Photo Paul Delforge – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Buste du peintre Pierre Paulus à Châtelet

C’est en 1998, année de la rétrospective Magritte à Châtelet, que les autorités locales ont décidé de l’aménagement d’une « Promenade Magritte », dans le centre de la ville. À ce parcours consacré au peintre surréaliste se sont ajoutées, par la suite, d’autres références à d’illustres personnalités de Châtelet. 

C’est ainsi qu’en 2000, a été inclus un monument dédié au peintre Pierre Paulus. Situé place d’Outre Biesme, devant l’ancien magasin de meubles « La Fiancée », en plein cœur de la cité, le monument restitue Pierre Paulus à son village natal et rend un hommage tout particulier à celui qui a dessiné le drapeau wallon. Avec l’adoption par le Parlement wallon du décret, le 23 juillet 1998, qui retient le coq rouge sur fond jaune imaginé par Paulus comme drapeau officiel, il devenait urgent pour Châtelet d’honorer le créateur de l’emblème wallon.

Statue à la mémoire de Pierre Paulus

Dessiné par le peintre Léon Moisse, le piédestal qui soutient le buste de Paulus est, en effet, précédé d’une autre pierre brute, où est incrustée une plaque présentant le coq rouge sur fond jaune du drapeau officiel de la Wallonie. Deux céramiques du maître-potier Clovis Lambert, de la poterie Willy Biron, sont incrustées dans la pierre de granit qui rappelle les rochers de la peinture « Le sens des réalités » de Magritte. L’une des deux céramiques représente le blason et la devise du baron Paulus ; l’autre reproduit son écriture et sa signature :

« Fait pour l’Assemblée wallonne
En 1912
Pierre Paulus »
 

Le peintre Paulus

Au-delà du drapeau wallon, le peintre Pierre Paulus de Châtelet (1881-1959) est apprécié pour son impressionnante production picturale où Charleroi, la Sambre, ses habitants et son industrie constituent ses sujets principaux. 

Engagé dans des études qui devaient le conduire à devenir architecte, Pierre Paulus a croisé la route de Constant Montald à l’académie des Beaux-Arts de Bruxelles, et il s’est alors résolument tourné vers la peinture. Dès les premières années du XXe siècle, il s’affirme comme le peintre des charbonnages et des usines, des mineurs et des métallurgistes, des terrils, des hauts fourneaux, des lourdes péniches chargées de charbon, des paysages industriels, sous un ciel clair ou sous un ciel de pluie, couverts de neige ou illuminés par les lueurs rouges des forges. Rapidement étiqueté comme le continuateur de Constantin Meunier, Paulus devient le chantre du Pays noir. 

Exposées en Europe comme aux États-Unis, ses œuvres ne se limitent pas au caractère social ; il lui arrive de traiter des animaux, des fleurs délicates ou des natures mortes ; il accepte d’ailleurs d’être professeur d’art animalier à l’Académie d’Anvers de 1929 à 1953, mais c’est l’aspect réaliste et anecdotique de même que les couleurs sombres qui caractérisent alors ses peintures.

Le sculpteur Alphonse Darville

Le buste original est l’œuvre d’Alphonse Darville (1910-1990). Celui qui est exposé à Châtelet est une copie de celui qui a été inauguré en 1930 dans le parc Astrid de la ville de Charleroi. 

Né à Mont-sur-Marchienne en 1910, le jeune Darville étudiait encore à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. À 20 ans, il était encore fort peu connu quand il s’est vu confier la responsabilité d’inscrire son illustre contemporain dans le bronze pour l’éternité. 

Ce n’est que l’année suivante que Darville recevra le Prix Godecharle puis, en 1935, le Premier Grand Prix de Rome. Co-fondateur de L’Art vivant au pays de Charleroi (1933), attaché à la promotion de la création artistique en Wallonie, co-fondateurs de la section de Charleroi de l’Association pour le Progrès intellectuel et artistique de la Wallonie (1945), Darville contribue aussi à la création de l’Académie des Beaux-Arts de Charleroi, qu’il dirige de 1946 à 1972.

 



Centre d’archives privées de Wallonie, Institut Destrée, Revues de Presse
Renseignements communiqués par Claude Coisman de l’asbl Le Vieux Châtelet (mai et juin 2014)
Châtelet, Mémoire en Images, asbl Le Vieux Châtelet, 2003.
Laurent LÉVÊQUE, Alain COLIGNON, Pierre Paulus, dans Encyclopédie du Mouvement wallon, Charleroi, Institut Destrée, 2001, t. III, p. 1244-1245.
Chantal LEMAL-MENGEOT, Pierre Paulus, dans Nouvelle Biographie nationale, t. IV, p. 288-290.
Pierre Paulus (1881-1959). Les couleurs de l’humanisme, Musée des Beaux-Arts, 1998.
Geneviève ROUSSEAUX, Alphonse Darville sculpteur, Charleroi, Institut Jules Destrée, 1982, coll. « Figures de Wallonie ».
Alphonse Darville : 60 [soixante] années de sculpture, catalogue d’exposition, 20 novembre 1982 - 16 janvier 1983, Jean-Pol DEMACQ [préface],  Charleroi, Musée des Beaux-Arts, 1982.
Alphonse Darville 1977, Charleroi, Impaco, 1977.
Paul DELFORGE, Essai d’inventaire des lieux de mémoire liés au Mouvement wallon (1940-1997), dans Entre toponymie et utopie. Les lieux de la mémoire wallonne, (actes du colloque), sous la direction de Luc COURTOIS et Jean PIROTTE, Louvain-la-Neuve, Fondation Humblet, 1999, p. 285-300.
Paul PIRON, Dictionnaire des artistes plasticiens de Belgique des XIXe et XXe siècles, Lasne, 2003, t. I, p. 290 ; t. II, p. 190.

Place d’Outre Biesme
6200 Châtelet

carte

Paul Delforge