© Sofam - Buste de Louis Seutin à Nivelles

Seutin Louis-Joseph

Science, Médecine

Nivelles 19/10/1793, Bruxelles 29/01/1862

Chirurgien de réputation internationale, personnalité libérale, voire « révolutionnaire » de 1830, Louis Seutin est surtout le premier médecin à procéder à la réduction des fractures par l’utilisation de bandages amidonnés.

Né sous le régime autrichien restauré, ayant grandi sous le régime français, Louis Seutin connaîtra encore le régime hollandais puis belge durant son existence qui l’a vu sortir d’un milieu de modestes agriculteurs pour devenir un chirurgien respecté. Mis en contact avec la pratique chirurgicale par les hasards de sa formation à Nivelles, il suit assidument les cours de l’École de médecine de Bruxelles (1810-1812) où il multiplie les premiers prix. Mobilisé sur le front oriental où les troupes napoléoniennes subissent de fortes pertes autour de Dresde et de Leipzig (1813), il exerce sa médecine, passant d’une ambulance à l’autre. Fait prisonnier par les troupes russes d’un certain Léopold de Saxe-Cobourg, il passe des mois de détention dans de très pénibles conditions (1813-1814), avant d’être libéré et de revenir à Nivelles durant l’été 1814. Nommé par le gouvernement des Pays-Bas chirurgien(-aide)-major à l’hôpital militaire de Bruxelles, il sera tour à tour sollicité pour secourir les grands blessés de la bataille de Waterloo de 1815, puis des combats des journées de Septembre 1830, ainsi qu’au siège d’Anvers en 1831. L’expérience acquise en 1813 pèse davantage que ses études en médecine qu’il n’a pas encore pu achever en raison des circonstances internationales. En 1816, il défend une thèse à l’Université de Leyde (sur la péripneumonie) et, en 1820, il est reçu à l’Université de Liège docteur en chirurgie et en accouchements. 

Co-fondateur de la Société des sciences médicales et naturelles de Bruxelles (1822) dont il deviendra le président, il publie plusieurs mémoires dans le journal de cette société. Chirurgien en chef de l’hôpital Saint-Pierre (1823), professeur à l’École de médecine (1824), il inaugure de nouveaux cours et forme de nombreux étudiants à une médecine opératoire moderne. Reconnues sous le régime hollandais, ses qualités le sont aussi, très vite, par le régime belge.

Nommé chirurgien en chef de la garde urbaine (25 septembre 1830), Seutin est mêlé aux événements de septembre 1830 : il soigne de nombreux blessés dans sa maison située à Bruxelles ; il est ensuite chargé d’organiser le service des ambulances de la jeune « armée » belge, puis récompensé en étant promu médecin en chef de l’armée belge (1831-1836). En 1854, il sera nommé inspecteur général honoraire du service de santé. Ce ne sont là que quelques-uns des nombreux titres et fonctions que collectionna Seutin, devenu par ailleurs le médecin du roi.

Membre l’Académie de médecine (1841), professeur à l’Université libre de Bruxelles (1834), le chirurgien devient un véritable chef de file tant par la qualité de son enseignement que par celle de sa pratique. Il apporte de nombreux perfectionnements à des pratiques médicales très variées. Leur énumération serait fastidieuse, mais il convient de retenir, sans conteste, qu’il a été le premier à procéder à la réduction des fractures par l’utilisation de bandages amidonnés. Sa manière d’ouvrir les fractures était révolutionnaire, même s’il fallut plusieurs années de lutte pour convaincre les sceptiques, Seutin se révélant alors un étonnant débatteur. Son procédé fait l’objet d’une publication, en 1840, Du bandage amidonné ou Recueil de toutes les pièces composées sur ce bandage depuis son invention jusqu’à ce jour. En 1848, ce chirurgien de réputation internationale est encore le premier à utiliser du chloroforme dans la pratique d’anesthésie. Ses interventions pour améliorer l’hygiène et la salubrité publiques sont aussi décisives et le conduisent à s’occuper davantage encore de la « chose publique ».

En plus de ses activités dans le domaine de la médecine, Louis Seutin entre aussi en politique quand il accepte de remplacer le sénateur L. de Marnix comme représentant de l’arrondissement de Bruxelles. De manière régulière, le « Nivellois » siège et intervient à la Haute Assemblée, de juillet 1853 à janvier 1862, pour défendre le programme du parti libéral. Il fait notamment partie de la Commission de la Guerre et de celle de l’Intérieur, mais ses interventions en matière de médecine préventive sont les plus remarquées.

Sources

Victor JACQUES, dans Biographie nationale, t. 22, col. 324-339
Jean-Luc DE PAEPE, Christiane RAINDORF-GÉRARD (dir.), Le Parlement belge 1831-1894. Données biographiques, Bruxelles, 1996, p. 506-507
Joseph TORDOIR, Des libéraux de pierre et de bronze. 60 monuments érigés à Bruxelles et en Wallonie, Bruxelles, Centre Jean Gol, 2014, p. 163-165