© Gravure du XVIIe siècle par Gérard Edelinck

Varin Jean

Culture, Sculpture

Liège 06/02/1607, Paris 26/08/1672


Connu comme graveur et médailleur à la cour du roi de France, Jean Varin a fait une carrière prestigieuse à Paris ; il est aussi sculpteur et ses bustes de Richelieu, de Louis XIII et de Louis XIV adolescent contribuent à sa renommée artistique qui en fait l’un des meilleurs représentants de l’excellence du pays wallon au XVIIe siècle. Pourtant, c’est avant tout comme tailleur général des monnaies et comme le réformateur du système monétaire du royaume de France qu’il faudrait présenter ce Wallon qui obtint, en 1650, « ses lettres de naturalisation française ». Un peu à la même époque, une autre famille liégeoise, les Kock, apportait son savoir-faire en matière monétaire dans l’empire germanique et surtout en Suède : Remacle – Marcus – Kock sera « maître des monnaies du royaume de Suède », tandis que Jean Varin accomplira une tâche similaire dans le royaume de France. Il y a là plus qu’une coïncidence.

Au début du XVIIe siècle, le père de Jean Varin qui était originaire de Sedan avait été appelé à Liège, autre ville mosane, par le prince-évêque, comme graveur de coins et de poinçons ; il travaillait à Liège et à Bouillon pour l’évêque, mais aussi à Rochefort et à Cugnon pour le comte de Lowenstein-Rochefort. C’est là que le jeune Jean Varin fait ses premières armes et se trouve mêlé à une grave affaire de fausse monnaie. Cherchant refuge en Angleterre, il est invité à Paris par un Richelieu particulièrement bien informé tant des talents de dessinateur, sculpteur et graveur du jeune Liégeois que de son habileté à mettre au point des machines de son invention. Paris lui ouvre ses portes vers 1626-1627 et cet « étranger » y bénéficiera des faveurs des plus hautes autorités du royaume. 

Abjurant la religion protestante dont le comte de Lowenstein était un propagandiste notoire pour la foi catholique dont le cardinal était le garant, cet ancien « braconnier » devient le meilleur « garde-champêtre » du royaume : au service de ses nouveaux protecteurs, il réorganise tout le système monétaire en étant attentif à empêcher tout procédé de faux-monnayage… « Conducteur de la Monnaie du Moulin » dans les années 1630, celui à qui a été confiée la réalisation du sceau de la toute nouvelle Académie française – avec le profil de Richelieu – (1635) devient « graveur et conducteur général » (1642), puis « graveur des sceaux du roy » et « tailleur général des monnaies de France » (1646), et enfin « contrôleur général des poinçons et effigies » (1647). Un article paru dans la Grande Encyclopédie en 1765 vante les perfectionnements exceptionnels apportés par Jean Varin à la frappe de toutes sortes de pièces. L’artisan wallon avait apporté à Paris son savoir-faire, en l’occurrence une innovation technique plus perfectionnée de laminage, à savoir la fenderie (à l’exemple de Marcus Kock en Suède).

« Conseiller et secrétaire du Roy, intendant et ordonnateur des bâtiments royaux, jardins, tapisseries et manufactures » (1656), Varin n’en finit pas d’être honoré sous Louis XIV qui le nomme « Conseiller du Roy en ses Conseils d’État et privé » (1660). Est-ce la consécration ? Toujours est-il qu’en 1665, il est reçu comme membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture et que c’est là que ses contemporains saluent son talent et ses efforts pour rendre ses lettres de noblesse à l’art de la médaille de la France. Plus de 250 médailles, pièces de monnaie et jetons portent les coins et poinçons gravés par Jean Varin.

En or, le buste de Richelieu (1642) est considéré comme l'œuvre maîtresse du sculpteur ; c’est aussi l’un des très rares portraits conservés du vivant de Richelieu. Aujourd’hui disparu, le buste original a fait place à des copies qui témoignent des qualités de Varin dont on n’a conservé en fait que très peu de bustes ; mais quel buste ! Celui en bronze de Louis XIII (c. 1643) et un autre de Henri IV, deux en marbre du jeune Louis XIV. Quant à ses tableaux – Varin a réalisé des portraits fort admirés – aucun n’a traversé le temps pour nous en apporter le témoignage.

 

Sources

Georges de FROIDCOURT, dans Biographie nationale, t. 26, col. 497-501
Georges de FROIDCOURT, Les origines liégeoises de Jean Varin, graveur général des monnaies de France, Bruxelles, 1934
Edmond GLESENER, dans La Vie wallonne, janvier 1930, CXIII, p. 165-173
Nicole DARDING, Jean Varin, de Liège à Paris, dans Mélanges Pierre Colman, Art&Fact, Liège, 1996, n°15, p. 128-130
Marie-Georges NICOLAS-GOLDENBERG, La Vie wallonne, IV, 1975, n°352, p. 193-203
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 259, 302
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 289-290
Jules HELBIG, La Sculpture et les Arts plastiques au Pays de Liège et sur les bords de la Meuse, Liège, 1890, p. 16