Paul Delforge

Plaque Milo HUEMPFNER

Plaque commémorative dédiée à Milo Huempfner, réalisée à l’initiative du CRIBA, 3 février 2002
 
Sur le mur extérieur du cimetière de Leignon, une plaque métallique rend hommage à Milo Huempfner (1901-1965), soldat américain du 551e Parachute Infantry Battalion lors de la Seconde Guerre mondiale, précisément les 22, 23 et 24 décembre 1944. Ses faits d’arme lui ont valu la Distinguished Service Cross des États-Unis. La plaque d’hommage à Huempfer a été inaugurée le 3 février 2002, à l’initiative du Centre de recherches et d’informations sur la Bataille des Ardennes, en collaboration avec les autorités communales de Ciney. La plaque relate les exploits du soldat américain.

Depuis le débarquement en Normandie, le soldat Milo Huempfner participe à des opérations en France destinée à repousser l’occupant allemand et à rétablir l’ordre (septembre-novembre 1944). Suite à l’offensive Von Rundstedt visant notamment les ponts de la Meuse et le port d’Anvers, le 551e BIP américain est appelé à faire mouvement vers la forêt ardennaise (16 décembre). Alors que l’hiver n’épargne pas les belligérants, le camion conduit par Milo Huempfner tombe en panne à proximité du passage à niveau de Leignon (22 décembre). Laissé seul par son bataillon qui poursuit sa route, il perd le contact radio et est hébergé chez des habitants en attendant la venue de la dépanneuse. Au lieu d’un secours, c’est l’ennemi qui se présente le 23 décembre. Face aux éléments de la 2e Panzer Division, le soldat américain incendie son véhicule et, le soir, parvient à mettre hors de combat deux véhicules blindés ennemis, à neutraliser un nid de mitrailleuses et à tuer trois soldats allemands ; il parvient aussi à alerter des convois alliés de la présence de troupes allemandes à Leignon ; son action de guérilla contribue à ralentir l’avancée allemande et permet d’éviter des pertes importantes dans les rangs alliés. À l’arrivée de ceux-ci, Huempfner faillit être pris pour un espion allemand, personne ne parvenant à croire qu’un homme seul était parvenu à contrer autant d’Allemands. Surnommé le « One Man Army » lorsque son exploit fut connu aux États-Unis, Milo Huempfner a reçu la Distinguished Service Cross le 9 juin 1945 et fait l’objet d’hommages appuyés lorsqu’il est retourné vivre dans le Wisconsin.

En plus de relater les actes de bravoure de Huempfner, la plaque commémorative de Leignon rappelle indirectement que c’est à cette occasion que fut arrêté le premier char allemand de l’offensive Von Rundstedt. Cette évocation fait l’objet d’une initiative plus ancienne du Touring Club de Belgique qui avait décidé l’installation de 26 bornes afin de marquer la ligne d’avance extrême de l’offensive Von Rundstedt menée durant l’hiver 1944-1945. À chaque halte, on peut lire :


« Ici fut arrêté l’envahisseur hiver 1944-45 ».

Mur extérieur du cimetière
5590 Leignon

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Pyramide (météorologique) et médaillon Jean-Charles HOUZEAU

Pyramide (météorologique) et médaillon Jean-Charles Houzeau, médaillon réalisé par Charles Van Oemberg, sur une idée originale de Charles Delnest, 2 juin 1890.

Successeur d’Adolphe Quetelet à la direction de l’Observatoire de Belgique, Jean-Charles Houzeau de Lehaie (Mons 1820-1888) est un original autodidacte et aventurier comme le XIXe siècle en connut quelques-uns. Journaliste d’abord, il s’intéresse aux sciences et aux progrès techniques, mais est surtout un passionné d’astronomie. Assistant volontaire auprès de Quetelet à l’Observatoire de Bruxelles (1844), Jean-Charles Houzeau nourrit des idées politiques républicaines qui sont cause de son renvoi (1849). Après Londres, Paris l’accueille pendant cinq années durant lesquelles il publie sa Physique du globe et météorologie (1851) puis les Règles de climatologie (1853) ainsi que ses Essais d’une géographie physique de la Belgique au point de vue de l’histoire et de la description du globe (1854) ; sans jamais avoir été diplômé d’écoles supérieures, il est associé sans réserve aux débats scientifiques de son temps.


Réconcilié avec la Belgique, membre de la classe des Sciences de l’Académie, sa curiosité le conduit à des recherches dans d’autres domaines que les sciences « dures », mais  il ne parvient décidément pas à s’adapter au microcosme bruxellois (1854-1857) : il s’embarque pour l’Amérique, où il va vivre près de 20 ans. À la Nouvelle-Orléans, le journaliste wallon prend une part active dans la lutte antiesclavagiste. Cet engagement politique l’oblige à un nouvel exil : maraîcher au Mexique puis à la Jamaïque. C’est là qu’en 1876, le gouvernement belge vient le rechercher pour nommer cet humaniste libre penseur à la tête de l’Observatoire royal, dont la direction est vacante depuis le décès de Quetelet en 1874 ; il va très rapidement contribuer à la modernisation de cette institution, non sans se laisser tenter par une dernière expédition qui le mène au Texas (1883). Dans le milieu des spécialistes de la météorologie, son Vade Mecum de l’Astronomie et sa Bibliographie générale de l’Astronomie sont considérés comme des apports majeurs au développement de l’astronomie moderne.


La disparition de cet éminent scientifique – astronome, météorologiste, géologue, géographe – et écrivain ne pouvait laisser les autorités montoises indifférentes. Se rappelant que Houzeau était né à Havré, le collège montois présidé par Henri Sainctelette s’empresse de décider de l’érection d’un monument. Le jour de l’inauguration est le lundi de la ducasse de Mons. Le lendemain du Lumeçon, en présence de responsables de l’Académie de Belgique et de l’Observatoire royal, les autorités politiques de la région – collège des bourgmestre et échevins, ainsi que les parlementaires dont Auguste Houzeau, le frère de l’astronome – rendent publique une œuvre totalement originale : pour la première fois en Wallonie, une place publique accueille en effet une colonne astronomique et météorologique.


Comme la décrit très précisément G. Quignon, elle mesure 7 mètres de haut et comprend deux parties, le piédestal et la colonne. Le piédestal a été taillé en une pièce en pierre bleue de Soignies. La face Nord-Est – dans l’axe de la rue principale – porte un médaillon de marbre blanc représentant, en buste, le profil droit de Houzeau. Autour du médaillon, outre une branche de feuilles de chêne aux glands dorés, ont été sculptés dans la pierre une lunette et une règle divisée. En-dessous, l’inscription en lettres dorées indique :

A
J C HOUZEAU DE LEHAIE
ERIGE PAR LE VILLE DE MONS »

Sur la face Sud-Est était encastrée à l’origine une plaque en marbre blanc portant un baromètre. Sur la face Sud-Ouest, à l’opposé du médaillon, les coordonnées géographiques précises du monument ont été gravées dans la pierre et dorées :
LATITUDE
SEPTENTRIONALE
50° 27’ 12’’

LONGITUDE EN TEMPS 
PAR RAPPORT À BRUXELLES

1 m. 42 s.

PAR RAPPORT À GREENWICH
+ 15 m. 47 s.

ALTITUDE
34 m 51 c

Quant à la face Nord-Ouest elle présentait, comme son vis-à-vis – un grand thermomètre encastré dans une plaque de marbre blanc. 
Sur le piédestal décoré à son sommet vient prendre place un monolithe de pierre bleue en forme d’obélisque. Cadran solaire original, la pyramide est disposée de manière à faire passer la méridienne par une des diagonales, l’arête S servant de méridienne (ligne horaire de midi). Aux sommets des arêtes Est, Sud et Ouest, trois styles dorés ont été tracés avec une inclinaison correspondant à la ligne des pôles. Les styles Est et Ouest donnent l’heure au moyen des lignes horaires tracées sur les faces adjacentes à la méridienne. Le style Sud est terminé par une plaque de tôle perforée d’un trou à travers lequel passe le rayon solaire à l’heure de midi, le long du style Sud. La méridienne de temps moyen est tracée de manière telle que l’on peut lire l’heure moyenne du lieu. Quant au sommet de la pyramide, il est couronné d’une sphère armillaire qui porte les signes des constellations zodiacales. À l’intérieur de la sphère, apparaît un globe terrestre traversé par un tube : à travers ce tube, on peut voir l’étoile polaire lors de son passage inférieur au méridien de Mons.


Lors de son inauguration, la première colonne météorologique du pays disposait d’une boite vitrée destinée à recevoir quotidiennement la carte du bulletin météorologique fourni par l’Observatoire royal. Par ailleurs, elle devait aussi être « équipée » d’un appareil montrant les phases de la lune. Remontant à 1890, le monument ne comporte plus actuellement ces attributs. Sa conception générale, assurément originale, était l’œuvre d’un industriel montois, Charles Delnest, par ailleurs conseiller communal (-1891) et surtout généreux mécène de ce projet. Il fut aidé par Lancaster et Bijl, assistants de l’Observatoire d’Uccle pour tout le volet des relevés techniques. Le monument et le médaillon représentant Houzeau sont dus, quant à eux, à un autre montois, le statuaire Charles Van Oemberg, aidé par Pette.


Formé à l’Académie de Bruxelles auprès du Liégeois Simonis notamment (1841-1847) puis protégé de Charles-Auguste Fraikin dont il fréquente l’atelier, Charles Van Oemberg (Limelette 1824 - Mons 1901) est un artiste bien connu des Montois lorsqu’il se voit confier de participer à la réalisation du mémorial Houzeau. Originaire de Limelette, installé ensuite à Bruxelles, il vient habiter à Mons en 1882 et, l’année suivante, il succède à Charles Brunin comme professeur de l’Académie de la cité du Doudou. Il y enseignera jusqu’en 1899. Avant sa désignation comme maître de jeunes artistes, Van Oemberg avait lui-même franchi les étapes de la reconnaissance en exposant ses œuvres d’inspiration lors de Salons. Engagé sur des chantiers de décoration d’édifices bruxellois (hôtel de ville, Bourse), il signe plusieurs bustes appréciés et reçoit une première commande importante quand son Allégorie de la Belgique est retenue pour illustrer le 25e anniversaire du règne de Léopold Ier. Elle est inaugurée à Wavre, en 1859. Van Oemberg participe ainsi au mouvement qui voient les principales villes belges se doter de monuments de personnalités ayant marqué l’histoire nationale. Réalisant de concert des œuvres d’inspiration, des statues officielles, voire des sujets religieux, des sujets historiques ou en rapport avec la colonie, Van Oemberg se fait un nom dans la sculpture de son temps et il n’est donc pas étonnant que ses bustes de personnalités soient si nombreux. Absorbé par son enseignement à partir de 1883, il semble que sa contribution au mémorial Houzeau soit l’une de ses dernières réalisations.

 

Sources



Polydore SWINGS, dans Biographie nationale, t. 29, col. 694-699
Monument Houzeau à Mons, dans Ciel et Terre, juin 1890, p. 177-183 
G. QUIGNON, Monument Houzeau à Mons, dans Ciel et Terre, mai 1938, t. 54, n°5, p. 153-156
Jan VANDENBRUAENE, Astronomische gids voor België, VVS, 2009, p. 282-284
Jacques VAN LENNEP, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 596-598
http://balat.kikirpa.be/photo.php?path=E6570&objnr=10140354
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 674

Pyramide (météorologique) et médaillon Jean-Charles Houzeau

Place Louise
7000 Mons

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Monument Alexis HOUBOTTE

Monument  Alexis Houbotte, réalisé par Julien Dillens, jardin de l’hospice Fiérain, mai 1905 ; parc Houbotte, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

À l’origine, le monument Alexis Houbotte, inauguré en 1904, a été installé dans le jardin de l’Hospice Fiérain. Par la suite, il a été déplacé et s’est retrouvé au centre d’un parc aménagé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, sur l’emplacement de l’ancien domaine des Carmes. Le lieu qui fut baptisé « parc Houbotte » accueille aussi, depuis 1951, le monument aux victimes wavriennes tant des deux guerres mondiales que la Révolution de 1830, et depuis 1954 la cloche Dongelbert. En raison de sa situation proche de la gare, ce parc occupe une position relativement centrale dans la ville de Wavre et l’on ne peut que s’étonner, par conséquent, du peu d’informations relatives au « médecin de la bienfaisance publique », titre qui figure sur la face avant du piédestal qui supporte son buste. L’activité d’Alexis Houbotte a sans conteste marqué les esprits de la population locale, puisqu’une souscription publique a été lancée pour lui ériger un monument. Pourtant, l’historiographie paraît bien pauvre lorsqu’il s’agit de cerner davantage le parcours et l’activité de ce médecin. Chacun s’accorde à lui reconnaître une attention particulière à l’égard des pauvres et des malades durant de nombreuses années, dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Il apparaît de manière précise que le « docteur bienfaiteur des pauvres » a été le médecin de la Bienfaisance publique de 1875 à 1901, mais aucune information ne paraît disponible pour cet homme dont la date naissance reste aussi inconnue. Par conséquent, il existe un véritable contraste entre la discrétion de ce médecin et la notoriété qui entoure l’artiste qui a sculpté son buste.

Fasciné par une exposition des œuvres de Léopold Harzé (1867), formé notamment par le Liégeois Simonis à l’Académie de Bruxelles qu’il fréquente en cours du soir (1864-1868, 1873-1875), Julien Dillens (1849-1904) devait devenir ingénieur selon l’avis de son père en dépit d’un environnement familial largement ouvert au monde artistique. Il sera dessinateur, aquarelliste et sculpteur. Employé sur plusieurs chantiers de décoration bruxellois (années 1870), le jeune sculpteur y fait ses armes, tout en exposant quelques œuvres personnelles dans les Salons. C’est l’une d’elles, L’Enigme, montrée à Bruxelles, qui focalise l’attention de tous les critiques en 1876. Taxé de « vulgaire », son nu féminin semble faire scandale, alors qu’il est fort apprécié par de jeunes artistes qui se mobilisent, forment un Cercle qui, plus tard, deviendra L’Essor et organisent une exposition des œuvres de Dillens. Après un bref séjour à Paris, ce dernier remporte le Prix de Rome 1877 : son goût pour le style néo-renaissance français va pouvoir s’immerger à la source. Imprégné de Renaissance italienne, le style novateur de Dillens se heurtera encore pendant quelques années à l’absence de reconnaissance de ses contemporains. 

Monument  Alexis Houbotte

Pendant dix ans, les grandes commandes officielles lui échappent ; il doit se contenter de réalisations secondaires jusqu’au moment où, au début des années 1890, les commandes abondent à Bruxelles comme en pays flamand. Ses bustes officiels ou d’inspiration se multiplient, de même que les monuments funéraires, les fontaines, etc. Il est fait appel à son talent pour des statues didactiques destinées à l’Exposition universelle de Bruxelles (1897). Exposant souvent à l’étranger, professeur à l’École artistique d’Ixelles (1887) puis à l’Académie de Bruxelles (1898-1901), président de l’Essor, l’artiste fidèle à son style et à ses thèmes de prédilection est à la fois un « grand maître de la sculpture belge » et un artiste controversé quand la commande lui est passée pour le buste en bronze d’Alexis Houbotte. Il doit d’ailleurs s’agir de l’une des toutes dernières réalisations du sculpteur : atteint d’un cancer, Julien Dillens décède en décembre 1904 ; le monument Houbotte semble, quant à lui, avoir été inauguré en mai 1905.

 



Pierre GUSBIN, Wavre : Parc de la mémoire, dans Wavriensia, n° 1, 2011, p. 17-30
Hugo LETTENS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 367-372
Georges-Marie MATTHYS, dans Biographie nationale, t. 43, col. 334-346
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 495

Jardin de l’hospice Fiérain puis parc Houbotte
1300 Wavre

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Plaque Léon HOUA

Plaque commémorative Léon Houa, réalisée à l’initiative de la province de Liège, du club cycliste Le Pesant et de la société organisatrice du Tour de France, 26 avril 2014.

À l’occasion de la centième édition de la course cycliste Liège-Bastogne-Liège, un hommage particulier a été rendu à celui qui avait remporté la toute première épreuve, en 1892. La maison natale de Léon Houa ayant été retrouvée, au 34 rue du Pont, une plaque commémorative est inaugurée le 26 avril 2014, à la veille de la 100e édition de la « Doyenne des Classiques ». L’initiative en revient à trois partenaires engagés dans l’organisation de l’épreuve cycliste : le Pesant club Liégeois, la province de Liège et ASO – Cyclisme.
Le 29 mai 1892, lors de la toute première course cycliste au départ de Liège, qui rallie Bastogne avant de rentrer à Liège, 17 cyclistes seulement rallieront l’arrivée, le dernier concédant plus de 5 heures de retard au premier, en l’occurrence Léon Houa (Liège 1867 – Bressoux 1918). Celui-ci est un des pionniers de la petite reine dans nos contrées. À 25 ans, Léon Houa compte déjà quelques années sportives derrière lui. Après son succès en 1892, il réédite son exploit en 1893 et en 1894. Par la suite, l’épreuve n’est plus organisée pendant une quinzaine d’années et Houa reste par conséquent l’unique vainqueur de la course au XIXe siècle. Champion de Belgique (amateur) en 1893 et (professionnel) en 1894, le cyclisme perd la trace de Houa après 1896, la concurrence lui étant fatale. Amateur de sensations fortes, Houa devient alors pilote automobile. Il est essayeur chez Renault et c’est à l’occasion d’une compétition qu’il perd le contrôle de son véhicule, accident qui lui est fatal.
Sous la représentation d’un vélo, la plaque commémorative en marbre apposée rue du Pont, indique sobrement que

ICI EST NÉ
LEON HOUA
VAINQUEUR DES TROIS PREMIERS
LIEGE – BASTOGNE – LIEGE
1892 – 1893 – 1894
LE ROYAL PESANT CLUB LIÉGEOIS
LA PROVINCE DE LIÈGE
ASO-CYCLISME

 


Sources



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse (dont La Libre, 19 avril 2014)
Théo MATHY, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 1995
http://www.siteducyclisme.net/coureurfiche.php?coureurid=9236 (s.v. 31 juillet 2013)
http://www.dhnet.be/dernieres-depeches/belga/liege-bastogne-liege-une-plaque-commemorative-sur-la-maison-natale-de-son-premier-vainqueur-leon-houa-samedi-535287153570aae038bb781e (s.v. juin 2014)

Plaque commémorative Léon Houa

Rue du Pont 34
4000 Liège

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Monument Magloire HOTTON

Monument à la mémoire de Magloire Hotton, réalisé à l’initiative du notaire Florimond Durieu, 4 et 5 avril 1911.

Sur le bord d’un trottoir, devant le 57 de la rue d’Ath à Belœil se dresse un petit monument construit en grès rose extrait des carrières voisines de Granglise. À l’origine, il était entouré d’un grillage en fer forgé qui a aujourd’hui disparu. Avec la construction de maisons dans la rue, le monument est certes moins isolé qu’au moment de son inauguration, mais il perd en visibilité. Sous son sommet arrondi, on peut lire qu’il a été élevé


À LA MEMOIRE
DE
MAGLOIRE HOTTON
ECRIVAIN – AGRONOME
1781-1854


comme l’indiquent les lettres dorées qui ont été gravées dans une pierre bleue rectangulaire.
S’il s’agit bien d’un monument et non d’une pierre tombale, il est clairement établi que lors de son inauguration en avril 1911, ce mémorial était destiné à apporter davantage de dignité à la mémoire d’une personnalité qui avait continuellement été en conflit avec le curé du village et qui avait été enterrée civilement, dans un endroit isolé du village, sur un coin de terre lui appartenant, qu’il cultivait et qui était son laboratoire.
S’il ne fut pas le citoyen de Belœil le plus célèbre, Magloire Hotton a marqué les esprits de ses concitoyens, voire les a hantés. Son anticléricalisme dynamisé par ses conflits permanents avec le représentant local de l’Église avait profondément divisé le village de Belœil en deux camps, à la fin des années 1840 et au début des années 1850 : Magloire Hotton était le chef des pestiférés, sorte de représentant du diable sur terre, dont l’esprit rôdait encore dans les campagnes et dont la tombe imposait aux crédules et superstitieux un important détour. Le clergé s’était opposé à son enterrement dans le cimetière paroissial ; ce fut par conséquent le premier enterrement civil de Belœil.
Près de soixante ans plus tard, le journal catholique L’Indicateur, rendant compte de l’inauguration du monument de la rue d’Ath, persiflait encore en suggérant de remplacer le texte du mémorial « élevé par des libres penseurs » de la manière suivante :


« Pauvre inconnu
Aux survivants

Monument Magloire Hotton (Belœil)


Pour chanter gloire
Cinquante-sept ans
Il a fallu. »


Né dans le XVIIIe siècle finissant, Magloire Hotton s’était pourtant révélé un « homme moderne », précurseur d’idées nouvelles, agronome visionnaire dont les idées étaient davantage appréciées à l’étranger que dans le petit monde agricole traditionnaliste dans lequel il vivait.


Dans le Paris des années 1820 où il avait cherché fortune, Hotton fait commerce de bois et acquiert une réelle expertise dans l’entretien des propriétés. En 1823 lui est confiée la responsabilité de l’entretien du Bois de Boulogne. Ses techniques d’élagage (apprises à Belœil et perfectionnée depuis lors) lui valent la supervision des travaux aux parcs de Vincennes, de Saint-Germain et de Marly. Pour répondre à la demande, il s’entoure d’une équipe d’élagueurs wallons, venus de Belœil. Inventeur d’outils forestiers spécifiques, auteur d’un Manuel de l’élagueur (1829), fondateur d’un mensuel dédié à la science forestière (1829-1830), Hotton apporte une contribution théorique à la révolution agricole du XIXe siècle en étant l’auteur d’ouvrages où il développe une approche physique et chimique des cultures, où il plaide en faveur de la culture du colza et où il explique comment supprimer les jachères et pourquoi renoncer aux labours répétés. De retour sur sa terre natale en 1840, il reste attentif aux questions agronomiques en s’intéressant davantage à la politique. Libéral progressiste, voire socialiste, il se distingue par des libelles, des pamphlets et des chansons qui plaisent à un certain public, mais suscitent l’hostilité des autres, comme en témoigne son ostracisation post mortem.
 


Sources
 


http://www.beloeil.be/fr/officiel/index.php?page=90
Félicien LEURIDANT, Un agronome wallon. Magloire Hotton (1781-1854), dans La Vie wallonne, 15 mai 1929, n°105, p. 263-281
Félicien LEURIDANT, dans Wallonia, 1911, t. XIX, p. 188-190
Félicien LEURIDANT, La tribune horticole, Bruxelles, 15 février 1908, n°86, p. 106

Rue d’Ath 57
7970 Belœil

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Buste Paul HENRICOT

Buste de Paul Henricot, réalisé par Alfred Courtens,1948. 

À Court-Saint-Étienne, c’est surtout le nom d’Émile Henricot qui est connu. Un monument a d’ailleurs été élevé en son honneur, dès 1911, sur la place des Déportés, face au hall n°11 de la première usine dont il est devenu copropriétaire en 1867, avant d’en devenir l’actionnaire principal (1873), puis le seul propriétaire (1883). C’est autour de la prospère et moderne Usine Émile Henricot et de ses ateliers que va se développer l’entité de Court-Saint-Étienne, au tournant des XIXe et XXe siècles. Lorsque le « patron » disparaît en 1910, ses deux fils sont prêts à prendre le relais. Ayant été diplômés par l’Université de Liège comme ingénieurs civils, Paul (1873-1948) et Fernand (1871-1933) sont employés par la société depuis les dernières années du XIXe siècle et en deviennent les nouveaux directeurs dès 1910. À l’instar de son père qui fut aussi échevin, député puis sénateur, Paul Henricot se lance en politique, restant fidèle aux idées libérales. Entré au conseil communal de Court-Saint-Étienne dès 1910 où il remplace son père directement comme échevin, il est désigné au Sénat, en 1924, en remplacement de Joseph Berger décédé. De 1924 à 1946, il restera sénateur provincial du Brabant et assumera notamment la présidence du groupe libéral à partir de 1937. 

Comme son père, Paul Henricot témoigne d’attention à l’égard de son personnel en faisant construire un Foyer populaire (1913) ou en veillant à l’approvisionnement alimentaire durant les deux guerres mondiales. Resté seul à la direction de l’importante usine de Court-Saint-Étienne (1933), Paul Henricot fait l’objet d’un hommage particulier au lendemain de son décès, à Bruxelles, en 1948. 

À l’initiative du personnel de l’entreprise, le disparu est honoré – comme son père en 1911 – d’un monument dont la réalisation est confiée au sculpteur bruxellois Alfred Courtens (1889-1967). Ayant grandi dans une famille de peintres, sculpteurs et architecte, le fils de Franz Courtens a bénéficié des conseils de Charles Van der Stappen à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, avant de suivre les cours de Thomas Vinçotte à l’Institut supérieur national des Beaux-Arts à Anvers. Prix Godecharle 1913 (grâce à un Caprice exceptionnel, Le Caprice est le nom de l’œuvre audacieuse qu’il vient de réaliser), le jeune artiste a cherché à sortir des sentiers battus ; mais, après la Grande Guerre, il répondra essentiellement à des commandes officielles, tout en accordant beaucoup d’attention à la famille royale de Belgique (notamment monument reine Elisabeth à Eisden, Léopold II à Ostende, reine Astrid à Courtrai, Léopold III à Courtrai, etc.). Désormais, la production de Courtens va correspondre à la volonté des autorités nationales d’honorer les victimes de la Grande Guerre et de réaffirmer le projet politique de 1830. 

Buste Paul Henricot

Ses monuments sont essentiellement implantés en Flandre et à Bruxelles, mais pas seulement : il signe en effet le monument de La Louvière, de Virton et de Sombreffe pour les victimes de 14-18 et, en 1949, il est le lauréat du concours visant à ériger La borne de la Libération à Hértain, première localité libérée par les troupes britanniques en 1944. Des bustes lui sont aussi commandés par des diplomates, des hommes politiques (Gutt, Pholien, etc.), des industriels ou en leur honneur, comme c’est le cas à Court-Saint-Étienne. « Illustrateur du sentiment patriotique belge », médailleur et statuaire de la Cour, Courtens est absorbé par la statuaire publique. De 1927 à 1951, il enseigne aussi le modelage et la sculpture à l’Académie de Dendermonde (la ville dont sa famille est originaire). Le mémorial Paul Henricot est une synthèse du savoir-faire éprouvé de Courtens : sur une haute stèle rectangulaire en pierre bleue, le profil gauche de l’industriel en buste est réalisé en bas-relief dans un cartouche en bronze. Simple, la dédicace est gravée dans la partie inférieure :

A PAUL HENRICOT
1873 – 1948
LE
PERSONNEL RECONNAISSANT

Rénové en 2008 et dégagé de la végétation qui l’étouffait, le monument « Paul Henricot » est installé à proximité de l’ancienne usine n°2, entre l’ancienne conciergerie (datant de 1908) et les anciens Grands Bureaux (construits en 1926 et transformés en un Centre d'éducation et de formation en alternance CEFA).

 


Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 435
Axelle DE SCHAETZEN, Alfred Courtens, sculpteur, catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts d’Ixelles, juin-septembre 2012, Bruxelles, Racine, 2012
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Alfred Courtens, dans Nouvelle biographie nationale, vol. 6, p. 87-91
Judith OGONOVSZKY-STEFFENS, Les Courtens. Deux générations d’artistes, Mouscron, 1999
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 262
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 363
Paul VAN MOLLE, Le Parlement belge 1894-1972, Ledeberg-Gand, Erasme, 1972, p. 174

Rue Belotte 5
1490 Court-Saint-Étienne

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Monument Émile HENRICOT

Monument « Instruction – Travail » dédié à Émile Henricot, réalisé par le sculpteur Godefroid Devreese et l’architecte Henri Jacobs, août 1911

Le monument inauguré en août 1911 en l’honneur de l’industriel Émile Henricot, décédé l’année précédente, est initialement implanté au début de la place des Déportés, le long de la rue qui porte son nom. Rénové et restauré par les autorités locales au début du XXIe siècle, l’impressionnant groupe réalisé par l’architecte Jacobs et le sculpteur Devreese a été déplacé de l’autre côté de la place, face au hall n°11 de la première usine Henricot.

L’industriel a joué un rôle majeur dans le développement de la cité du Brabant wallon. Né à Jemeppe-sur-Sambre en 1838, diplômé de l’Université de Liège comme ingénieur civil et ingénieur des mines, Émile Henricot est engagé comme directeur-gérant aux Forges, Fonderie, Platinerie et Émaillerie de Court-Saint-Étienne, société appartenant notamment à Albert Goblet comte d’Alviella, mais à la santé financière précaire (1865). Rapidement, il la redresse et en devient copropriétaire quand elle se transforme en Henricot et Cie (1867), avant d’en être l’actionnaire principal à la mort d’Albert Goblet (1873), puis le propriétaire (1883). Il apporte à l’Usine Émile Henricot des transformations majeures qui la place à la pointe des progrès techniques de son temps. Actionnaire de nombreuses autres sociétés et actif membre de cercles et syndicats industriels comme agricoles, ce patron libéral progressiste et anticlérical contribue à l’amélioration des conditions de travail de ses ouvriers. Échevin de Court-Saint-Étienne, conseiller provincial du Brabant, il est élu député de l’arrondissement de Nivelles de 1888 à 1896, avant de siéger au Sénat (1900-1910), comme sénateur provincial. Par les emplois disponibles dans son entreprise et les largesses dont il fait preuve sur le plan local, c’est autour de ses ateliers que va se développer l’entité de Court-Saint-Étienne, au tournant des XIXe et XXe siècles. Décédé à Alexandrie en mars 1910, l’industriel va demeurer éternellement au cœur de la cité lorsqu’est érigé un monument en son honneur.

Par sa dimension – la stèle fait 4 mètres de haut –, il s’inscrit ostensiblement dans l’espace public. Le granit rose qui a été choisi tranche aussi par son originalité ; il a été dessiné par Henri Jacobs ; ses décorations dans la pierre sont minimalistes, et essentiellement destinées à mettre en évidence un médaillon rectangulaire et un groupe de deux personnages en bronze à l’avant-plan. Sur la face avant, apparaissent ainsi, de haut en bas, les mots suivants :

« INSTRUCTION
TRAVAIL

A
ÉMILE HENRICOT
    1838
1910 »

Réalisé par Godefroid Devreese qui y laisse sa signature, le médaillon en bronze représente le profil gauche de l’industriel. Il est fixé sur la partie haute de la stèle en granit. Devant la stèle, sur un large support, le sculpteur a figé deux personnes grandeur nature : l’ouvrier le plus âgé de l’entreprise en 1910 et le plus jeune apprenti symbolisent ainsi en quelque sorte la transmission du savoir(-faire). Habillé de ses vêtements de travail et soutenu sur une enclume où il est en partie assis, l’aîné tient un plan sur sa jambe gauche repliée et donne des explications à l’apprenti qui tient une sorte de petite roue dans la main gauche. Sur son plan, l’ouvrier paraît former un cercle avec une sorte de compas. Plusieurs outils (dont un imposant marteau et une tenaille) sont représentés au pied des deux ouvriers. Comme souvent, Godefroid Devreese a laissé sa signature sur la partie inférieure de sa réalisation, à gauche sur le bas de l’enclume, tandis qu’à droite apparaît la mention « Fonderie nationale des Bronzes - Ancienne firme J. Petermann - St Gilles - Bruxelles ». À l’époque, il n’est pas courant qu’un monument dédié à un patron représente aussi nettement les ouvriers au travail.

Monument Émile Henricot

Cette représentation est due à Godefroid Devreese (1861-1941), fils du sculpteur Constant Devreese. Ce Courtraisien a été formé à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles auprès du Liégeois Eugène Simonis, puis de Charles Van der Stappen. Remarqué très tôt pour son talent, cet ami et collaborateur de Victor Horta reçoit le 2e Prix de Rome 1885, il est installé à Bruxelles depuis 1881, où il fait toute sa carrière. Outre de nombreux Salons en Belgique comme à l’étranger, il puise son inspiration dans l’antiquité, réalise des bustes tant d’intérieur que d’extérieur, avant de se spécialiser aussi comme médailleur à la fin du XIXe siècle, tout en continuant à recevoir de nombreuses commandes publiques. Parmi ses principaux monuments figure celui des Éperons d’Or, inauguré à Courtrai en 1906.
Quant à Henri Jacobs (1864-1935), dont la signature apparaît au bas de la stèle, il s’agit d’un architecte bruxellois qui s’inscrit résolument dans la mouvance de l’Art Nouveau. Créateur de meubles et d’objets de décoration, il s’est consacré prioritairement à la construction d’écoles et de logements sociaux, tentant de faire la synthèse entre ses convictions politiques (laïques et progressistes) et ses réalisations. Une quinzaine d’écoles bruxelloises portent sa griffe, à l’instar de quelques maisons privées. Œuvre de maturité, le monument Henricot – aussi appelé « Instruction et Travail – ne déroge pas à son style et à ses convictions.


 


 



Jean-Jacques HEIRWEGH, Patrons pour l’éternité, dans Serge JAUMAIN et Kenneth BERTRAMS (dir.), Patrons, gens d’affaires et banquiers. Hommages à Ginette Kurgan-van Hentenryk, Bruxelles, Le Livre Timperman, 2004, p. 434
Denise CLUYTENS-DONS, dans Jacques VAN LENNEP (dir.), La sculpture belge au 19e siècle, catalogue, t. 2, Artistes et Œuvres, Bruxelles, CGER, 1990, p. 364-366
René BRION, Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 362-362
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Jacobs (s.v. février 2014)
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. II, p. 74

Place des Déportés
1490 Court-Saint-Étienne

carte

Paul Delforge

Paul Delforge

Pompe-fontaine Louis HENNEPIN

Fontaine ou pompe Louis Hennepin, réalisée à l’initiative des autorités locales, 1848.

Afin de rendre hommage à un illustre habitant de la localité, la ville d’Ath a attribué le nom de Louis Hennepin à une pompe distribuant de l’eau potable, lors de son installation dans la première moitié du XIXe siècle. Comme de nombreuses autres communes de Wallonie au XIXe siècle, les autorités communales tentent de fournir de l’eau potable à leurs habitants. La référence à Hennepin est audacieuse car elle renvoie à ce père-missionnaire, né à Ath en 1626, à qui l’on attribue la découverte des chutes du Mississipi. La décision de rendre hommage à Hennepin remonte quant à elle précisément à la réunion du conseil communal d’Ath du 25 août 1848 (Ducastelle).
En fait, Antoine Hennepin (1626-1705), devenu Antoine Hennepin lorsqu’il revêtit la bure franciscaine au couvent des Récollets de Béthune (1643), avait à la fois le goût du voyage et la passion de l’écriture ; mêlant les deux, il racontera ses périlleuses aventures vécues sur le « Nouveau Continent » dès son retour en Europe : sa Description de la Louisiane, publiée à Paris en janvier 1683, va enthousiasmer un public qui découvre le « Nouveau Monde » à travers ses récits exotiques. « Auteur populaire le plus à la mode », Hennepin est le premier à décrire les grands lacs et les chutes du Niagara ; au-delà de toutes les polémiques qui ont émaillé le reste de sa vie, il faut reconnaître à Hennepin d’avoir créé un genre littéraire nouveau, celui des récits de voyage.


Ne laissant personne indifférent, Hennepin est entré dans la légende, notamment en donnant son nom à un des Géants d’Ath. Comme une invitation humoristique à retourner à la source, la pompe Hennepin contribue aussi à maintenir vivace le souvenir de cette personnalité atypique. Située à l’entrée de la rue… Hennepin, près de la place Gaillard, la pompe fait partie du patrimoine athois. Ne portant aucune signature (ni architecte, ni sculpteur, ni société), elle se compose de peu d’éléments : au centre d’une longue pierre calcaire rectangulaire une tout aussi longue plaque de bronze cache le mécanisme de la pompe et intègre le bec verseur d’où l’eau tombe dans un bac en demi-lune avec un léger effet de coquillage. Quant au fronton, il est composé de volutes formant un demi-cercle, autour d’une plaque de bronze où, au centre d’une couronne de lauriers, sont gravés les mots suivants :


« A
LOUIS HENNEPIN,
QUI DÉCOUVRIT LE
MISSISSIPI EN 1680
NÉ À ATH EN 1640 »

Pompe-fontaine Louis Hennepin




Sources


Catherine BROUÉ, Louis Hennepin (1626-1705) : missionnaire, explorateur, écrivain, dans Québec français, n°142, 2006, p. 45-48 cfr http://id.erudit.org/iderudit/49752ac (s.v. octobre 2013)
Armand LOUANT, Les cas du P. Louis Hennepin… ou Histoire d’une vengeance, Ath, 1980
Jean STENGERS, Hennepin et la découverte du Mississipi, dans Bulletin de la société royale belge de géographie d’Anvers, 1945, p. 61-82
Jean-Roch RIOUX, Dictionnaire biographique du Canada en ligne, http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=841 (s.v. octobre 2013)
Mémoires de Wallonie, Les rues de Louvain-la-Neuve racontent…, Luc COURTOIS (dir.), Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 2011, p. 220-221
Jean-Pierre DUCASTELLE, Statuomanie athoise : l’érection de la statue d’Eugène Defacqz à Ath (1880), dans Annales du Cercle royal d'histoire et d'archéologie d'Ath et de la région et des Musées athois, 1996-1997, t. LV, p. 222-223

Rue Hennepin 1 
7800 Ath

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Paul Delforge

Paul Delforge

Plaque Richard HEINTZ

Plaque commémorative Richard Heintz, réalisée à l’initiative du Comité des amis de Richard Heintz, 22 septembre 1935

C’est au bord de l’Ourthe, en mai 1929, que la mort vient surprendre Richard Heintz (1871-1929) alors qu’il recherche la meilleure lumière pour son prochain tableau. A-t-il glissé ? A-t-il été victime d’un malaise ou d’une congestion ? Il semble en tout cas que l’artiste est tombé dans la rivière, où il a été retrouvé sans vie. Au lendemain de sa brutale disparition, ses amis décident de former un comité pour mieux faire connaître son œuvre et lui rendre durablement hommage (1930). Une grande rétrospective est organisée à Liège à la fin du printemps 1931, avant que le comité n’inaugure, le 22 septembre 1935, dans le cadre des Fêtes de Wallonie, une série de lieux de mémoire dont un monument dans le village de Sy-sur-l’Ourthe et une plaque commémorative apposée au bord de la rivière où il aimait se rendre et qui l’inspira dans nombre de ses tableaux.

Natif de Herstal, Richard Heintz avait fait ses premiers pas artistiques à l’Académie de Gand (1887), avant de parfaire sa formation à l’Académie de Liège (1888-1892). La Mer du Nord, l’Ardenne et l’Italie (où il séjourne de 1906 à 1912 grâce à une bourse de la Fondation Darchis) sont ses premiers modèles. Ses explorations lui permettent de découvrir les secrets des jeux de la lumière et il commence à créer ses propres couleurs. Considéré comme « impressionniste par sa recherche de la sensation du moment, il se distingue cependant des principaux représentants français par sa technique plus large et sa palette plus grasse et souvent plus sombre, ses bleus profonds notamment » (Parisse). Sa manière de peindre est aussi plus impulsive. S’il ne professe pas à l’Académie de Liège, Heintz est considéré comme un maître à peindre, et ses disciples sont nombreux. De tempérament solitaire, il trouve à Sy son paradis. Il y revient régulièrement et, pour s’en rapprocher encore davantage, décide d’habiter à Nassogne à partir de 1926.

Dans un premier temps, le Comité Richard Heintz (que préside Olympe Gilbart, aidé d’Armand Rassenfosse comme vice-président de Jules Bosmant comme secrétaire) envisage d’ériger un mémorial sur la Roche Noire. Pour des raisons techniques, le Comité décide que le monument sera installé dans le hameau de Sy, à hauteur de la route de Filot. Par contre, le « rocher du Sabot » est retenu pour qu’y soit apposée une plaque commémorative où sont gravés les mots suivants :


AU PIED DE CE ROCHER
RICHARD HEINTZ
LE MAÎTRE DE SY ET LE PEINTRE DE L’ARDENNE
EST MORT SUBITEMENT
– LE 26 MAI 1926 –
DANS SA CINQUANTE HUITIEME ANNÉE

Peut-être est-ce Adelin Salle, déjà sollicité pour réaliser la stèle en pierre bleue et le médaillon de la route Filot, qui a réalisé cette plaque. Les sources sont muettes sur la question.

Pour trouver le « rocher du Sabot », l’endroit où se situe la plaque, il faut emprunter la rive droite de l’Ourthe, en suivant le chemin de Sy. En venant de la gare de Sy, il faut traverser la rivière grâce à la passerelle métallique, passer sous la dite passerelle et marcher quelques dizaines de mètres avant d’apercevoir la plaque commémorative le long du chemin, sur le côté droit. C’est ce chemin qu’empruntèrent notamment en 1954 les nombreux invités au 25e anniversaire de sa disparition : un comité local avait donné rendez-vous pour des discours devant les deux monuments de Sy et organisé une exposition rétrospective dans un des hôtels de Sy.

Plaque Richard Heintz (Sy – au lieu-dit le Rocher du Sabot)


Sources


La Vie wallonne, août 1929, CVII, p. 294-296 ; octobre 1931, CXXXV, p. 62-67 ; octobre 1935, CLXXXII, p. 59-62 ; IV, n°260, 1952, p. 305
Une certaine idée de la Wallonie. 75 ans de Vie wallonne, Liège, 1995, numéro spécial de La Vie wallonne, t. LXIX, p. 148
Jacques PARISSE, Richard Heintz 1871-1929. L’Ardenne et l’Italie, Liège, éd. Mardaga, 2005
Liliane SABATINI, Le Musée de l’Art wallon, Bruxelles, 1988, collection Musea Nostra
W. LEMOINE, dans Biographie nationale, t. 35, col. 370-373
Serge ALEXANDRE, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996 
Bulletin de l’Association pour la Défense de l’Ourthe et de ses affluents, avril-juin 1954, n° 159, p. 67-70

Lieu-dit le Rocher du Sabot, 
Au bord de l’Ourthe sur le chemin de Sy
4190 Sy

carte

Paul Delforge

Paul Delforge

Stèle Richard HEINTZ

Stèle Richard Heintz, réalisée par Adelin Salle, 22 septembre 1935. 

Au décès de Richard Heintz, en mai 1929, ses amis forment un comité pour mieux faire connaître son œuvre et lui rendre durablement hommage (1930). Une grande rétrospective est organisée à Liège à la fin du printemps 1931, avant que le comité n’inaugure, le 22 septembre 1935, une série de lieux de mémoire dont un monument dans le village de Sy-sur-l’Ourthe. C’est dans ce hameau, en effet, que le peintre avait découvert les paysages qui l’inspiraient le plus. Ayant pris résidence à Nassogne, il se rendait souvent sur les bords de l’Ourthe, mais aimait aussi s’inspirer des horizons qu’offraient Stoumont, sur les bords de l’Amblève, ainsi que Redu, les sources de la Lesse et les forêts de Nassogne.


Natif de Herstal, en 1871, Heintz avait fait ses premiers pas artistiques à l’Académie de Gand (1887), avant de parfaire sa formation à l’Académie de Liège (1888-1892). La Mer du Nord, l’Ardenne et l’Italie (où il séjourne de 1906 à 1912 grâce à une bourse de la Fondation Darchis) sont ses premiers modèles. Ses explorations lui permettent de découvrir les secrets des jeux de la lumière et il commence à créer ses propres couleurs. Considéré comme « impressionniste par sa recherche de la sensation du moment, il se distingue cependant des principaux représentants français par sa technique plus large et sa palette plus grasse et souvent plus sombre, ses bleus profonds notamment » (Parisse). Sa manière de peindre est aussi plus impulsive. S’il ne professe pas à l’Académie de Liège, Heintz est considéré comme un maître à peindre, et ses disciples sont nombreux. De tempérament solitaire, il trouve à Sy son paradis. Il y revient régulièrement et, pour s’en rapprocher encore davantage, décide d’habiter à Nassogne de 1926 à 1929. C’est au bord de l’Ourthe qu’en mai 1929 la mort viendra le surprendre alors qu’il recherchait la meilleure lumière pour son prochain tableau.
Dans un premier temps, le Comité Richard Heintz (que préside Olympe Gilbart, aidé d’Armand Rassenfosse comme vice-président de Jules Bosmant comme secrétaire) envisage d’ériger un mémorial sur la Roche Noire. Pour des raisons techniques, le Comité opte finalement pour le hameau de Sy, à hauteur de la route de Filot. C’est là qu’une stèle en pierre bleue portant un médaillon est inaugurée le 22 septembre 1935, période des Fêtes de Wallonie, en présence de nombreux amis du peintre, de personnalités des mondes politiques et culturels liégeois et wallons. Dans ses discours, Olympe Gilbart classe Richard Heintz « parmi les peintres qui expriment avec la plus loyale tendresse la terre wallonne » et souligne que « son » comité a voulu « honorer celui qui a traduit avec la plus totale sincérité toutes nos émotions devant les arbres, les eaux et les rochers des Ardennes ».


Sollicité pour figer dans le marbre la personnalité du « peintre de Sy », le statuaire Adelin Salle relève le défi par un monument sobre. La stèle arrondie en pierres bleues supporte un médaillon de grande taille, en bronze, présentant le profil droit de Richard Heintz. Ayant été formé à l’Académie des Beaux-Arts de Liège, sa ville natale, après avoir travaillé quelques années dans la forge paternelle, Adelin Salle s’avère un portraitiste doué (Zénobe Gramme et César Franck) qui, comme nombre de ses collègues sculpteurs, est fortement sollicité au lendemain de la Grande Guerre pour réaliser des monuments aux victimes du conflit mondial (par ex. le monument aux lignes assyriennes du Sart-Tilman). Dès cette époque, il fait preuve d’un style classique qu’il n’abandonnera jamais. Outre des compositions allégoriques et divers sujets religieux, Adelin Salle n’est pas encore très connu quand il est sollicité pour le mémorial R. Heintz. Mais une certaine notoriété l’attend en 1937 quand il est fait appel à lui sur le chantier du Lycée de Waha et lorsqu’il signe une statue en marbre blanc, représentant en pied la reine Astrid présentant le prince de Liège. Après la Seconde Guerre mondiale, l’architecte Georges Dedoyard lui confie une partie de la décoration du pont des Arches (1947-1948). S’il est aussi nommé professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Liège de 1944 à 1949, Adelin Salle ne connaît pas l’aisance, lui qui ne vit que pour son art qu’il pratique quotidiennement dans son atelier de Cointe. Il s’éteint à Tilff en juillet 1952, localité où il avait signé un coq très reconnaissable sur le monument aux morts.


 

Stèle Richard Heintz

 

Sources



La Vie wallonne, août 1929, CVII, p. 294-296
La Vie wallonne, octobre 1931, CXXXV, p. 62-67
La Vie wallonne, octobre 1935, CLXXXII, p. 59-62
La Vie wallonne, IV, n°260, 1952, p. 305
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 689-690 et t. II, p. 394
Une certaine idée de la Wallonie. 75 ans de Vie wallonne, Liège, 1995, numéro spécial de La Vie wallonne, t. LXIX, p. 148
Jacques PARISSE, Richard Heintz 1871-1929. L’Ardenne et l’Italie, Liège, éd. Mardaga, 2005
Liliane SABATINI, Le Musée de l’Art wallon, Bruxelles, 1988, collection Musea Nostra
W. LEMOINE, dans Biographie nationale, t. 35, col. 370-373
Serge ALEXANDRE, dans Musée en plein air du Sart Tilman, Art&Fact asbl, Parcours d’art public. Ville de Liège, Liège, échevinat de l’Environnement et Musée en plein air du Sart Tilman, 1996

Route de Filot
4190 Sy

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Paul Delforge