Willame Georges

Culture, Lettres wallonnes

Nivelles 09/07/1863, Nivelles 10/02/1917


À la fin du XIXe siècle, l’intérêt pour le wallon suscite l’émergence de nombreux foyers à travers le pays wallon : cercles dramatiques, feuilles et journaux patoisants se multiplient. Il ne s’agit pas d’une tendance visant à entendre la langue du peuple, voire à comprendre ce qu’il veut exprimer sur sa condition, mais, globalement, d’une production massive d’écrits faciles et sans grande qualité, où quelques initiatives font exception. L’une ou l’autre pièce de théâtre émerge, tandis que des cercles littéraires se constituent pour valoriser un wallon de qualité. Du côté de Nivelles, Georges Willame participe de ce mouvement.

Depuis plusieurs générations, les Willame sont installés dans la cité de sainte Gertrude et bien qu’il fasse carrière dans l’administration à Bruxelles, Georges restera toujours fidèle à sa cité d’origine, tant dans son activité d’écrivain wallon, de conteur français, d’archéologue, de folkloriste et surtout d’historien. À la fin des années 1880, celles au cours desquelles Albert Mockel invente et popularise le mot Wallonie, Georges Willame est à l’origine d’une feuille en patois appelée L’Aclot (1888) ; la valeur n’attendant pas le nombre des années, il signe, en 1890, avec El Rouse dé Sainte Ernelle, le premier drame poétique et folklorique en wallon, en mettant en scène la légende de Sainte Renelde. En 1893, on le retrouve parmi les fondateurs de la revue Wallonia qui, après des débuts modestes, s’imposera comme la revue de référence de la culture wallonne.

Entré au ministère de l’Intérieur en 1881, le fonctionnaire s’installe dans « la capitale » en 1897 pour faciliter une carrière qui le conduira à occuper le poste de directeur général, jusqu’à son décès, en 1917, au moment où les occupants allemands commençaient à imposer la séparation administrative aux institutions belges. «L’éloignement » renforce l’attachement de Willame à sa terre natale. Déjà en 1894, il a notamment rejoint le cercle qui s’est constitué autour de l’abbé Michel Renard et où se retrouvent nombre de « régionalistes wallons » de passage à Bruxelles ; assidument fréquenté, le cercle avait pris le nom de Café wallon. Bien avant que ne s’organise le Congrès wallon de 1905 auquel il participe, il avait contribué à la mobilisation des forces wallonnes qui réclamaient des autorités belges des subventions plus élevées en faveur de la littérature régionale (dès 1892).

Quant à l’histoire de Nivelles, celui qui est membre de la Société d’Archéologie de Nivelles lui consacre également de son temps pour lui consacrer une étude sur La Révolution de 1830 à Nivelles (1895), des Notes sur les Serments nivellois (1903), ainsi qu’un Essai de bibliographie nivelloise (1911), publiés dans le bulletin de la société, ou sous forme de brochures. En 1914, il tire surtout de l’oubli le sculpteur Laurent Delvaux, en lui consacrant une biographie conséquente, dont la préface de l’ouvrage est signée par Jules Destrée. Des aspects plus anecdotiques de cette riche histoire de Nivelles alimenteront ses Causeries nivelloises (1910) et serviront de cadre à deux romans régionalistes, écrits en français, Le puison (1908) et Monsieur Romain (1913). À titre posthume, seront réunis et publiés la vingtaine de sonnets en wallon où Georges Willame chantait la bonne ville de Nivelles. Une édition critique, en 1960, est due au professeur Jean Guillaume. Georges Willame achevait une importante Histoire de Nivelles lorsqu’une congestion l’emporta soudainement.

 

Sources

Maurice PIRON, Anthologie de la littérature dialectale de Wallonie, poètes et prosateurs, Liège (Mardaga), 1979, p. 295
Alain COLIGNON, Georges Willame, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1674
Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon, Ces écrivains qui ont aimé, honoré et raconté Nivelles, Nivelles, 2011, p. 62-63
Jean GUILLAUME, Georges Willame. Sonnets. Edition critique, Liège, Société de Langue et de Littérature wallonnes, 1960
La Terre wallonne, 1929, t. 19, n°113, p. 304
Le Guetteur wallon, janvier 1929, n°12, p. 253
Hubert KRAINS, dans La Vie wallonne, n°8, avril 1922, t. XX, p. 341-388 (numéro spécial consacré à Willame et à Nivelles)
La Vie wallonne, III, 1964, n°307, p. 193-197
Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 477
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. II, p. 488 ; t. III, p. 194

Hubert Krains a dressé une bibliographie assez complète des œuvres de Georges Willame dans La Vie wallonne, n°8, avril 1922, t. XX, p. 353-355