Guy Focant
Ilot Saint-Luc à Namur
Complexe immobilier de 12.520 m2 édifié de 2001 à 2003 sur le site de l’ancienne clinique Saint-Luc, au pied du pont de Louvain, d’après les plans du bureau Impact, cet ensemble en forme de bateau dont la coque se terminerait par une série de bâtiments aux toits arrondis comprend cinq unités de cinq à huit niveaux, autour d’une placette centrale, agrémentant la circulation piétonne du quartier. Un grand voile de briques, beau geste dynamique, suit la courbe de la voirie qui longe l’îlot. Une tour de 25 m de haut, rappelant celle du Centre administratif de l’ancien MET, constitue l’élément le plus élevé de cette réalisation, d’où la vue s’étend sur toute la capitale wallonne jusqu’à la citadelle.
Les services de l’Agriculture
Depuis juin 2004, les services centraux de ce qui était jusqu’il y a peu la Direction générale de l’Agriculture du Ministère de la Région wallonne (aujourd’hui intégrée à la Direction générale « Agriculture, Ressources naturelles et Environnement ») ont été regroupés dans cet ensemble construit derrière la gare de Namur, à l’intersection de plusieurs voiries. Cette infrastructure à la fois séduisante et performante abrite non seulement les agents de l’Administration, mais aussi le cabinet du Ministre en charge de la matière. Tout comme le Centre administratif du MET achevé cinq ans plus tôt et celui érigé peu après sur le site de l’ancienne maternité provinciale, l’ensemble des bureaux de l’îlot Saint-Luc s’inscrit dans la politique actuelle de regroupement des services publics régionaux, à Namur, dans des bâtiments neufs, la réaffectation du patrimoine ancien semblant avoir atteint actuellement ses limites par rapport aux besoins.
On rappellera que la régionalisation de la politique de l’agriculture fut réclamée très tôt par les partis fédéralistes wallons outrés de la mainmise flamande permanente sur ce secteur et sur ses importantes aides publiques nationales, puis européennes, mais aussi qu’elle ne fut – pour ce motif, comme souvent – concrétisée que tardivement et par petites étapes.
Chaussée de Louvain 14
5000 Namur
Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009
Guy Focant
Hôtel Desoër de Solières
Édifié de 1555 à 1561 par Guillaume d’Elderen, président du Conseil privé et de la Chambre des Comptes, l’hôtel Desoër de Solières – du nom de la dernière famille qui l’occupa – est un témoin privilégié de l’architecture civile de la Renaissance à Liège. Construit en briques, tuffeau de Maastricht et calcaire de Meuse, il se distingue par un plan irrégulier en L rythmé par une tour à la jonction des deux corps du bâtiment. La décoration des façades est exceptionnelle : colonnes doriques, entablement avec frise, mascarons.
Abandonné dans les années 1970 et victime d’un incendie en 1995, le bâtiment était très gravement endommagé lorsque débuta sa restauration en décembre 2001. Le bureau d’architecture Greisch travailla dans la volonté de restaurer les éléments d’origine encore lisibles. Malheureusement, l’intérieur dut être vidé compte tenu de l’état désastreux de sa structure. La façade fut entièrement rénovée et une audacieuse extension contemporaine ajoutée à l’ensemble. Celle-ci s’acheva par une tour cylindrique conçue par Philippe Greisch, qui s’intègre hardiment entre l’hôtel Desoër de Solières et l’hôtel de Bocholtz, restauré de manière beaucoup plus traditionnelle.
Une des vitrines de la Wallonie
L’hôtel Desoër abrite depuis mai 2003 un des trois « Espaces Wallonie », les permanences de diverses administrations régionales, une boutique de l’Office des Produits wallons, et il a hébergé durant cinq ans jusqu’en août 2008 les services administratifs de l’Archéoforum de Liège, dépendant de l’Institut du Patrimoine wallon (IPW). C’est également l’IPW qui avait mené à bien l’achèvement du chantier à partir de décembre
2001, pour le compte et avec l’aide tant du MET (Implantations) que du MRW (Patrimoine). « La restauration de l’hôtel Desoër de Solières constitue, à ce jour, une des expressions les plus significatives de la volonté du Gouvernement régional de faire converger ses besoins immobiliers et sa mission de protection du patrimoine ». On notera que l’architecte Philippe Greisch a également réalisé pour la Région wallonne en 2000-2005, mais pour le compte cette fois de la Société régionale wallonne du Transport (SRWT) et de la Société wallonne des Aéroports (SOWAER), la nouvelle aérogare de Liège, bâtiment de verre à image technologique forte en adéquation avec sa fonction, et belle image de modernité pour un autre outil régional wallon.
"On a peine à imaginer aujourd’hui qu’il n’y a guère beaucoup plus de dix ans, les seules installations civiles de Bierset consistaient en un baraquement provisoire dont le responsable de l’aéroport essayait vainement de colmater les nombreuses brèches... Cette situation illustre le fait que, durant des dizaines d’années, le Gouvernement fédéral avait - totalement - négligé les aéroports régionaux de Bierset et de Gosselies. Tout au contraire, dès le début 1989, le Gouvernement wallon a pris l’option de faire de ceux-ci des outils centraux de développement et de reconversion économique". Témoignage d’Amand Dalem, in L’Aventure régionale, p. 166.
Place Saint-Michel 86
4000 Liège
Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009
Guy Focant (SPW)
Ancien couvent des Célestines
Bâti entre 1635 et 1658, le couvent namurois des soeurs Célestines formait un vaste ensemble dont l’aile principale abritait la salle capitulaire, le réfectoire, etc. La façade principale compte une dizaine de travées sur deux niveaux et est édifiée en brique et pierre bleue. Très sobre, le bâtiment constitue un bel exemple d’architecture traditionnelle mosane. Le monastère ou du moins son aile centrale, la seule qui subsiste, connut diverses affectations après la Révolution française, la dernière étant de servir de réserve aux ateliers communaux. Dans le cadre de la vaste campagne de réhabilitation de l’îlot des Célestines et du quartier lui-même, l’aile centrale de l’ancien couvent fut restaurée par les architectes Christian Dejardin et Jean-Pierre Wargnies (de l’Atelier de l’Arbre d’Or), à la fin des années 1990, tandis que les architectes Olivier De Sorgher et Nicolas Giomorey (du Bureau Dupont) restaurèrent plus tard, eux, pour l’IPW l’édifice non classé construit au xixe siècle à l’emplacement de l’ancienne entrée du couvent.
Dix ans, trois Ministres, trois partis
Inauguré en février 1998, l’ancien couvent des Célestines abrite à partir de 2004 le cabinet du Ministre socialiste de l’Économie, de l’Emploi, du Commerce extérieur et du Patrimoine Jean-Claude Marcourt. Avant celui-ci, les lieux avaient accueilli le cabinet du Ministre de l’Environnement, des Ressources naturelles et de l’Agriculture, le social-chrétien Guy Lutgen (1998-1999), puis celui du libéral Michel Foret, Ministre de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme et de l’Environnement (1999-2004).
Le siège de l’Institut du Patrimoine wallon
À quelques mètres à peine du cabinet ministériel, le siège central de l’Institut du Patrimoine wallon se situe depuis mars 2002 dans une maison de maître néoclassique construite au xixe siècle à l’emplacement de l’ancienne conciergerie du couvent des Célestines. Cet immeuble avait servi de bureaux à la ville de Namur jusqu’à son rachat par la Région en même temps que l’ancien couvent. Les architectes chargés de sa réaffectation ont habilement installé quatre niveaux et demi de locaux dans un espace qui n’en comptait que deux auparavant, tout en respectant la structure et le caractère de l’édifice.
Le siège de l’Union des Villes et Communes
À deux pas de l’ancien couvent, de l’autre côté de la rue de l’Étoile (no 4) et face aux anciens bâtiments du moulin du même nom intégrés dans le projet de cabinet ministériel, le nouveau siège de l’Union des Villes et Communes de Wallonie se trouve dans une construction contemporaine de qualité, audacieuse de modernité, nichée dans un très bel espace vert. Conçu par l’architecte Wargnies de l’Atelier de l’Arbre d’Or, ce bâtiment a été inauguré le 22 juin 2004.
Architecture
Il s’agit d’une bâtisse traditionnelle en brique et pierre bleue, conservant aux deux niveaux des fenêtres à croisées et à queues de pierre. À gauche, les fenêtres du rez-de-chaussée présentent un linteau bombé à clé. À l’extrême droite s’étend une large zone remaniée, à l’exception cependant du reste d’une porte originelle. Celle-ci possède des montants chainés taillés obliquement, terminés par un congé.
Notons les grandes ancres en Y, les harpes d’angle et la corniche de pierre en doucine. On suppose une réfection du pignon au XVIIIe siècle. Lors des remaniements des XIXe et XXe siècles, certaines croisées ont été supprimées et certaines fenêtres transformées en porte.
Place des Célestines
5000 Namur
Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009
F. Dor - DOHC - SPW
Bâtiment du Fonds du Logement à Charleroi
Générale de Banque. Racheté en 1994 par le Fonds du Logement, l’édifice est restauré et réaffecté par les architectes Jean-Jacques Catteau et Alain Stevens en 1998. La présence de deux atriums amène un apport de lumière important à l’immeuble, soutenu par deux vastes verrières à pentes doubles. L’architecture du lieu a toutefois été respectée : le verre s’intègre admirablement aux éléments d’origine tels que le sol pavé, les colonnes et les pilastres du grand atrium. Si l’intérieur est profondément remodelé, les modifications extérieures sont quant à elles minimes dans cette réaffectation exemplaire.
Le Fonds du Logement des Familles nombreuses de Wallonie
Institution nationale régionalisée, ayant pour mission de concrétiser le droit au logement des familles de trois enfants et plus via des prêts au logement et des aides locatives, le Fonds du logement avait conservé initialement son siège à Bruxelles, puisqu’il était l’héritier du Fonds du Logement de la Ligue des Familles nombreuses de Belgique créé en 1929. C’est en 1980 qu’eut lieu au départ de ce dernier la fondation de la société coopérative Fonds du Logement des familles nombreuses de Wallonie, qui devint opérationnelle en 1984. À ses côtés, le décret du 25 octobre 1984 créa la Société régionale wallonne du Logement (devenue SWL) au départ de la scission de la Société nationale du Logement (SNL) et de la Société nationale terrienne (SNT). La nouvelle Société wallonne devait s’installer à Charleroi (au milieu des années 1990 dans un immeuble neuf qu’elle partagea avec le Forem) au même titre que les autres institutions régionales à caractère social, telle l’AWIPH (Agence wallonne pour l’Intégration des Personnes handicapées). Le Fonds du Logement s’installa à Charleroi à son tour en 1998, dans le cadre de la même politique de localisation des institutions à caractère social.
"Il faut rendre hommage à la Région wallonne qui a su profiter des divers déménagements de ses administrations sociales pour mener des opérations de requalification urbaine dont Charleroi avait grand besoin : l’installation de l’AWIPH a permis de requalifier le site de l’ancien terril Saint-Charles ; la construction des bâtiments destinés au FOREM et à la SWL a été l’occasion d’améliorer de façon sensible le bout du boulevard Tirou et de lancer une dynamique de création d’un nouveau quartier reliant la rue du Pont-Neuf à la Sambre ; le Fonds du Logement des Familles nombreuses s’est installé dans un très beau bâtiment en bord de Sambre qui était abandonné depuis de nombreuses années et qui a été sauvé grâce aux travaux réalisés par la Région". Témoignage de Jacques VanGompel, in L’Aventure régionale, p. 246.
Rue de Brabant 1
6000 Charleroi
Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009
Comptoir forestier à Marche-en-Famenne
C’est à l’architecte Philippe Samyn que fut commandé ce bâtiment à la fois fonctionnel, très esthétique et novateur, entamé en janvier 1994 et inauguré en février 1996. Son originalité réside principalement dans l’utilisation harmonieuse des formes courbes, du mariage de différents matériaux et surtout de sa charpente – une structure faite de l’assemblage de cinquante arcs identiques en bois massif d’épicéa ardennais cintrés à la vapeur, recouverte de profilés spéciaux en aluminium et de tuiles de verre feuilleté. Clin d’oeil contemporain au milieu de chênes bicentenaires, cette construction ovoïde fait partie de la trentaine de réalisations architecturales industrielles contemporaines qui illustrent un indéniable dynamisme architectural.
Administration séculaire, architecture contemporaine
L’ancienne Administration forestière, mise en place par le Code forestier de 1854, fut une des premières à être régionalisée. Elle devint la Direction des Ressources forestières au sein de la Division de la Nature et des Forêts de la Direction générale des Ressources naturelles et de l’environnement, aujourd’hui DGO (pour Direction générale opérationnelle) « Agriculture, Ressources naturelles et Environnement ». L’administration forestière wallonne souhaitait depuis de nombreuses années créer son propre centre de récolte, de traitement et de commercialisation de graines forestières de haute qualité génétique. Faisant songer à une graine qui émerge du sol, ce bâtiment, de par sa forme originale, reflète le dynamisme du service public régional qui en fut le maître d’ouvrage autant que l’inventivité de l’architecte Samyn, dont c’est un des projets les plus célèbres.
Zoning industriel d'Aye
6900 Marche-en-Famenne
Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009
Guy (Focant)
Centre administratif Cap Nord du SPW
Conçu par l’architecte montois Jean Barthélemy (par ailleurs président des Journées du Patrimoine en Wallonie de 1991 à 2008) au sein de l’Atelier d’urbanisme, de réhabilitation et d’architecture (AURA), le Centre administratif du Ministère de l’Équipement et des Transports - aujourd'hui intégré au sein du Service public de Wallonie - fut édifié derrière les voies de chemin de fer de la gare de Namur à partir d’octobre 1996 et achevé en juin 1999. L’édifice se singularise non seulement parce qu’il fut le plus grand bâtiment public réalisé jusqu’alors en Wallonie, mais aussi par la précision et le raffinement de sa réalisation ainsi que par la modernité de son image. Offrant une superficie totale de 68.000 m² et pouvant accueillir 950 agents autour d’une rue intérieure qui permit de développer un espace interne d’une valeur esthétique manifeste, il réussit le pari d’intégrer une construction d’envergure dans le paysage urbain en tirant parti d’un terrain long et étroit, tout en marquant sa présence – et donc celle de la Région – avec une certaine solennité.
Un ministère pour le XXIe siècle
La création du Ministère de l’Équipement et des Transports (le MET) remonte à l’été 1989, lorsqu’eut lieu le transfert aux Régions (décidé par la loi du 8 août 1988) de nouvelles compétences, principalement en matière d’économie, de transport et d’infrastructure. Quelques 3.500 agents des Travaux publics, des Communications, du Fonds des Routes, des Voies navigables et des Voies aériennes intégrèrent ainsi le 1er janvier 1990 le tout nouveau Ministère, créé alors aux côtés du Ministère de la Région wallonne (le MRW, remontant à 1981). Ceux-ci furent d’abord disséminés dans divers locaux namurois, mais le principe de la construction d’un bâtiment pour les regrouper fut arrêté dès 1990 et le choix du site de la gare fut accepté par l’Exécutif régional dès l’année suivante. Il fallut ensuite deux ans de discussions complexes sous la
houlette du cabinet du Ministre en charge des Implantations Robert Collignon pour que le projet prenne corps et soit approuvé en mai 1994, puis deux ans de démarches diverses encore pour pouvoir entamer le chantier en octobre 1996.
Le démarrage des travaux du Centre administratif du MET suivait d’un peu plus d’un an et demi l’inauguration par le même Robert Collignon, le 13 janvier 1995, du siège central du MRW, à Jambes, entamé en mars 1992. OEuvres des architectes Honoré, Minet, Wargnies, Farla et Greisch, celui-ci accueillait sur le site de l’ancien hôtel de ville de Jambes quelque 800 fonctionnaires dans un bâtiment renouant avec l’inspiration urbanistique et architecturale de la Renaissance, tout en dégageant à ses pieds une nouvelle place de la Wallonie. L’équipe architecturale initiale (Honoré et Farla) avait été constituée en 1984 déjà lorsque le Ministre-Président Jean-Maurice Dehousse avait lancé un concours de promotion pour l’implantation des administrations régionales à Namur, décidée en 1983 mais remise en cause entre 1985 et 1987.
Une cellule provisoire de la future administration wallonne, forte de douze agents, avait été mise en place en mars 1981 et elle s’était efforcée dans un premier temps de regrouper l’ensemble des fonctionnaires alors régionalisés en un lieu unique à Bruxelles, square Frère-Orban. À l’époque, en matière d’outils publics régionaux, seuls des agents de la Société de Développement régional de Wallonie (SDRW) se trouvaient à Namur, soit au siège de celle-ci (rue Grafé, 5), soit au 54 de la rue Godefroid, face à la gare. Ils furent intégrés au MRW en juillet 1983, la SDRW ayant été dissoute. Les premiers transferts de fonctionnaires depuis Bruxelles pour Namur eurent lieu au milieu des années 1980, dans les endroits les plus divers : au-dessus du magasin C&A face à la gare, dans une aile encore inoccupée de l’hôpital (avenue Albert Ier face à la Meuse), dans des immeubles à appartements transformés en bureaux à Jambes, etc. Le Ministre-Président Bernard Anselme put élaborer une politique d’implantations plus cohérente au tournant des années 1980-1990.
Témoignage de Georges Horevoets, ancien Secrétaire général du Ministère de la Région wallonne
"Nous avons également à négocier le transfert des fonctionnaires qui composent le Ministère de la Région wallonne au départ de huit ministères nationaux. Le passage des membres du personnel des ministères nationaux aux ministères des Communautés et des Régions ne se fait pas sans peine. Sur les mille quatre cent cinquante agents qui composent le cadre du Ministère, neuf cents tout au plus sont transférés. Les effectifs ressemblent quelquefois à une armée en déroute. Des pans entiers de l’administration se retrouvent sans le moindre encadrement. De surcroît, ils sont dispersés dans de multiples bâtiments bruxellois. Je me souviens encore que l’on nous avait même transféré des agents... décédés ou retraités.
Notre tâche consiste alors à rassembler l’ensemble de nos troupes en un lieu unique de Bruxelles : square Frère-Orban, à proximité du Conseil d’État. Pour faire face à une telle situation comme pour éviter tout double emploi, nous proposons à l’Exécutif régional wallon de fusionner le Ministère et la Société de Développement régional pour la Wallonie (S.D.R.W). Ce que malheureusement nous n’avons pas prévu, c’est qu’à la veille de la fusion, l’Exécutif décide de gonfler le cadre de la S.D.R.W, si bien que ce sont cent cinquante-six agents supplémentaires qui rejoignent le Ministère.
En 1984, l’Exécutif décide d’installer ses services à Namur. D’abord, le cabinet du Ministre-Président, puis l’administration. L’économie, l’environnement, les pouvoirs locaux déménagent ensuite progressivement. Fin 1985, changement de coalition. Melchior Wathelet décide de tout arrêter, allant jusqu’à rappeler les camions en route vers Namur. L’administration doit dès lors vivre avec cette double implantation jusqu’en 1988, moment où l’ensemble des services rejoignent définitivement la capitale wallonne".
Source: L’Aventure régionale, p. 71-72.
Boulevard du Nord, 8, 5000 Namur
Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009
Thierry Lanotte Architecture
Ancienne maternité provinciale de Namur
Les anciens services du MET, aujourd’hui intégrés au nouveau Service public de Wallonie (SPW), ont transformé en profondeur de 2004 à 2007 les 8.350 m2 de l’ancienne maternité provinciale de Namur à Salzinnes (1954), où travailla le docteur Willy Peers (1924-1984), pour y implanter les éditions et l’imprimerie du SPW, ainsi que le département de la Géomatique du Secrétariat général.
Ne laissant du bâtiment existant que le squelette structurel constitué par les poutres et les colonnes, le projet du bureau Thierry Lanotte dégage en son centre un important atrium qui articule sur six niveaux toutes les circulations et les échanges fonctionnels des services. Au niveau inférieur, un restaurant et une cafétéria complètent la fonction d’accueil du lieu, fonction qui est par ailleurs amplifiée par la création d’une scénographie végétale et aquatique mise en espace par l’artiste Pierre Courtois. Les espaces de travail, greffés directement en étoile sur cet espace fédérateur central, se développent suivant une configuration horizontale plutôt que verticale. Une exigence particulière est mise sur le traitement des façades et des volumes extérieurs.
La fusion du MRW et du MET
L’achèvement du centre administratif de la Région wallonne à Salzinnes aura coïncidé avec le démarrage effectif, en 2007, du processus de fusion des deux ministères de la Région wallonne, le MRW (datant de 1981) et le MET (datant de 1989). Le Gouvernement régional adopta les grandes lignes de cette fusion en septembre 2007 et celle-ci devint opérationnelle moins d’un an plus tard, l’ensemble des neuf mille agents de la Région étant désormais regroupés sous une seule et même autorité, répartis en six « Directions générales opérationnelles » (DGO) assistées par deux « Directions générales transversales » d’appui.
Chaussée de Charleroi 85
5000 Namur
Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009
SPW - G. Focant
Ancien hôpital des Anglais
Également appelé le collège des jésuites anglais, cet édifice situé sur les hauteurs de Liège est lié à l’histoire religieuse britannique. Chassés de leur pays, des jésuites anglais décident de s’installer à Liège en 1613. Leurs bâtiments conventuels sont terminés en 1616. Au XIXe siècle, le collège jésuite fait place successivement à des magasins, une caserne, un pensionnat, etc., et il devient un hospice en 1880 avant d’être désaffecté par le CPAS en 1984.
Du grand ensemble architectural du XVIIe siècle subsistent aujourd’hui trois ailes formant un plan en U d’une belle unité architecturale : baies à croisée ou à traverse, frise dentée sous la corniche… L’édifice est restauré et doté d’une extension contemporaine par les architectes Jacques Valentiny et Jacqueline Charlier pour le compte de la Région, qui y regroupe plusieurs services administratifs à partir de 1999.
Le regroupement de services liégeois de l’Administration wallonne
C’est dix ans après l’abandon de l’hôpital des Anglais par le CPAS que la Région décide, en 1994, de regrouper dans ce bâtiment les différents services du Ministère de la Région wallonne (MRW), alors dispersés aux quatre coins de la ville, soit quelques trois cents agents régionaux. Les bâtiments rénovés abritent à partir de 1999 des agents de la Direction générale des Pouvoirs locaux (DGPL), de la Direction générale de l’Action sociale et de la Santé (DGASS) et, dès 2000, les agents de la Direction générale de l’Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine (DGATLP). L’extension contemporaine, en retrait par rapport aux bâtiments originaux, loge, elle, des agents de la Direction générale des Ressources naturelles et de l’Environnement (DGRNE). Depuis août 2008, ces quatre Directions générales, ainsi que toutes les autres tant du MRW que du MET (Ministère de l’Équipement et des Transports) ont été restructurées, rebaptisées et fusionnées au sein d’un seul Service public de Wallonie (SPW).
Outre les Anglais et l’Espace Wallonie (à l’ancien hôtel Desoër de Solières), le SPW occupe également à Liège d’autres locaux, à destination des anciens services du MET, notamment, entre autres, rue Côte d’Or (construction neuve achevée en 1995) et rue Forgeur (ancien hôtel des Ponts et Chaussées restauré en 1994).
Montagne Sainte-Walburge 2
4000 Liège
Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009
SPW - G. Focant
Ancien béguinage à Mons
Fondé en 1248 par Marguerite de Constantinople, le béguinage de Mons occupait, dans sa dernière configuration, des bâtiments édifiés en 1829 et présentant une façade à deux étages sur un haut soubassement de trente et une travées. Au milieu, un porche d’entrée débouche sur la façade d’une petite chapelle en grès, pierres et briques, construite de 1549 à 1551 en style gothique hennuyer et possédant une nef de trois travées, couverte d’un toit en ardoise coiffé d’un clocheton effilé.
Désaffectés en 1974, les bâtiments ont été rénovés entre 1997 et 1999 par la Région pour y regrouper plusieurs services administratifs. La façade de la place du Béguinage, classée, fut conservée mais la partie arrière avait été démolie et reconstruite. Classée et également restaurée, la chapelle ne fut réaffectée que dix ans plus tard, par l’Institut du Patrimoine wallon.
Regroupement de plusieurs services régionaux
Dans la même logique de regroupement de services administratifs épars ayant prévalu à Liège (aux Anglais) ou à Arlon (place Didier), les bâtiments de l’ancien béguinage montois ont été affectés en 1999 à plusieurs services de la Région wallonne (urbanisme, logement, pollution, remembrement, eaux et forêts…) répartis sur cinq niveaux (dont un en sous-sol) s’étendant sur 4500 m2.
La chapelle avait également été acquise et restaurée par la Région afin de l’intégrer à l’ensemble du site du béguinage, mais elle n’avait toutefois pu bénéficier d’une affectation propre et resta vide durant 5 ans. Chargé de la valoriser, l’IPW confia en 2004 à l’architecte Thierry Lanotte le soin de procéder aux aménagements acoustiques et thermiques permettant d’enfin utiliser l’ancienne chapelle à des fins de réunion, entre autres celles de la Chambre provinciale des Monuments, Sites et Fouilles du Hainaut, ce qui est désormais le cas.
Non loin de là, les anciennes Casemates sont un autre monument classé (dont les façades ont été restaurées également par l’IPW) destiné à recevoir des services de la Région wallonne.
Place du Béguinage 16
7000 Mons
Classé comme monument le 13 janvier 1989
Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009
SPW - G. Focant
Société wallonne des Eaux
Le prolifique architecte verviétois Charles Thirion édifia pas moins de trois établissements bancaires à une quarantaine d’années de distance, dont, entre 1902 et 1904, le nouveau siège de la Banque de Verviers (qui fut absorbée en 1935 par la banque de la Société générale de Belgique). Cette importante construction néo classique, toute en longueur et en calcaire, compte pas moins de onze travées, dont cinq sur deux niveaux. La travée principale s’ouvre sur un hall monumental. Après cinq années d’inoccupation, un chantier de réaffectation du bâtiment fut entamé fin 1988 et achevé en mai 1991 pour accueillir les bureaux de la SWDE. Des parties neuves furent très intelligemment insérées par Vincent Piwowarzyck derrière la façade de Thirion, tout en tirant parti des plus beaux espaces de l’édifice initial. Un patio accessible au public, agrémenté d’une sculpture de Claude Rahir sur le thème du « chat volant », manifesta la volonté de la SWDE de s’intégrer dans la vie de la « capitale de l’eau ».
Une des premières sociétés publiques régionales
Inoccupé depuis 1983, le site de la Société générale de Banque (qui s’était installée avenue du Chêne à Heusy) fut racheté en 1987 par la toute jeune Société wallonne de distribution d’eau (née de la régionalisation du secteur), dont le siège avait été fixé à Verviers dans la foulée de la décision de l’Exécutif régional wallon de 1983 de faire de Verviers la capitale wallonne de l’eau, à l’époque où l’influence d’un trio d’hommes politiques verviétois des trois grands partis (les Ministres ou futurs Ministres Damseaux, Wathelet et Ylieff) était grande sur les affaires régionales.
La SNDE (Société nationale de Distribution d’Eau) fut une des premières grandes sociétés publiques nationales à être régionalisée dans la foulée des lois d’août 1980 (pour donner naissance à la SWDE au milieu de la décennie), tout comme dans le secteur du logement la SNL (Société nationale du Logement) et la SNT (Société nationale terrienne) dont les services régionalisés fusionnèrent pour créer la SRWL devenue SWL.
La Société publique de gestion de l’eau (SPGE), créée plus tard, s’installera également à Verviers dans un autre bâtiment à réaffecter (partiellement classé comme monument celui-là), l’ancien lycée de filles édifié en 1876 rue des Écoles par les architectes Benoît et Vanderstraeten.
Rue de la Concorde 41
4800 Verviers
Freddy Joris & Frédéric Marchesani, avril 2009