Van der Biest Alain

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Grâce-Berleur 4/05/1943, Grâce-Hollogne 17/03/2002

Député wallon : 1980-1981 ; 1981-1985 ; 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1995
Ministre wallon : 1990-1991

Licencié en Philologie romane de l’Université de Liège (1965), gradué en Littérature italienne de l’Université de Pérouse (1966), professeur de français et d’italien à l’Athénée de Liège I, puis à l’Athénée de Seraing (1966-1971), Alain Van der Biest devient assistant et maître de stage à l’Université de Liège (1971-1975). Avant de se consacrer exclusivement à la politique, le littéraire a touché au journalisme tant dans la presse écrite que parlée et télévisée. Il conservera ce goût pour l’écriture et, entre un congrès de parti et une séance à la Chambre, se fera un romancier lu et apprécié.

Remarqué par André Cools qui apprécie la compagnie de brillants universitaires, Alain Van der Biest est désigné au poste de secrétaire national du PSB (1975-1977), à un moment où le « maître de Flémalle » devient le leader incontesté du parti. Au lendemain de la fusion des communes, il est élu conseiller communal (octobre 1976) et devient d’emblée le nouveau bourgmestre de l’entité de Grâce-Hollogne (1er janvier 1977). En octobre 1982, les partis arrêtent une liste unique, attribuant 21 sièges aux socialistes et 6 au PSC. L’électeur ne doit dès lors pas se déplacer puisque tout le monde est d’accord sur la répartition des forces en présence et que chacun souhaite conserver Alain Van der Biest comme bourgmestre.

Fort de son premier succès à l’échelon local, A. Van der Biest est candidat au national en avril 1977 et fait son entrée à la Chambre des représentants. Ayant voté les lois d’août 1980, il participe, dès le 15 octobre, aux travaux du Conseil régional wallon (1980-1995) ; dès la 2e réunion du Conseil, André Cools confie à Alain Van der Biest le rôle de chef de groupe du PS. Depuis mars 1980, ce dernier représente aussi son parti au Conseil économique régional de Wallonie, dont il est membre du Bureau (1980-1983). Il siège aussi depuis l’été 1977 au Conseil culturel de la Communauté française. Quand il quitte la présidence du groupe PS au Conseil régional wallon (1980-1983), pour devenir le chef de file PS à la Chambre (1983-1987), il passe de président de la principale force politique de la majorité à Namur, à celui du principal parti de l’opposition à Bruxelles. Son éloquence y fait merveille.

Candidat malheureux mais perturbateur lorsque les socialistes wallons et bruxellois doivent choisir le successeur d’André Cools (1981), A. Van der Biest est désigné comme ministre des Pensions dans l’équipe Martens VIII en mai 1988. Il est chargé par le PS de donner rapidement un signe tangible d’une rupture radicale avec les gouvernements précédents. Généreux dans ses principes, répondant à l’exigence européenne d’égalité entre les sexes, l’avant-projet déposé par le ministre sera progressivement détricoté par ses collègues et le Parlement, et deviendra la « Loi Van der Biest-Detiège ». Quand le texte est finalement voté, le ministre a changé, A. Van der Biest ayant gagné le gouvernement wallon où il remplace André Cools (1er mai 1990). 

Ministre des Affaires intérieures, en charge des Pouvoirs locaux, des Travaux subsidiés et de l’Eau de la Région wallonne (3 mai 1990-7 janvier 1992), Alain Van der Biest hérite de la Tutelle sur les provinces, les communes, les CPAS et les intercommunales, et doit contribuer à la mise en place des outils de la jeune institution wallonne. Premier responsable politique wallon à recevoir le titre officiel de ministre des Affaires intérieures, il a surtout le redoutable privilège de devoir rédiger les arrêtés d’application des « décrets Cools » sur l’eau wallonne et de devoir s’occuper des difficultés financières des communes de Wallonie, de Liège en particulier.

Se profilant comme « unioniste » et ne parvenant pas à réconcilier les tendances qui s’opposent au sein de la Fédération liégeoise du PS, A. Van der Biest se heurte à la colère d’André Cools, d’autant plus que la presse ne manque pas d’épingler les maladresses et les excès du ministre. Réélu en novembre 1991, le député Van der Biest qui espérait un nouveau portefeuille ministériel reste sur le carreau. Son existence est cependant désormais liée à l’assassinat d’André Cools (18 juillet 1991). Inculpé dans plusieurs affaires, éclaboussé par les accusations qui pèsent sur ses chauffeurs et son ancien chef de Cabinet, Van der Biest s’enfonce dans une dynamique perverse accentuée par ses problèmes d’alcool. Achevant ses mandats parlementaires avec une levée d’immunité partielle (1995), il n’est plus candidat en 1994 et 1995.

De 1994 à 2002, A. Van der Biest oscille entre la défense contre les accusations qui sont portées contre lui et la volonté de reprendre place dans le débat politique. Accusé d’être le commanditaire de l’assassinat d’A. Cools, emprisonné à plusieurs reprises, il est condamné dans le dossier de la gestion de son Cabinet, avant de bénéficier d’un non-lieu puis d’être à nouveau condamné : Cour d’Appel et Cour de Cassation se contredisent. Dans le dossier des titres volés, il bénéficie d’un non-lieu. En ayant décidé de se donner la mort le 17 mars 2002, il est le grand absent du procès d’assises « Cools », ce qui laisse planer l’incertitude sur son implication dans la disparition violente du ministre d’État.

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 552-556

Mandats politiques

Conseiller communal de Grâce-Hollogne (1977-1994)
Bourgmestre (1977-1994)
Député (1977-1995)
Membre du Conseil régional wallon (1980-1995)
Chef de groupe au CRW (1980-1983)
Ministre (1988-1990)
Ministre wallon (1990-1991)

Œuvres principales

La Saison des pluies (1981)
Les Genêts de Seraing (1984)
Un Sioux socialiste (1984)
Appelez-moi Miller (1987)
Les carnets d’un bouc-émissaire (1993)
La nuit. La vie (1997)
Notre Nation. Forcer un destin pour la Wallonie (1998)
Que tout aille bien (2002)