Richilde

Politique

Mons 1027, Messines 15/03/1087

Depuis Régnier III qui rétablit sa famille à la tête du comté de Hainaut en 958, cinq noms se sont succédé avant que n’émerge Herman, fils de Régnier V, décédé en 1039. Peu de temps après la disparition de son père, Herman épouse Richilde, fille des comtes alsaciens d’Eguisheim et de Dagsbourg. Forte personnalité, Richilde s’implique dans les affaires du comté wallon ; elle conteste même le choix de Herman de s’allier à Godefroy de Basse-Lotharingie et à Baudouin V contre l’empereur (milieu des années 1040). À la mort de son père vers 1048/1049, Richilde apporte à son mari le marquisat de Valenciennes, reconstituant à peu de choses près le territoire sur lequel Régnier Ier exerçait son pouvoir.

Quand meurt Herman, vers 1049/1050, Richilde écarte ses enfants de la succession et devient la dernière de la lignée des Régnier, quand elle se remarie, en 1051, avec Baudouin Ier, héritier présomptif de la maison de Flandre. Ce mariage semble le prix à payer par Richilde de Hainaut pour empêcher son comté de tomber entre les mains du roi de Germanie ou entre celles du roi de Francie.

L’union de Richilde et de Baudouin Ier de Hainaut est célébrée à Mons en décembre 1051, mais le mariage est controversé, car il n’a pas été autorisé par l’empereur et il s’en suit plusieurs années de guerres. En 1067, Baudouin de Hainaut hérite de son père Baudouin V de Flandre et va régner jusqu’à sa mort sur la Flandre, unissant les destinées de ce comté à celui de Hainaut l’espace de trois années, puisque Baudouin VI meurt en 1070, laissant Richilde à nouveau veuve et surtout seule, son fils aîné, Arnould, comte de Flandre et de Hainaut étant tué en 1071, près de Cassel, au cours d’une bataille : Robert le Frison, son beau-frère, s’empare alors du comté de Flandre.

Cherchant une aide extérieure (1071), Richilde, héritière du Hainaut, obtient le soutien de la principauté de Liège. Par le traité de Fosses, le comté de Hainaut devient un fief de l’Église de Liège, tout en conservant son autonomie politique. Comme l’a écrit Léon-E. Halkin, cette association, en d’autres circonstances, eût pu créer une puissance wallonne. En contrepartie, l’évêque de Liège lève une armée pour aider le Hainaut à combattre le comte de Flandre, mais Robert le Frison remporte d’emblée, en 1072, une victoire éclatante à Broqueroie contre les coalisés wallons. En 1085, le traité de paix maintient le statu quo de 1071 (hormis la ville de Douai), et le comté de Hainaut demeure un fief de Liège sur le plan spirituel. C’est ce statut dont dispose le Hainaut quand Richilde meurt en 1087. Réfugiée à Saint-Hubert en raison du danger que lui a fait courir le comte de Chiny, elle partageait la direction du Hainaut, depuis 1071, avec son second fils, Baudouin II, qui lui succède.

 

Sources

Henri PIRENNE, dans Biographie nationale, t. XIX, col. 293-300