Wesphael Bernard

Politique, Député wallon

Waremme 25/09/1958

Député wallon : 1999-2004 ; 2004-2009 ; 2009-2014

Au cours de sa jeunesse passée principalement en Hesbaye, Bernard Wesphael est profondément marqué par les événements sociaux qui frappent la région liégeoise, en l’occurrence les fermetures d’usines à répétition et leur lot de misères humaines. À seize ans, il quitte le cercle familial, s’engage à l’armée, mais celle-ci n’en veut pas : mutinerie et indiscipline lui valent le cachot, puis un renvoi définitif. Cherchant un équilibre dans les Cévennes, il y vit quelques mois avant de rentrer à Liège où il trouve du travail comme éducateur social. D’abord employé en milieu résidentiel dans le secteur de la protection de la jeunesse (1979-1983), il devient éducateur en milieu ouvert (AMO) (1983-1987). 

Séduit par les mobilisations antinucléaires et antimilitaristes, celui qui se dit surtout « anti-système » se retrouve dans le positionnement du mouvement écologiste. Membre des Amis de la Terre (1978-1980), Bernard Wesphael est l’un des membres fondateurs du parti/mouvement Écolo en 1980. Secrétaire bénévole de la coordination provinciale d’Écolo (1980-1984), secrétaire politique de la régionale de Liège des « Écologistes confédérés pour l’organisation des luttes originales » (1985-1988), il est l’un des animateurs de l’asbl « Jeunesse-Écologie ». Régulièrement, il donne des conférences en milieu scolaire sur les problématiques de la déforestation, de l’effet de serre, de la destruction de la couche d’ozone, des pluies acides… (1987-1992).

Secrétaire général de la Fédération des jeunes écologistes européens (1988-1992), il est élu au Conseil provincial de Liège en décembre 1987 et y est reconduit en novembre 1991 et en octobre 1994. De 1991 à 1999, il préside le groupe Écolo au Conseil provincial de Liège et c’est là qu’il se forge une solide réputation de débatteur en raison des multiples questions précises et dérangeantes qu’il ne cesse de poser, que ce soit au sujet de la décharge d’Hallembaye, des investissements provinciaux au circuit de Francorchamps, de l’aéroport de Bierset, ou de la fin du cumul des mandats (les altercations Moxhet-Wesphael ont marqué les esprits). À défaut de siéger à la Chambre ou au Parlement wallon, B. Wesphael amène au Conseil provincial des thématiques abordées généralement dans ces assemblées et pousse ses collègues à prendre position. Secrétaire régional bénévole d’Écolo Liège (1995-1999), demandeur d’emploi (1995-1999), il est chef de groupe des Verts au Conseil de l’Euregio Meuse-Rhin, organisme transfrontalier dont il critique la lourdeur, mais où il tente de faire reconnaître la prise en compte d’études d’incidence par-delà les frontières politiques (1995-1999).

Bénéficiant d’un fort capital sympathie au sein de sa régionale, il emmène la liste Écolo aux scrutins régionaux de 1999, 2004 et 2009. Élu à chaque reprise au Parlement wallon, le chef de groupe des Verts à Namur dirige de fortes troupes sous la majorité arc-en-ciel, un petit trio entre 2004 et 2009, avant de retrouver des forces vives sous la majorité olivier. Mais quelle que soit la composition du gouvernement wallon, il maintient un discours critique et ses interpellations ne ménagent personne. Incarnant au sein de son parti un courant à la fois très attaché au respect de l’écologie politique, fort peu « participationniste » et souvent radical de gauche, il est du groupe « Citadelle » en 2002 et plusieurs fois candidat au secrétariat fédéral d’Écolo, sans succès. Contrairement à P. Lannoye, B. Wesphael se laisse convaincre par la volonté de synthèse et de renouveau engagée par Jean-Michel Javaux, tout en gardant sa liberté de ton.

Membre effectif de la Commission Économie où sont débattus les dossiers relatifs aux PME, au Tourisme, et aux aéroports régionaux (1999-2004), vice-président de la Commission de l’Environnement incluant l’Agriculture, la Ruralité et l’Énergie (1999-2003), le député Wesphael remplace J-M. Javaux (devenu secrétaire fédéral d’Écolo…) à la présidence de la Commission des Affaires intérieures, de la Fonction publique et des Pouvoirs locaux du Parlement wallon (juin 2003-juin 2004). C’est l’occasion d’appeler à une réforme profonde du fonctionnement du Parlement wallon, que le député wallon Écolo obtiendra, en se faisant l’allié objectif de la démarche volontariste de Maurice Bayenet (décret adopté au printemps 2009).

En juillet 2009, celui qui a ferraillé pendant des mois contre la famille Daerden et ses occupations dans le revisorat d’entreprises est confirmé dans sa fonction de chef de file des Écolos au Parlement wallon. À nouveau, il en appelle aux députés wallons pour qu’ils s’affranchissent de l’exécutif – même si certains ministres sont « Écolo » – et pour qu’ils utilisent au maximum les pouvoirs qui leur sont conférés afin de vivifier la démocratie (printemps 2011). Dans le même temps, au sein de son parti, il lance l’idée de créer un courant nouveau qu’il nomme « Écologie & Laïcité », suscitant sarcasmes et ironie. En octobre 2011, il tente de lancer un Groupe de convergence wallonne, avec trois autres députés des partis traditionnels.

Ayant réclamé la dernière place sur la liste Écolo à Liège lors des élections communales de 2012, Bernard Wesphael se voit préférer Jacky Morael (novembre 2011) et ne sera pas sur la liste. Début 2012, associé à Marie Corman, il se présente à la « présidence » d’Écolo, mais c’est le duo Hoyos-Deleuze qui succède au duo Javaux-Turine (début mars). En conséquence, le perchoir du Parlement wallon se libère (Émilie Hoyos ayant démissionné), mais c’est Patrick Dupriez qui est choisi (14 mars). C’en est trop pour Bernard Wesphael qui, quelques jours plus tard, claque bruyamment la porte d’Écolo. Alors que Jacky Morael lui demande d’abandonner son mandat, Wesphael siège désormais au Parlement wallon comme indépendant.

Attiré par les idées défendues par Jean-Luc Mélenchon, il rêve de constituer un parti de gauche en Wallonie. Le 20 avril, le Mouvement de Gauche est officiellement créé, mais l’union de la gauche s’avère beaucoup plus difficile que prévu. Alors qu’il fait part publiquement de ses craintes sur l’avenir du MG (septembre 2013), un événement tragique, de caractère privé, place le mandataire public à la une des médias, dans la rubrique « faits divers ».

Le 1er novembre 2013, son épouse, Véronique Pirotton, est retrouvée morte, à Ostende, dans la chambre d’hôtel que le couple avait réservée. Placé immédiatement sous mandat d’arrêt, le député wallon va être maintenu en détention préventive jusqu’au 26 août 2014. Pour le Parlement wallon, c’est la première fois que l’un de ses membres passe près de huit mois de la législature sous les verrous. La dissolution de l’assemblée à l’approche du scrutin du 25 mai 2014 met un terme à cette situation inédite.

 

Mandats politiques

Conseiller provincial de Liège (1988-1999)
Député wallon (1999-2014)
Chef de groupe au Parlement wallon (1999-2012)

 

Sources

Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse 2009-2014
Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 570-572