Buisseret Auguste

Officier (Historique)

BEAURAING 16.08.1888 – LIÈGE 15.04.1965

Sorti Docteur en droit de l’université de Liège avec la plus grande distinction en 1913, Auguste Buisseret s’affirme rapidement comme un brillant avocat, n’hésitant pas à défendre plusieurs patriotes devant les tribunaux allemands d’occupation pendant la Grande Guerre. Il sera d’ailleurs arrêté à trois reprises et condamné à mort le 10 novembre 1918, peine que l’Armistice rendra, heureusement, caduque.

Militant wallon dès 1913, il perpétue ce combat durant l’Entre-deux-guerres, en plaidant, notamment, pour l’instauration d’un système fédéraliste afin de répondre à la problématique wallonne. Collaborant activement à plusieurs revues wallonnes, dont La Barricade qu’il dirige, il participe également à la création de la Ligue d’Action wallonne de Liège qu’il préside jusqu’en octobre 1937. Il y côtoie de grands noms comme Fernand Dehousse, Jean Rey ou Georges Thone. Son aura est alors importante au sein du Mouvement wallon. C’est notamment lui qui prend la parole après Jules Destrée lors du pèlerinage de Waterloo en 1934.

Homme politique libéral, il entre au conseil communal de Liège en 1930 et devient échevin en 1934. C’est à ce titre qu’il donne mandat pour acheter des œuvres de peintres comme Picasso, Gauguin, Chagall ou Ensor que le IIIe Reich considère comme décadents. Ces « achats de Lucerne » font de Buisseret une figure de proue des intellectuels antifascistes de Liège.

Cette réputation lui vaut d’être arrêté dès l’invasion nazie. Libéré mais étroitement surveillé, il est forcé de renoncer à l’échevinat en 1941. Après avoir, comme lors de la précédente invasion, défendu des patriotes et pris langue avec la Résistance, il part poursuivre la lutte à Londres. Nommé Ministre en 1945, il exercera cette fonction à de multiples reprises jusqu’en 1958.

N’abandonnant pas ses convictions wallonnes, il propose la création de conseils consultatifs régionaux, sorte de parlements régionaux avant l’heure, suivant en cela les revendications du Congrès national wallon de 1946. En 1952, il dénonce également, au Sénat, la politique d’investissement de l’Etat qui « pille les provinces du sud au profit des provinces du nord, et qui sont un véritable encouragement au transfert de l’industrie wallonne en Flandre ».

Devenu bourgmestre de Liège en 1958, militant wallon au sein d’un PLP alors résolument unitariste, il continuera néanmoins de prononcer des discours aux accents wallons très affirmés à l’occasion des fêtes de Wallonie. Lors de la fixation de la frontière linguistique en 1962, il appellera ses concitoyens à manifester en solidarité avec les Fourons afin de « s’opposer à l’oppression et à l’arbitraire qui les menacent ». Gravement malade, il démissionne en 1963. Il ne lui reste que deux ans à vivre.

Auguste Buisseret fut fait officier du Mérite wallon, à titre posthume, en 2012.

Orientation bibliographique :

Paul DELFORGE, BUISSERET Auguste, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, notice 736.
Jean LEJEUNE, BUISSERET Auguste, dans Biographie nationale, t. 41, col. 62-67.