SPW - G. Focant 

Ancien palais abbatial de Saint-Hubert

C’est à l’initiative de Pépin II de Herstal et de son épouse qu’est fondée l’abbaye. Suite à une période trouble, l’évêque Walcaud entreprend le développement du culte de saint Lambert ainsi que l’affirmation de la présence liégeoise dans ce territoire retiré. Il installe à l’abbaye des moines bénédictins et transforme le site en un centre religieux, commercial, industriel et administratif d’importance. 

Au lendemain de la Révolution française, les moines sont expulsés et l’abbaye vendue. Ce site exceptionnel est composé de l’abbatiale Saints-Pierre-et-Paul et du quartier abbatial.

L’avancée des armées françaises en Wallonie après la victoire de Fleurus est en grande partie une promenade de santé. La conquête du duché de Luxembourg est toutefois bien plus compliquée. Le blocus de Luxembourg-Ville, entamé le 21 novembre 1794, est long et difficile.

Alors que les troupes du général Debrun font face à la forteresse, les Français sont déjà maîtres de tout l’ancien duché et ressentent la nécessité d’y organiser une administration civile comme cela était le cas dans les autres anciens "pays" conquis. Bernard Stevenotte, directeur de forge à Neupont (Wellin), est nommé commissaire civil et chargé de cette mission. La petite ville de Saint-Hubert est ainsi choisie pour abriter cette administration provisoire pour sa position avantageuse sur la route reliant Bruxelles à Luxembourg.

Les bâtiments de l’ancienne abbaye, en grande partie laissés à l’abandon, constituaient le lieu idéal pour ce genre d’affectation : les bâtiments abbatiaux sont récents, en bon état et surtout d’une superficie plus qu’agréable.

Le 9 janvier 1795, les représentants du peuple auprès des armées du Nord et de Sambre-et-Meuse arrêtent que "l’administration d’arrondissement de la ci-devant province de Luxembourg, dont le chef-lieu est provisoirement fixé à Saint-Hubert, sera composée de neuf membres et d’un agent national".

L’administration est officiellement installée le 31 janvier suivant. La capitulation de la place forte de Luxembourg quelques mois plus tard met fin au statut de préfecture provisoire de Saint-Hubert. Le 16 juin 1795, les services sont transférés à Luxembourg et les bâtiments abbatiaux à nouveau vidés de leurs occupants.

Le sort de la ville évolue encore : après avoir été le siège d’une administration d’arrondissement provisoire du département des Forêts, Saint-Hubert et sa région sont annexés au département de Sambre-et-Meuse et dépendent dès lors de la préfecture de Namur.

Les bâtiments connaissent par la suite de nouvelles affectations tout au long du régime français. L’abbaye accueille ainsi un tribunal de police correctionnelle puis un tribunal civil de 1ère instance ainsi qu’une sous-préfecture du département de Sambre-et-Meuse en 1800. C’est à cet endroit également que se trouvent les bureaux de l’inspectorat des bois et des forêts. Enfin, l’ancien hôpital abbatial est pour sa part transformé en gendarmerie.

Le quartier abbatial, dénommé aujourd’hui palais abbatial, appartient, tout comme les communs, à l’État et abrite, entre autres, un de ses dépôts d’archives. Conçu dans la première moitié du XVIIIe siècle selon un plan en U, il dénote une influence française, conséquence d’un effet de mode mais également de l’attachement à la couronne et au roi, un des protecteurs de l’abbaye. 

L’édifice enserre ainsi une cour fermée par une grille, remplacée aujourd’hui par un exemple moderne. La polychromie de cette dernière renvoie à celle de l’édifice en briques peintes et pierres et marbres de pays et en particulier au tympan  du fronton qui domine la façade principale. Cette polychromie se retrouve à l’intérieur au niveau des pavements mais également, à l’origine, sur la rampe en fer forgé de l’escalier d’honneur.

Place de l'Abbaye 12
6870 Saint-Hubert

carte

Classé comme monument et site le 4 juillet 1990 et comme monument le 24 janvier 2001 (tour-porche)
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon