Rosenfeld Léon

Science, Physique

Charleroi 14/08/1904, Copenhague 23/03/1974

Remarqué dès ses humanités à l’Athénée de Charleroi, Léon Rosenfeld obtient avec brio un doctorat en Sciences physiques et mathématiques, à l’Université de Liège, en 1926, et poursuit sa formation à l’étranger : à l’École normale de Paris avec Louis de Broglie et Paul Langevin (1927), à l’Université de Göttingen où Max Born en fait son assistant (1928-1930), à Zurich chez Wolfgang Pauli et Heisenberg, où il se familiarise avec l’électrodynamique quantique, avant d’élargir le cadre de la théorie en formation en y englobant le champ de la gravitation. Au sein de la faculté des Sciences appliquées de l’Université de Liège, il enseigne la physique théorique à partir de 1930. Nommé professeur ordinaire en 1937, il marque durablement une génération d’étudiants. En contact avec Polydor Swings (ancien de l’Athénée de Charleroi) à l’Observatoire de Cointe, il exerce également une forte influence sur l’Institut d’Astrophysique, notamment par la résolution du problème des abondances moléculaires dans les atmosphères stellaires (1933) et par l’identification de la première molécule interstellaire (1937). Dans le même temps, de fréquents séjours à Copenhague renforcent sa collaboration avec Niels Bohr, au moment où se construit la forme moderne de la mécanique quantique. De la rencontre des deux hommes en 1929 naît une solide amitié. Ensemble, ils publient une analyse de la mesurabilité des champs quantiques en électrodynamique quantique (1933). Disciple affirmé du Danois, Rosenfeld étudie les fondements, l’interprétation et les implications épistémologiques de la mécanique quantique. Historien des sciences, il entreprendra l’édition complète des œuvres du maître.

Attentif aux dérives de l’Allemagne nazie, il décide de mettre sa famille à l’abri quand il quitte Liège à la veille de l’offensive allemande à l’Ouest. Il accepte une chaire de physique théorique à l’Université d’Utrecht où il enseigne de 1940 à 1947, avant de rejoindre l’Université de Manchester où il dirige le département de Physique théorique (1947-1958). Là, il développe ses recherches en physique nucléaire, publie dès 1948, un ouvrage de référence pour les physiciens du noyau, avant de créer une revue internationale de physique nucléaire dont il est le rédacteur en chef (1956-1974). En 1958, il répond à une invitation de Niels Bohr et occupe une chaire à l’Institut nordique de Physique atomique théorique (Nordita), créé à l’initiative de Bohr, à Copenhague, en 1957. En 1970, Rosenfeld contribue aux travaux de Prigogine et prend part ainsi à « la formulation d’une solution nouvelle du problème de l’origine de l’irréversibilité dans le comportement des systèmes macroscopiques ». Ses travaux sur les réactions nucléaires et l’astrophysique moléculaire, sur la dissociation des molécules dans les atmosphères des étoiles et sur l’interprétation physique de la mécanique quantique lui valurent le Prix Francqui 1949.
 

Sources

Jean SERPE, Florilège des Sciences en Belgique, Bruxelles, 1980, p. 389-402
Lauréats des Prix Francqui 1934-1968, Bruxelles, 1969, p. 206-210
Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. IV, p. 26, 231
P. SWINGS, In memoriam Léon Rosenfeld, dans Bulletin de la classe des Sciences. Académie de Belgique, t. LX, 1974, p. 656-662