de juin 2007. Régulièrement, Didier Reynders affirmera que « la meilleure façon de sortir du mal belge, c’est de redresser la Wallonie. Il faut un changement profond au sud du pays, sinon on continuera de se séparer ».

Informateur en juin 2007, D. Reynders consulte plusieurs dizaines de représentants de l’ensemble de la société belge et rédige une importante et solide synthèse, avec R. Miller et P-Y. Jeholet, qui doit permettre de construire un projet de gouvernement. Mais la tentative de coalition orange-bleu échoue. Vice-Premier ministre et ministre des Finances et de la Réforme socio-économique au sein du gouvernement Verhofstadt III (21 décembre 2007), il est encore vice-Premier ministre, ministre des Finances et des Réformes institutionnelles au sein des gouvernements Leterme Ier (20 mars 2008), Van Rompuy (30 décembre 2008) et Leterme II (6 décembre 2009). Durant l’automne 2008, le ministre des Finances est aux premières loges lorsqu’il faut faire face à la crise financière mondiale et à ses conséquences sur l’économie belge, en particulier pour les Fortis, Dexia et autres KBC. En 2011, c’est la crise de Dexia qui s’impose à un agenda politique déjà bien chargé et perturbé tant par le sort de BHV que par la difficile formation d’un gouvernement fédéral et des tensions internes au MR.

Succédant à la déception que le MR ne soit pas devenu le premier parti de Wallonie (scrutin de 2009), une fronde (groupe Renaissance) naît au sein du MR et la crise s’éteint provisoirement en octobre ; les critiques se multiplient cependant et mettent la présidence du parti en cause au lendemain du scrutin fédéral anticipé de juin 2010. Alors que commence la plus longue crise politique belge pour former un gouvernement, les tensions internes du MR s’apaisent par l’organisation d’un scrutin interne pour désigner un nouveau président. En janvier 2011, Charles Michel succède à Didier Reynders.

Élu député fédéral à Liège en juin 2010, ce dernier siège à la Chambre tout en restant ministre et vice-Premier ministre en affaires courantes jusqu’au 6 décembre 2011. À ce moment, et le volet institutionnel (octobre) et le volet socio-économique (décembre) ont fait l’objet d’un accord ; le gouvernement d’Elio Di Rupo se met alors en place. Vice-Premier ministre à nouveau, Didier Reynders est chargé des Affaires étrangères, des Affaires européennes et du Commerce extérieur. C’est durant cette courte législature 2011-2014 que sera voté, parmi beaucoup d’autres textes législatifs, l’ensemble des dispositions de la 6e Réforme de l’État qui comprend notamment la scission de BHV, la réforme du Sénat, l’accroissement tangible de l’autonomie fiscale des Régions et le transfert d’importantes compétences vers les entités fédérées.

En février 2012, quittant Liège, Didier Reynders annonce son installation à Uccle. Candidat au scrutin communal d’octobre, il pousse la liste conduite par Armand De Decker et sans les FDF. Avec 47% des voix et 21 sièges sur 41, le MR s’empare de la majorité absolue, tandis que D. Reynders siège comme conseiller communal. Le 25 mai 2014, dans la circonscription de Bruxelles-Capitale cette fois, Didier Reynders conduit la liste MR. Avec près de 55.000 voix de préférence, il s’impose d’emblée comme le meilleur faiseur de voix, devant Laurette Onkelinx et Olivier Maingain.

Quand un accord de majorité s’établit entre le MR, la NVA, le CD&V et l’Open VLD (octobre 2014), Didier Reynders est choisi comme vice-Premier ministre dans le gouvernement de Charles Michel, en charge des Affaires étrangères, des Affaires européennes, de Beliris et des Institutions culturelles fédérales.

 

Mandats politiques

Conseiller communal de Liège (1989-2012)
Conseiller provincial de Liège (1991-1992)
Député (1992-1995)
Membre du Parlement wallon (1992-1995)
Député fédéral (1995-1999, 2003, 2007, 2010, 2014)
Ministre fédéral (1999-)
Vice-Premier ministre (2004-)
Conseiller communal d’Uccle (2012-)

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 501-504