Guy Focant - SPW-Patrimoine

Institut commercial des Industriels du Hainaut

Fondé le 8 mars 1899 par Henri Dutrieux et Raoul Warocqué, l’Institut commercial des Industriels du Hainaut est installé dans un imposant bâtiment réalisé par les architectes Burton et Dutrieux. 

Terminé en 1902, l’édifice présente un corps central octogonal terminé par un bulbe surmonté d’une statue de Mercure. Deux ailes latérales de six et sept travées se terminent par deux parties en avant-corps de trois travées chacune. 

L’intérieur, de style Art déco, ne manque pas d’originalité. L’atrium comporte les bustes de Raoul Warocqué et d’autres recteurs de l’Institut. En haut de l’escalier, un élégant vitrail fait office de monument aux morts. Au premier étage, la salle académique est un des plus beaux exemples de réalisation Art déco en Wallonie.

Sur proposition de François André et Paul Pastur, l’institution devient Institut supérieur de commerce de Mons le 29 octobre 1920. Actuellement, le bâtiment abrite la faculté Warocqué des sciences économiques et sociales de l’Université de Mons-Hainaut.

1911 : le premier Congrès international des Amitiés françaises

Organisé à l’occasion de la commémoration de la bataille de Jemappes, ce Congrès se tient à Mons du 21 au 27 septembre 1911. 

Plus de mille personnes sont présentes et réparties en cinq sections débattant chacune de points bien précis : les marches de l’Est (situation de la langue française dans les pays où elle est minoritaire) ; la culture française (littérature) ; le flamingantisme; les aspects économiques (rapprochement franco-belge) ; enfin, les Amitiés françaises (avec le projet de création d’un journal flamand visant à convaincre les flamands de l’utilité de la langue française). Le but premier de ce Congrès reste toutefois la défense de la langue française. 

Le 24 septembre, autour de Jules Destrée, les congressistes se rendent à Jemappes pour inaugurer le monument commémoratif de la bataille.

 

1979 : la dernière Assemblée des élus wallons

Réunie pour la première fois au palais des Congrès de Bruxelles le 5 novembre 1968, l’Assemblée des élus wallons regroupe de manière officieuse les parlementaires wallons. Elle tiendra son ultime séance à Mons le 10 décembre 1979 dans la salle académique de l’Université de l’État, mais en l’absence des élus libéraux. 

Les parlementaires wallons prennent position en faveur d’une régionalisation effective qui se concrétisera en août suivant.

Place Warocqué 17
7000 Mons

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy Focant

Hôtel Moderne de Liège

Érigé en 1906 sur les plans de l’architecte Arthur Snyers dans un style éclectique, l’immeuble s’élève sur cinq niveaux et présente une façade de cinq travées de dimensions égales. Le rez-de-chaussée et l’entresol, aujourd’hui remaniés, présentaient à l’origine deux monumentales entrées de style néoclassique pour le premier et une série de dix balconnets disposés deux par deux pour le second.

Le reste de la façade, intact, impose une grande verticalité à l’ensemble : les premier et second étages alternent trois séries de deux bow-windows (de section courbe au centre et de section polygonale sur les extrémités) qui se concluent par un balcon. Le troisième étage, sous les combles, prolongeait les travées en trois pignons à lucarnes (courbe au centre et triangulaire sur les côtés). Cette prolongation a aujourd’hui disparu et a fait place à deux nouveaux étages, construits dans la continuité du premier et du second. 

Avec cet imposant immeuble, l’architecte joue sur la ligne droite et la ligne courbe, et fait référence autant à l’Art nouveau qu’au néoclassicisme. La riche décoration intérieure, également teintée d’éclectisme, présentait notamment une allégorie des quatre saisons, œuvre de l’artiste liégeois Auguste Donnay.

Transformé en 1957 pour y intégrer une galerie toujours en activité, l’hôtel a définitivement fermé ses portes en 1976, les chambres étant alors transformées en studios.
 

1924 : le premier Congrès d’Action wallonne

En 1923, le Comité d’Action wallonne de Liège, en différend avec l’Assemblée wallonne, décide de quitter celle-ci et de fonder la Ligue d’Action wallonne de Liège, où se retrouvent de nombreuses figures de proue liégeoises du mouvement : Émile Jennissen, Auguste Buisseret ou encore Lucien Colson. Plus radicale, la Ligue est persuadée que « la Belgique ne peut poursuivre ses destinées par l’union des deux peuples qui la composent ». La Ligue va dès lors s’attacher à créer des sections locales qui l’aideront à organiser la propagande et le recrutement.

Le premier Congrès d’Action wallonne a lieu à l’hôtel Moderne, à l’initiative de la Ligue liégeoise, les 13 et 14 juillet 1924. Il réunit à peu près deux cents participants dont Albert Mockel, Auguste Buisseret, Julien Delaite et Georges Truffaut. Les congressistes adoptent des résolutions sur l’union douanière franco-belge, sur la loi relative à l’emploi des langues en matière administrative, et surtout sur une solution fédéraliste pour le pays. Six autres congrès seront organisés avant la disparition de la Ligue en 1940.

Rue Pont d'Avroy 29
4000 Liège

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy Focant

Hôtel Kégeljan

 Après la destruction de l’hôtel de ville place d’Armes en 1914, la Ville de Namur acquit en 1919 l’hôtel particulier construit rue de Fer dans l’esprit « néo-Renaissance flamande » entre 1878 et 1880 pour les époux Kégeljan-Godin, par l’architecte bruxellois Henris Beyaert, dont il s’agit d’une des créations les plus harmonieuses. Exemple parfait du style éclectique dont l’architecte était un important représentant, l’hôtel Kégeljan présente une façade d’une rigoureuse symétrie et richement décorée : nombreux balcons, consoles, balustres, obélisques, chapiteaux corinthiens, coquillages, etc. Bombardé en 1944, reconstruit en 1947, l’hôtel Kégeljan abrita les services communaux jusqu’à la construction d’un plus vaste édifice, entamé dans son prolongement en 1981 en raison de la fusion de communes. Depuis lors, un nouveau bâtiment permet de relier par un couloir ce nouvel Hôtel de Ville et l’hôtel Kégeljan, que la Ville a remis en valeur entre 1997 et 2001.

 

 

1988 : le premier siège namurois de l’Exécutif régional

Après la construction du nouvel hôtel de ville de Namur dans les années 1980, l’hôtel Kégeljan abrita de 1988 à 1992 le siège de la présidence de l’Exécutif régional wallon, jusqu’alors installée à Bruxelles. Celui-ci était dirigé par le socialiste namurois Bernard Anselme et comprenait les socialistes André Baudson, Edgard Hismans et Alain Vanderbiest (tous trois décédés depuis) et les sociauxchrétiens Amand Dalem, Albert Liénard (également décédé) et Guy Lutgen. Alors que les autres cabinets ministériels ne s’implanteraient que progressivement à Namur, celui du Ministre-Président prit partiellement ses quartiers dans les étages de l’hôtel Kégeljan, dont le rez-de-chaussée abritait les bureaux ministériels et la salle de réunion de l’Exécutif. Bien que le nouveau siège de la présidence ait été inauguré en juin 1991, ce n’est que dans le courant de 1992 que le successeur de Bernard Anselme put quitter, avec son cabinet, la rue de Fer pour la rue Mazy et la Maison jamboise. La Ville récupéra son ancien hôtel de ville ultérieurement.

 

"Désigné en mai 1988 Ministre-Président de l’Exécutif de la Région wallonne, je me devais d’engager une course contre la montre pour verrouiller la localisation des institutions. On commença par les symboles. Il fallait que le Conseil des Ministres et le Ministre-Président soient à Namur. Il n’y avait guère d’infrastructures pour les accueillir, certes. Même la Maison jamboise, rebaptisée depuis « Élysette », depuis peu acquise par la Région, avait partiellement brûlé pendant l’ été... La Ville mit à notre disposition l’ancien Hôtel de Ville, rue de Fer. L’installation s’y fit juste avant les Fêtes de Wallonie 1988. L’endroit était sympathique, mais exigu et mal commode. Le bruit des séances du cinéma voisin traversait parfois les murs, et la salle de gouvernement servait aussi de salle à manger, de salle de réunion, de salle de presse, de salle de réception... Pour résoudre les problèmes de place, il avait fallu disperser le cabinet sur deux autres implantations à Jambes. Tout cela ne simplifiait pas le travail quotidien".  Témoignage de Bernard Anselme, in L’Aventure régionale, p. 124 

Rue de Fer, 42
5000 Namur

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Collection privée

Hôtel de ville de Namur du XIXe siècle

À l’origine sur la place d’Armes, l’hôtel de ville de Namur fut incendié par les Allemands en août 1914 et installé après la guerre à un tout autre endroit, rue de Fer. L’édifice précédent datait de 1828 et avait remplacé un premier hôtel de ville datant du XVIe siècle. Imposant et de style néoclassique, l’hôtel de ville du XIXe siècle consistait en un long bâtiment de trois étages avec un soubassement agrémenté d’arcades et, en son centre, un avant-corps composé de colonnes ioniques et surmonté d’un fronton. Le dernier étage était agrémenté d’une élégante corniche. D’abord remplacé par une série de cafés, ce bâtiment se trouvait à l’emplacement de l’actuel magasin « Inno ».
 

1891 : le deuxième Congrès wallon

Organisé à Namur les 25 et 26 décembre 1891 et présidé par Édouard Termonia, le second Congrès wallon est essentiellement orienté autour de problèmes stratégiques : faut-il créer un parti à caractère wallon ou doit-on s’interdire toute activité directement politique ?

 Le Congrès décide de s’organiser autour d’un Comité permanent composé de membres de diverses régions. Les questions abordées au cours de la séance du 26 décembre portent sur les subventions à allouer à l’art dramatique wallon et sur la sauvegarde des intérêts des fonctionnaires wallons via un bilinguisme limité en Flandre aux seuls fonctionnaires en contact avec le public néerlandophone.

Bâtiment disparu, Place d'Armes

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy Focant

Hôtel de ville de Dinant

Imposante bâtisse de briques et pierre calcaire, l’hôtel de ville de Dinant occupe actuellement l’emplacement d’une ancienne résidence des princes-évêques de Liège édifiée par Joseph-Clément de Bavière et occupée par le maire de la ville après la mort de ce dernier en 1723. Il fut reconstruit en 1924-1925 par les architectes bruxellois R. Monnaert et F. Petit en style néoclassique, tout en restant fidèle à la construction d’origine, détruite par un incendie en août 1914. L’édifice se compose de deux ailes à deux niveaux dans l’angle desquelles se niche, en oblique, l’entrée monumentale en pierre de taille. La façade de droite comporte neuf travées de baies encadrées de pierres dans un parement de brique. Celle de gauche n’en compte que six seulement. Le long du fleuve, la façade a été reconstruite à l’identique, à l’exception de la substitution de la toiture originelle à la Mansart par une bâtière à croupes. Une tour coiffée d’un haut bulbe amorti par un campanile termine l’édifice.
 

 1948 : l’Association des Bourgmestres de Wallonie

Le Mouvement wallon souhaitait sensibiliser les édiles communaux aux problèmes wallons. L’idée d’un organe ad hoc fut avancée pour la première fois par Fernand Schreurs lors du Congrès national wallon de Namur en 1947. La concrétisation du projet aura lieu un an plus tard au travers de la création d’une Association des Bourgmestres de Wallonie, indépendante de tout parti. Une première réunion est organisée le 3 novembre 1947, à Liège, à l’instigation du bourgmestre de la cité ardente, Paul Gruselin, mais à ce moment, tous les bourgmestres des grandes villes wallonnes ne se sont pas encore prononcés sur le sujet.
C’est finalement à l’invitation du bourgmestre de Dinant que la première séance de l’Association, présidée par Paul Gruselin, se tiendra en l’hôtel de ville de Dinant le 6 juin 1948. Numériquement dominés par leurs collègues flamands, les députés wallons ne se sentaient pas entièrement en mesure de pouvoir défendre la Wallonie au Parlement et comptaient sur les élus locaux pour les épauler dans cette tâche : les bourgmestres, à la différence des parlementaires, avaient le pouvoir de faire flotter le coq sur les maisons communales et étaient au coeur des manifestations de septembre. Ils avaient dès lors un rôle de proximité à jouer en faveur du Mouvement wallon.

Si l’existence de cette Association fut éphémère, les bourgmestres wallons eurent à d’autres reprises l’occasion de se mobiliser dans un but wallon commun, notamment en 1967, lorsque l’économie wallonne avait l’opportunité de bénéficier d’aides européennes, mais que le Gouvernement belge ne la saisissait pas ; dix-huit bourgmestres wallons54 décidèrent de reprendre la démarche à leur compte et réussirent à obtenir une réponse favorable en février 1968, même si la chute du Gouvernement remit le projet à plus tard. Cet événement fut significatif d’une possibilité d’action commune des pouvoirs locaux wallons, timidement annoncée dans l’Association de 1948, et définitivement concrétisée quarante-cinq ans plus tard avec la fondation en 1993 de l’Union des Villes et Communes de Wallonie.

Rue Grande, 112, 5500 Dinant

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

IPW

Hôtel de ville d'Arlon

Terminé en novembre 1843, l’hôtel de ville d’Arlon était à l’origine un athénée. Construit sur une grande terrasse entourée de grillages de fer, il était le bâtiment le plus considérable construit jusqu’alors à Arlon. L’édifice s’étant vite dégradé, décision est prise de construire un nouvel athénée. La ville d’Arlon dresse alors des plans d’appropriation de l’ancien bâtiment, destiné à devenir le nouvel hôtel de ville. La façade est remise à neuf, l’escalier central partiellement renouvelé. Tous les services communaux sont définitivement installés dans leurs nouveaux locaux le 19 août 1898. Le bâtiment, ayant souffert au cours de la grande guerre, sera à nouveau restauré en 1920.

L’édifice présente un volume principal composé d’une façade en double corps de cinq travées sur deux niveaux et un niveau d’attique. De part et d’autre, deux ailes transversales en léger retrait présentent en façade une travée sur trois niveaux de baies rectangulaires. Le tout surmonte un haut soubassement ajouré de baies.

Aujourd’hui, l’hôtel de ville a été considérablement agrandi car la fusion des communes demandait un espace plus grand pour gérer la nouvelle population. Les travaux d’extension furent terminés en 1997.  Contemporains, les nouveaux bâtiments s’intègrent néanmoins parfaitement avec le bâtiment d’origine.

 

1908 : la réception d’ouverture du Congrès international de langue française

Présidée par le bourgmestre Numa Ensch-Tesch, cette réception solennelle, le 20 septembre 1908, était un moyen de célébrer plus que d’ouvrir le Congrès. Arlon, encore essentiellement empreinte de culture germanique au début du siècle, avait à coeur en tant que chef-lieu d’une province belge de montrer son appartenance francophone au reste du pays.

Réunis autour des autorités communales et provinciales, les congressistes sont présentés aux officiels présents par le président du congrès, Maurice Wilmotte. Parmi ceux-ci, plusieurs personnalités étrangères de haut rang sont venues faire honneur à la francophonie : Jules Gautier, délégué du ministre français de l’Instruction publique, Monsieur Bonnard, délégué de la Confédération helvétique, et d’autres personnalités françaises ou encore luxembourgeoises. Le bourgmestre, lors de son discours, commentera le choix d’Arlon comme siège du congrès. Après cette soirée inaugurale le Congrès pouvait s’ouvrir, dans la foulée de celui de Liège de 1905, déjà présidé par Wilmotte. Mais si le Congrès de Liège était resté fort linguistique et littéraire, celui d’Arlon fut l’occasion de tentatives de débats nettement plus politiques avec les rapports d’Hector Chainaye (Pourquoi et comment les Wallons doivent combattre les flamingants) et de Julien Delaite (Le français en Wallonie et en Belgique).

Rue Paul Reurer 8
6700 Arlon

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Collection privée

Hôtel de l'Europe à Liège

Appelé Grand Hôtel jusque 1923, l’hôtel de l’Europe faisait partie des nombreux bâtiments construits dans les années 1880 sur la place Verte dont le tracé avait été modifié par la ville de Liège en 1849 afin de lui donner un nouvel alignement. Construit à l’angle des anciennes place Verte et rue Joffre et aujourd’hui disparu, comme la plupart des bâtiments de la place, l’hôtel de l’Europe se dressait à l’actuel emplacement de l’îlot Saint-Michel. Cet ensemble néoclassique présentait deux façades rythmées par des pilastres engagés. Côté rue Joffre, la travée centrale était soulignée par un décrochement de la marquise, un fronton triangulaire et une toiture en pavillon (cône tronqué percé d’oeils de boeuf et sommé de ferronneries). Ce dispositif de toiture était répété aux trois angles à rue du bâtiment.

 

1927, 1929, 1930 : trois Congrès d’Action wallonne

Entre 1927 et 1930, la Ligue d’Action wallonne de Liège tiendra trois fois son Congrès dans cet hôtel encore connu dans la mémoire de certains Liégeois comme le Grand Hôtel. Le quatrième Congrès, réuni les 9 et 10 juillet 1927 dans la salle japonaise de l’hôtel, se préoccupe principalement de questions économiques : équipement de la Wallonie, union douanière avec la France et gestion du réseau wallon de canaux.

Deux ans plus tard, le sixième Congrès retrouve l’hôtel de l’Europe les 6 et 7 juillet 1929. Plus culturel que les précédents, il voit également la création d’une commission chargée de réaliser un nouveau programme pour la Ligue.

Le septième et dernier Congrès, réuni dans la salle japonaise le 6 avril 1930, se penche sur les projets établis par la commission créée l’année précédente. Après de longues discussions, les congressistes décident d’adopter une motion en faveur de la formation tant à la Chambre qu’au Sénat d’un bloc wallon uni afin de faire entendre les revendications wallonnes. Enfin, l’Action wallonne proclame le droit de la Wallonie à disposer d’elle-même si la sauvegarde de son intégrité l’exigeait.

Après la réforme de son programme à l’issue de ce septième Congrès, la Ligue d’Action wallonne se dote d’un Comité central qui, en remplaçant le Comité d’Action wallonne, va devenir l’organe directeur de la Ligue. Ce Comité central décidera la création de la Concentration wallonne et organisera son premier Congrès, toujours à Liège, à l’occasion du centenaire de l’indépendance, les 27 et 28 septembre 1930.

Carrefour de la rue Joffre et de la place Verte
4000 Liège
(Bâtiment aujourd'hui disparu)

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy Focant

Hôtel de Grady

Construit en brique et calcaire, l’hôtel de Grady, également appelé de Sklins ou de Spirlet, est un des nombreux hôtels de maître de la rue Hors-Château. Commandité par Nicolas de Spirlet, il est composé de neuf baies rythmant les deux niveaux qui posent sur un haut soubassement en pierre. Les trois travées centrales sont couronnées d’un fronton triangulaire qui présente une allégorie des fonctions de conseiller. Un porche cintré s’ouvre vers la cour intérieure bordée de bâtiments. La façade porte le millésime de 1765. L’hôtel de Grady illustre la richesse du statut social de cette artère liégeoise au XVIIIe siècle. La beauté de ses décors intérieurs, notamment des peintures de Henri Deprez, stucs, boiseries et cheminées, traduit le raffinement de l’art de vivre à l’époque. Actuellement, l’hôtel de Grady abrite une partie de l’École d’hôtellerie de Liège.

 

1935 : la Maison wallonne de Liège

Fondée en 1930, la Maison wallonne de Liège s’inscrit dans un mouvement né après la Première Guerre mondiale. La première association du genre avait été créée à Bruxelles en 1921, et de grandes villes wallonnes avaient suivi. Les diverses associations wallonnes pouvaient se retrouver dans ces maisons, mettre en commun leurs initiatives et développer ensemble leurs activités. Prenant la forme d’une coopérative, la Maison wallonne de Liège naît donc au moment de l’exposition internationale de 1930, organisée à Liège à l’occasion du centenaire de l’indépendance. Installée en premier lieu sur le boulevard de la Sauvenière, la Maison wallonne déménage en 1935, en Hors-Château, dans l’hôtel de Grady. Une association des Amis de la Maison wallonne prendra alors la suite de la coopérative. Composée de responsables issus des milieux culturels wallons, elle est ouverte à tous. Pourtant, en raison de tensions avec le Front démocratique wallon, elle sera contrainte de fermer peu avant la guerre : les Amis restent ensuite actifs, mais la Maison wallonne n’existe plus. Il faudra attendre le 13 avril 1957 pour que soit inaugurée une Nouvelle Maison wallonne, au boulevard de la Sauvenière, qui restera ouverte jusqu’en 1998.


 

 

1938 : l’assemblée de la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie 

Réunis le samedi 11 juin 1938 autour du président de la Concentration wallonne, l’abbé Jules Mahieu, sept militants wallons décident de créer une société savante, la Société historique pour la défense et l’illustration de la Wallonie. Les premiers travaux de la société sont prolifiques : cinq assemblées sont organisées en deux ans, dont la première à l’hôtel Cosmopolite de Namur. La seconde se tient à Liège, dans les locaux de la Maison wallonne, le 29 octobre 1938, toujours sous la présidence de Jules Mahieu. On y signe l’acte constitutif de l’association. Trois personnalités d’envergure se trouveront à la tête de celle-ci : Jules Mahieu (président), Maurice Bologne (secrétaire) et Robert Grafé (administrateur). La société présente son programme et son but principal : par des communications et des publications, faire connaître l’histoire de la Wallonie au peuple wallon. En 1960, la Société deviendra l’Institut Jules Destrée, toujours en activité actuellement.

Rue Hors-Château 5
4000 Liège

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

IPW

Monument aux victimes de Grâce-Berleur

 

Érigé en 1952 en mémoire des victimes de la fusillade du 30 juillet 1950, le monument de Grâce-Berleur rappelle un épisode tragique de l’affaire royale, lorsqu’une manifestation contre le retour de Léopold III organisée à Grâce-Berl

eur, sur les hauteurs de Liège, place des Martyrs de la Résistance, tourna à l’affrontement. Six cents personnes manifestaient quand, arrivés sur place, les gendarmes tentèrent de disperser les manifestants et arrêtèrent le député socialiste Simon Pâque, ainsi que le bourgmestre de Grâce-Berleur, Arthur Samson. Plusieurs manifestants protestaient contre ces arrestations quand la gendarmerie fit feu et abattit quatre hommes, Albert Houbrechts, Henri Vervaeren, Joseph Thomas et, cent mètres plus loin alors qu’il observait la manifestation sans y avoir pris part, Pierre Cerepana.

Les funérailles des victimes furent suivies par des dizaines de milliers de personnes, dont plusieurs personnalités politiques wallonnes : André Renard, Joseph Merlot, Auguste Buisseret… Le cortège était précédé d’un drapeau wallon.

Outre l’imposant monument d’hommage, cinq plaques commémorent l’événement. Le 2 février 1951, un comité incluant André Renard est créé, dans le but de réaliser un monument d’envergure. Ce comité installera une plaque sur la maison devant laquelle les trois premières victimes tombèrent. Réalisée par le sculpteur français Marceau Gillard, elle fut inaugurée le 29 juillet 1951. Dans les pavés du trottoir, aux endroits exacts où périrent les victimes, le Comité fit également sceller quatre plaques figurant leur nom, toujours en place aujourd’hui.

L’imposant monument, inauguré l’année suivante, représente la classe ouvrière symbolisée par un colosse se raidissant à la vue de la perte de ses camarades, figurés de part et d’autre sur deux bas-reliefs sur lesquels apparaissent la date de 1950 et les noms des victimes. Sous le colosse, une simple phrase : « Frères, salut ». C’est devant ce monument qu’un hommage est rendu aux victimes, sans interruption jusqu’en 1997. Organisé par le mouvement socialiste, cet hommage verra par deux fois la participation du Mouvement wallon : « Wallonie libre » et le « Congrès national wallon » participent à la cérémonie en 1957, « Wallonie Région d’Europe » en 1990.

Le Mouvement wallon avait joué un rôle important dans la question royale. On sait que les partis laïcs et progressistes en général étaient opposés à ce que Léopold III puisse poursuivre son règne après avoir adopté durant la guerre une attitude qu’ils estimaient critiquable. Comme dans la question de l’amnistie aux collaborateurs, Flandre et Wallonie allaient se diviser autour du chef d’État. Une consultation populaire fut organisée le 12 mars 1950, les électeurs étant invités à se prononcer sur la reprise par le roi de ses pouvoirs constitutionnels : une majorité de 57,5 % se dégagea en faveur de Léopold III dans l’ensemble du pays. Mais, si les « oui » l’emportaient très largement en Flandre (72 %), la Wallonie avait, elle, voté « non » à 58 %. Le gouvernement organisa le retour du roi au pays, sans tenir compte de l’hostilité wallonne. Les forces syndicales et politiques de gauche déployèrent une activité intense en Wallonie (manifestations, grèves après le retour du roi en juillet) jusqu’à ce que Léopold consente à s’effacer en faveur de son fils.

Dès 1949, au cours d’une assemblée tenue à Liège les 1er et 2 octobre, le Congrès national wallon avait pris parti dans la question léopoldienne en exigeant que, en cas de consultation populaire, le dépouillement soit effectué de manière régionale, ce qui fut fait sur l’insistance du militant libéral wallon Jean Rey, qui participait au gouvernement. Un congrès extraordinaire fut convoqué à Charleroi, le 26 mars 1950, avec pour seul objet l’attitude à adopter dans l’affaire royale. Avec des modalités diverses, tous les orateurs exprimèrent leur opposition à Léopold III ; une résolution très dure fut adoptée. Par la suite, les militants des mouvements wallons, les Comités régionaux d’Action wallonne participèrent activement à la campagne antiléopoldiste évoquée ci-dessus. Celle-ci fut placée sous le signe de la Wallonie et la lutte pour l’autonomie fut progressivement associée dans les manifestations et les discours à celle pour l’abdication de Léopold III.

Le 26 juillet 1950, le président du Congrès national wallon, Joseph Merlot, évoqua l’éventualité d’une convocation d’États généraux de Wallonie si le roi ne se retirait pas. Mais, dès ce retrait (1er août), les dirigeants des partis firent en sorte que le mouvement ne se poursuive pas sur la revendication autonomiste. Bien des militants wallons qui avaient espéré beaucoup de cette période insurrectionnelle en furent déçus. Au moins les événements de 1950 firentils progresser la conscience wallonne dans les masses. À cet égard, il faut souligner que c’est au cours du Congrès wallon du 26 mars 1950 qu’eut lieu la première rencontre entre ce dernier et le leader syndical liégeois André Renard, qui apporta au mouvement wallon « l’adhésion de 85.000 travailleurs ». 

Rue Joseph Heusdens 24
4460 Grâce-Hollogne

carte

Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009

Guy Focant

Monument à la littérature et à la chanson wallonnes

Érigé grâce à des fonds  provenant de la ville de Tournai, de la province du Hainaut et des « Amis d’Achille Viehard », le monument fut conçu par l’architecte Jules Wilbaux. Il s’inspire fortement d’une ancienne fontaine tournaisienne et se présente sous la forme d’un bloc de pierre sur lequel se trouve un cracheur d’eau (rappelant la fontaine) et un médaillon. 

Inauguré dans le bas de la rue des Jésuites le 15 août 1931, le monument à la littérature et à la chanson wallonnes devait être initialement un monument en hommage à l’auteur wallon Achille Viehard (1850-1926). L’idée de départ se transforma rapidement en un projet plus important dépassant la mémoire du père de la chanson et du théâtre wallons tournaisiens, pour englober celle de tous ses confrères. 

Le monument à la littérature et à la chanson wallonnes témoigne de l’engagement wallon des Tournaisiens. Parmi ceux-ci se détache la figure de Paul Gahide, un des plus précoces artisans de la promotion de la Wallonie. Né à Tournai en 1880, il est le premier à proposer, dès le Congrès wallon de Liège de 1905, la création d’un drapeau propre à la Wallonie. Cette initiative devait ouvrir la voie à la décision de l’Assemblée wallonne de 1913, consacrant le drapeau wallon tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Fervent militant pour l’autonomie de la Wallonie, Paul Gahide a fait partie des jeunes intellectuels tournaisiens qui ont fondé, dès 1907, la Ligue wallonne du Tournaisis qui est à l’origine du Cabaret wallon, toujours en activité. Résistant pendant les deux guerres mondiales, il devient bourgmestre de Callenelle (Péruwelz) en 1947 et le restera jusqu’en 1959.

Véritable référence au sein du Mouvement wallon, infatigable promoteur de l’intégrité culturelle et de l’autonomie politique de la Wallonie, Paul Gahide adhère encore au Rassemblement wallon naissant, en 1968, à l’âge de 88 ans. Paul Gahide a été élevé au rang d’Officier du Mérite wallon en 2012.

La dédicace « À la littérature et à la chanson wallonnes » rappelle la portée symbolique de l’œuvre, tout comme sur le support soutenant cette pierre une sculpture de Paul du Bois symbolise la terre wallonne au travers d’un titi tournaisien désinvolte et dynamique. Le monument est fleuri à l’occasion des Fêtes de Wallonie.

Rue des Jésuites
7500 Tournai

carte