SPW - G. Focant

Abbaye Saint-Laurent de Liège

L’ancienne abbaye bénédictine de Saint-Laurent a été fondée à la suite de la construction en 968 d’un oratoire dédié à saint Laurent par l’évêque de Liège Éracle. L’évêque Réginard offre au monastère sa charte de donation en 1034. L’abbaye reste jusqu’à l’annexion française un foyer intellectuel de premier plan jouissant d’un rayonnement exceptionnel. Les bâtiments subsistant s’articulent autour de deux cours jointives plantées d’arbres. 

La cour d’honneur est bordée par l’hôtel abbatial construit aux XVIIe et XVIIIe siècles, par le bâtiment dit "du Vivier" et par une aile néogothique érigée en 1904 pour remplacer les anciennes écuries. Au centre, autour du puits, sont disposées les colonnes d’origine de la première cour du palais des princes-évêques. La seconde cour est constituée par les trois côtés du cloître, lui aussi du XVIIIe siècle, surplombant la ville et fermé à l’origine par l’imposante église abbatiale, détruite en 1809.

Comme de nombreux autres établissements conventuels, l’abbaye Saint-Laurent voit son sort basculer avec la fin de l’Ancien Régime. En 1790, au plus fort de la Révolution, le prince-évêque de Liège appelle à l’aide ses voisins et des troupes prussiennes s’installent à l’abbaye et en perturbent l’activité religieuse. En 1792, à l’initiative du dernier prince-évêque François-Antoine de Méan, Saint-Laurent accueille des réfugiés de prestige : le comte d’Artois, frère cadet de Louis XVI et futur Charles X et sa famille venus de Namur. 

Après l’entrée triomphale du général Dumouriez à Liège en novembre 1792 et l’occupation de nos régions par les Français, les moines se résignent à accueillir des troupes et à transformer leur abbaye en hôpital militaire, à dater du 1er février 1793. Les soldats républicains, les malades, les blessés et même les galeux et les vénériens sont accueillis au rez-de-chaussée, dans le cloître et dans l’abbatiale. 

Après la débâcle de Dumouriez à Neerwinden, les moines réinvestissent leurs biens pour quelques mois seulement. La victoire de Fleurus et la seconde occupation de Liège par les troupes républicaines sonnent le glas de l’abbaye. En 1795, elle devient officiellement l’"Hôpital de l’Égalité". Le 1er septembre 1796, les biens de l’abbaye sont saisis et dispersés. 

En 1809, l’abbaye est sécularisée et l’abbatiale démolie. En 1814, au cours des dernières campagnes napoléoniennes, quelques soldats de la Grande Armée considérés comme prisonniers de guerre figurent au  nombre des "patients" de l’hôpital, au même titre que des Suédois, Hollandais, Prussiens, Autrichiens et Russes. Les Hollandais transforment l’ancienne abbaye en caserne militaire dès 1815 sans supprimer l’hôpital créé auparavant par les Français. Cet hôpital militaire fonctionne jusqu’en 1970.

En 2021, la Province de Liège achète le site de Saint-Laurent et y installe, un an plus tard, les services dépendant du département de la Santé et des Affaires sociales. 

Rue Saint Laurent 79
4000 Liège

carte

Frédéric MARCHESANI, 2014