Guy focant - SPW

Église Saint-Denis à Liège et son buffet d'orgue

La fondation de l’ancienne collégiale Saint-Denis remonte à la fin du Xe siècle. Édifiée en plusieurs phases en grès houiller, elle se distingue par la présence d’une haute tour romane au centre de deux tourelles d’escalier. Cet avant-corps, construit au tournant des XIe et XIIe siècles, donne accès à une nef centrale flanquée de doubles collatéraux, un transept et un chœur à terminaison absidiale. La hauteur du chœur dépasse étrangement celle de la nef, contrebalançant en quelque sorte la tour de l’avant-corps.

Le XVIIIe siècle voit l’ajout d’un cloître contre les bas-côtés méridionaux. Un buffet d’orgue exceptionnel rehausse de sa présence en tribune le riche mobilier de l’église. Typique de la production du Brabant septentrional, ce dernier date de la fin du XVIe siècle. Durant la seconde moitié du XIXe siècle, le facteur Joseph Merklin remplace l’instrument originel par un nouvel orgue, en conservant néanmoins la façade de tuyaux, devenus muets. Celle-ci se compose d’une tourelle centrale entourée de tourelles latérales et de plates-faces richement décorées. Le Grand Orgue est complété par un Positif encastré dans la balustrade de la tribune. Ce dernier est composé d’une tourelle centrale, d’éléments latéraux angulaires et de plates-faces dont le décor fait écho au Grand Orgue.

L’église fut le lieu de la sépulture du prince-évêque Nithard (1037-1042) et en conserve une trace. Une dalle de marbre de 85 cm de côtés fut placée en 1752 afin de commémorer le lieu de son inhumation. Elle rappelle que Nithard fut, aux côtés de Notger, un des fondateurs de l’église : «Trium fratrum qui hanc ecclesiam anno 987 conditam decimis et agriculturis beneficiarunt. D. Nithardus hic sepultus R.I.P. » La chaire de vérité de l’église provient quant à elle de l’ancienne chapelle du palais des prince-évêques, l’église Sainte-Ursule, disparue suite à la reconstruction du palais en 1734 mais dont une partie du mobilier a été conservé. Décorée de bas-reliefs Louis XIV et rococo et de statuettes en bronze, cette chaire est attribuée au sculpteur van der Planck.

Rue de la Cathédrale 6
4000 Liège

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Classée comme monument le 24 juillet 1936
Patrimoine exceptionnel de Wallonie (buffet et orgue, à l’exclusion de la mécanique)

Institut du Patrimoine wallon

Guy Focant-SPW

Ancienne collégiale Sainte-Croix de Liège

L’église Sainte-Croix, ancienne collégiale de Liège, se dresse sur la portion orientale du Publémont et domine le centre de la ville. Elle succède à un édifice ottonien de la fin du Xe siècle, commandité par l’évêque Notger. Le seul vestige de cette construction est un vieux mur en grès houiller intégré dans la sacristie sud. 

L’édifice actuel, érigé en plusieurs phases de la fin du XIIe au XVe siècle, se compose d’un avant-corps roman ou Westbau surmonté d’une tour octogonale et doté d’une abside, d’une nef flanquée de collatéraux, d’un transept non saillant et d’un chœur à abside semi-circulaire. La nef est dite de type « halle », puisque les deux collatéraux s’élèvent quasiment à la même hauteur que le vaisseau principal. Ce principe de l’église-halle est assez rare en région mosane à cette époque alors qu’il est très répandu sur le territoire germanique. Élément original, les six chapelles de la nef sont éclairées par des fenêtres triangulaires courbes.

Au XIXe siècle, l’édifice se trouve dans un état de délabrement qui nécessite une campagne de restauration. Durant celle-ci, le chœur oriental, la façade sud, les remplages des fenêtres, les vitraux et l’avant-corps sont restaurés ou remplacés. C’est également à cette époque, en 1858 plus précisément, qu’un portail est ajouté au Westbau.

Rue Sainte-Croix
4000 Liège

carte

Classée comme monument le 15 janvier 1936
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

SPW - G. Focant 

Orgue Le Picard de l'église abbatiale des Bénédictines à Liège

L’abbaye bénédictine de la Paix Notre-Dame, fondée à Liège par les Bénédictines de Namur dans la première moitié du XVIIe siècle, n’est dotée d’une église que durant la seconde moitié de ce siècle. Celle-ci dispose d’une façade d’inspiration française qui superpose deux ordres de pilastres et abrite un orgue remarquable, dû au facteur liégeois Jean-Baptiste Le Picard.

L’orgue occupe une place inhabituelle dans l’église abbatiale. Il domine en effet le chœur conventuel réservé à la seule communauté, à l’opposé de la nef, accessible, elle, à l’ensemble des fidèles. Cette position, qui renforce le caractère essentiellement liturgique de l’instrument, soustrait à la vue du public, a en outre constitué une difficulté technique supplémentaire pour Jean-Baptiste Le Picard (1706-1779), fils d’un facteur d’orgues français renommé installé à Liège. 

Construit en 1736-37 dans le style Louis XIV, l’instrument fait harmonieusement corps avec les stalles et les lambris finement ouvragés du chœur, adoptant le plan classique à trois tourelles et deux plates-faces. La décoration sculptée se compose d’un riche répertoire de volutes, têtes de chérubins, rinceaux, feuilles d’acanthe ou instruments de musique, surmonté par quatre anges jouant de la trompette. La sonorité de l’instrument se montre tout aussi remarquable et résulte d’une conception technique de très grande qualité, révélée par une restauration de 1980. Supprimant les divers aménagements et mises au goût du jour, celle-ci a restitué l’état original de l’instrument.

Boulevard d’Avroy 52-54
4000 Liège

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Classé comme monument le 28 mars 1983
Orgue classé comme monument le 7 février 2013
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

Guy Focant-SPW

Ancienne chapelle Saint-Roch de l'hôpital de Volière et son orgue

Les frères Cellites, dits aussi Alexiens ou Lollards, sont dotés en juillet 1520 d’une propriété en Volière qu’ils agrandissent au fil du temps et des tâches qu’ils accomplissent. Au XVIIIe siècle, les frères se consacrent aux « déséquilibrés » qu’ils accueillent moyennant rétribution. La chapelle Saint-Roch, est quant à elle édifiée dans la seconde moitié du XVIe siècle.  
 

Ancienne chapelle Saint-Roch de l'hôpital de Volière et son orgue

En 1769, les frères Cellites commandent, pour cette chapelle, un orgue au facteur liégeois Guillaume Robustelly. Ce dernier est connu pour avoir fait son apprentissage dans l’atelier renommé de Jean-Baptiste et Jean-François Le Picard à Liège, avant de leur succéder. 

Le buffet en chêne adopte une forme classique à trois tourelles, simplement dé

corées de volutes végétales. Il est complété de deux claviers qui donnent vie à un Grand-Orgue et à un Positif de socle. 

Au milieu du XXe siècle, devant le mauvais état de l’instrument, devenu muet, une restauration assez drastique est entreprise. Faute d’entretien, les bénéfices n’en seront que temporaires. Les tuyaux seront finalement déposés en 1994 pour éviter tout dommage durant la restauration de la chapelle. 

En dépit de cela, l’orgue a conservé une grande partie de son mécanisme originel, ce qui fait de lui le témoin privilégié d’un des représentants majeurs de la facture liégeoise de la seconde moitié du XVIIIe siècle. 

L’orgue a bénéficié depuis d’une restauration achevée en septembre 2011.

Rue Volière 17-19
4000 Liège

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Classée comme monument le 13 mai 1970
Patrimoine exceptionnel de Wallonie (buffet et orgue)

Institut du Patrimoine wallon

Guy Focant

Lycée Léonie de Waha

Fervente féministe, Léonie de Waha ouvre en 1868 un institut permettant aux jeunes filles d’accéder à l’enseignement secondaire, alors réservé aux seuls garçons. Au fil du temps, l’accroissement continu des élèves et la transformation de l’institution en lycée rendent inévitable la construction d’un nouveau bâtiment.

Inauguré en 1938, le lycée reflète les thèses modernistes de l’époque en matière d’architecture et d’urbanisme appliquées à un projet global conçu par l’architecte Jean Moutschen et décoré de nombreuses œuvres signées d’artistes liégeois de renom (bas-reliefs, peintures, vitraux, mosaïques disséminés dans l’édifice entier). La façade pratiquement aveugle se distingue par les lignes rigoureuses que dessinent les pierres blanche et bleue. Trois larges bas-reliefs et une horloge monumentale en ornent les 30 m d’élévation pour une largeur identique. 

Ici, comme dans le reste du bâtiment, priment la fonctionnalité, la symétrie et la recherche d’une haute qualité dans son utilisation : salle de fêtes, piscine et gymnase insonorisés, disposition des locaux pour bénéficier d’un ensoleillement optimal, etc., tout en embellissant l’environnement d’éléments décoratifs de grande valeur centrés sur la jeune fille et l’enseignement, le monde du travail et la glorification de la Wallonie.

Boulevard d'Avroy 96
4000 Liège

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Classé comme monument (avec zone de protection) le 17 mai 1999 - Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

Guy Focant - SPW

Collégiale Saint-Jean-l'Évangéliste de Liège

L’église Saint-Jean l’Évangéliste, ancienne collégiale fondée par l’évêque Notger vers 980, suit un plan influencé par l’église palatine d’Aix-la-Chapelle. Composé d’un polygone, l’édifice  roman était complété d’une tour, d’un cloître et de dépendances appartenant au collège des chanoines. 

Dès la fin du XIIe siècle, des travaux sont entrepris. Ces derniers visent à reconstruite la partie supérieure de la tour. Deux siècles plus tard, un chœur et des chapelles se greffent à l’église octogonale existante. L’église romane est reconstruite dans la seconde moitié du XVIIIe siècle en style néoclassique par deux architectes liégeois : J.-G. Soufflot et B. Renoz, sur la base des plans de l’architecte italien G. M. Pisoni. 

Le nouvel édifice élevé en grès houiller, briques et calcaire est composé de trois parties (la tour, l’octogone et le chœur) romane et néoclassique. La première de style roman est jouxtée de deux tourelles d’escaliers. L’octogone néoclassique est couvert d’une haute coupole prenant appui sur les huit piliers délimitant le déambulatoire. Ce dernier est couvert de voûtes d’arêtes et est flanqué de six chapelles rayonnantes. Le chœur néoclassique est caractérisé par de grandes fenêtres à linteau. Le cloître jouxtant l’édifice est daté dans l’ensemble du XVIe siècle, seule l’aile est a été reconstruite au XVIIIe siècle. Les ailes ouest et nord ont été voûtées en 1738. L’aile sud est l’unique témoin des voûtements gothiques originels, caractérisés par la présence de liernes et tiercerons.

Remarquons le portail cintré orné d’un bas-relief inscrit dans son tympan représentant saint Jean à l’île de Patmos ainsi que le mobilier baroque.

 

Église Saint-Jean-l'Évangéliste de Liège - Guy Focant © SPW

 

Église Saint-Jean-l'Évangéliste de Liège - Guy Focant © SPW

Place Xavier Neujean 32

4000 Liège

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Classée comme monument le 29 mai 1952 et cloître classé comme monument (avec zone de protection) le 8 mai 2013
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

SPW - G. Focant 

Pont de Fragnée à Liège

Érigé dans la foulée de l’Exposition universelle de 1905, le pont de Fragnée comprend trois travées métalliques qui reposent sur deux piles et deux culées en petit granit. Si les candélabres sont en bronze, les garde-corps – sauf leurs pilastres qui sont en fonte – sont constitués d’une ossature en fer forgé et d’un décor en laiton. Chaque entrée du pont est marquée par deux colonnes monumentales décorées en leur sommet d’une Renommée en bronze doré. Deux Poséidon et deux allégories de la Meuse, également en bronze, ornent la base des colonnes. 

Entre 1993 et 2001, une vaste campagne de restauration a rendu au pont son lustre d’antan.

Pont de Fragnée
4000 Liège

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Classé comme monument le 14 mars 1994
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

 SPW - G. Focant 

Palais des princes-évêques à Liège

Le bâtiment que nous connaissons actuellement garde les traces des interventions de nombreux prélats liégeois et est l’héritier de plusieurs autres bâtiments défunts.

Les premières mentions d’un « palais épiscopal » remontent au IXe siècle, lorsque son occupant n’était encore qu’évêque de Liège. C’est toutefois sous l’épiscopat de Notger (972-1008), considéré comme le premier prince-évêque suite à la donation du comté de Huy en 985, que l’on trouve la trace d’un nouveau palais, que nous considérons aujourd’hui comme le « premier palais des princes-évêques ».

Le palais de Liège a connu les affres du temps, des raids normands de 881 au grave incendie de 1185 (le siège du pouvoir est immédiatement reconstruit par Raoul de Zähringen (1167-1191)) et aux conflits entre Liège et le duché de Bourgogne au XVe siècle.

C’est sous le règne du richissime bâtisseur Érard de la Marck (1505-1538) que la renaissance du palais a lieu. L’édifice actuel en est encore en grande partie l’héritier : articulation autour de deux cours en enfilade dont la première est caractérisée par une série de colonnes aux motifs Renaissance.

Tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, les princes-évêques n’ont de cesse d’imprimer leur marque dans l’intérieur de leur résidence dont ils modernisent les locaux. L’extérieur connaît de lourdes modifications sous le règne de Georges-Louis de Berghes (1724-1743) lorsqu’un grave incendie ravage le palais dans la nuit du 23 mars 1734 et détruit intégralement la façade Renaissance construite sous Érard de la Marck.

L'histoire du bâtiment

Bâtiment emblématique du pouvoir et du centre de Liège, le palais des princes-évêques est la résidence du chef de l’État sous l’Ancien Régime. Il est également le lieu de réunion des États de la principauté et abrite les organes principaux du gouvernement.

S’il perd ses fonctions de résidence princière et épiscopale après la Révolution et l’annexion en 1795, le palais ne connaît pas de modification d’envergure depuis, si ce n’est l’ajout d’ailes néogothiques de part et d’autre. Le bâtiment est également resté au centre de la vie politique liégeoise et nationale depuis lors : investi par les Français pour ses qualités indéniables (situation géographique, superficie), il devient le siège des institutions judiciaires sous le régime républicain. Les institutions consulaires et impériales augmentent encore son importance sur l’échiquier politique.

Aux premières heures de la Révolution, le palais est épargné. Il faut dire que les premières années qui suivent le soulèvement populaire sont confuses à Liège où les deux derniers princes-évêques prennent la fuite et sont chacun rétablis dans leurs États à deux reprises. La bataille de Fleurus et l’arrivée des Français signent pour de bon la fin de l’occupation princière au palais de Liège. Le 27 juillet 1794, la foule envahit l’édifice et procède à un pillage en règle de tout ce que le prince-évêque n’a pu emporter, c’est-à-dire la majorité des richesses. Cet envahissement populaire fait disparaître les blasons et portraits rappelant le régime déchu. Ensuite, on procède à une totale laïcisation du bâtiment qui est préservé dans sa totalité pour des raisons pratiques évidentes. Déjà lors de la première occupation de nos régions par les armées républicaines, le général Dumouriez avait choisi le palais pour y loger lors de son passage en novembre 1792. Sous la seconde occupation, l’édifice devient le palais de Justice de la République et, en son sommet, un carillon vient remplacer le globe et l’aigle impériale.

Le palais abrite ainsi, jusqu’à l’annexion, le tribunal révolutionnaire de Liège, installé dans l’ancienne chapelle du prince. Ce tribunal criminel est installé le 12 octobre 1794, il est composé de dix membres et étend sa juridiction sur les anciens pays de Liège, Franchimont, Stavelot, Logne et Limbourg. On y trouve 8 juges, un greffier et un accusateur public. L’ancien « palais des princes-évêques » est rebaptisé « palais national ». En tant que chef-lieu de département, Liège devient le siège des juridictions d’instance et d’appel sous le régime français. Les salles jusqu’alors occupées par le Synode, la Cour féodale et l’Échevinage, institutions abolies, sont réaffectées en dépôt d’archives. Après l’annexion, le tribunal d’appel du département de l’Ourthe s’installe dans l’aile ouest. Le palais abrite alors non seulement les institutions judiciaires, mais également les institutions centrales. C’est au préfet Desmousseaux que l’on doit, en 1800, le départ de ces dernières vers l’hôtel de Hayme de Bomal. La destinée du palais est désormais écartée de celle du pouvoir central et conserve une fonction essentiellement judiciaire.

Chaque changement de régime en France à l’époque est accompagné de changements institutionnels : nouvelle constitution, réforme administrative, réforme judiciaire… L’Empire ne déroge pas à la règle. Créée par la loi du 20 avril 1810 et établie le 20 mai 1811, la cour impériale de Liège s’installe logiquement au palais. Sa juridiction s’étend sur les départements de la Lippe, de la Meuse inférieure, de l’Ourthe, de la Roer et de Sambre-et-Meuse. Il s’agit bien ici d’une « super » cour de justice dont l’importance est considérable qui est installée dans l’ancienne capitale principautaire. La cour impériale est divisée en quatre chambres : deux chambres civiles, composées de 7 à 9 conseillers et tenant chacune quatre audiences par semaine ; une chambre des mises en accusation, composée de 3 conseillers et tenant audience tous les lundis ; une chambre des appels de police correctionnelle, composée de 7 conseillers.

Hormis ces institutions strictement judiciaires, le palais abrite d’autres administrations parmi lesquelles celle des domaines nationaux, chargée de procéder à la vente d’immeubles déclarés « biens nationaux ». On y trouve également, à partir de 1800, une prison pour femmes, installée dans la partie orientale du palais, autour de la seconde cour, où les arcades des galeries sont murées afin d’augmenter l’espace carcéral.

De cette affectation judiciaire apportée par les Français, rien n’a changé. Aujourd’hui encore, le palais abrite, dans sa partie droite, le palais de justice. Le régime belge affecte également le bâtiment à la résidence du gouverneur de la province de Liège, fonction qu’il occupe toujours actuellement.

Les témoins du passé

Aujourd’hui, si les blasons, armoiries et portraits des princes d’Ancien Régime ont été restaurés, le palais garde encore quelques maigres traces physiques qui viennent rappeler la période française. Sur la façade principale, à gauche du porche d’entrée, une pierre discrète est encore visible. Appelée « pierre noire », il s’agit de l’endroit sur lequel étaient placardées les lois publiées dans le département et que le régime utilisa à partir du 12 mars 1796. On peut encore y lire, en lettres dorées sur sa partie supérieure « Loix publiées dans le département de l’Ourte ». Dans le grandiloquent programme iconographique du palais provincial, construit à partir de 1836 dans le but de célébrer plusieurs siècles d’histoire liégeoise, la période française ne fut pas oubliée. Parmi les noms présents dans les phylactères du plafond de la salle du Conseil provincial figurent les noms des deux préfets du département de l’Ourthe : Antoine Desmousseaux (1800-1806) et Charles-Emmanuel Micoud d’Umons (1806-1814).

Outre de nombreux portraits, plusieurs traces nous sont parvenues, la plupart témoignant des interventions ayant suivi l’incendie de 1734.

Le fronton courbe de la façade principale porte les armoiries de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Il est le témoin principal de la reconstruction par l’architecte bruxellois Jean Anneessens suite à l’incendie de 1734. Les armoiries datent de 1737 et présentent le blason du prince, entouré de deux lions et portant la couronne, la crosse et l’épée. Une inscription en-dessous de la composition rappelle l’incendie et la reconstruction suite à l’intervention des États : « Georges-Louis, évêque et prince de Liège, a restauré le palais, détruit partiellement par un incendie, grâce à la générosité des États, du Clergé et de la Cité – 1738 ». Disparues à la Révolution, ces armoiries furent rétablies vers 1905.

Les voûtes des galeries de la première cour sont ornées des armoiries de plusieurs princes-évêques au niveau des clés de voûte.

Seul témoin de la première campagne d’édification, les armes d’Érard de la Marck (1505-1538) se trouvent à l’angle nord-ouest. La fragilité de la construction obligea ses successeurs à ordonner des travaux de reconstruction et de consolidation tout au long du XVIe siècle.

Les armoiries de Gérard de Groesbeeck (1564-1580), présentes dans la galerie est, commémorent la réfection des voûtes en 1568 ; la première arcade au nord-est porte, quant à elle, un chronogramme daté de la même année témoignant également de cette reconstruction et portant une inscription latine signifiant « À l’exemple de ton prédécesseur, Gérard de Groesbeeck ». Les armes d’Ernest de Bavière (1581-1612) figurent, quant à elles, dans la galerie nord et commémorent la restauration des voûtes en 1587.

Un autre chronogramme, tracé non loin du premier témoigne lui aussi de cette campagne de restauration : « Ô chef et roi Ernest de Bavière, tu consolides les choses branlantes ».

Toutes les façades de la première cour sont ornées de nombreuses armoiries d’Érard de la Marck (1505-1538). Placées sous chaque baie, elles indiquent l’identité du commanditaire. Martelées à la Révolution, elles furent rétablies au XIXe siècle lors de la restauration des façades de la cour par l’architecte Lambert Noppius.

Le cabinet du Procureur général est notamment décoré d’une cheminée datée de 1742 dont le contre-cœur est orné des armoiries de Jean-Théodore de Bavière ; le cabinet du Premier Substitut du Procureur du roi abrite une brique de cheminée aux armes de Jean-Théodore de Bavière ; la salle du conseil de la 4e chambre de la Cour d’appel conserve une taque de foyer datée de 1744 aux armes de Jean-Théodore de Bavière. Celles-ci se présentent sous leur forme habituelle : le blason de Bavière est entouré de la couronne, de la crosse, de l’épée et de deux lions. Sous l’ensemble, un bandeau portant la mention « I.T.H.B. 1744 » ; la salle du Conseil de l’ordre des avocats abrite une taque de foyer aux armes et initiales de Jean-Théodore de Bavière. Datée de la même année que la précédente, elle est son exacte réplique et est, elle aussi, placée dans une cheminée en marbre de Saint-Rémy datée de 1750 ; le cabinet du secrétaire du Procureur du roi conserve une taque de foyer aux armes et initiales de Charles-Nicolas d’Oultremont (1763-1771). Située sur la paroi est et datée de 1767, elle représente les armes traditionnelles du prince, telles que l’on peut les voir sur le fronton de l’église du Saint-Sacrement. L’inscription « C.N.A.O.E.P.L. » (Charles-Nicolas-Alexandre d’Oultremont, Évêque et Prince de Liège) est gravée dans le bas de la composition. La même cheminée comporte aussi une brique de foyer de 1764 aux armes de Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ; l’escalier royal figure le monogramme de Georges-Louis de Berghes (1724-1743). Réalisé vers 1740, ce très bel ensemble en fer forgé présente les initiales G et L entrelacées, dans un médaillon surmonté du bonnet de prince du Saint-Empire romain germanique.

Au sommet de cet escalier, une large baie est surmontée par le monogramme du même prince et ouvre sur la grande galerie Détail de la rampe de l’escalier du Synode avec le monogramme stylisé de Jean-Théodore de Bavière. Installé entre 1762 et 1764, l’ensemble réalisé en fer forgé présente, en médaillon, les initiales J et T entrelacées, surmontées du bonnet de prince du Saint-Empire ; l’escalier des États conserve des motifs au monogramme de Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ; les galeries de la seconde cour sont aujourd’hui transformées en « galerie lapidaire » et conservent des pierres aux armes d’Érard de la Marck (1505-1538) et de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688); la salle de l’ancienne chancellerie du Conseil privé, dite aussi « salle bleue » est entièrement lambrissée d’armoires aux initiales de Maximilien-Henri de Bavière, entrelacées et placées sous le bonnet de prince du Saint-Empire, rappelant que le prince était également Électeur de Cologne. Ces monogrammes constituent un témoin rare et privilégié de la décoration intérieure liégeoise de l’époque

La salle du Conseil provincial, bien que datée du XIXe siècle, conserve la tribune de l’ancienne salle des échevins. La haute tribune en chêne sculpté et polychrome, portée par des atlantes et des putti, date en effet du siècle précédent. Elle présente, en son centre, le blason des princes de Bavière: crosse, épée et couronne sur un grand manteau de prince du Saint-Empire, doublé d’hermine. Le tout est l’œuvre du sculpteur Jean Del Cour, sculpteur officiel de Maximilien-Henri de Bavière (1650-1688) mais ornait vraisemblablement le trône édifié pour Joseph-Clément de Bavière (1694-1723) ou Jean-Théodore de Bavière (1744-1763) ; le palais provincial abrite également l’escalier de la maison des États, dans les appartements du gouverneur de la province. Dessiné en 1749 par l’architecte Charles-Antoine Galhausen et réalisé par Jean-François Ermel en 1752, il comporte des motifs évoquant le monogramme de Jean-Théodore de Bavière.
 

Square Notger
4000 Liège
 

carte

Classé comme monument le 22 octobre 1973
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

G. Focant SPW

Forum de Liège

De style Art déco, le Forum, fait de béton, de fer et de verre, a été construit entre 1921 et 1922. Il possède deux façades, dont la plus belle, rue du Mouton blanc, est entièrement cimentée, sculptée de motifs floraux divers et percée d’une vaste baie en anse de panier ornée d’un superbe vitrail figurant une salle de spectacle stylisée. D’autres vitraux éclairent, en partie de manière artificielle, le péristyle et les escaliers menant aux étages. La salle de spectacle, sous une voûte sans appui central et longue de 25 m, possède un décor fait de staffs peints à motifs géométriques et dorés à la feuille de laiton. L’ensemble de l’édifice a été restauré dans les années 1980.

Rue Pont d'Avroy 14
Rue du Mouton Blanc 18-20
4000 Liège

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Classé comme monument le 24 juillet 1979 et le 4 juillet 1989
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon

Salle académique de l'Université de Liège

L’Université de Liège, fondée en 1817 par Guillaume Ier, roi des Pays-Bas, est l’œuvre de l’architecte Jean- Noël Chevron. Le portique originel, totalement occulté par le bâtiment des années 1890, accueille le mémorial en bronze et marbre dédié aux victimes universitaires de la Première Guerre mondiale. 

Terminée en 1824, la salle académique, hémicycle néoclassique à vaste galerie à deux étages avec colonnes ioniques et corinthiennes recouvertes de dorures, est couverte d’une demi-coupole avec plafond à caissons ornés de stucs à motifs de rosaces. De nombreuses niches abritent des statues dont celles d’Athéna et de Mercure. Au-dessus de la tribune, une élégante grisaille, œuvre du peintre Alexandre Rifflaert, représente Guillaume d’Orange offrant à un jeune diplômé guidé par Minerve une couronne de laurier tendue par la Justice. 

Elle a fait l’objet d’une restauration complète de 2003 à 2005.

Place du XX-Août 9
4000 Liège

carte

Classée comme monument le 24 janvier 1983 
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon