T'Serclaes Jean, comte de Tilly
Militaires
Tilly 02/1559, Ingolstadt (Rain am Lech) 30/04/1632
Commandant en chef des armées de la Ligue catholique et du Saint-Empire romain germanique pendant les premières années de la Guerre de Trente Ans, Jean t’Serclaes s’est distingué sur de nombreux champs de bataille où il était connu sous le nom de « général Tilly », en référence au château familial situé dans le comté de Namur où il était né.
Deuxième fils d’un seigneur de Montignies-sur-Sambre et de Tilly au service des autorités espagnoles, Jean t’Serclaes est formé dans la foi catholique par les Jésuites et reçoit une formation militaire destinée, notamment, à réprimer les partisans de la Réforme. Se distinguant dès ses premières prises d’armes (1584-1585) dans des Pays-Bas en pleine révolte, il se voit confier divers commandements, avant de se mettre au service de l’empereur lors de la campagne de Hongrie contre les Turcs (1602-1606), gagnant ses galons de général de cavalerie (1604), puis de feld-maréchal (1605). Son rôle dans la reprise de la cité bavaroise de Donauworth alors aux mains des protestants (1608) lui vaut d’être remarqué par le duc Maximilien Ier de Bavière qui lui confie l’organisation des armées de la Ligue catholique (1609). Menant campagne contre les États ralliés au protestantisme, le militaire dirige encore l’armée bavaroise contre la noblesse qui se soulève contre le duc.
C’est cependant lors de la bataille dite de la Montagne blanche (8 novembre 1620) que se révèle le sens tactique de Tilly. Alors que les armées de l’empereur Ferdinand II plient devant le soulèvement de la Bohême, Tilly à la tête de ce qui reste de l’armée impériale parvient à gagner Prague et à se défaire des hommes du roi de Bohême lors de la fameuse bataille. L’empereur et la Ligue catholique reprennent ainsi l’ascendant. Néanmoins, dans la vallée du Rhin notamment, le « général Tilly » est mis en difficultés à différentes reprises (1621, 1622), avant de remporter la bataille décisive de Stadtlohn (6 août 1623) : poursuivant ses adversaires réformés dans le nord de l’Allemagne, il contribue à asseoir le catholicisme dans plusieurs États. Quand le Danemark entre dans un conflit auquel on donnera plus tard le nom de Guerre de Trente Ans, Tilly se retrouve aux côtés du fameux condottiere et généralissime des armées impériales, Albert von Wallenstein. Les deux hommes seront à la fois alliés et rivaux. À Lutter (27 août 1626), le général Tilly remporte sa dernière grande bataille, face à Christian IV de Danemark, qui sera contraint de signer la paix de Lübeck (12 mai 1629).
Après le renvoi de Wallenstein par l’empereur, Tilly se voit confier le commandement des armées impériales (août 1630), mais l’entrée de la Suède dans le conflit va mettre un terme à sa carrière et à sa réputation d'invincibilité. Après le siège victorieux et le massacre de Magdebourg (10 mai 1631) – la cité a été totalement mise à sac, ravagée par un incendie, tandis que des milliers d’habitants étaient tués –, les armées dirigées par Tilly ne parviennent pas à battre les Suédois à hauteur de Leipzig (bataille de Breitenfeld, 17 septembre 1631), laissant par conséquent ouvertes les portes de l’empire germanique. Particulièrement bien équipées du fait du travail de sidérurgistes wallons implantés dans leur pays, les armées du roi Gustave II de Suède descendent jusqu’au Danube semant ruine et désolation. Les tentatives d’endiguement de Tilly sont vaines : en mars 1632, les Suédois envahissent la Bavière et remportent une nouvelle victoire contre la Ligue catholique lors de la bataille de Rain am Lech (14-15 avril 1632), avant de s'emparer de Munich. C’est au cours de cette bataille que Tilly est gravement blessé. Avant de mourir quelques jours plus tard, il organisera encore la défense d’Ingolstadt où Maximilien de Bavière a fait retraite et le roi de Suède devra rebrousser chemin.
Vénéré en raison des succès remportés au nom de la foi catholique, salué en tant que stratège, Jean t’Serclaes, comte de Tilly a-t-il été un « criminel de guerre » ou un chef militaire mû par les règles de son temps ? Son activité doit être appréciée sans passion ni anachronisme, comme en témoigne le débat qui agite certains milieux du côté de Villers-la-Ville ou en Allemagne, notamment en raison du massacre de Magdebourg, épisode qui pourrait être comparé, mutatis mutandis, à celui qu’ont subi Dinant et Liège sous les ducs de Bourgogne.
Sources
Arnaud BLIN, 1648, La Paix de Westphalie, ou la naissance de l'Europe politique moderne, Paris, Complexe, 2006, coll. Questions à l'histoire, p. 89-95, 100 et ssv.
Tobias VON ELSNER, Tilly und die Zerstörung Magdeburgs 1631: Erzählungen von Heldentum, Kriegsverbrechen und Opfertod, dans Ortwin PELC, Mythen Der Vergangenheit : Realität und Fiktion in Der Geschichte, Göttingen, V&R unipress, 2012, p. 179 et ssv
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