Guy Focant (SPW)
Château fort de Bouillon
Installé sur une crête rocheuse enserrée par la Semois, un premier château fort est mentionné en 988. La construction de la seconde forteresse débute sous le règne du célèbre duc Godefroid de Bouillon (1061-1100). En 1082, un second donjon est construit par Godefroid de Bouillon qui vend ensuite le domaine à l’évêque de Liège avant de partir en Croisade.
Le château et son enceinte ont ensuite sans cesse évolué jusqu’au XVIe siècle.
Les constructions médiévales ont souffert du siège mené par les Espagnols en 1521 et il faut attendre 1551 avant que d’imposants travaux soient réalisés, quelques années avant l’arrivée des Français dans la région.
L’installation des de la Tour d’Auvergne en 1591 ouvre près d’un siècle de contestation entre les princes-évêques de Liège et cette famille pour l’obtention du titre de duc de Bouillon. La prise du château par les troupes de Louis XIV en 1676 et la confirmation du titre aux vicomtes de Turenne en 1678 font définitivement balancer le château et l’entièreté du duché de Bouillon dans le giron français suite à la signature en 1679 du traité de Nimègue qui attribue officiellement le territoire aux de la Tour d’Auvergne.
Lorsqu’éclatent les événements révolutionnaires de 1789, le duché de Bouillon est donc un État semi-autonome résolument tourné vers la France. Ouvert aux idées nouvelles, ayant accueilli des encyclopédistes en fuite, le duché prend une part active à la Révolution française.
Le 7 mars 1790, à l’initiative de François Pirson, les Bouillonnais se réunissent à Paliseul et décident de former une «assemblée générale du duché de Bouillon» sur le modèle de l’Assemblée nationale de Paris. Pirson, formé à Sedan, est issu d’une famille aisée du duché mais s’ouvre aux idées des Lumières. En 1789, il se fait le porte-parole des notables qui avaient quelques griefs contre le duc et devient un moteur de la constitution de ce nouvel organe décisionnel. L’assemblée compte 55 députés représentant toutes les communes du duché et est approuvée par le duc de Bouillon, Godefroy Charles Henri de la Tour d’Auvergne. L’assemblée bouillonnaise s’installe dès lors au château et préside aux destinées de l’ancien duché jusqu’à son annexion à la république en 1795.
Une de ses premières décisions est d’abolir les privilèges et les droits féodaux sur le territoire ducal dès 1790. En février 1791, elle proclame la souveraineté nationale du duché. En 1792, l’assemblée devient permanente et se donne comme but d’approuver une constitution pour le pays de Bouillon ; celle-ci est proclamée le 28 mars et transforme le duché en monarchie constitutionnelle, comme cela avait été le cas en France. Le duc de la Tour d’Auvergne se voit contraint de prêter serment et de respecter la loi fondamentale. En 1793, François Prison est envoyé à Paris dans le but de négocier la création d’une république ardennaise. Le 24 avril 1794, la république de Bouillon est proclamée par un décret de l’assemblée. Cet événement confirme le destin à part de l’ancien duché de par son appartenance française d’Ancien Régime. Les Bouillonnais ne connaissent pas de restauration après la défaite de Dumouriez en 1793 et poursuivent le processus d’évolution institutionnelle alors que le reste de nos territoires subit le retour à l’Ancien Régime.
Cette éphémère république de Bouillon ne vit toutefois que quelques mois. Cette relative indépendance n’empêche pas l’annexion de l’ancien duché à la République française le 25 octobre 1795 ; son territoire est démembré et partagé entre les départements des Ardennes, des Forêts et de Sambre-et-Meuse.
Durant cette période, le château est réaménagé notamment sous l’impulsion de Vauban: ouvrages en avancée, casernes, arsenal et une poudrière.
Sous le régime hollandais, le donjon est détruit en 1824 pour laisser la place à d’autres casernes, mais le site militaire est déclassé en 1853.
Rue du Château
6830 Bouillon
Classé comme monument et site le 26 mai 1975
Patrimoine exceptionnel de Wallonie
Institut du Patrimoine wallon