G. Focant-SPW

Basilique des Saints-Pierre-et-Paul

Saint-Hubert se développe dès l’an mil autour de l’abbaye qui, encore aujourd’hui, caractérise la localité. Au Moyen Âge et à l’Époque moderne, l’abbaye est sans nul doute un des plus importants établissements monastiques du diocèse de Liège. Sa gloire et sa popularité sont sans conteste liés à la présence des reliques du saint, évêque de Tongres-Maastricht et à l’existence d’un pèlerinage de renom. Située sur les terres du duché de Luxembourg, l’abbaye se rapproche des souverains à l’aube de l’Époque moderne. En 1451, l’abbé Nicolas Ier de Vervoz assiste à la séance des États qui reconnaissent Philippe le Bon comme duc de Luxembourg et admettent ainsi la dépendance de Saint-Hubert aux Pays-Bas bourguignons, au moment où le prince-évêque de Liège revendique encore sa souveraineté sur les terres abbatiales. 

En 1509, Érard de la Marck interdit à l’abbé Nicolas III de Malaise de siéger à Luxembourg. À partir du XVIIe siècle, les abbés deviennent francophiles ; en 1718, l’abbé Clément Lefebvre refuse d’assister à la reconnaissance de l’empereur d’Autriche comme duc de Luxembourg. Entre 1744 et 1748, l’abbé Célestin de Jong se réfugie à Sedan au cours de la guerre opposant Français et Autrichiens. Il faut attendre l’abbatiat de Nicolas Spirlet (1760-1794) pour que se renversent les alliances : Saint-Hubert est à nouveau proche des cours de Bruxelles et de Vienne.

Fondée au VIIIe siècle, l’abbaye accueillit en 825 les reliques de saint Hubert, évêque de Liège (†727), qui fut, dès lors, considéré comme l’apôtre de l’Ardenne. Invoqué pour guérir la rage, le saint fut à l’origine d’un important pèlerinage. Plusieurs églises abbatiales se sont succédé Saint-Hubert et l’édifice actuel, élevé au rang de basilique en 1927, compte cinq nefs, un déambulatoire et plusieurs chapelles.

Si la crypte et les tours datent des XIe et XIIIe siècles, l’intérieur a été construit entre 1525 et 1564 en pur style gothique. La façade baroque est du début du XVIIIe siècle, ainsi que l’élégant palais abbatial. Actuellement, il abrite le Service des Archives de l’État et la  Direction des Affaires culturelles de la Province.

L’ancienne église abbatiale, promue basilique en 1927, est un édifice d’origine romane détruit par un incendie en 1525 et reconstruit ensuite en style gothique entre 1525 et 1567. L’imposant sanctuaire de 90,5 m de long a englobé des éléments médiévaux tels la tour ou la crypte et a été embelli d’une haute façade-écran de style classique entre 1700 et 1702. Parmi la riche décoration intérieure, un élément retient ici l’attention : le chapiteau du 5e pilier sud est décoré de l’aigle bicéphale et de la couronne espagnole, témoin de la reconstruction de l’abbatiale sous les règnes de Charles Quint et Philippe II. Le monastère se place ainsi sous la protection directe de l’empereur dans le conflit qui opposait l’abbé de Saint-Hubert au prince-évêque Érard de la Marck au début du XVIe siècle. Un autre aigle, cette fois dépourvu de couronne, est présent sur la colonne maîtresse se trouvant derrière l’autel dédié à sainte Agathe, datant lui aussi de la première moitié du XVIe siècle.

La basilique compte également plusieurs monuments funéraires, le plus souvent d’abbés. Parmi ceux-ci, la dalle de Jean-Bernard Wervy retient notre attention. Cette dalle de calcaire noir veiné de blanc, réalisée en 1726 dans un style rococo comporte une inscription faisant référence aux fonctions du défunt : « Cy git Jean Bernard de Wervy, escuyer vivant seigneur de Bourdon, Habaye, Marene et autres lieux dans la province de Luxembourg (…) ». Les motifs végétaux du haut de la composition encadraient autrefois un blason. 

Le hameau de Saint-Michel, non loin de là, conserve pour sa part une trace liée à la couronne autrichienne. La porte de la maison dite de l’abbé de Saint-Hubert est décorée d’un blason à l’aigle daté de 1771. L’édifice fait partie de l’important domaine du Fourneau Saint-Michel, édifié la même année par Dom Nicolas Spirlet, dernier abbé de Saint-Hubert.

Place de l'Abbaye
6870 Saint-Hubert

carte

Classée comme monument le 22 février 1938
Patrimoine exceptionnel de Wallonie

Institut du Patrimoine wallon